Service éducatif du musée Condé, décembre 2004
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LES CARICATURES ANGLAISES DE NAPOLEON
conservées à la Fondation Dosne-Biblliothèque Thiers
La Fondation Dosne-
Bibliothèque Thiers
Félicie Dosne, belle-sœur
d'Adolphe Thiers, a légué en
1905 à l'Institut de France son
hôtel particulier situé place
Saint-Georges, souhaitant y
installer une bibliothèque
d'histoire de France portant le
nom de celui-ci.
Cette bibliothèque s'est enrichie
en 1922 du legs fait par Frédéric
Masson, diplomate érudit et
historien de Napoléon, élu en
1903 à l'Académie française
dont il devient le secrétaire
perpétuel en 1919.
Le fonds Masson comprend plus
de 2 000 objets et tableaux
divers, 1 000 dessins, 40 000
gravures, tous consacrés à
Napoléon Bonaparte. Il a été
complété par divers legs et
achats qui permettent de couvrir
l'histoire de France de 1790 à
1910.
La bibliothèque Thiers a été
inaugurée le 25 septembre
1913.
Elle conserve actuellement
environ :
- 135 000 volumes,
- 1 500 périodiques anciens,
- 40 000 estampes et
caricatures,
- 1 000 dessins,
- 3 000 manuscrits.
Depuis le milieu du XVIIIe siècle, art et politique font bon ménage
en Angleterre, comme le montre le travail du peintre William Hogarth
(1697-1764), en particulier sa série fameuse de caricatures représentant
le déroulement des élections.
Si la politique tient une grande place dans l'histoire de l'art
anglais, c'est que la liberté d'expression y est totale, contrairement à la
France de la même époque, et que l'idée même de débat public
imprègne depuis longtemps déjà la nation britannique toute entière. Il est
donc tout naturel pour les artistes et le public anglais d'utiliser cet outil du
débat intérieur dans le conflit qui oppose leur pays à la France,
personnalisée par son empereur, dont on rappelle souvent qu'il est corse
et non pas français. L'expression graphique : déroulement en
séquences, importance du texte, qui est parfois vulgaire, recours
fréquent au fantastique et à l'imagination, tout cela était bien connu et
apprécié du public anglais auquel ces caricatures étaient destinées.
Certaines planches sont même des clins d'œil faisant allusion à des
œuvres antérieures, comme les deux séries sur la carrière de l'empereur
et de l'impératrice (n° 114 et 119) qui s'inspirent de deux séries célèbres
de Hogarth : La Carrière du roué et La Carrière d'une prostituée.
On a recensé environ 15 000 caricatures anglaises pour les
années 1780 - 1820, qui englobent les guerres de la Révolution et de
l'Empire. Ces caricatures sont sans équivalent en France, où prévaut
alors l'idée que l'art ne doit pas être mis au service des idées et des
luttes politiques. Le dessin satirique y est considéré comme un genre
mineur s'apparentant plutôt à l'imagerie populaire. Cela changera au
début du XIXe siècle, avec des artistes tels que Daumier ou Gavarni. On
peut ainsi considérer l'essor de la caricature sous la Restauration et la
monarchie de Juillet comme un signe de l'influence anglaise qui pénètre
la société française à cette époque.
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Le parcours proposé ici exploite les 11 œuvres suivantes :
- n°105 - J. Barth : A Sacrifice to Ambition.
- n°106 - G. Cruikshank : Escape of Buonaparte from Elba.
- n°107 - G. Cruikshank : The Departure of Apollo & the Muses or Farewell to
Paris.
- n°108 - I. Cruikshank : The Raft in Danger.
- n°110 - W. Elmes : General Frost shaveing Little Boney.
- n°111 - J. Gillray : The Storm Rising.
- n°114 - T. Rowlandson : The Progress of the Emperor Napoleon.
- n°115 - T. Rowlandson : Nursing the Spawn of a Tyrant.
- n°116 - T. Rowlandson : The Two Kings of Terror.
- n°120 - Anonyme : An English Bull Dog and a Corsican Blood Hound.
- n°123 - Anonyme : The Birth of Bonaparte.