YVONNE GUIDÉ
ET
L'AVANT-GARDE MUSICALE ÀBRUXELLES
Marie
CORNAZ
&Denis
HERLIN
Àla suire
d'une
série
de
dons effectués dès 1987
au
bénéfice de la secrion de la Musique
de
la Bibliorhèque royale
de
Belgique,
Madame
Janine Reding-Pierre décida le premier
mars 2007
de
compléter le fonds
portanr
son
nom
par
une
nouvelle
donarion
comprenanr,
enrre aurres documents,
un
volume ayanr
appartenu
àsa mère Yvonne
Guidé
(1892-1932),
comme
l'atteste
les
initiales
«y»
et
«
élégammenr enrrelacées sur le plat supérieur de la
reliure
en
cuir
rouge. Avec
ses
soixante-trois dédicaces, ce carnet conrienr
les
signatures de
personnalités musicales et artisriques renconrrées
par
Yvonne
Guidé
enrre 1901 et 1930.
Cependanr, les deux dernières dédicaces
sont
postérieures et témoignenr, avec leurs millési-
mes 1955 et 1982,
de
la cartière pianisrique
de
sa fille Janine, qui avait créé avec
son
mari,
le pianiste
Henry
Pierre, le
duo
pour
deux pianos Reding-Pierre.! Parmi
les
dédicaces adres-
sées
àYvonne Guidé, cinquanre
datenr
des années 1901-1914, décennie
qui
voit Bruxelles
s'affirmer
comme
un
cenrre d'avanr-garde bouillonnanr,
peinrres, poètes et musiciens
s'influencenr
mutuellemenr
dans
une
joyeuse émulation, décennie qui correspond égale-
ment
àl'apogée
de
la carrière de Guillaume
Guidé
(1859-1917), le père
de
la récipiendaire
de ce bel album. Par leurs
mots
de sympathie,
les
dédicanrs témoignenr
en
réalité surtour
des liens rissés avec ce dernier, personnalité quelque
peu
oubliée
aujourd'hui
et qui a
pour-
tant
joué
un
rôle capital dans la sphère musicale
de
son époque.
Avant
d'étudier
en
détail le
contenu
de
ce carnet et de mieux comprendre dans quel
contexte il fur élaboré, il convienr
de
retracer la carrière
de
Guillaume Guidé.
àLiège le
7avril 1859, Guillaume
Guidé
obtient
àseize ans
un
premier prix de hautbois
au
Conser-
vatoire de sa ville natale dans la classe d'Alphonse Romedenne."
Quirrant
l'insritution
en
1877 avec
une
médaille de vermeil, il est aussitôt engagé dans l'orchestre de l'Association
artistique d'Angers nouvellement fondée par le
banquier
Jules Bordier et le comte Louis de
Romain, cercle àla
programmation
novarrice ayant
pour
président
d'honneur
le composi-
teur français Charles
Gounod
(1818-1893).' Remarqué àAngers par
le
compositeur belge
(1)
Au sujet de
la
carrière de
ce
duo, lire Janine Reding-Pierte, 2pianos, une vocation (Paris-Bruxelles: La
longue vue, 1992), 183p.
(2)
Stefaan Verdegem, «'Le poète
du
Hautbois'. Guillaume Guidé (1859·1917) »,
The
Double
Reed,
vol. 31/1
(2008): 121·4.
(3) Voir Yannick Simon, L'Association artistique d'Angers (1877-1893), histoire d'une
société
de
concerts
populai-
res,
suiviedu
répertoire
des
programmes
des
concerts
(Paris: Société française de musicologie, 2006), 415p. Guillaume
Guidé participa aux concerts de cette société de 1877 à1887.
!O.1484/j.IMA.2. In MonteArtium,
2,
2009,
p.
35-61.
36
MARIE
CORNAZ
&
DENIS
HERLIN
Peter Benoît (1834-1901), Guillaume
Guidé
est appelé àBruxelles
en
1884 par François-
Auguste Gevaert (1828-1908), alors directeur
du
Conservatoire de la capitale, afin d'oc-
cuper
les
postes de hautbois solo
au
théâtre de
la
Monnaie
et aux Concerts Populaires et
d'enseigner
au
conservatoire.
11
fonde
rapidement
l'excellente Société
de
musique
de
cham-
bre
pour
instruments à
vent
et
piano
avec les professeurs
du
Conservatoire Jean
Dumon,
Louis Merck,
Alphone
Neumans,
Gustave Poncelet et le pianiste louvaniste
Arthur
De
Greef (1862-1940)4Ces diverses fonctions
donnent
un
élan supplémentaire àla carrière
de
Guidé,
qui
compose également.
11
est alors considéré
comme
un
virtuose d'exception
par
les
plus grands, le compositeur allemand Richard Strauss n'hésitant pas àle
surnommer
le
«poète de l'hautbois
[sic]
»5
11
sympathise avec
les
Français Jules Massenet, Camille Saint-
Saëns
et
Vincent
d'Indy, tandis qu'il retrouve àBruxelles celui avec
qui
il s'était lié d'amitié
lorsqu'il était encore enfant, dans l'orchestre liégeois
du
Pavillon
de
Flore,
le
violoniste
liégeois Eugène Ysaye (1858-1931); ce dernier connaissait également son frère, le violoniste
Arthur
Guidé, qui avait fréquenté les mêmes classes que lui
au
Conservatoire de Liège.
Au
mois de septembre 1886, Guillaume
Guidé
participe àArlon, avec son frère Arthur, aux
festivités
du
mariage d'Eugène Ysaye avec Louise Bourdau;
au
cours
de
la fête, est créée
en
privé la fameuse Sonate
pour
piano et violon de César Franck, que le compositeur offrait
au
violoniste
en
guise
de
cadeau de noce.6
Impliqué dans
les
milieux d'avant-garde, Guillaume
Guidé
se
produit
naturellement lors
des concerts des
XX
(1884-1893) puis
de
La Libre Esthétique (1894-1914), cercles cultu-
rels fondés àBruxelles
par
l'avocat Octave
Maus
(1856-1919). Àl'initiative d'Ysaye,
qui
participe àla
programmation
musicale depuis 1888,
Guidé
joue
pour
la première fois
au
XX
le 25 février 1889 dans la Fantaisie
pour
hautbois sur
des
thèmes populaires français avec
orchestre opus
31
de
Vincent
d'Indy
(1851-1931), oeuvre
que
le compositeur français lui
dédie.
Ce
dernier est dans l'assistance,
au
côté de Gabriel Fauré (1845-1924), qui voit
interpréter,
en
ouverture
de
séance, son deuxième Quatuor avec
piano
opus
45.7
La Fan-
taisie avait en réalité été jouée
pour
la première fois la veille, le 24 février, aux Concerts
populaires àLiège,
comme
le précise
d'Indy
lui-même dans l'envoi figurant sur la page de
ritre de l'édition ayant
appartenu
àson «camarade
si
dévoué»
et
<dnterprète si parfait».' La
(4)
Michel Stockhcm, Eugène Ysaye
et
la musique de chambre (Liège: Mardaga, 1990),74.
(5)
Une
photo
de Richard Strauss offerte àGuillaume Guidé est rehaussée des mots «Au excellent poète de
l'Hautbois 1Professeur Guillaume Guidé 1de son reconnaissant /admirateur /Richard Strauss. /Bruxelles, 2.
Novembre 1897» (collection privée Janine Reding-Piette).
(6) Marie Cornaz, Eugène Ysaye
1858-2008
(Bruxelles: Bibliothèque royale de Belgique, 2008), 81.
(7) Madeleine Octave Maus, Trente années de lutte
pour
l'art
1884-1914
(Bruxelles: Librairie de l'Oiseau bleu,
1926),83.
Michel Stockhem,
op.
cit.,
86.
(8) Vincent d'Indy, Fantaisie pour hautbois sur
des
thèmes populaires français (Paris: Bruneau) (Bibliothè-
que royale de Belgique (ci-après KER), Musique, Mus. 18.799 C). Lenvoi est le suivant: «À
mon
cher ami
Guillaume Guidé /
au
camarade
si
dévoué
et
àl'interprète
si
parfait /Souvenir de sincère affection,
de
son /très
reconnaissant /[signature] Concerts populaires
du
24
février /et concert des
:xx
du
25 /Première exécution à
Bruxelles. »
YVONNE
GUIDÉ
ET
L'AVANT-GARDE
MUSICALE
À
BRUXELLES
37
version
pour
hautbois et piano de la Fantaisie sera créée àLa Libre Esthétique
le
28
mars
1895 avec Théo Ysaye, frère d'Eugène, au piano'"
Lors de la première matinée musicale des XX de 1890, fin
janvier,1O
Guidé crée trois
autres compositions qui lui
sont
dédiées: l'Humoreske
pour
flûte, hautbois, deux clarinettes,
cor et deux bassons
du
compositeur bruxellois Paul Gilson (1865-1942), ainsi que
les
pièces
Idylle
et
Àtravers champs
du
violoncelliste Joseph Jacob (1865-1909), membre
du
quatuor
Ysaye,
formation créée en 1888.
11
Guidé,
comme
d'autres musiciens de
sa
génération,
se
passionne
non
seulement
pour
la musique française
et
belge de son temps, mais également
pour
la musique russe des Borodine,
Cui
et Rimski-Korsakov. Après une séance des
XX
du
3mars 1891 consacrée àl'École russe,
il
n'hésitera d'ailleurs pas àdemander au quatuor
Ysaye
de
venir jouer au mois de juillet suivant une des Novelettes opus 15 d'Alexandre Gla-
zounov (1865-1936) lors de son mariage avec Berthe Vercken,12 qui allait
donner
naissance
un
an plus tard, le 30 septembre, àleur fille unique Yvonne. Toujours au XX,
le
jeudi
18 février 1892,
Guidé
aréuni quelques musiciens
du
théâtre de la Monnaie
et
dirige
le
Concerto
pour
piano opus
30
de Nikolay Rimsky-Korsakov (1844-1908), avec
le
pianiste
suédois Paul Litta,
un
élève
d'Arthur
De
Greef.
13
Tandis que
les
XX
ont
laissé place àLa Libre Esthétique, Guillaume Guidé prend
part
en
tant
qu'interprète àla séance
du
premier mars 1894 consacrée entièrement àClaude
Debussy (1862-1918), compositeur français alors pratiquement
inconnu
àBruxelles. En
effet, après la prestation
du
Quatuor
Ysaye dans
le
Quatuor
et
celle de Thérèse Roger avec
le compositeur au piano dans deux
Proses
lyriques, Guidé fait partie de l'orchestre que diri-
geait Ysaye
et
qui exécuta
La
Damoiselle élue
pour
soli, choeurs et orchestre.14
Le
3avril
1895,
il
participe à
La
Libre Esthétique àla création
du
Quintette
pour
flûte, hautbois,
clarinette,
basson
et piano opus 18 que
le
Français Albéric Magnard (1865-1914) dédie à
Octave Maus.
15
Au retour de
sa
première tournée américaine en juin 1895, Eugène Ysaye décide de créer
avec ses amis Guillaume
Guidé
et
Maurice Kufferath (1852-1919), admirateur incondi-
tionnel de Wagner
et
directeur de la revue Le Guide musical, les Concerts Ysaye, série de
concerts symphoniques au cours desquels
les
oeuvres contemporaines seront programmées,
dans
la
lignée de ce que fait alors Édouard
Colonne
àParis; la salle bruxelloise mise àdis-
(9)
Madeleine Octave Maus,
op.
cit., 190.
(10)
Le
Guide musical, 2février 1890, vol. XXXVI,
5,
36, parle très brièvement de cette première séance
des
XX.
(Il)
Madeleiue Octave Maus,
op.
cit.,
96.
(12) Michel Scockhem,
op.
cit.,
96.
(13)
Id., 99; Madeleine Octave Maus,
op.
cit., 128.
(14)
Id,
174. Voit aussi Claude Debussy,
Correspondance
(J
882-1918), édition établie
pat
Ftançois Lesure et
Denis
Hetlin
(Paris: Gallimard, 2005), 193, n. 2.
(15)
Id., 191. Dans
une
lettre àOctave Maus de Iiu décembre 1894, Magnard lui demande de parler àGuidé
de
l'éventualité
d'une
exécution
du
quintette àBruxelles et ajoute qu'il n'ose le faire directement, celui-ci ne
lui
étant pas dédié (Albéric Magnard, Correspondance (1888-1914), réunie et annotée par Claire Vlach (Paris:
Société française de musicologie, 1997), 111).
38
1\.1ARIE
CORNAZ
&
DENIS
HERLIN
position
pour
cette entreprise est le
Cirque
Royal, puis le théâtre de l'Alhambta.
Guidé
fait
évidemment pattie de l'orchestte,
qui
compte
95 musiciens. Toujours
ptoche
de la famille
Ysaye, Guillaume
Guidé
est
un
des témoins
au
matiage
de
Carry
Mess avec
Théo
Ysaye,
célébré
le
17
juin
1895.
16
Il accompagne Eugène Ysaye
au
mois d'octobre 1896 àBatcelone
et yrencontre le compositeur
et
pianiste catalan
Enrique
Granados (1867-1916)17
Les
pro-
grammes
de
concerts des années 1896-1899
témoignent
de la
programmation
originale et
éclectique des Concerts symphoniques Ysaye,
les
noms
de
Beethoven, Schubert, Brahms
et Grieg côtoient ceux des Liégeois César Franck et Sylvain Dupuis. Le
12
février 1899,
une
séance est
entièrement
consactée àRichard Wagner, avec, àla direction d'orchestre, Felix
Matt!,
qui
reviendra ensuite àBruxelles.
18
Brillant intetprète et organisateur de concerts,
Guillaume
Guidé
est finalement consacré le 4septembre 1900 ditecteur
du
théâtre
de
la
Monnaie, fonction qu'il occupera avec Maurice Kufferath jusqu'au premier conflit mondial,
faisant de cette direction
l'une
des plus novatrices
de
l'histoire de cette maison de spectacle.
Lorsque le carnet
de
dédicaces de sa fille Yvonne reçoit sa première signature, Guillaume
Guidé
a
donc
commencé à
imprimer
sa
marque
en
tant
que directeur d'opéra. Il continue
cependant àenseigner et àse produire
en
concert; sa fonction dirigeante va l'absorber tel-
lement
qu'il
diminuera
progressivement son activité d'interprète, puis stoppera
en
1910
ses
charges pédagogiques
au
conservatoire.
La dédicace qui inaugure le volume est celle
du
directeur
du
Conservatoire
de
Bruxelles
de l'époque, François-Auguste Gevaert,19
qui
avait succédé àce poste àFrançois-Joseph Fétis
en
1871.
Datée
du
2
mai
1901, la
mention
"Souvenit
àMad[emois]dIO Yvonne Guidé,
de
la
part
d'un
grand
ami
de
son père» est accompagnée de vingt mesures extraites
«De
l'Armide
de
Gluck, avec le texte de
Quinault
légèrement expurgé, àl'usage des très jeunes filles
».
Il s'agit
en
réalité de l'ait de la naïade
Au
temps heureux
l'on sait plaire, issu
de
la
qua-
trième scène
du
second acte.
2O
Pour la
jeune
Yvonne Guidé, alors âgée de
huit
ans,21
[Fig.
1]
Gevaert modifie
les
paroles et souligne
les
mots qu'il remplace:
"Au
temps heureux
l'on
sait plaire» devient «Au temps heureux
tout sait plaire» et
«Qu'il
est
doux
d'aimer ten-
drement»
«Qu'il
est
doux
d'aimer
ses
parents»;
il
écrit également
un
accompagnement sus-
ceptible d'être joué
par
la pianiste
en
herbe... Gevaert,
qui
cumule
diverses fonctions,
dont
celle d'inspecteur des théâtres de la ville
de
Bruxelles, venait d'appuyer de
tout
son
poids la
nomination
de
Guidé
àla tête de la Monnaie.
Quant
au
choix d'Armide,
il
s'explique
par
le
fait que Gevaert,
notamment
dans le cadre
de
l'organisation des concerts
du
Conservatoite,
aimait àfaire connaître la
musique
ancienne (étant frileux aux compositeurs
vivants!)
et
notamment
celle de Gluck.
En
1901,
il
est
en
pleine préparation
du
quatrième
volume
de
sa Collection
des
opéras
français
de
Gluck réduits
pour
chant
et
piano, consacré à
Armide
et
qui
sortira des presses de
Henry
Lemoine
en
1902.
(16) Michel Stockhem,
op.
cit., 121.
(17) Id., 206.
(18) KBR, Musique, Programme
des
Concerts
Ysaye
du
dimanche 12 février 1899 (fonds Valet-Bari).
(19) KBR, Musique, Mus. Ms.
4176,1.
(20) ChristophWillibald Gluck, Armide (Kassel: Biirenreirer, 1987), 160-1.
(21) Née
le
30 seprembre 1892, Yvonne Guidé est décédée
le
30
avril 1932.
YVONNE
GUIDÉ
ET
L'AVANT-GARDE
MUSICALE
ÀBRUXELLES
Fig.
1:
Yvonne Guidé jeune fille, médaillon peint
(KBR, Musique, Mus. Obj. 425).
39
Quelques jours après la dédicace
de
Gevaert survient
l'un
des événements marquants de
la saison musicale
du
théâtre de la Monnaie,
portant
la
marque
du
nouveau
directorat de
Kufferath
et
Guidé: la création de
Tristan
et
Isolde
en
langue allemande22 le 6mai 1901.23
Le 9mai, tandis
que
le théâtre
de
la
Monnaie
propose la deuxième représentation de
Tris-
tan et
Isolde
de
Richard Wagner, plusieurs personnalités liées àcette
ptoduction
laissent
leur
empreinte
dans le carnet de la
jeune
enfant. Ainsi, le
chef
d'orchestre, arrangeur
et
compositeur autrichien Felix
Mottl
(1856-1911),
au
pupitre
pour
ces représentations, signe
«Bruxelles. 9.5.1901
»,24
sous
une
dédicace
«À
ma
chère petite amie Yvonne /Puisse
toute
sa vie resonner
[sic]
/
pour
elle "die lustige Weise." [l'air joyeux]
»;
cette phrase ést apposée
sous quatre mesures jouées
au
cor
anglais puis aux vents àla fin
de
la scène une
du
troi-
(22)
La
création de Tristan en langue allemande à
Paris
ne devait
se
produire qu'en juin 1914
au
théâtre des
Champs-Élysées, lors de
la
saison anglo-américaine.
(23) Malou Haine, «Les prestations bruxelloises d'Ernest Van Dyck»,
in
Manuel Couvreur (éd.),
La
Mon-
naie wagnérienne (Bruxelles: Gram, 1998),202.
(24)
KBR,
Musique, Mus. Ms. 4176,
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