VANISHING POINT le palace >

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DOSSIER PEDAGOGIQUE
VANISHING POINT
Conception, écriture, scénographie, mise en scène : Marc Lainé
© Malte Martin Atelier Graphique
le palace >
Durée : 1h20
conception, écriture, scénographie, mise en scène Marc Lainé | La Boutique Obscure
écriture musicale musiciens de Moriarty
interprétation Jean-Philippe Perras (sous réserve), Sylvie Léonard, Marie-Sophie Ferdane musique live Thomas
Puéchavy, Vincent Talpaert, Stephan Zimmerli, Guillermo Dumay
lumière Kevin Briard
son Morgan Conan-Guez
vidéo Baptiste Klein, Benoît Simon
collaboration artistique Tünde Deak
costumes Elen Ewing
assistanat à la scénographie Aurélie Lemaignen
construction du décor ateliers de la Comédie de Saint-Étienne
Dossier réalisé par Philippe Cuomo, professeur missionné à La Comédie de Béthune –
[email protected]
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AVANT LA REPRÉSENTATION
I/ Marc Lainé, qui êtes-vous ?
 Site compagnie : http://lesindependances.com/artists/la-boutique-obscure
 Théâtre contemporain :
http://www.theatre-contemporain.net/biographies/Marc-Laine/presentation/
ACTIVITES :
 A partir de ces deux sites, quels sont tous les « métiers » de Marc Laisné ?
Pouvez-vous définir chacun d’entre eux ?
 Quels métiers artistiques, liés à la création théâtrale, connaissez-vous ?
II/ Présentation du spectacle
ACTIVITES :
 http://www.legrandt.fr/spectacles/vanishing-point
Que vous inspire cette vidéo ? Ecrivez un texte, quel qu’il soit à partir de
celle-ci.
 http://theatre-chaillot.fr/vanishing-point-coulisses-dune-creation
Que vous inspire ces photos de Stephan Zimmerli ? Ecrivez un texte, quel
qu’il soit à partir de l’une ou plusieurs d’entre elles.
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Note d’intention
http://www.theatre-contemporain.net/spectacles/Vanishing-Point-Les-Deux-Voyagesde-Suzanne-W/ensavoirplus/idcontent/51909
ACTIVITES :
 Savez-vous ce qu’est une note d’intention ? Précisez-en les enjeux.
 Lisez la note d’intention de Marc Lainé : que pouvez-vous attendre du
spectacle (thèmes, esthétique, enjeux dramaturgiques).
La note d’intention est un écrit explicatif et argumentatif dans lequel le metteur en scène
expose un projet de mise en scène sans séparer la forme et le fond.
Il s’agit d’un écrit synthétique, d’une page ou deux, précisant la finalité du spectacle et la
démarche. La note d’intention doit préciser les partis-pris artistiques et esthétiques,
faire apparaître une vision de la pièce (s’il s’agit d’un texte) ou du spectacle, sans
présenter un catalogue, sans entrer dans le détail précis du travail de plateau. Elle peut
résonner avec des documents écrits ou iconographiques.
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Synopsis
http://www.theatre-contemporain.net/spectacles/Vanishing-Point-Les-Deux-Voyagesde-Suzanne-W/ensavoirplus/idcontent/51911
ACTIVITES :
 Lisez le synopsis du spectacle :
 Repérez ce qui vous semble incontournable pour une bande annonce.
 Créez une bande annonce pour le spectacle sous la forme que vous
souhaitez (radiophonique, théâtrale, cinématographique, une simple
affiche, images arrêtées etc.).
Documents complémentaires :
 Interview
http://maculture.fr/entretien/vanishing-point-marc-laine/
 Interview en vidéo du metteur en scène
http://www.dailymotion.com/video/x2jvv06_vanishing-point-marc-laineentretien-et-repetitions_creation
 Interview-bande annonce
http://www.dailymotion.com/video/x20dbfn_vanishing-point-de-marc-lainebande-annonce_creation
 Coulisses d’une création
http://theatre-chaillot.fr/vanishing-point-coulisses-dune-creation
Le spectacle en images
Photographies de Patrick Berger
ACTIVITE :
 Décrivez et analysez la scénographie.
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ACTIVITE :
 Décrivez et analysez les costumes.
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ACTIVITE :
 Comment est utilisée la vidéo ? Décrivez le dispositif.
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ACTIVITE :
Ultime répétition en guise de présentation d’avant spectacle
http://www.dailymotion.com/video/x2l0oy7_vanishing-point-images-derepetitions_creation
 Synthétisez tout ce que vous avez découvert. Cette vidéo vous livre-t-elle
d’autres secrets ?
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APRES LA REPRÉSENTATION
III/ Présentation d’après spectacle
ACTIVITE :
A l’image des deux sites ci-dessous, créez une page web d’un théâtre afin de
présenter le spectacle que vous venez de voir.
 Site Comédie de Béthune
http://www.comediedebethune.org/spectacle/vanishing-point/
 Site Chaillot
http://theatre-chaillot.fr/theatre/marc-laine/vanishing-point
IV/ Théâtre et cinéma
ACTIVITES :
 A partir de cette image, que vous légenderez, présentez, sous la forme d’une
fiche technique, l’utilisation de l’image dans ce spectacle.
 Réfléchissez : en quoi ce spectacle est-il proche du cinéma ? Est-ce encore
du théâtre ?
 Faites une recherche sur le cinéma de David Lynch. En quoi peut-il être une
référence pour ce spectacle ?
 Poursuivez la réflexion :
- A partir de cet article :
http://theatre.blog.lemonde.fr/2015/04/03/non-le-cinema-naura-pas-la-peaudu-theatre/
- A partir de l’annexe de ce dossier.
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V/ La presse en en parle
 Revue de presse complète collectée par la compagnie :
http://lesindependances.com/wp-content/uploads/2016/06/Revue-dePresse_VanishingPoint_200616.pdf
 D’autres articles :
- http://www.telerama.fr/scenes/vanishing-point-les-deux-voyages-desuzanne-w,125007.php
- http://www.lesechos.fr/07/04/2015/LesEchos/21913-045-ECH_lemerveilleux-voyage-au-nord-de-marc-laine.htm#Xtor=AD-6000
- https://blogs.mediapart.fr/jean-pierre-thibaudat/blog/060415/marclaine-en-voiture-suzanne-ou-comment-faire-un-road-trip-sansbougerhttp://next.liberation.fr/theatre/2015/04/06/vanishing-point-a-letroit_1235892
- http://www.sortiraparis.com/scenes/theatre/articles/80804-vanishingpoint-au-theatre-national-de-chaillot-notre-critique
- http://www.etat-critique.com/vanishing-point-marc-laine-chaillot/
- http://www.culturopoing.com/scenes-expos/vanishing-point-m-e-smarc-laine/20150330
- http://www.sceneweb.fr/vanishing-point-les-deux-voyages-de-suzannew-par-marc-laine/
 Choix d’articles collectés par le site théâtre contemporain :
http://www.theatre-contemporain.net/spectacles/Vanishing-Point-Les-DeuxVoyages-de-Suzanne-W/critiques/
ACTIVITES :
 Parcourez quelques articles de presse. Séparez ceux qui ont des réserves
sur le spectacle et ceux qui sont plutôt élogieux.
 A partir de là, dressez une liste d’arguments défendant ou non le spectacle.
 Proposez ces arguments dans un débat avec votre classe.
VI/ Résonances
Découvrir le groupe Moriarty
http://moriartyland.net/site/
ACTIVITE :
 Qu’avez-vous ressenti en écoutant la musique pendant le spectacle ?
 Comment est-elle intégrée dans le spectacle ?
 La musique a-t-elle une fonction dramaturgique dans le spectacle ?
Vanishing point, un film culte
 Bande annonce
https://www.youtube.com/watch?v=pA4ymmXa8rs
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 article
http://www.telerama.fr/sortir/pourquoi-vanishing-point-est-le-plus-culte-desroad-movies,141347.php
ACTIVITE :
 Quels liens pouvez-vous établir entre ce film et le spectacle ?
Road trip, road movie et contre culture
 Définition
http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/road-movie_road-movies/69629
 Articles avec liste de films à découvrir
- https://www.cineclubdecaen.com/analyse/roadmovies.htm
- https://www.erudit.org/revue/cine/2008/v18/n2-3/018415ar.html
- https://fr.wikipedia.org/wiki/Road_movie
- https://www.senscritique.com/top/resultats/Les_meilleurs_roads_movie
s/367152
- http://cafe-geo.net/wp-content/uploads/le-road-movie.pdf
 Conférence radiophonique
https://www.franceculture.fr/conferences/cinematheque-detoulouse/conference-sur-le-road-movie-par-bernard-benoliel
 Le road movie français
http://www.cinetrafic.fr/liste-film/3064/1/le-road-movie-francais
 La contre-culture au cinéma
https://www.cineclubdecaen.com/analyse/contreculture.htm
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ANNEXE
Théâtre et cinéma, quelques réflexions succinctes :
Ouvrage de Charles Tesson :
http://www.cahiersducinema.com/Theatre-et-cinema.html
« Cet ouvrage s’attache non seulement aux adaptations des pièces de théâtre à l’écran,
mais surtout à toutes les formes qu’a pu prendre cette relation.
Dès que le cinéma a entrevu la possibilité de raconter des histoires de les mettre en scène, il
s’est tourné vers le modèle du théâtre et vers le tournage en studio qui lui en restituait les
conditions matérielles. Le cinéma a beaucoup pris au théâtre, à son contact, en
s’appropriant diverses composantes comme le jeu des acteurs, le décor, la scénographie, le
dialogue, la dramaturgie, et en les adaptant à ses propres moyens d’expression. La
construction des premières salles de cinéma prolonge l’architecture du théâtre…
Alors que le qualificatif de « théâtral » a souvent une connotation négative pour désigner le
style d’un film, c’est justement dans ses rapports avec le théâtre que le cinéma a pris
conscience de sa nature singulière en tant qu’art et de ses propres enjeux esthétiques, entre
l’attrait pour la réalité et le piège de ses faux semblants.
Cet ouvrage s’attache non seulement aux adaptations des pièces de théâtre à l’écran, mais
surtout à toutes les formes qu’a pu prendre cette relation, avec comme fil rouge les
moments où le cinéma a eu le plus besoin du théâtre pour définir sa « petite différence »,
comme le passage au parlant, la toute puissance de la télévision ou encore l’arrivée en
force des nouvelles technologies. Nombreux sont les cinéastes qui ressentent la nécessité du
théâtre pour définir les possibilités de leur geste d’artiste : Marcel Pagnol, Sacha Guitry,
Jean Renoir, Charlie Chaplin, Carl Th. Dreyer, Manoel de Oliveira, Jacques Rivette…
Charles Tesson est critique et enseignant à l’université de Paris III, Sorbonne Nouvelle. Il
est l’auteur d’ouvrages sur Satyajit Ray, Luis Bunuel, et La Série B.
Article du dictionnaire de Michel Corvin
CINÉMA ET THÉÂTRE. Le cinéma dès ses débuts s'est inspiré des solutions théâtrales
aux questions d'art dramatique ; il a pris au théâtre une partie de son répertoire, et aussi
nombre de ses techniciens et de ses acteurs. Mais c'est en profondeur que le théâtre a
informé le cinéma, en lui inspirant des manières de représenter l'espace, l’action et la
scène qui perdurent par-delà le renouvellement apparent des univers de fiction.
Le cinéma contre (et avec) le théâtre
Né comme une curiosité scientifique, le cinématographe, « invention sans avenir », allait
en trouver un rapidement, avec l'adaptation à tout-va du répertoire, littérature et art
dramatique confondus. Le cinéma allait devenir, dès les premières années du XXe siècle,
une machine à reproduire les œuvres romanesques et théâtrales. Que cette reproduction
Dossier réalisé par Philippe Cuomo, professeur missionné à La Comédie de Béthune – 10
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ait été d'abord imparfaite, c'est un euphémisme : soit le cinéma copiait trop
littéralement le théâtre (en en important les acteurs, en en reprenant les pires traditions
scénographiques - médiocres toiles peintes, meubles en toc), soit il trichait par trop. En
dépit de quelques réussites exceptionnelles, le théâtre ne réussit guère au cinéma muet,
et c'est loin de toute théâtralité - dans les genres privilégiant l’action et le plein air - que
celui-ci trouva sa spécificité, et presque sa définition.
Pourtant, c'est peu dire que le modèle de la scène théâtrale resta, durant l'époque
muette, et a fortiori bien davantage dès l'invention du parlant, un fantasme directeur
profond pour la conception même du métier de cinéaste (un métier que l’on appela
longtemps, en français, « metteur en scène », comme son homologue théâtral). La
première grande solution apportée au problème du film comme montage de plans
successifs -rompant l'action en actions élémentaires, et devant cependant apparaître
comme une continuité - fut dérivée, par David W. Griffith dans ses courts-métrages de la
Biograph (1908-1913), de la structure de la scène à l'italienne, avec ses coulisses, sa
latéralisation, la frontalité dans laquelle elle est offerte au regard. Dans le système
griffithien, un personnage sort par la droite pour entrer par la gauche au plan suivant,
dans un décor que, du coup, l'on doit imaginer comme adjacent au précédent ; avec cette
solution simple - et qui fut utilisée à grande échelle dans les commencements de
Hollywood -, on est déjà dans le cinéma, dans sa construction d'un monde imaginaire fait
de pièces et de morceaux, et encore un peu dans le théâtre, dans sa logique spatiale et
dynamique. Rapidement, ce système élémentaire apparut monotone et insuffisant à tout
montrer ; la caméra se déplaça, occupa des points de vue plus variés, changea sa
distance à l'événement, mais dans les règles de montage en vigueur durant toute l'ère
« classique », la prégnance de l'idée de scène ne disparut jamais, et avec elle, une
présence sourde « du » théâtre.
Cette présence du théâtre dans le cinéma fut soulignée, et peut-être renforcée, par les
innombrables migrations de professionnels de l'art dramatique. Les acteurs, les
premiers, furent attirés par ce qui semblait un moyen facile d'embaumer leur art pour
l'éternité ; vite désillusionnés sur ce point (la « mise en conserve » des Sarah Bernhardt*
et autres Le Bargy ayant accusé le caractère périssable de leur jeu), ils trouvèrent dans
l'industrialisation du cinéma le moyen d'une carrière mieux assurée. Des temps forts
marquent cette migration : on pense surtout à l'Allemagne des années 1920, où le toutthéâtre, de Wegener à Jannings, Krauss ou Veidt, se retrouve sur les écrans ; mais elle est
de tous les temps et de tous les pays, dans la mouvance hollywoodienne comme au
Japon ou en Inde. Le trajet des metteurs en scène est moins uniforme, mais constant.
Certains sont restés des cinéastes d'occasion, avec des fortunes inégales : si l'Hirondelle
et la Mésange (Antoine*, 1922) est un film profondément original, si L'Ile des
bienheureux (Reinhardt*, 1913) est une curiosité non dénuée d'attrait, ni Knock (Jouvet*,
1933) ni même Molière (Mnouchkine*, 1978) ne convainquent de leur nécessité en tant
que films.
Pour la plupart des metteurs en scène de théâtre qui y ont goûté, le cinéma est devenu
une seconde pratique, concomitante à l'autre (Welles*, Olivier*, Zeffirelli), et plus
fréquemment encore un substitut définitif : de Capellani à De Mille, de Sirk à Ophuls, de
Kazan* à Nicholas Ray et des Allemands (Dieterle, Lupu Pick, Murnau, Leni, Lubitsch)
aux Russes (Eisenstein*, loutkevitch, Kozintzev, Trauberg) en passant par les Japonais
(Kinoshita, Kinugasa), une impressionnante proportion des grands réalisateurs de
l'époque classique a fait ses classes au théâtre. Plus rare par la suite, cette migration a
suscité des œuvres toujours très personnelles - de Fassbinder* à Chéreau*. Le parcours
inverse est plus exceptionnel. Quelques cinéastes de premier plan se sont essayés au
théâtre (Renoir, Orvet, 1955 ; Rivette, la Religieuse, 1964, Tite et Bérénice, 1988; Rohmer,
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Catherine de Heilbronn, 1979) ; d'autres, tout aussi peu nombreux, y ont fait une seconde
carrière (Visconti*) ; Bergman*, quant à lui, a mené de front les deux carrières.
Le sens unique est également la règle dans le cas des écrivains, même si tous les cas de
figure sont attestés : auteurs dramatiques reconnus s'encanaillant au cinéma (Anouilh*
« dialoguant » Un caprice de Caroline chérie, 1952), adaptant leurs propres pièces
(Anouilh encore, le Voyageur sans bagage, 1944, mais aussi bien Brecht* et Puntila,
1955), venant garantir de leur plume la qualité d'un dialogue (Giraudoux* pour les Anges
du péché, 1943), ou franchissant le pas de façon radicale et irréversible (Henri Jeanson :
plus de cent scénarios). Exceptionnels furent ceux qui menèrent une double vie,
adaptant autant qu'ils écrivirent : Guitry*, Pagnol*, peut-être Cocteau*. En terre étatsunienne, il en va presque de même, et longtemps, Hollywood attira comme un aimant les
meilleurs auteurs de théâtre, auxquels elle offrait de l'argent, en quantité - et qu'elle
réduisit parfois à la servitude et à l'infécondité : pour un Ben Hecht, collectionneur
d'Oscars, combien de Joseph Mankiewicz ? Il faudrait, pour être complet, dire un mot des
décorateurs et scénographes, mais les transferts y sont moins définitifs et moins
nombreux ; un Wakhevitch* (plus de cent films, dont la Marseillaise ou le Journal d'une
femme de chambre de Buñuel), non plus qu'un Bérard* (la Belle et la Bête, 1946), ne sont
représentatifs. En dehors de rares personnalités comme Andréï Andréiev (passant de
Stanislavski* et Reinhardt* à Pabst et Clouzot), ou Allio* (du décor de théâtre à la
réalisation de films), le théâtre a gardé ses scénographes, et le cinéma a fait du
décorateur un spécialiste parmi d'autres.
L'adaptation : métamorphose ou trahison ?
L'« adaptation » fut d'abord pour le cinéma une simple technique de rapine, destinée à
nourrir la boulimie d'une industrie du récit en quête de scénarios vite prêts ; elle devint,
dans le même mouvement, une technique de garantie, un ennoblissement à bon marché
de ce qu'on n'allait pas tarder à définir comme « septième art ». Le développement du
cinéma, sa rapide autonomisation artistique ne changèrent pas, fondamentalement,
cette double caractéristique.
Qu'adapte-t-on, du théâtre au cinéma ? Potentiellement, tout : les grands classiques, au
premier chef Shakespeare* (dont Olivier* ou Welles* se firent une spécialité, mais qui
inspira aussi bien Kurosawa ou loutkevitch), ou encore le Faust de Goethe*,
incessamment récrit et transposé (Murnau, Clair, Autant-Lara, Dieterle). Plus souvent
encore, des pièces à succès : vaudevilles ou pièces de Boulevard en France (depuis Jean
de la Lune, de Jean Choux, qui en 1931 révéla Simon*, jusqu'à Boeing-Boeing, adapté en
Amérique en 1965 avec Tony Curtis et Jerry Lewis ou au Dîner de cons de Francis Veber,
1998), succès de Broadway aux États-Unis (voir les carrières de Garson Kanin ou de
Mike Nichols, et jusqu'à récemment, la reprise de grands spectacles, tel Chicago, 2002).
Le vrai problème de l'adaptation est celui même des rapports « au fond » entre cinéma
et théâtre. L'œuvre dramatique existe-t-elle dans une incarnation spécifiquement
théâtrale, son adaptation pour le cinéma devenant alors au mieux un enregistrement
fidèle de la représentation scénique (le Trio en mi bémol de Rohmer, filmé par luimême), au pis une vulgarisation, une « mise en boîte » facile et dégradante ? Ou bien
préexiste-t-elle, et survit-elle, à toute incarnation particulière ? Ces deux grandes
conceptions ont eu leurs ardents défenseurs : à un Pagnol posant l'art dramatique
« pur » comme seul art majeur, dès lors également servi par des arts mineurs comme la
littérature, le théâtre ou le cinéma, on opposera sans peine nombre de tenants d'une
pureté originelle, soit du théâtre, soit du cinéma, que l'autre ne pourrait dès lors que
venir polluer.
Ce fut le nœud de la querelle du « théâtre filmé », au début des années 1930; de
nombreux critiques (et quelques cinéastes), regrettant l'abandon, à leurs yeux
prématuré, des valeurs expressives propres au cinéma muet, en rendirent responsable
Dossier réalisé par Philippe Cuomo, professeur missionné à La Comédie de Béthune – 12
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l'abus des adaptations théâtrales. Cette querelle ne dura guère, le cinéma parlant ayant
vite retrouvé sa latitude de mouvement et ses genres de prédilection, et le filmage de
pièces de théâtre devint un choix comme un autre. De The Front Page (Lewis Milestone,
1931) à His Girl Friday (Howard Hawks, 1940) et The Front Page (Billy Wilder, 1974), ce
qui change dans l'adaptation d'un même succès de Broadway (dû à Ben Hecht et Charles
McArthur), c'est le jeu des acteurs, le rythme du film, son rapport plus ou moins étroit à
l'actualité. Pour le reste, la stratégie est celle, usuelle dans l'industrie du film, du
remake : réfection actualisée, ayant pour but de bénéficier d'un succès antérieur. En
France, et après les carrières remarquées des grands anciens, on pourrait citer, dans les
vingt dernières années, les adaptations théâtrales d'Alain Resnais (Mélo [1986],
Smoking/No Smoking [1997], Pas sur la bouche [2003], Cœurs [2006J) ou celles de
François Ozon (Gouttes d'eau sur pierres brûlantes [2000], Huit femmes [2003]).
Le théâtre dans le cinéma
Les premiers critiques et théoriciens du cinéma, préoccupés d'en définir la spécificité
comme art des images, ne pouvaient que honnir toute trace de théâtre dans les films malgré l'évidence de certaines réussites telles que l'Éventail de Lady Windermere d'Ernst
Lubitsch. L'arrivée du parlant durcit encore l'opposition ; la venue de réalisateurs qui
étaient aussi des auteurs dramatiques fut ressentie comme une provocation, et le
« théâtre filmé » devint l'ennemi majeur des puristes (voir les positions révélatrices,
autour de 1930. de René Clair, de Chaplin, d'Eisenstein).
Cela était injuste, car c'est bel et bien le théâtre qui apprit aux cinéastes à diriger les
acteurs, à construire un décor en trois dimensions, à mettre en scène. Pourtant, il fallut
attendre l'après-guerre et, étrangement, un contexte dominé par la vague néoréaliste
pour que la critique et la théorie dépassent enfin ce clivage. Le texte clé est celui d'André
Bazin, développant l'idée paradoxale que, lorsqu'il s'attaque au théâtre en adaptant un
texte, le cinéma est d'autant plus fidèle à sa nature profonde qu'il avoue l'origine
théâtrale du texte, et, qu'au contraire, il s'égare en cherchant à la dissimuler. Bazin
condamne sans appel la fréquente pratique qui consiste à « aérer » une pièce en
transportant certaines scènes en plein air, en insérant des plans non dialogués, bref en
faisant tout pour nier la scène théâtrale (voir le Dom Juan de Bluwal*). Mais
l'« aération » n'est qu'un symptôme, inessentiel, et ce que Bazin, dans son obsessionnel
souci du réalisme, défend avant tout, c'est un cinéma qui devienne - en décors naturels
ou non, avec une caméra statique ou mobile - un véritable documentaire sur des acteurs
disant un texte. Conception qui l'amène à défendre aussi bien Pagnol que Guitry, aussi
bien le Henry V d'Olivier (qui sent aujourd'hui son carton-pâte) que l’Othello de Welles
(filmé sur les remparts de Mogador) ou les Parents terribles de Cocteau (où le filmage en
studio est ostensiblement avoué).
Il reste des opposants irréductibles à toute référence au théâtre dans un film, mais, pour
l'essentiel, la thèse bazinienne a été reprise et prolongée par toute une tradition, surtout
européenne, du « cinéma d'art », de Bergman déclarant : « Pour moi le cinéma, c'est
avant tout du théâtre », à Rivette posant que « tout grand film est un film sur le théâtre ».
On décèle aisément, dans le cas du cinéma français, une filiation Guitry, dans le culte de
la performance d'acteurs disant un très bon dialogue (comme chez Jean Eustache), et
aussi un héritage de Pagnol, à travers le goût pour le langage vivant et un certain
naturalisme plus ou moins stylisé (de Maurice Pialat à Arnaud Desplechin).
Depuis les années 1960, le cinéma semble s'être majoritairement écarté de la référence
théâtrale, pour se préoccuper davantage d'attirer par des images spectaculaires.
Pourtant, le théâtre est longtemps resté, de façon avouée, au principe du cinéma le plus
réflexif (voir, dans les années 1970-1980 et totalement dissemblables, les œuvres de
Duras*, Ruiz ou Straub-Huillet). Il demeure, de façon plus inconsciente, au cœur du
cinéma en général (comme, avant lui, de la peinture), du moins tant que celui-ci
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n'esquive pas la représentation : dans sa rencontre avec le réel, qu'il transforme en récit
puis en spectacle, le cinéma en effet ne peut que reproduire le dédoublement de la
représentation théâtrale, du textuel au scénique, du scénique au visible.
article « cinéma et théâtre » de J Aumont
dans Dictionnaire encyclopédique du théâtre à travers le monde,
ouvrage sous la direction de Michel Corvin, Bordas, 2008
D’un plateau à l’autre, d’autres spectacles soulevant la même réflexion :
Kiss and cry de Jaco van Dormael et Anne de Mey / http://www.charleroidanses.be/index.php?option=com_flexicontent&view=items&cid=3:events&id=581:kissa-cry&lang=fr
©DR
Ce spectacle invente une technique : la nanodanse pour nous raconter une histoire
singulière autour de la relation amoureuse.
Kristin de Katie Mitchell et Léo Warner
http://www.theatre-video.net/video/Kristin-nach-Fraulein-Julie-Avignon-2011-extraits
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©DR
Ce spectacle utilise comme matériau la pièce de Strindberg, Mademoiselle Julie et
propose un travail très intéressant de contrepoint avec une sorte de
tournage de film en direct, film reflétant, illustrant, mettant en scène
les « blancs » du texte.
Réflexion à mener : Est-ce du théâtre ou du cinéma ?
Un film prototype : La nuit américaine de François Truffaut
Le cinéma qui se montre :
La Nuit américaine, François Truffaut, 1973 : dans ce film, Truffaut
imagine le tournage d’un film et toutes les difficultés afférentes au
tournage. On assiste à la création d’un film un peu sans intérêt car ce
qui nous est montré, c’est le processus de création.
D’un chat à l’autre (De La peau douce à La nuit américaine)
Pour voir le décalage entre un film et son tournage, on peut comparer
la scène avec le petit chat venant finir le lait sur le plateau dans un film et dans l’autre.
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