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La lutte contre les discriminations
l’UBF consultée
CÉRÉMONIE DES VŒUX AUX CULTES À L’ÉLYSÉE
Un grand pas pour le bouddhisme en France
Le 17 janvier 2008, un grand pas a
été franchi vers la reconnaissance
du bouddhisme en tant que religion
ofcielle en France.
Ce jour-là se tenait la tradition-
nelle cérémonie des vœux aux
cultes à l’Elysée en présence de
Nicolas Sarkozy, Michèle Alliot-Marie,
ministre de l’Intérieur en charge des
Cultes, Claude Guéant, secrétaire
général de l’Elysée et David Martinon
porte-parole de l’Elysée.
Pour la première fois, auprès des
représentants des cultes catholique,
protestant, orthodoxe, musulman et
judaïque, était invité un représen-
tant des bouddhistes de France en
la personne d’Olivier Wang-Genh,
président de l’UBF.
Au cours d’un entretien d’une heure
et demie, le Président de la Répu-
blique a réafrmé son attachement
à la laïcité et souligné la nécessaire
présence consultative des religions
dans les grands débats qui animent
notre société.
A travers cet acte politique, la
philosophie bouddhiste entre ofciel-
lement parmi les courants de pensée
représentatifs de la société française.
Olivier Wang-Genh : « Tous les
bouddhistes qui se consacrent
depuis si longtemps à l’implan-
t a t i o n d u D h a r m a e n F r a n c e
peuvent se réjouir. Nos efforts réu-
nis ont permis un tel événement
dont nous ne mesurons peut-être pas
encore la portée. Cette invitation
manifeste une volonté d’ouverture et
de dialogue très prometteuse ».
Vendredi 26 septembre, l’UBF
a été reçue par M. Bertrand
Gaume, Chef du Bureau Cen-
tral des Cultes du Ministère de
l’Intérieur, an de faire le point
sur la situation du bouddhisme en
France et sur son évolution.
Les nombres de 1 million de pratiquants
bouddhistes et de 5 millions de sym-
pathisants en France, présentés par
Olivier Wang-Genh, ont été conrmés et
validés par Bertrand Gaume. Ces chif-
fres sont dorénavant ofciels.
En partant du constat du développe-
ment important de notre Fédération,
du manque de moyens à sa dispo-
sition et de son importance pour le
maintien de la paix sociale grâce aux
valeurs transmises par l’enseignement
du Bouddha, nous lui avons fait part
de nos souhaits :
• L’attribution de locaux, environ 150
m² dans Paris intra-muros, éventuel-
lement à partager avec l’Université
Bouddhique Européenne, an de dimi-
nuer les coûts de fonctionnement ;
• L’augmentation de la durée du
temps d’antenne de l’émission
«Sagesses Bouddhistes», afin de
satisfaire la demande de nombreux
téléspectateurs (évaluée par le biais
de l’audit) ;
• La facilitation d’attribution des
visas pour les religieux venant ensei-
gner en France ;
• La facilitation de l’attribution du
caractère cultuel pour une asso-
ciation et les exonérations fiscales
afférentes ;
Enn, Bertrand Gaume s’est engagé
à mettre en œuvre tous les moyens
à sa disposition an de satisfaire au
mieux ces propositions.
Rencontre au Ministère de l’Intérieur
Des avancées encourageantes...
Cendres
funéraires
Loi en cours d’examen,
une affaire à suivre...
Un vide législatif
En quelques décennies, la crémation
est devenue un mode d’obsèques
courant en France.
Faute d’une loi encadrant la
destination des cendres de défunts,
des abus et dérives se sont produits
ici ou là, souvent par ignorance ou
suite à des conits familiaux.
On a signalé des urnes ‘‘oubliées’’
lors d’un déménagement, voire
déposées dans une déchetterie.
Quelques sociétés de droit privé
se disputent le juteux lon (!?) des
columbariums privés.
Ce constat a amené le législateur à
proposer une loi régulant la destina-
tion des cendres après la crémation.
Le projet s’attache à satisfaire au
mieux les désirs du défunt tout
en limitant les exploitations
commerciales.
Les bouddhistes
directement concernés
De nombreuses traditions bouddhis-
tes recommandent la crémation
des corps et la conservation des
cendres dans un lieu cultuel.
Or, selon les termes de l’actuelle
proposition de loi, les cendres ne
pourraient plus être conservées
par des sociétés de droit privé.
Elles devraient être conées à des
établissements sous tutelle de
l’Etat, comme les cimetières.
Une telle disposition, si elle était
appliquée de façon stricte, interdi-
rait aux associations cultuelles ou
aux congrégations bouddhistes de
conserver les cendres des
pratiquants.
L’UBF veille
L’UBF suit attentivement les discus-
sions parlementaires en cours et ne
manquera pas de tenir ses membres
informés des décisions prises et des
recours possibles.
C’est avec une vive émotion que
nous avons appris le décès de
Janine Boitel le 6 septembre 2008.
Nous garderons le souvenir d’une
femme enthousiaste, déterminée,
entièrement dévouée au Dharma et à
la communauté Theravada, œuvrant
de tout son cœur à tisser des liens
entre les différentes écoles boudd-
histes.
Nous sommes certains que Janine
Boitel est partie sur l’autre rive pai-
siblement, avec cet engagement
tranquille qu’elle manifesta au
quotidien pendant toute sa vie.
Nos pensées
se tournent
aujourd’hui
vers les pra-
tiquant s de
la Commu-
nauté de
Tournon, les
moines de la
forêt et tout particulièrement
vers le Vénérable Nyanadharo
Mahathera et nous prions pour que
l’espace que laisse cette dispari-
tion eurisse en autant de eurs de
Vacuité.
Décès de Janine Boitel
Le 16 septembre 2008 s’est tenue, au
Ministère de la Justice, une réunion qui
regroupait une vingtaine d’associations
civiles et cultuelles, au sujet de la lutte
contre les discriminations.
A la demande de l’ONU
Remontons 50 ans en arrière : en
1954, l’Organisation des Nations Unies
crée sa toute première Commission.
Elle est chargée de lutter contre les
discriminations de toute forme, qu’elles
portent sur la race, la religion, le sexe,
etc. Ratiée par plusieurs états souve-
rains, elle se met immédiatement au
travail et préconise un certain nombre
de mesures. Lesdites mesures sont à
mettre en œuvre par les états mem-
bres s’y étant engagés, dans un délai
défini. Au terme de ce délai, un
rapport est adressé à la Commission
par chaque état membre. Il fait le bi-
lan des actions engagées et émet des
propositions pour l’avenir.
En France, c’est le Ministère de la
Justice qui est chargé de rédiger ce
rapport.
Pour la première fois depuis la
création de la Commission, il a sou-
haité consulter les acteurs de la
société civile concernés par cette pro-
blématique.
C’est dans ce cadre qu’il a invité l’UBF
à venir s’exprimer sur ce point avec
d’autres associations.
L’équanimité
Par la voix de son représentant, l’UBF
a souligné que l’équanimité est au
cœur de l’Enseignement du Bouddha.
Elle a proposé de porter l’accent sur la
politique d’information et d’éducation
auprès des jeunes. L’objectif principal
de cette politique est d’amener chacun
à rencontrer et à comprendre l’autre
dans toute sa diversité, de race, de
culture, de religion ou autre. En effet,
ce n’est que dans la compréhension
profonde de la différence que peut
naître une acceptation sincère, puis
un enrichissement mutuel. Ce qui était
un handicap dans le lien social devient
alors une force.
Hommage
à Sœur Emmanuelle
Touchée par le passage de Sœur
Emmanuelle, l’Union Bouddhiste
de France salue la compassion en
action de cette religieuse sincère
et fervente. Sa tolérance est un
exemple pour tous. Elle joint ses
prières à celles des millions et
millions de croyants et de non-
croyants qui, de par le monde,
font des vœux ardents pour la
pleine réussite de l’œuvre qu’elle
a initiée. Son rayonnement et sa
folie d’amour inspirent profondé-
ment les bouddhistes que nous
sommes.
Photo : service photo de l’Elysée - P. Segrette