La conjoncture économique – Avril 2007 Europe, Etats-Unis : décalage conjoncturel En dépit de préoccupations partagées (inflation, croissance), la FED et la BCE sont confrontées à des cycles économiques dont le déphasage est perceptible en ce début de printemps. L’économie américaine ralentit, amenant la FED à abandonner son biais haussier contrairement à la zone euro où la reprise est confirmée. Ces écarts de conjoncture et de taux entraînent le surajustement de l’euro par rapport au dollar. La compétitivité des exportations européennes est altérée, mais la facture en pétrole importé est allégée contrairement aux Etats-Unis plus sensibles à la hausse du prix du baril à 68 USD (tensions en Iran, problème de raffinage et demande forte). Etats-Unis : ralentissement plus que récession L’atterrissage contrôlé de l’économie américaine se confirme en 2007 avec 2,5 % de croissance anticipée qui ne serait qu’une pause de milieu de cycle. Les indicateurs économiques sont contrastés et difficiles à interpréter par les marchés financiers. Côté entreprises, le ralentissement est plus accentué que prévu. La baisse des commandes entraîne un manque de visibilité favorisant des stratégies prudentes. Le déstockage se poursuit et altère la dynamique industrielle particulièrement dans le secteur automobile. L’investissement enregistre une baisse généralisée. Au-delà du premier semestre, une amélioration est attendue. Le commerce extérieur est soutenu par la dépréciation du dollar et les profits très élevés offrent des possibilités de financement. La consommation des ménages reste portée par la croissance des salaires et la robustesse de l’emploi (+ 180.000 créations d’emplois en mars). L’essence devient chère et l’effet richesse de l’immobilier s’est atténué. Cependant, une crise immobilière sévère est à présent peu probable, les difficultés ne touchent que les ménages peu solvables (6 % des propriétaires) et certaines zones géographiques (Floride, Californie, Hawaï). Dans ce contexte, Mr Bernanke pratique un pilotage monétaire pragmatique. Il a pris acte des difficultés de l’immobilier en abandonnant le biais restrictif de la politique monétaire. Après le chiffre d’inflation de février (+ 2,8 % sur un an), les craintes subsistent et concernent les salaires, le pétrole et les loyers, aussi aucune baisse de taux ne sera précipitée. Federal Finance – Avril 2007 Zone euro : la reprise prend de l’ampleur La croissance de la zone euro est bien enclenchée. Elle devrait être durable et proche de 2 % pour 2007. L’amélioration conjoncturelle et la dynamique des réformes (politiques publiques plus rigoureuses) confortent les marchés financiers européens bien orientés. L’environnement des consommateurs s’améliore avec un taux de chômage qui enregistre un niveau exceptionnellement bas (7,3 % en février). Les revendications salariales devraient aboutir à une redistribution des fruits de la croissance (+ 3 % de hausse salariale attendue en Allemagne) stimulant la consommation. Mais les conditions de crédit de plus en plus restrictives fragilisent l’immobilier qui amorce un freinage en France, en Espagne et en Italie. La confiance des entreprises est portée par une demande interne plus dynamique. La production industrielle croît et l’investissement est très élevé sauf en France où l’attentisme est lié aux élections. Le commerce extérieur européen est toujours tiré par les exportations allemandes qui résistent à l’appréciation de l’euro alors que l’industrie française peu spécialisée faiblit en compétitivité. La BCE peu inquiétée par la croissance se concentre sur l’inflation, modérée en mars (+ 1,9 % sur un an), mais présentant des risques à moyen terme. La hausse salariale et des prix des matières premières, la croissance du crédit et des capacités de production tendues permettent d’anticiper un nouveau durcissement des taux directeurs à 4 % en juin. Japon et Chine : des performances contrastées La conjoncture japonaise est marquée par un affaiblissement récent bien que des éléments favorables la soutiennent. L’indice Tankan en léger retrait révèle un climat des affaires incertain (hausse du cours du pétrole, ralentissement américain). La production industrielle décélère et les entreprises réduisent leurs stocks. L’économie japonaise dispose cependant de fondamentaux solides : bonne santé des entreprises (profits élevés, investissement dynamique), yen très compétitif. La consommation devrait être nourrie par des hausses salariales attendues sur un marché du travail vigoureux. Le retour de la déflation (- 0,1 % sur un an en février), lié à des facteurs conjoncturels temporaires, écarte tout resserrement monétaire et favorise le « yen carry trade ». En Chine, la croissance devrait se maintenir à près de 10 % en 2007 malgré des mesures restrictives (crédit rationné, probable appréciation du yuan). Elle est toujours dynamisée par l’investissement accru à l’approche des JO tandis que l’absence de classe moyenne et de sécurité sociale ne permet pas à la consommation de prendre le relais. Federal Finance – Avril 2007