Les trous noirs pourraient se former plus rapidement qu'on ne le pense
Une observation réalisée en 2010 a permis de déterminer à quelques pourcents près la masse d'une étoile à
neutrons, PSR J 1614-2230 : 2 fois la masse du Soleil. Cette observation a mis des contraintes fortes sur l'équation
d'état, et en particulier sur celles contenant des particules supplémentaires, car beaucoup d'entre elles prédisent une
masse maximum d'étoile à neutrons inférieure à deux masses solaires. L'équipe a mis au point une équation d'état
contenant des pions et des hypérons Lambda [3], compatible avec cette observation et a considéré deux
compositions possibles : la composition standard, à laquelle sont ajoutés dans un cas un gaz de pions, dans l'autre
des hypérons. Elle a considéré également deux abondances initiales des éléments dans l'étoile progénitrice : l'une,
avec une fraction d'éléments lourds égale à 1/10000ème de l'abondance solaire, représentative des étoiles
primordiales du halo, et l'autre avec une abondance solaire. Dans les deux cas, le progéniteur est une étoile ayant
eu 40 masses solaires à son arrivée sur la séquence principale. Pour le traitement numérique, les chercheurs ont
utilisé un programme co-développé par les membres de l'équipe, CoCoNuT (pour Core Collapse with "Nu" (=new)
Technology) : pour l'instant il travaille en symétrie sphérique, mais il existe une version adaptée aux problèmes à
deux ou trois dimensions qui sera employée dans le futur.
Une transition de phase se produit dans certains modèles, provoquant un accroissement brutal de la densité avant
l'effondrement en trou noir. La présence des hypérons entraîne après le rebond un pic de luminosité des neutrinos
plus intense et plus long (figure 1). Mais surtout, le résultat le plus robuste est que la présence de particules
supplémentaires produit une diminution du temps d'effondrement en trou noir.
Quelles observations pourraient tester ce modèle ? La transition de phase pourrait être détectée en combinant les
observations d'ondes gravitationnelles avec celle des neutrinos. La disparition soudaine de l'émission des neutrinos
lorsque le coeur entre dans l'horizon du trou noir pourrait nous confirmer la formation d'un trou noir. Des prédictions
observationnelles vont être calculées en collaboration avec des chercheurs du Max Planck Institut de Garching
(Allemagne) et de l'Université de Valence (Espagne).
Animation La densité (haute en rouge, basse en bleu) et la vitesse (flèches) dans le coeur de l'étoile. L'apparition
de fortes densités (orange) marque le rebond et la formation d'un objet compact au centre, qui ensuite se contracte,
rapidement car on est en présence d'hyperons lambdas. La convection apparait entre le centre et le choc. La
formation du trou noir a lieu à la fin du film en un temps dynamique, trop rapide pour être résolu dans le film.
Référence :
"Influence of pions and hyperons on stellar black hole formation"
Peres, Oertel and Novak, Phys. Rev. D 87, 043006 (2013)
http://arxiv.org/abs/1210.7435
Contact :
• B. Peres
Observatoire de Paris - LUTH - CNRS, Univ. Paris Diderot
• M. Oertel
Observatoire de Paris - LUTH - CNRS, Univ. Paris Diderot
• J. Novak
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