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Jeudi 19 mai 2011
14h15
Tarif scolaire
20h45
Tarif B
Palais des Rencontres
Château-Thierry
« MONSIEUR DE POURCEAUGNAC »
Comédie-ballet de Molière
Mise en scène Isabelle Starkier
Musique :
Costumes et masques :
STAR THEATRE/COMPAGNIE ISABELLE STARKIER
L’histoire est simple…
Un Limousin, Monsieur de Pourceaugnac, débarque à Paris pour y épouser Julie, qui lui est promise.
L’amant de cette dernière, Eraste, aidé de Sbrigani, un valet voyou et de Nérine, une fieffée servante, va
monter stratagèmes sur stratagèmes afin de défaire le mariage et de dégoûter le marié – qui s’en
retournera chez lui, dans sa province profonde.
Molière et Monsieur de Pourceaugnac
Cette comédie-ballet, composée pour le roi et la cour rencontra rapidement un vif succès. Tout un réseau
d’influences et de sources possibles peut être évoqué à propos de cette pièce. Si le quiproquo médical est
ancien dans la farce française, on décèle d’autres strates culturelles, telles le modèle carnavalesque, la beffa
florentine qui peut éclairer la conception de l’intrigue, le charivari (désordre rituel compensateur d’une
disconvenance matrimoniale), ainsi que la bourle qui implique une mystification, le jeu du théâtre sur le théâtre, et le
rabaissement d’un héros. Nous connaissons par ailleurs différents canevas de la commedia dell’arte dont l’argument,
proche de celui de Monsieur de Pourceaugnac, a trait aux disgrâces d’un prétendant indésirable. À cette influence
italienne s’ajoute une possible influence française plus immédiate (mystification médicale, avec faux médecin,
clystère, pouls, folie et cérémonie ; attaques contre les provinciaux). Molière aurait ainsi repris et enrichi un thème
traditionnel au moyen de scènes médicales de son invention, fécondant cette foisonnante tradition au moyen de son
système propre fondé sur le comique du ridicule.
Cependant, avec Monsieur de Pourceaugnac, Molière achève l'élaboration d'un genre nouveau, celui de la comédieballet,
dans lequel, il fait montre d'un plus grand souci d'intégrer la musique et la danse à l'histoire, qui permettent une
stylisation du réel et crée un ton de fantaisie ou de douce folie générale. Ainsi, toute la comédie peut se lire comme
un grand ballet qui se danse autour d'une victime ahurie, prise en charge, bousculée, bernée, livrée à des
persécuteurs, avant d'être expulsée de la scène où la danse joyeuse règne alors sans partage. Le rythme même de
la pièce, conçue selon le modèle de la suite, concourt à cette atmosphère. Sans cesse le rire du spectateur est
suscité par une situation saugrenue ou un déguisement inopiné (celui de M. de Pourceaugnac en femme de
condition, les accoutrements des médecins et des gens de loi, etc.). Les costumes, particulièrement bariolés ou de
couleurs qui jurent ensemble, contribuent également à cet effet. Tout cela prend assez vite l'allure d'un carnaval.
À cette atmosphère de fantaisie débridée concourent également les nombreuses mimiques et poursuites, les
cajoleries et les disputes, les jurons et accents provinciaux, ainsi que le jargon pédantesque des médecins. Cette
fantaisie débridée confine au délire avec le langage du héros qui échappe à toute raison. C'est donc bien une folie
générale que la fantasmagorie de la comédie-ballet traduit ici.
Il faut ainsi toute l'ivresse propre au genre pour faire oublier la cruauté, car, au fond, que reproche-t-on au héros ?
Simplement d'être provincial. Sbrigani et Nérine ont beau être des fourbes de comédie issus d'une longue tradition,
nous voici loin de l'innocence des héros de L'École des femmes et, derrière toute cette folle gaieté, Molière semble
jeter un regard on ne peut plus lucide sur la nature humaine.
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