Les désignations conventionnelles
(Première partie non disponible)
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Désignation conventionnelle
La première investigation porte sur les termes. Bouddha est un terme, être ordinaire est un terme, nirvana est un terme,
bon est un terme, mauvais est un terme, et la méta-éthique pose la question : qu'est-ce que le bon ? Est-il lié au
mauvais ? Donc, en premier, il faut étudier le mot, cela concerne la sémantique. Souvent, le mot n'est qu'une
désignation conventionnelle et pas la réalité. Une désignation conventionnelle. Pour aller profondément dans l'éthique,
il faut beaucoup d'efforts. Il en est de même quand on étudie les Cinq Entraînements à la la Pleine Conscience. Par
exemple, dans l'exercice 'Je laisse le Bouddha respirer, je laisse le Bouddha s'asseoir, je n'ai pas besoin de respirer, je
n'ai pas besoin de m'asseoir', en commençant cet exercice, il y a le Bouddha et moi, comme deux réalités séparées. Mais
le Bouddha est un mot, et moi, je suis un mot, et ces deux mots sont des désignations conventionnelles. Ceci est très
profond, cela fait partie de la sémantique. Au début, nous sommes deux. Nous sommes fainéants, nous n'aimons pas
respirer et faire la méditation, alors nous laissons le Bouddha le faire pour nous. Le Bouddha respire, le Bouddha
s'assoit, le Bouddha respire régulièrement, légèrement, et nous profitons de sa respiration, nous profitons de son assise.
Au début, on laisse le Bouddha le faire parce qu'on est fainéant, on n'a pas besoin de respirer, on n'a pas besoin de
s'asseoir, mais quand le Bouddha respire et s'assoit bellement, on en profite. Je respire, je m'assois avec le Bouddha. Au
premier exercice, le Bouddha est différent et je suis différent. Le Bouddha est une réalité séparée et je suis une réalité
différente. Puis, au troisième exercice, le Bouddha est la respiration, le Bouddha est l'assise, je suis la respiration, je suis
l'assise. Je Bouddha est la respiration même. Lorsque le Bouddha respire, sa respiration est de grande qualité : elle est
légère, elle est paisible, et c'est cette respiration respire et légère qui est le Bouddha. Il est impossible de trouver le
Bouddha à l'extérieur de cette respiration légère et paisible. Quand nous cherchons la vérité, nous pouvons nous
emprisonner dans un mot, dans une désignation conventionnelle, et si nous avons de la chance, nous trouvons la vérité.
Lorsque le Bouddha marche, le Bouddha marche avec solidité, avec bonheur, et nous pouvons reconnaître le Bouddha
dans cette marche. En dehors de cette marche, il n'y aura pas le Bouddha. Si vous pratiquez habilement cet exercice,
vous trouverez, vous reconnaîtrez le Bouddha dans la posture assise. Le Bouddha ne se trouve pas à l'extérieur de cette
respiration merveilleuse et de cette assise solide. Le Bouddha est la respiration, le Bouddha est l'assise, nous sommes la
respiration, nous sommes l'assise. Ne croyons pas qu'à l'extérieur de cette respiration et de cette assise, nous existons
quelque part. À partir du troisième exercice, grâce à la sémantique, nous approchons de la vérité. Comment avons-nous
reconnu le Bouddha ? Grâce à sa posture assise, grâce à sa marche, grâce à son amour. La vérité, c'est que le Bouddha
n'existe pas en dehors de toutes ces choses, comme les nuages n'existent pas à l'extérieur de ces petites gouttes d'eau : si
on enlève ces minuscules gouttes d'eau, il n'y aurait pas le nuage, et le Bouddha est pareil, comme ce coussin. En
regardant profondément, nous voyons le tissu, la peau des haricots, le travail, l'aiguille, le fil, et en dehors de toutes ces
choses, il n'y aurait pas le coussin. Donc le coussin est une désignation conventionnelle, et si nous cherchons le coussin
à l'extérieur de ces choses là, nous ne le trouverons jamais. Si nous le cherchons à l'extérieur du tissu, du coton, du
travail, de la couture, nous ne le trouverons jamais, c'est pour cela que le coussin est une désignation conventionnelle.
Lâchons le mot. En lâchant le mot, nous pouvons nous approcher de la vérité. De même, si nous nous cherchons, si
nous sommes Élisabeth, qui est Élisabeth ? Nous lâchons ce nom pour trouver la vérité d'Élisabeth, et Élisabeth est cette
forme, ces sensations, ces formations mentales. De même, le Bouddha est les éléments Bouddha, comme l'être
ordinaire. Donc, avec le troisième exercice, le Bouddha est la respiration, le Bouddha est l'assise. Il faut être habile pour
reconnaître le Bouddha, trouver le Bouddha dans la respiration, dans l'assise. Il ne faut pas chercher à le trouver en
dehors de ces choses-là, ou trouver le coussin à l'extérieur du tissu, de la couture, etc... Alors la façon de respirer, de
marcher, de s'asseoir, de se comporter, c'est le Bouddha. Il ne faut pas le chercher à l'extérieur de ces choses, et c'est très
facile, c'est très scientifique. Nous sommes la respiration, nous sommes l'assise, et si nous nous cherchons à l'extérieur
de notre respiration et de notre marche, nous ne nous trouverons jamais, et ainsi nous nous libérons des désignations
conventionnelles. En général nous sommes attachés, emprisonnés dans des désignations conventionnelles, et la
sémantique nous aide à ne pas nous emprisonner dans des mots, dans des noms, et cette éthique est inspirée par le
positivisme logique fondé par Auguste Comte. Ensuite, d'autres philosophes l'ont développé en posant des questions
très pratiques : 'Vous parlez du bon et du mauvais, mais qu'est-ce que le bon, qu'est-ce que le mauvais, il ne faut pas
jouer avec les mots, n'emprisonnez pas les autres avec les mots'. Et c'est cela la sémantique, et dans le bouddhisme, la
sémantique est très importante, dans le bouddhisme, il est dit que tous les mots comme 'je', 'tu', 'Bouddha', 'être
ordinaire', sont tous des désignations conventionnelles, et qu'il ne faut pas nous emprisonner dans tout cela. Dans les
quatre investigations, il faut lâcher les mots pour trouver la vérité, et ensuite il faut lâcher la vérité. Maintenant, nous
cherchons sa nature, nous avons quitté le nom pour aller à sa réalité, et c'est le tissu, la coquille des haricots, et on doit
toucher sa réalité, parce que le tissu est aussi une désignation conventionnelle, le tissu est fait des éléments non-tissu.
Au début, nous voyons une corde tout en croyant que c'est un serpent, et nous paniquons, et ensuite, nous comprenons
que c'est juste une corde, et nous lâchons le serpent, mais en regardant profondément, nous voyons que cette corde n'est
pas vraiment corde, car elle est faite de différents éléments : la corde est faite des plantes, des branches, et la corde est