Histoire : OC Todorov : chapitre 4 Valentine Claude
Lorine Tâche
Elise Mullener
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Les caricatures danoises
L’affaire Van Gogh étant encore présente dans les esprits, les dessinateurs hésitent à
caricaturer le prophète. Un journal danois les incite à surmonter leur peur et à défendre la
liberté d’expression. Certains dessinateurs répondent alors à l’appel et le quotidien danois
Jyllands-Posten publie le 30 septembre 2005 douze caricatures du prophète Mohammed. La
publication de ces dessins provoque de violentes protestations dans certains pays musulmans.
Un conflit entre la civilisation occidentale et la civilisation islamique commence. Todorov
essaie alors de comprendre la nature de ces caricatures et l’utilisation de la liberté de la
presse, les sentiments des musulmans et leurs réactions.
La liberté d’expression suppose le comportement responsable de ceux qui en usent. C’est
pourquoi elle est limitée soit légalement soit moralement, même dans les pays occidentaux.
Dans certains pays, le respect de la liberté d’expression ne permet pas, en principe, la
représentation insultante et haineuse des religions. Il est vrai que les pays du monde
musulman sont loin d’être des démocraties et bénéficient d’une liberté de la presse très
théorique.
Toutefois dans cette affaire, le rédacteur du journal danois réduit la liberté d’expression à un
droit à la dérision et à la moquerie. Ce qui est pour Todorov inconvenant et insuffisant à la
justification de cette publication. Pour lui le but du journal était de provoquer la haine sous
couvert de la liberté d’expression
Tzvetan Todorov se demande alors pourquoi ce journal danois a choisi cet exemple de
caricatures parmi toutes les autres. Il nous explique que ces caricatures sous-entendent
l’identité réductrice selon laquelle tout musulman serait par nature terroriste et intolérant. Ces
caricatures ont alors été prises par les musulmans pour ce qu’elles étaient réellement : une
provocation. La réaction prévisible des musulmans est néanmoins manipulée : sollicitation
d’ambassadeurs étrangers et ministres de pays étrangers pour qu’ils interviennent dans les
affaires intérieures danoises (cf. p.244). La réaction violente musulmane est paradoxale parce
qu’elle est censée démentir la violence islamique suggérée par les dessins.
La publication de ces caricatures a poussé à la confrontation, à la violence et à la peur des
populations : plus on poussera à démontrer que les musulmans sont intolérants ; plus les
musulmans réagiront à cette attaque. Et c’est pourquoi la peur, l’intolérance de l’autre et les
conflits s’intensifieront.
Le discours du Pape :
Benoît XVI a prononcé, dans une université allemande le 12 septembre 2006, un discours
intitulé “foi, raison et université”. Quelques passages concernent la connexions entre l’islam
et la violence. Selon le Pape, la religion chrétienne est une unité entre la foi et la raison, cette
dernière héritée des Grecs, et donc qu’elle est l’exemple à suivre pour toute pratique
religieuse. Il se crée donc deux adversaires, ceux qui défendent la pure raison et ceux qui
défendent la pure religion, en utilisant la guerre pour l’étendre. C’est dans ce deuxième cas
qu’il parle de l’islam. Benoît XVI soutient deux thèses : seul le christianisme a partie liée
avec la raison, et l’identité de l’Europe est née de la rencontre entre la tradition grecque et
chrétienne. Il est obligé de jouer sur le sens des termes “raison” et “identité collective”.
Pour condamner la violence, le Pape rappelle la violence musulmane. Todorov explique qu’il
aurait mieux fait de mentionner en premier la violence des chrétiens, puisqu’ils ont eux aussi
eu recours aux armes. En effet, présenter la violence des autres ne les amène pas à diminuer
leur violence.