Ontologie
de
l'quit6
Jean-Marc
Trigeaud*
Cet article
prrsente
les
donnres
historico-
comparatives
d'une
philosophie de
l'quit6
centr~e
sur
la
definition
de
son
essence
(on-
tologie)
par
rapport
A
l'ide
de
justice.
Lin-
terprrtation
de
l'auteur
tend
A
faire
ressortir
deux
aspects
majeurs
de
l'6quit6
comme
pro-
cessus
d'intrgration
du
fait
singulier
A ]a
norme,
c'est
A
dire
au
juste
Mgal.
Tant6t
l'6quit6
est
objective
en
ce
qu'elle
se
rattache
A
la
nature
des
choses:
au
juste
naturel,
A
l'gal
qui
se
discerne
rationnellement
dans
la
situation empirique
observe.
L'quit6
ap-
paralit
alors
traditionnellement,
en
accord
avec
ses
origines grecques
anciennes,
comme
un
jugement
principal,
revenant
A
'essence
du
juste.
Tantft,
l'quitd
est
subjective,
comme
mettant
en
oeuvre
les
puissances
d'une
intuition
plus sensible
qu'intellectuelle,
et
r6vlant,
A
l'int~rieur
de
Ia
nature
de
l'homme,
des
exigences
6thiques.
Elle
peut
ainsi conduire
de
fagon
exceptionnelle
A
une
solution de
droit,
afin
de
pallier
l'insuffisance
des
dispositions
6tablies.
Mais,
dans
ce
der-
nier
cas
surtout,
le
modale
grnrrique
et
ul-
time
de
tout
jugement
en
6quit6,
exprimant
une
justice
<<
6gale
)>,
se
d~couvre
avec
une
dimension
th~ologique
implicite
que
le
droit
ne
saurait
ignorer.
This
article
presents the
historical
and
com-
parative
elements
of
a
philosophy
of
equit,
centred on
a
definition
of
its
essence
(its
on-
tology)
in
relation
to
the concept
of
justice.
The
author's
interpretation
highlights
two
major
aspects
of
6quite
as
a
process
of
inte-
gration
of
singular
facts
to
a
norm,
to
the
legal
right.
On
the
one
hand,
6quit
is
objective
in
so
far
as
it
relates
to
the
nature
of
things:
to
natural
right,
to the
equality
naturally
dis-
cernable
in
an
empirically
observed
set
of
facts.
quit6
is
seen
traditionally,
as in
its
ancient
Greek
antecedents,
as
a
primary
judgement,
returning
to
the
essence
of
the
just.
On
the
other
hand, equit
is
subjective,
relying
on
the
powers
of
an
intuition more
powerful
than
intellect,
and
revealing
ethical
imperatives inherent in the nature
of
man.
It
can
thus
exceptionally
result
in
palliative
so-
lutions to the
inadequacies
of
established
le-
gal
dispositions. In
this
case
above
all,
the
generic
model
and
paradigm
of
equitable
judgements,
which
expresses
a
"justice
of
equality"
also
reveals
an implicit
theological
dimension
of
6quitM
which
law
cannot
ignore.
*e *
Au
lieu
d'une
6tude
descriptive
ou
analytique
de
thWorie
g~n~rale,
des-
tinre
A
montrer
les
emplois
successifs
du
terme
<<
6quit6
>>
dans
la
pratique
juridique,
visant
i
examiner
les
domaines
oOi
celle-ci
intervient
et
les
nuances
de
signification
dont
elle
s'accompagne,
c'est
une
drmarche
plus
philosophique
que
nous entreprendrons
en
nous
proposant
de d6finir
1'es-
sence
de
l'quit.
Attitude
qui
oblige
d
la
saisir
du
point
de
vue
d'une
valeur
de
justice inspirant
le
droit,
et
A
rechercher
son origine
dans
les
traditions
culturelles
europrennes.
Cette
interpretation
ou
cette
rrflexion
sur
une
synth~se
de
donn6es
historiques
prend
donc
un
caractrre
ontologique,
puisqu'elle
porte
sur
l'etre
"Directeur
du
Centre
de
philosophie
du
droit
de
l'Universit6
de
Bordeaux
I.
@Revue
de
droit
de McGill
McGill
Law
Journal
1989
ONTOLOGIE DE
1'EQUITt
profond
de
l'Hquit6,
sur
le
principe
par
lequel
il
est possible
d'en
comprendre
les
diverses
manifestations
contingentes.
Mais
s'il
en
est
ainsi,
c'est
parce
que
la
r~alit6
de
l'quit6
ne
correspond
gu~re
A
la
reputation drformatrice
qu'on
lui
fait.
N'est-elle
pas
habituellement
associ6e
A
un
sens
peu
rationnel
de la
solution
juste
et,
en
tout
cas,
incertain
et
facteur
d'ins~curit6
?
Non
seulement,
elle
parait
se
rrferer '
un
jugement
individuel et
purement
sub-
jectif,
auquel
on
a
tendance
A
opposer, comme
le
faisait Necker, 'exhorta-
tion
: (<
Prends
garde
que la
lumi~re
qui
est
en
toi
ne
soit
que
trn~bres
>>',
mais
elle
6voque
le
souvenir
d'un
arbitraire
malheureux,
i6
a
'Ancien
droit
franqais
oti
circulait
cette
non
moins
crl~bre
formule
:
<<Dieu
nous
garde
de
l'6quit6
des
Parlements
!
>>2.
Et
c'est
en
6cartant
l'6quit6,
ou
en
la
mar-
ginalisant,
que
le
1galisme
moderne
a
pu
s'6tablir,
en accord
avec
l'esprit
scientifique
des
<<
Lumi~res
>>.
Mais
il
n'a
&6
que
trop
commode
de d~valuer
de la
sorte l'6quit6,
alors
qu'elle
semble
reposer,
depuis
la Grace
ancienne,
sur
une
ide
de
mesure,
de convenance,
i~e
A
une
loi
(nomos),
a
un
centre
d'6quilibre
immanent
aux
situations
sociales,
et
sans
cesse
affront~e
aux
forces
perturbatrices
et
d~stabilisantes
de
l'ubris
3.
Les
caractres
intellectuels
et
objectifs
s'offrent
comme
des
traits
permanents
de
son
essence:
nous
voudrions
essayer
de
les
faire
ressortir,
en
d~livrant
l'6quit6
des
connotations
drpr~ciatrices
dont
elle
a
W
charg~e,
du
moment
qu'elle
ne
menace
nul-
lement,
mais
affermit,
au
contraire,
le
besoin
de
certitude propre
i
l'ordre
juridique
4.
Un
pouvoir
discrrtionnaire
5 lui
est
6tranger
comme
il
l'est
au
juste
lui-m~me.
Si
le
recours
A.
1'6quit6 se
maintient
dans
le
syst~me
contemporain
de
droit
volontariste,
c'est
A
titre
subsidiaire, comme
instrument
accessoire,
occupant
la place
inferietire
que
lui
ont
r~servre
les
traditions
platonicielines
et
stoiciennes
dans
l'herm~neutique
lgale.
Le
ph6nom~ne
traduit
simple-
'Voir
cette
exhortation
6vang~lique
chez
Necker dans
C. Rosso,
oLI3galit6
selon
Necker:
mythe
aussi
ruineux
que
fallacieux
ou
rralit
?
)>
dans
LVgalit
(Travaux
du
Centre
de
philo-
sophie
dedroit
Univ.
Bruxelles),
t.
9,
Bruxelles,
Bruylant,
1984
A
la
p.
8.
L'exhortation
se
retrouve
dans
l'6vangile
selon
saint
Luc
11,
35.
2
Voir:
G.
Boyer,
o
La
notion
d'Squit6
et
son
rrle
dans
la
jurisprudence
des
Parlements
>>
dans
Mlanges
offerts
a
Jacques
Maury,
t.
2,
Paris,
Dalloz,
1960
A
la
p.
257
et
s.
3
Voir:
Fr.
d'Agostino,
Epieikeia. II
tema
dell'equit
nell'antichit
greca,
Milano,
Guiffr6,
1973
Ala
p.184.
4
Voir:
E
Lopez de
Ofiate,
La
certezza
del
diritto,
Roma,
1950.
5
Voir:
g6n6ralement
sur l'arbitraire,
C.
Atias,
Thorie
contre
arbitraire:
lnents
pour
une
thorie
des
theoriesjuridiques,
Paris,
P.U.E,
1987,
et
C.
Varga,
<
Law-Application
and
Its
Theo-
retical
Conception (Discretion
and
Equity)>
(1981)
4 Archiv
fir
Rechts
und
Sozialph.
474;
B.
Hoffmaster,
(Understanding
Judicial
Discretion>>
(1982)
1
Law
and
Philosophy
22;
R.
Dworkin,
«
Judicial Discretion
)>
(1963)
60
Journal
of
Philosophy
627
(sur
l'analyse
des
termes).
1989]
McGILL
LAW JOURNAL
ment,
ainsi
que
l'indique
Andres
Ollero,
<<
l'impossibilit6
d'assimiler
le
droit
A
une
norme
>6.
Autrement
dit,
l'6quit6
survit
aux
fins
de
combler
cette
lacune
que repr~sente
un
droit
non
lgifer.
VoilAi
qui
prouve
sans
doute
que
l'interpr~tation
juridique
n'est
pas
interpretation
de
]a
seule
loi,
mais
interpretation
d'unejustice
que
la
loi
est
cens~e
respecter et
exprimer.
En
diverses circonstances
exceptionnelles,
l'6quit6
a
paru
s'imposer, A
d~faut
d'un
moyen
legal.
Elle
a
permis
de
rem6dier
aux
imperfections
in6-
vitables
des
textes,
qui
ne
peuvent <<
tout
pr~voir
>>,
comme
le
remarquait
Montesquieu
influen~ant
sur
ce
point
Portalis.
GrAce
A
elle,
le
juge
a
pu
6tablir
une solution
que
le
rigoureux
m~canisme
de
l'application
de
la
loi,
suivant un
schema
d~ductif,
ne
pouvait
rendre
accessible.
Elle
a
r~ussi
par
IA A
surmonter
les 6checs
de
certains
modules
logiques de
subsomption
et
de
relevance
des
faits
qualifies,
selon
les
crit~res
normatifs
7.
Un
rapide
coup
d'oeil
sur
le
droit
positif
frangais
peut
en
convaincre
aisbment.
Uquit6
a
le
r6le
d'un
compl6ment
inesp~r6
des
dispositions
ac-
quises.
Ainsi,
la
notion
d'<<
abus
de
droit
>>
s'en
recommande,
face
A l'im-
puissance
des
r~gles
de la
responsabilit6
du
fait
personnel
qui
exigent
que
le
dommage
r6parable
provienne
d'une
action
illicite,
et
non
de
l'exercice
d'un
droit
8.
Mais
les
exemples
affluent,
en
droit
public
aussi bien
qu'en
droit
priv6.
D6terminer
le
contenu
concret,
le
quantum
d'une
indemnit6
compen-
satoire, mod~rer
la
p~nalit6
stipul~e
au
contrat
ou
complbter
l'6num6ration
d'une
s~rie
d'hypoth~ses
non
limitative,
suppose
l'6quit6,
qu'elle
soit
ou-
vertement
d~sign~e
ou
sous-jacente aux
proc~d~s
de
lecture
et
de
raison-
nement.
De
m~me,
l'institution
du
<<
m~diateuro
(comme
en
droit
procedural
de
l'arbitrage)
a
rv6l6
la
fRecondit6
explicative
de
ce
concept que
l'on
croyait
d~suet et
inutilisable dans
un droit
de
l'int6r~t
g~n~ral
9.
Ces
manifestations
de
l'6quit6
sont
d'in~gale
importance.
Tant6t,
l'ar-
gument
est
ponctuel,
tant6t
d'un
usage
plus 6tendu
et
plus
durable.
Mais
c'est
toujours
suivant
la
meme
voie
que
l'6quit6
est
admise
A
l'int~rieur
de
l'ordre
l6gal
afin
qu'elle
n'en
compromette
pas
l'6quilibre
ni
la
coherence.
Elle
implique,
en
effet,
une
autorisation
ou
habilitation
directe
ou
indirecte
du
lgislateur
au
juge
ou
d
celui
qui
le
remplace.
D'oai
une
similitude
frap-
pante
avec
le
processus
qui
conduit A
reconnaitre une
efflcacit6
juridique
Ai
la
coutume,
incapable
de
tirer
sa
force
obligatoire
d'elle-m~me
et
l'em-
6
A.
Ollero,
<<
Equidad,
derecho,
ley
o
dans
Interpretacion
del
derecho
y
positivismo
legalista,
Madrid,
Edersa,
1982
d
la
p.
131
et
s.
7
Sur
ces
modAles,
voir:
N.
Irti,
Norma
efatti:
Saggi
di
teoria generale
del
diritto,
Milano,
Giuffr6,
1984
d
]a
p.
22
et
s.
sVoir:
E
Terr6,
Droit
civil:
Les
obligations,
Paris, Dalloz,
1980
no
641
et
s.
9
Voir:
E
Agostini,
o
L26quit6
>
D.1978.Chron.7,
no
2.
[Vol.
34
ONTOLOGIE
DE L'EQUITt
pruntant
A
la
loib.
I1
est
ainsi
drfendu
de
mani~re
intangible
de
statuer
a
priori
en
6quit6. Le
16galisme
issu
de la
Revolution
fixe
cette
interdiction
comme
garde-fou
d'une
libert6
qu'il
n'a
pu
6teindre
et
qu'il
doit
soumettre
A
ses
principes
: A
la volont6
16gislative
souveraine.
Tout
d6pend
cependant
de
la
conception que
l'on
adopte
de
l'quit6
A
cet
6gard,
et
il
se
peut
qu'au-
trement
drfinie,
selon
une
orientation
objectiviste
commune
A
la
justice
et
au
droit,
elle
ait
requis
ds
l'origine
un
mode
de
constitution
analogue:
lui
imposant
non
l'agrrment
d'une
volont6, mais
la
fid~lit6
et
la
conformit6
d.
une
exigence
d'6quilibre,
de
mesure,
celle-la
m~me
qui
fonde
le
sens
du
mot
<«juste
>>.
Si
ce
type
de
pr6sentation
rrduit
l'quit6
d
un jugement
secondaire,
drpendant
et
<(
autoris6
>>,
il
ne
nie pas, significativement,
que
l'interpr6-
tation
de
la
loi
puisse
recouvrir
une
interpretation
de
la
justice.
Ce
qu'il
entend
exclure
en
somme, c'est
ce
comportement irrationnel
et
romantique
qui
a
tant
contribu6
A
jeter
le
discredit
sur
l'quit6,
tel
qu'il
s'est
incarn6
dans
la
juridiction
quasiment
charismatique
du
President
Magneaud,
le
<(bon
juge
de ChAteau-Thierry
>>I
,
ou
chez
les
tenants
du
<
droit
libre
>>
exaltant
les
pouvoirs
de
l'intuition,
d'un
Rechtsgefaahl
immrdiat
sollicit6
par
les
nrcessitrs
sociales
12 .
Aprrs
avoir
repouss6
le
danger
d'une
6quit6
servant
d'alibi
A
une
autorit6
judiciaire
mystifiante et
corrompue,
il
a
fallu
chasser
le
risque
de
16gitimer
des
appreciations
aux mobiles
individuels
et
affectifs,
ruinant
la
certitude
et
l'objectivit6
d'un
droit
qui
laisserait
A
chaque
juge
<
sa
>>
justice...
Que
l'quit6
soit
parfois incluse,
de
surcroit, dans
les <<
principes
g6-
nrraux
>>
(voir
aequitas
in
dubiis
prevalet...)
13,
n'apporte
aucun
drmenti
A
ce
rattachement
a
la
loi.
Ce
n'est
que
par
renvoi
d
la
loi,
laquelle
se
r6fiere
elle-m~me
A
ces
principes comme
A
son
fondement
latent
14,
que
l'6quit6
se
comprend.
En
tous
points,
le
statut
moderne
de l'6quit6
ne
saurait
donc
marquer
quelque
retour
A
une
esp6ce
de
relativisme
comme
celui
profess6
par
'6cole
1
0
Voir: G.
Ambrosetti,
Contributi
a
unafilosofia
del
costume,
I,
Bologna,
1959
;
Nuovifram-
menti difilosofia
del
costume,
Torino,
1973.
Voir
aussi,
sur
l'idre
d'
ordre
spontan6
>>,
commen-
tant
EA.
Hayek,
E
Viola,
Autoritil
e
ordine
del
diritto,
2e
Ed.,
Torino,
Giappichelli,
1987
A
la
p.
129
et
s.
"Voir: E
Gny,
Methode
d'interpritation
et
sources
en
droit
priv6
positif,
t.
1,
Paris,
LGDJ,
1954;
J.
Bonnecase,
Introduction
ti
l'tude
du
droit,
3e
Ed.,
Paris,
Sirey,
1939
A
la
p. 289
et
s.
1
2
Voir:
K.
Muscheler,
Relativismus
und
Freiheit,
Heidelberg,
C.E Mfiller,
1984
et
E
Grny,
supra,
note
11.
Voir
aussi:
G.
Raamelin,
Die
Billigkeit
im
Recht,
Tfibingen,
1921.
1
3
Voir:
M.
Rotondi,
<
Equidad
y
principios
generales del
derecho
>>
(1931)
2
Rev.
gen.
der.
y
jurispr.
(Mexico)
51,
cit6
par
Garciz-Maynez,
infra,
note
19
;
J.
Esser,
Vorstindnis
und
Me-
thodenivahl
in
der
Rechtsfindung,
Frankfurt,
1970,
cit6
par
Zaccharia,
infra,
note
57.
1
4
Voir: J.
Esser,
Grundsatz
und
Norm
in
der
richterlichen
Fortbildung
des
Privatrechts,
Tfi-
bingen,
1974,
cit6
par
Zaccharia,
infra
note
57.
19891
REVUE
DE
DROIT DE
McGILL
germanique
de
la
libert6
judiciaire
ou
de
la
decision
spontan~e,
suivant
l'Mlan
de
la
pens~e
et
du
coeur1
5.
I1
existe,
il
est
vrai, une
v6ritable
institutionnalisation
de
l'quit6,
qu'elle
soit
partielle
(pratique
de
l'arbitrage)
ou
globale
(equity
anglo-saxonne).
Mais,
d'une part,
elle
ne
constitue
pas
une
derogation
et,
d'autre
part,
elle
se
situe
assez
singuli~rement
en continuit6
avec
les
concepts
les
plus
clas-
siques.
Le
r6le
de
l'equity
est
tout
particuli~rement
6clairant
16.
Or
il
n'est
pas
ainsi
sans
relation
avec la
fonction
traditionnelle
de
l'quit6,
pr~gnante
d'un
droit
naturel
issu
de
l'Antiquit6
grecque
17
et
romaine' 8.
Le
but
de
l'quit6
est alors
d'adapter
aux
faits
et aux
ides
en
cours.
Elle
est
le
com-
pl~ment ad~quat
du
syst~me
de
droit
objectif embrassant
les
principes
g6-
n6raux.
Pour
en saisir la
portre,
il
suffit
de
d~gager
de
nouvelles
r~gles
qui,
finalement,
retrouvent
les
6vidences
d'un
donn6
qui s'impose,
qu'il
soit
relatif
A
ce
que
la
philosophie
juridique
traite
comme 6tant
la
<(nature des
choses
(I)
ou
qu'il
soit
ax6
sur
la
«
nature
de
1'homme
>
(II)
seul.
Regardre
A
travers
ces
traductions
multiples,
l'6quit6
manque
toutefois
de
l'unit6
de
notion
que
l'on attendrait.
Son
sens
se
modifie
selon
les
cas
d'application,
comme
il
a
6volu6
dans
l'histoire.
Ce
qui
ne
supprime
pas
des
constantes
fondamentales
;
mais
celles-ci
demeurent
difficiles
A unifor-
miser,
et
le
mieux
est
de
convenir
de
leur
irrrductible
ambivalence dans
la
doctrine
de
l'interpr6tation.
II
n'est
pas,
semble-t-il,
de
meilleure
mrthode
que
de
reprendre
un
vocabulaire
6prouv6
par
les
sprcialistes,
notamment
par
le
Mexicain
Eduardo
Garcia
Maynez
1 9,
et
par
les
auteurs
italiens:
Calamendrei,
Cam-
marata
et
Vittorio
Frosini
20.
L'6quit6
indiquerait un
procrd6
de
raisonne-
1
5
Voir:
les r~ferences
de
la
note
12,
supra.
Voir
aussi:
J. Carbonnier,
Sociologiejuridique,
Paris,
P.U.E,
1978
A
lap.
120
et
s.
et
L.
Bellofiore,
<I
guidizi di
equitA
>
[1966]
Riv.
internaz.
filosofia
del
diritto
232.
'6
Voir:
P.
Stein
&
J.
Shand,
Legal
Values
in
Western
Society,
Edimbourg, Edinburgh
Univ.
Press,
1974;
J.L.
Barton
&
D.
Davies,
<Equity
in the
World's
Legal
Systems>>
dans
R.A.
Newman,
6d.,
Equity
in
the
World's
Legal
Systems:
A
Comparative Study Dedicated
to
Ren6
Cassin,
Bruxelles,
Bruylant,
1973
;
et
sur l'opinion
de
E
Bacon,
voir:
G.
Giarrizzo,
(
'Aequitas'
e
'Prudentia'
o,
(1977)
7
Boll.
del
Centro
di
Studi vichiani
27.
Voir
aussi
:
E.
Agostini,
Droit
compar6,
Paris,
RU.E,
1988.
1
7
Voir:
M.
Radin,
<(Early
Greek Concepts
of
Equity
o
dans
Mnemosyne
Pappoulia,
Athenai,
1934
A
lap.
213
et
s.
'8
Voir:
H.K.J.
Ridder,
o
Aequitas
und
Equity
>
(1950)
39
Archiv
fu
r
Rechts
und
Sozialph.
185.
La
Cour
de
cassation
francaise
a
pu
adopter
une
mrthode
fort proche
de cette
tendance
de
'equity.
En
des
circonstances
exceptionnelles
oA
une
exigence
de
justice
6tait
particuli~re-
ment
pressante,
elle
a
ainsi invoqu6
l'quit6
afin
de l~gitimer
]a
sanction
de
l'N<
enrichissement
sans
cause>>;
voir:
J. Carbonnier,
Droit
civil,
9e
6d.,
Paris, RU.E,
1971,
no
6.
'9
E.
Garcia-Maynez,
Filosofia
del
derecho,
Mexico,
Porrua,
1977
A
la
p.
328
et
s.
20V.
Frosini,
L
UquitA
nella
teoria
generale
del
diritto
>
dans
11
diritto
nella
sociehi
tecno-
logica,
Milano,
Giuffr,
1981
A
la
p.
67
et
s.
[Vol.
34
1 / 21 100%
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