Dessein de Dieu ou décret irrévocable d'Allah ?
Le déterminisme dans l'islam
Dans le Coran, le second récit de l’Annonciation s’achève par ces mots : « Nous ferons de lui [le fils de
Marie] un Signe pour les hommes ; une miséricorde venue de nous. Le décret est irrévocable. » (Coran 19,
17b-21) Et il n’y a pas de Oui de Marie, l’ange n’attend pas sa réponse.
Certains théologiens musulmans voudraient bien parler comme les chrétiens, en associant les notions de
libre arbitre et d’omniscience de Dieu ; mais ils se heurtent à plusieurs sourates du Coran qui affirment la
prédestination.
- On ne peut accomplir que ce que Allah a écrit pour nous (Sourate 9, 51).
- Un homme peut être guidé par Allah, alors il est bien guidé, mais il peut être aussi dévié par
Allah, alors il se perd (Sourate 7, 178-179).
- Un décret éternel a décidé que certains ne croiraient pas (Sourate 36, 7-10).
La tradition musulmane a encore durci cette vision des choses en rendant très rigide la notion de
déterminisme. Un fameux Hadith (les Hadith sont une source d’autorité majeure après le coran) dit ceci :
« [A l’embryon dans le sein de sa mère ] l’ange insuffle l’esprit vital et ordonne quatre paroles
prescrites : sa subsistance, la fin de sa vie, ses actions et son bonheur ou son malheur. Je jure
sur Allah, en dehors duquel il n’y a pas d’autres dieux, que celui qui agit avec les gens du
paradis jusqu’à être proche d’eux de la distance d’un bras, sera écrasé selon ce qui lui est
prescrit : il agira comme les gens de l’enfer et il ira en enfer. Celui qui agit avec les gens de l
’enfer jusqu’à être proche d’eux de la distance d’un bras, sera retourné selon ce qui lui est
prescrit : il agira comme les gens du paradis et il ira au paradis. » [1]
[1] Al Bukhari, The translation of the meanings of Sahih of Al-Bukhari, vol 8, Medina 1970, p.
387
En conséquence, tout ce qui est dit du mérite dans la foi chrétienne devient inconsistant dans la foi
musulmane, et en particulier ce qui est dit du mérite de Marie. Entre Allah et les hommes, il n’y pas d
’Alliance qui suscite une réponse, une attitude responsable. Le coran présente simplement Marie comme
une femme « dévote » qui « se prosterne et s’incline » (sourate 3, 43). Et c’est bien ce que souligneront les
commentaires de Razî.
La foi chrétienne est bien différente