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A notre sens, ces morphoclines
documentent,
par
le
réel, des accessions à des grades
évolutifs
dont
l'utilisation, lors
d'une
tentative de reconstitution phylogénique, peut
être primordiale.
Il
convient, toutefois, de dégager une hiérarchie parmi eux; leur
conférer un même potentiel d'intérêt serait une grave erreur. Après sélection, ces grades
évolutifs peuvent être ajoutés aux caractères purement morphologiques qui
ont
été
isolés,
ce
qui augmente la masse des éléments
permettant
l'élaboration d'ensembles de
critères génériques de comparaison.
Regrouper ensuite les espèces, en considérant leurs réponses aux différents ensem-
bles de critères génériques de
comparaison,
revient à isoler des genres
tendant
à devenir
plus naturels, et dans lesquels la
part
d'arbitraire
est en régression. Agir de cette manière
conduit à imbriquer plus étroitement la classification des actuels et les éléments connus
des formes disparues.
La compréhension de cette étude repose
donc
sur la notion de genre,
qu'il
convient
de repréciser.
Comme
défini
par
Mayr
(1942),
le
genre est une catégorie renfermant une
oU
plusieurs espèces
dont
on présume qu'elles
ont
la même origine;
il
est séparé des
autres genres
par
une nette discontinuité. Selon cette conèeption, à laquelle nous
adhérons, il existe une unité générique,
pas
toujours évidente, mais qui doit être
recherchée, puis démontrée aussi clairement que possible.
La distinction exacte des genres vivants
correspond
à l'analyse convenable
d'une
coupe
pratiquée
dans les faisceaux de lignées spécifiques affines, regroupables en
fonction
d'une
sélection de caractères
communs.
Ces aboutissants sont, dans
le
cas
présent ,les meilleurs qui puissent être considérés
pour
tenter
d'en
retrouver
les
racines;
en
d'autres
termes, les raccorder aux documents
du
passé.
Notre
réflexion s'accorde aux
raisons déjà évoquées
par
Simpson
(1943)
pour
affirmer que
le
genre est,
par
excellence,
l'unité taxonomique privilégiée des paléontologues.
En effet, il est coutumier
d'établir
les phylogénies
sur
l'isolement de lignées, considé-
rées spécifiques, élaborées à
partir
de
l'évolution
d'un
ensemble de caractères devenant
de plus en plus progressifs
au
fur
et à mesure que les gisements exploités
sont
de
formation plus récente. Ce principe n'est valable que si
l'on
peut
démontrer,
et non
admettre, qu'il est bien question de lignées spécifiques, et les cas
sont
rares. Même chez
les rongeurs fossiles,
dont
l'évolution
«fulgurante»
n'est pas contestable, il arrive que
telle lignée
prématurément
conçue devienne
caduque
dès lors que plusieurs
morpholo-
gies, considérées successives, sont retrouvées simultanément dans le même gisement
ou
dans des niveaux contemporains. L'objection est
d'autant
plus valable
si
l'on
étudie un
groupe à évolution lente, ce qui est le cas des chiroptères, et singulièrement des
vespertilioninés.
C'est une des causes qui nous
ont
incité à rechercher un
support
moins vulnérable
que la lignée spécifique. A l'inverse, la lignée générique, englobant un pl
us
grand
nombre
de critères de
comparaison,
semble, sinon répondre aux conditions requises, du
moins s'en
approcher
considérablement.
L'essai que nous
proposons
repose
sur
des moyens inhabituels,lesquels,
comme
les
autres, ne
sont
pas pleinement sécurisants.
Il
concrétise cependant une tentative origi-
nale, mais seulement complémentaire des méthodes classiques. Ce travail se veut hors
de toute exclusive, et l'originalité
dont
nous faisons état ne doit pas être assimilée à une
condamnation,
même partielle, de ce qui a déjà été proposé. Au contraire, nous avons
emprunté
à diverses méthodologies ce qui nous semblait ponctuellement rationnel,
c'est-à-dire
adaptable
au
cas précis des vespertilioninés.
Il
convient de rappeler succinctement les autres méthodologies, et
de
préciser
pourquoi
nous avons été
contraint
d'écarter
certaines de leurs applications au cas
particulier des vespertilioninés.