Université du Québec École de technologie supérieure Département de génie de la construction 1100 Notre-Dame Ouest, Montréal, Québec, H3C 1K3 CTN-326 MÉCANIQUE DES FLUIDES ET THERMODYNAMIQUE Notes de cours par: François Brissette Ces notes sont basées sur le matériel pédagogique développé par Robert Leconte et François Brissette Rédigé : Révisé : Révision majeure : Révisé : Révisé : Révisé : Révisé : Septembre 1997 Août 2002 Décembre 2007 Avril 2008 Hiver 2009 Automne 2012 Décembre 2012 Préface Bien que basées sur la vision personnelle des professeurs Brissette et Leconte, ces notes de cours sont en partie inspirées d’ouvrages et de littérature existants. Parmi ceux-ci, deux excellents volumes doivent être mentionnés : Van Wylen, G.J., Sonntag, R.E., 1981, Thermodynamique appliquée, traduit par Pierre Desrochers, Éditions du Renouveau Pédagogique Inc., 736 pp. Daugherty, R.L., Franzini, J.B., Finnemore, E.J., 1985, Fluid mechanics with engineering applications, eight edition, McGraw Hill, 598 pp. Tout le texte de ces notes de cours est original. Quelques figures et problèmes ont été empruntés, entre autres des deux sources ci-haut. Dans la version originale des notes de cours, plusieurs problèmes avaient été tirés des notes du cours de ING-130 par Adil Benmassaoud et Éric David version décembre 1996. Il faut noter que ces problèmes n’étaient pas originaux et venaient de plusieurs sources non citées. Un des buts de la révision majeure de ces notes de cours en décembre 2007 a été d’éliminer ces problèmes empruntés. Sauf oubli ou erreur, la très grande majorité des problèmes de ces notes de cours sont donc originaux. Sincères remerciements à Mélanie Trudel pour avoir effectué une révision complète de ces notes de cours à l’hiver 2009. Chapitre 1 : Propriétés des fluides Chapitre 1 Propriétés des fluides Objectifs La maîtrise des notions présentées dans ce chapitre devrait vous permettre de pouvoir : • expliquer les termes fluides, gaz, thermodynamique, mécanique des fluides et hydraulique; • définir conceptuellement et mathématiquement les notions d’énergie et de travail ainsi que de la transformation d’énergie; • nommer les unités standards du Système International, pouvoir les manipuler facilement et effectuer les conversions d’unités courantes; • définir les principales propriétés des fluides gazeux et liquides, conceptuellement et physiquement; • différentier les fluides et solides sur la base de leur propriété mécanique; • comprendre et expliquer les variations des principales propriétés des fluides en fonction de la température; • résoudre des problèmes simples mettant en relief les propriétés de base des fluides. CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 1-1 Chapitre 1 : Propriétés des fluides 1.1 Introduction générale La thermodynamique et la mécanique des fluides sont des sciences fondamentales importantes pour plusieurs aspects de la tâche d’un ingénieur. Les principes de base de ces sciences datent tous de plusieurs décennies et même centaines d’années dans plusieurs cas. Leur apprentissage et compréhension sont fondamentaux pour les notions plus avancées qui suivront dans plusieurs autre cours tels que hydraulique et hydrologie, mécanique des sols, génie de l’environnement, hydraulique urbaine er ressources hydriques pour ne nommer que ceux-là . En tant que futur ingénieur en construction, vous êtes particulièrement bien placé pour savoir que la construction sur des fondations minées est une entreprise périlleuse. Donnez à ce cours l’attention et le travail qu’il mérite. Ce cours est principalement orienté sur la partie mécanique des fluides dont la compréhension est plus essentielle à la suite du programme en génie de la construction. En thermodynamique, l’accent sera mis sur les principes de base nécessaires aux applications de la climatisation et aux échanges de chaleur qui sont importants dans les bâtiments. 1.2 Définitions Mécanique des fluides : science qui étudie les propriétés des fluides selon les lois de la mécanique et de la thermodynamique Thermodynamique : 1) Étude de l’énergie et de ses transformations 2) partie de la physique qui traite des relations entre les phénomènes mécaniques et calorifiques Hydraulique : mécanique des fluides appliquée à l’eau, principalement sous forme liquide Fluide : substance qui se déforme d’une manière continue sous l’effet d’une force de cisaillement, peu importe la grandeur de cette dernière. Cette définition diffère grandement de celle d’un solide où pour une contrainte donnée correspond une déformation finie et non pas continue. Cette définition peut se présenter de la manière suivante : F Plaque de superficie A v y CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 1-2 Chapitre 1 : Propriétés des fluides La force requise pour déplacer la plaque est proportionnelle à l’aire de la plaque, à la vitesse à laquelle cette dernière se déplace, et inversement proportionnelle à l’épaisseur de fluide de telle sorte que : Fα Av y 1.1 En remplaçant la force par sa contrainte de cisaillement (F/A) et en remplaçant la proportionnalité par l’introduction d’une constante µ, on retrouve : τ = µ dv dy 1.2 Ou dv/dy représente le taux de déformation du fluide. Nous reviendrons sur la signification de la constante de proportionnalité dans une prochaine section. τ (Pa) Plastique idéal Fluide newtonien Fluide non newtonien Fluide idéal dv/dy (sec-1) Les fluides peuvent être séparés en deux grandes catégories: les gaz et les liquides. Les propriétés des gaz et des fluides diffèrent grandement, mais à la base, les deux respectent l’équation 1.2 qui les classe dans une catégorie à part des solides. 1.3 Notions d'énergie La notion d’énergie occupe une place prépondérante dans notre société qui est d’abord et avant tout basée sur sa consommation. L’énergie peut se définir comme une capacité d’effectuer un travail ou de provoquer un débit de chaleur. L’ingénierie en tant que discipline est en grande partie basée sur la transformation CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 1-3 Chapitre 1 : Propriétés des fluides d’énergie. Le diagramme suivant illustre les différentes formes d’énergie ainsi que les transformations nécessaires pour des usages de tous les jours. Energie chimique (essence) Energie nucléaire (atome) Energie solaire (soleil) Combustion Réaction nucléaire Collecteur solaire Énergie hydraulique Énergie de chaleur Machine thermique (heat engine) Turbine (Francis, Pelton...) Énergie mécanique Générateur électrique Énergie électrique lignes de transmission Chauffage Moteur électrique (résistance, induction) Énergie de chaleur • chauffe-eau • radiateur • four • éclairage etc... Énergie mécanique • laveuse • rasoir • perceuse • etc... Étapes de conversion d’énergie aux fins d’utilisation d’énergie électrique CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 1-4 Chapitre 1 : Propriétés des fluides Dans un tel contexte, il ne faut pas s’étonner que chaque processus de conversion d’énergie soit étudié en grand détail afin d’obtenir une efficacité maximum. Dans une chaîne de processus de transformation, le rendement total de conversion est donné par : η total = n ∏η i 1.3 i=1 Pour une conversion d’énergie, l’efficacité ou rendement de chaque processus doit être maximum et le nombre de processus minimum. La thermodynamique étudie précisément les aspects d’efficacité de conversion d’énergie. Le tableau suivant donne l’efficacité de processus de conversion d’énergie courants. Méthode de conversion d'énergie chauffage électrique à résistance turbine hydraulique moteur électrique (250 kW) moteur électrique (1 kW) moteur diésel (50 kW - 67 hp) moteur à essence capteur solaire moteur à vapeur (locomotive) photosynthèse Efficacité (%) ~ 100 > 90 90 78 40 33 10 8 2 1.4 Unités standards Le système d’unités le plus utilisé au Québec est le système international (SI). Le système international, contrairement à ses concurrents, est un système défini en ce sens qu’une force unitaire exercée sur une masse unitaire crée une accélération unitaire. Les trois unités de base sont le kilogramme, le mètre et la seconde. L’unité de force correspondante, le Newton, est donc égale à 1 kg m sec-2. Toutefois, par tradition et à cause de la proximité des Américains, de nombreuses unités anglaises telles le PSI, le HP ou le BTU sont couramment utilisées en mécanique des fluides. Une révision des unités standards est recommandée. CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 1-5 Chapitre 1 : Propriétés des fluides 1.5 Propriétés des fluides gazeux et liquides 1.5.1 Compressibilité Il est nécessaire de considérer séparément les liquides et les gaz étant donné leurs caractéristiques opposées. 1.5.1a Liquides (densité, masse volumique) La compressibilité des liquides est définie par leur module d’élasticité Em défini par : Em = -V dP dV 1.4 Où P est la pression et V le volume. Par exemple, le module d’élasticité de l’eau varie avec la température et a une valeur de 2.18 GPa à 20oC. Le tableau 1 présenté à la fin du chapitre donne les valeurs du module d’élasticité de l’eau en fonction de la température. Cette haute valeur du module d’élasticité indique qu’en pratique les liquides peuvent être considérés comme incompressibles. Les exemples suivants illustrent ce fait. Exemple : Quelle est la variation du volume d’eau en % lorsque la pression passe de 1 à 2 atmosphères ? Solution : CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 1-6 Chapitre 1 : Propriétés des fluides Exemple : Quelle est l’augmentation nécessaire de la pression pour provoquer une diminution de volume de 1% pour de l’eau à 20oC ? Solution : 1.5.1b Gaz (équation d'état) Pour un gaz parfait, la loi d’Avogadro nous indique que pour une même température et pression, deux volumes de gaz contiennent le même nombre de molécules. À 0oC et 101.3 kPa, ce nombre est de 6.023x1023 molécules et définit l’unité de mole. À ces conditions, une mole de gaz occupe un volume de 22.41 litres. La loi des gaz parfaits nous indique cette relation de façon générale : PV = nR' T 1.5 où P est la pression absolue en Pa, V le volume en m3, T la température en Kelvins, n le nombre de moles et R' la constante universelle des gaz parfaits égale à 8.314 J/(mol.K). L’équation 1.5 peut aussi être exprimée sous forme massique par : PV = mRT 1.6 Avec la masse m en kilogramme et avec R=R'/mm où mm est la masse molaire exprimée en kg/mole. La constante R exprimée en J/(kg.K) est donc spécifique à chaque gaz . Cette constante pour plusieurs gaz courants est présentée dans le tableau 5 à la fin du chapitre. CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 1-7 Chapitre 1 : Propriétés des fluides Un gaz parfait est un gaz qui répond aux conditions suivantes : • • • • Les molécules de gaz sont espacées les unes des autres Les molécules occupent un espace négligeable par rapport au récipient Les collisions entre les molécules sont élastiques L’énergie des molécules est strictement une énergie de translation Les gaz dont la structure moléculaire est complexe ou qui sont près de leur point de vaporisation ne répondent donc pas à ces critères. En thermodynamique, comme beaucoup de phénomènes se passent près des points de changements de phase (par exemple en réfrigération), l’utilisation de la loi des gaz parfaits peut entraîner des erreurs considérables. Plusieurs équations d’approximation existent, mais il est généralement beaucoup plus utile d’utiliser les tables de thermodynamique qui seront introduites au chapitre 7. Pour les problèmes de ce chapitre, considérez que la loi des gaz est toujours applicable. Exemple : Un réservoir cylindrique d’air comprimé a un diamètre de 0.3m et une longueur de 2.5 m. La pression absolue dans le réservoir est de 1.1 MPa. Calculez la masse d’air dans le réservoir. T=20oC Solution : 1.5.2 Viscosité (dynamique et cinématique) Plus tôt dans ce chapitre, un fluide a été défini comme se déformant de manière continue sous une contrainte de cisaillement, peu importe la grandeur de cette dernière. Le gradient de vitesse ou taux de déformation est directement proportionnel à la contrainte de cisaillement selon l’équation 1.2 reproduite ici : τ = µ dv dy CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 1.7 1-8 Chapitre 1 : Propriétés des fluides La viscosité d’un liquide est définie par cette constante de proportionnalité. Plus cette dernière est élevée, plus le fluide offrira une résistance accrue à la déformation. Les unités standard de la viscosité sont le Pa.sec. Sous ces unités on la qualifie de viscosité dynamique. La viscosité est due aux forces de cohésion créées par les dipôles de l’eau (voir la prochaine section) ainsi qu’au transfert de momentum créé par le mouvement des molécules au travers des couches de fluide voyageant à des vitesses différentes. La première force domine chez les liquides alors que la deuxième est prédominante chez les gaz. Il en résulte que la viscosité d’un liquide diminue avec une augmentation de la température alors qu’elle augmente chez un gaz. La viscosité est aussi souvent exprimée sous forme cinématique en divisant la viscosité dynamique par la masse volumique du fluide de la façon suivante : ν = µ ρ 1.8 Les unités de la viscosité cinématique sont le m2/sec . Les valeurs de viscosité pour l’eau et l’air sont présentées à la fin de chapitre. 1.5.3 Tension de surface (cohésion, adhésion, capillarité) Les liquides présentent des caractéristiques d’adhésion et de cohésion qui représentent toutes deux une forme d’attraction moléculaire. La cohésion permet au liquide de résister à sa déformation alors que l’adhésion permet son adhérence à un autre corps. La force de cohésion d’un liquide est due à la polarité de ses molécules. L’eau, par exemple, est un liquide polaire. Cette polarité, bien que la molécule soit neutre dans son ensemble, entraîne par différence d’électronégativité la présence de dipôles positifs et négatifs. Les molécules s’orientent naturellement en position d’attraction mutuelle et cette force doit être vaincue pour créer une déformation de la surface. L’adhésion vient du même phénomène, mais avec un corps étranger. La tension de surface est exprimée en N/m. Pour la plupart des applications en ingénierie, la tension de surface peut être négligée. Elle est toutefois très importante pour plusieurs phénomènes naturels, dont la capillarité. 2δδ+ H O 105 H δ+ o L'eau, une molécule polaire CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 1-9 Chapitre 1 : Propriétés des fluides La capillarité permet entre autres la montée de l’eau dans les arbres. L’effet ménisque est le résultat de la capillarité. Si les forces d’adhésion dominent (eau dans un tube de verre) on observe une montée capillaire alors que si les forces de cohésion dominent (mercure dans un tube de verre), on observe une dépression capillaire. σ - tension de surface θ h - montée capillaire r Avec l’équilibre entre la force de tension et la force de gravité, on peut facilement démontrer que la montée capillaire h d’un liquide est définie par : h = 2σ cosθ ρ gr 1.9 L’angle θ dépend des propriétés du fluide et de la paroi. Dans le cas de l’eau en contact avec du verre propre θ = 0. Pour du mercure en contact avec du verre, θ = 140 et une dépression sera observée. Exemple : Calculez et comparez la montée capillaire pour du mercure et de l’eau à 20oC dans un tube de verre propre dont le diamètre est de 0.5mm. Solution : CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 1-10 Chapitre 1 : Propriétés des fluides 1.5.4 Pression de vapeur Tous les liquides tendent à s’évaporer ou à se volatiliser en projetant des molécules au dessus de leur surface. Si le volume au dessus de cette surface est confiné, une pression partielle est créée par la vapeur. À un point donnée, le nombre de molécules quittant la surface du liquide est balancé par le nombre de molécules revenant vers cette surface. À ce moment, on parle de pression de saturation. L’activité moléculaire augmente avec la température et donc la pression de vapeur aussi. Si la pression ambiante exercée sur la surface d’un liquide devient égale ou inférieure à la pression de vapeur il s’ensuit une volatilisation rapide qu’on appelle ébullition. La pression de vapeur de l’eau est de 101.3 kPa à 100oC et donc, à la pression atmosphérique ambiante, le point d'ébullition de l’eau est de 100oC. À 20oC la pression de vapeur de l’eau est de 2.34 kPa. Si on réduit la pression ambiante à 2.34 kPa, le point d'ébullition sera de 20oC. Le phénomène d’ébullition à basse pression est appelé cavitation. Ce phénomène est important pour plusieurs applications d’hydraulique (notamment les pompes) où de basses pressions peuvent survenir naturellement. Si ces baisses de pression sont trop élevées, l’eau peut passer sous forme vapeur pour rapidement revenir sous forme liquide dès que la pression s’élève à nouveau. La création et destruction subséquente des bulles d’air peut rapidement endommager les ouvrages hydrauliques. CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 1-11 Chapitre 1 : Propriétés des fluides Les tableaux suivants sont tirés de Daugherty, R.L., Franzini, J.B., et Finnemore, E.J., 1985, Fluid mechanics with engineering applications, 8th edition, McGraw-Hill, 581 pp. Tableau 1 Propriétés physiques de l'eau en unités SI Température, Poids volumique Masse volumique Viscosité dynamique Viscosité cinématique Tension de surface Pression de vapeur Module d’élasticité volumique, Em, × 106 kN/m2 °C γ, kN/m3 ρ, kg/m3 μ, × 10-3 N⋅s/m2 ν, × 10-6 m2/s σ, N/m ρν kN/m2, abs 0 5 10 15 20 9.805 9.807 9.804 9.798 9.789 998.8 1000.0 999.7 999.1 998.2 1.781 1.518 1.307 1.139 1.002 1.785 1.519 1.306 1.139 1.003 0.0756 0.0749 0.0742 0.0735 0.0728 0.61 0.87 1.23 1.70 2.34 2.02 2.06 2.10 2.14 2.18 25 30 40 50 60 9.777 9.764 9.730 9.689 9.642 997.0 995.7 992.2 988.0 983.2 0.890 0.798 0.653 0.547 0.466 0.893 0.800 0.658 0.553 0.474 0.0720 0.0712 0.0696 0.0679 0.0662 3.17 4.24 7.38 12.33 19.92 2.22 2.25 2.28 2.29 2.28 70 80 90 100 9.589 9.530 9.466 9.399 977.8 971.8 965.3 958.4 0.404 0.354 0.315 0.282 0.413 0.364 0.326 0.294 0.0644 0.0626 0.0608 0.0589 31.16 47.34 70.10 101.33 2.25 2.20 2.14 2.07 Tableau 2 Propriétés physiques de l'air à la pression de 101.3kPa en unités SI Température T, °C T, °F -40 -20 0 10 20 30 40 60 80 100 200 -40 -4 32 50 68 86 104 140 176 212 392 Masse volumique Poids spécifique Viscosité dynamique Viscosité cinématique ρ, kg/m3 γ, kN/m3 µ, × 10-5 N⋅s/m2 ν, × 10-5 m2/s 1.515 1.395 1.293 1.248 1.205 1.165 1.128 1.060 1.000 0.946 0.747 14.86 13.68 12.68 12.24 11.82 11.43 11.06 10.40 9.81 9.28 7.33 1.49 1.61 1.71 1.76 1.81 1.86 1.90 2.00 2.09 2.18 2.58 0.98 1.15 1.32 1.41 1.50 1.60 1.68 1.87 2.09 2.31 3.45 CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 1-12 Chapitre 1 : Propriétés des fluides Tableau 3 L'atmosphère standard (selon OACI) en unités SI Élévation au-dessus du niveau de la mer, Température Pression absolue kN/m2, abs Poids spécifique γ, kN/m3 Masse volumique ρ, kg/m3 Viscosité dynamique μ, × 10-5 N⋅s/m2 km °C 0 15.0 101.33 12.01 1.225 1.79 2 4 6 8 10 2.0 -4.5 -24.0 -36.9 -49.9 79.50 60.12 47.22 35.65 26.50 9.86 8.02 6.46 5.14 4.04 1.007 0.909 0.660 0.526 0.414 1.73 1.66 1.60 1.53 1.46 12 14 16 18 20 -56.5 -56.5 -56.5 -56.5 -56.5 19.40 14.20 10.35 7.57 5.53 3.05 2.22 1.62 1.19 0.87 0.312 0.228 0.166 0.122 0.089 1.42 1.42 1.42 1.42 1.42 25 -51.6 2.64 0.41 0.042 1.45 30 -40.2 1.20 0.18 0.018 1.51 Tableau 4 Propriétés physiques des liquides communs à la pression atmosphérique standard en unités SI Liquide Benzène Tetrachlorure de carbone Pétrole Gazoline Glycérine Hydrogène Kerosène Mercure Oxygene SAE 10 huile SAE 30 huile Eau Température Masse volumique Densité Viscosité dynamique Tension de surface Pression de vapeur T, °C ρ, kg/m3 s μ, × 10-4 N.s/m2 σ, N/m ρν kN/m2, abs 20 895 0.90 6.5 0.029 10.0 1.03 20 20 20 20 -257 20 20 -195 20 1588 856 678 1258 72 808 13550 1206 918 1.59 0.86 0.68 1.26 0.072 0.81 13.56 1.21 0.92 9.7 72 2.9 14900 0.21 19.2 15.6 2.8 820 0.026 0.03 12.1 1.1 20 918 0.92 4400 0.036 20 998.2 1.00 10.1 0.073 CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 0.063 0.003 0.025 0.51 0.015 0.037 55 0.000014 21.4 3.20 0.00017 21.4 2.34 Module d’élasticité volumique Em, x106, kN/m2 4.35 26.2 2.18 1-13 Chapitre 1 : Propriétés des fluides Tableau 5 Propriétés des gaz communs au niveau de la mer à 68°F en unités SI Gas Air Dioxide de carbone Monoxide de carbone Helium Hydrogene Methane Axote Oxygen Vapeur d’eau Formule chimique Poids moléculaire Masse volumique Viscosité dynamique Constante des gaz ρ, kg/m3 μ, × 10-5 N⋅s/m2 R, N.m/(kg.K) [=m2/(s2.K)] Chaleur spécifique N.m/(kg.K) [(= m2/(s2.K)] _______________ Cp Cv 29.0 1.205 1.80 287 1003 716 CO 2 44.0 1.84 1.48 188 858 670 CO He H2 CH 4 N2 O2 28.0 4.00 2.02 16.0 28.0 32.0 1.16 0.166 0.0839 0.668 1.16 1.33 1.82 1.97 0.90 1.34 1.76 2.00 297 2077 4120 520 297 260 1040 5220 14450 2250 1040 909 743 3143 10330 1730 743 649 H2O 18.0 0.747 1.01 462 1862 1400 CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 1-14 Chapitre 1 : Propriétés des fluides Problèmes PARTIE I: révision des unités et de la mécanique (pression, force, travail, rendement, etc.) Problème 1 Une génératrice diésel dont le rendement est de 45% est utilisée pour actionner une pompe pour vider les infiltrations d'eau dans une tranchée (le rendement du moteur électrique est de 80% et celui de la pompe est de 50%). Calculez le rendement total de l’opération. Rép.: 18% Problème 2 Donnez les dimensions des termes suivants et leurs unités dans le système international a = gt2, b = rω, c = pvD/µ, d = ρgh, g t r ω ρ T : : : : : : accélération gravitationnelle temps rayon d’une roue vitesse angulaire masse volumique température absolue e = ρRT v D µ h R Q : : : : : : f = v/(gh) g=ρQgh vitesse linéaire diamètre d’une conduite viscosité dynamique hauteur de liquide constante spécifique des gaz parfaits débit volumique (m3/sec) Rép.: M ; m/s ; sans unité ; Pa ; Pa; sans unités, W Problème 3 Trente livres d’un fluide occupent un espace de 15 litres. Veuillez calculer la masse volumique du fluide. Rép.: 909 kg/m3 Problème 4 Un chimiste veut préparer un liquide ayant une densité de 1,1 en mélangeant un liquide miscible de densité 1.25 et de l’eau. Quelle est la proportion du volume d’eau ajouté par rapport au nouveau volume. Rép.: α = 0,6 (60% du volume sera de l’eau) CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 1-15 Chapitre 1 : Propriétés des fluides Problème 5 Calculez la consommation d'essence (en litres/100 km) d'un véhicule roulant à 100 km/h connaissant les points suivants: • • • • • • coefficient de traînée C de la voiture = 0.4 densité de l'essence diésel : 0.8 contenu énergétique de l'essence 48x106 Joules/kg rendement du moteur 33% supposez que toute l’énergie du véhicule est utilisée pour combattre la résistance de l'air. la force de résistance due à l'air est donnée par F air = 2.5 x C x V2 où V est la vitesse du véhicule en m/sec indice: Energie = Force x déplacement (calculez l’énergie pour un déplacement de 100 km) Rép.: 6.1 litres/100 km Problème 6 Combien de marches et quelle élévation une personne de 50 kg pourrait-elle grimper après avoir bu un litre de lait ? • • • • densité du lait 0.8 contenu calorifique du lait 717 calories/kg efficacité de conversion humaine = 15% hauteur de la contremarche = 20 cm NB: 1 calorie = 4184 Joules Rép.: 3675 marches ou 735 mètres de gain vertical (on peut noter que la bière a un contenu calorifique d'environ 430 calories/kg et que vous ne pourriez donc monter qu'environ 2200 marches pour le même litre, sans compter les risques accrus d'accidents...) Problème 7 Quelle puissance électrique pourrait-on produire si on brûlait les notes de cours des étudiants de l'ÉTS de façon continue ? • • • • • production de notes: 2 kg/cours nombre de cours/année: 10 cours nombres d'étudiants à l'ÉTS: 2000 étudiants contenu calorifique du papier 2x104 Joules/g. efficacité de conversion chaleur - électricité: 30% Rép.: 7.6 kW (environ 10 hp) CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 1-16 Chapitre 1 : Propriétés des fluides PARTIE II: Propriétés des fluides Problème 8 Calculez l'augmentation de pression nécessaire à une diminution de volume de 5% d'un volume d'eau de 1 litre à 20oC. Si notre volume d'eau a une surface de 1000 cm2 combien de Volkswagen Golf (1000 kg) faudrait-il empiler pour créer cette diminution de volume (P=F/A=mg/A) ? NB: le module d'élasticité volumique de l'eau à 20oC est de 2.2 GPa Rép.: ∆P= 0.11GPa, 1122 Volkswagen Golf Problème 9 Un cylindre d'air comprimé fait 240 mm de diamètre et un mètre de long. Un indicateur de pression relative indique que la pression est de 0.6 MPa lorsque la température est de 20oC. Trouver la masse d'air à l'intérieur du cylindre. (Pabsolue = Prelative + Patmosphérique). Rép.: 0.377 kg Problème 10 Le pneu d'une roue de bicyclette de 700 mm de diamètre est gonflé à sa cote de pression maximale est de 100 psi à une température de 20oC. La bicyclette est par la suite remisée à l'intérieur d'une voiture laissée en plein soleil. Si la température à l'intérieur de la voiture monte à 50oC et que la pression maximale que le pneu puisse réellement supporter est de 110 psi (compte tenu du facteur de sécurité de 10 psi), y aura-til crevaison ? (considérez le volume de la chambre à air comme étant constant). Le diamètre de la chambre à air est de 23 mm. NB: les pressions sont relatives. Rép.: La pression relative montera à 111.7 psi et il y aura donc crevaison. Problème 11 Calculez le diamètre d'un tube de verre nécessaire afin de créer une montée capillaire de 100 mètres pour de l'eau à 10oC (l’eau et le verre sont propres : θ = 0). Rép.: 0.3 µm Problème 12 A quelle température l'eau bouillira-t-elle à Mexico située à 2300 mètres en altitude. Rép. : ≈ 91oC CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 1-17 Chapitre 1 : Propriétés des fluides Problème 13 A quelle température l'eau bouillira-t-elle au sommet du mont Everest situé à 8844 mètres en altitude. Rép. : ≈70oC Problème 14 Un fluide remplit l’espace entre deux plaques posées l’une sur l’autre dans un plan horizontal. Les deux plaques sont distantes de 5mm. Une contrainte de 100 Pa permet de déplacer la plaque supérieure à une vitesse de 1m/sec. Le profil de vitesse entre les deux plaques est linéaire. Veuillez calculer la viscosité dynamique du fluide entre les deux plaques. Rép. : 0.5 Pa.sec (N.sec/m2) Problème 15 Le profil de vitesse au sein d’une conduite de 2 cm de diamètre est donné par l’expression suivante : V(r) = 10(1 – (100r)2) m/s. Calculez la contrainte de cisaillement à la paroi si l’eau est à 25° C. Note : vous devrez calculer le gradient de vitesse dv/dr à la paroi (r=0cm au centre, r=1cm à la paroi). Rép.: τ = 1,8 Pa Problème 16 Un viscosimètre est composé de deux tubes concentriques de 30 cm de long chacun et de 20,0 cm et 20,2 cm de diamètre, respectivement. Un couple de 0,13 N.m, est nécessaire pour tourner le cylindre interne à une vitesse de 400 tpm (tour par minute). Calculez la viscosité dynamique du fluide. Rép.: µ = 1,65 × 10-3 Pa.sec Problème 17 Un ballon sphérique rigide à un rayon de 5m. La pression absolue dans le ballon est égale à la pression atmosphérique de 100 kPa et la température est de 20°C. 1. Calculez la masse et le nombre de moles d’air que déplace le ballon. 2. Si le ballon est rempli d’hélium à 100 kPa et à 20° C, quels sont la masse et le nombre de moles d’hélium. Rép.: 1. : n = 21,5 kmoles; m=623 kg 2. : n = 21,5 kmoles ; m = 86 kg CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 1-18 Chapitre 1 : Propriétés des fluides Problème 18 Un cylindre vertical fermé par un piston sans frottement contient de l’argon à 100° C. Le piston a une masse de 5 kg et un diamètre de 100 mm; la pression atmosphérique est de 97 kPa. Si le volume du cylindre est de 2 L, quelle est la masse d’argon qui se trouve à l’intérieur ? R argon =208.13 NB : la pression absolue à l’intérieur du cylindre est égale à la pression atmosphérique plus le poids du piston divisé par son aire (P=mg/A). Rép.: m = 2,66 g Problème 19 Un cylindre vertical fermé par un piston sans frottement et muni de butées contient de l’air. La section du piston est de 0,2 m2. L’air est initialement à 200 kPa (pression absolue) et à 500° C; il est ensuite refroidi par suite d’un échange de chaleur vers le milieu ambiant. a) Quelle est la température de l’air contenu dans le cylindre au moment où le piston atteint les butées sachant que cette évolution est à pression constante ? b) Si le refroidissement est poursuivi jusqu’à ce que la température atteigne 20° C, quelle est la pression à l’intérieur du cylindre dans ce dernier état ? Rép.: a) T 2 = 113, 43° C b) P 3 = 151, 7 kPa 1m 1m Problème 20 Un réservoir rigide A est relié à un ballon sphérique et élastique B. Chacun contient de l’air à la température ambiante de 25° C. Le volume du réservoir A est de 0,1 m3 et la pression absolue initiale est de 300 kPa. Le diamètre initial du ballon est de 0,5 m et la pression absolue intérieure est de 100 kPa. On ouvre le robinet reliant A et B et on laisse ouvert. On peut supposer que la pression à l’intérieur du ballon est directement proportionnelle au diamètre du ballon et que la température finale de l’air y est uniforme à 25° C. Déterminez la pression finale dans le système et le volume final du ballon. Rép.: P f = 136,6 kPa V f = 0,167 m3 CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 1-19 Chapitre 1 : Propriétés des fluides CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 1-20 Chapitre 2 : Statique des fluides Chapitre 2 Statique des fluides Objectifs La maîtrise des notions présentées dans ce chapitre devrait vous permettre de pouvoir: • saisir que la pression en un point d'un fluide statique est indépendante de la direction; • expliquer que les points situés sur un même niveau d'un fluide statique continu ont la même pression; • exprimer la pression d'un fluide selon les unités courantes, incluant en hauteur de pression (m ou pieds); • calculer la pression d'un fluide statique incompressible ou compressible à différentes profondeurs ou altitude; • définir les termes pression absolue, relative, atmosphérique, pression de vide; • discuter des différents appareils disponibles pour mesurer la pression relative et absolue; • effectuer les calculs nécessaires reliés aux différents appareils de mesure de la pression; • définir les termes : centre de gravité, centroïde, centre de pression, moment d'inertie; • calculer la force résultante et son point d'application sur toute surface plane immergée; • calculer les composantes horizontales et verticales des forces agissant sur une surface courbe immergée; • définir la force de poussée; • calculer la force de poussée s'exerçant sur des volumes simples complètement ou partiellement immergés; • définir le terme d'hydraulique de puissance et appliquer les concepts de statique des fluides pour la résolution de calculs simples. CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 2-1 Chapitre 2 : Statique des fluides 2.1 Introduction La mécanique des fluides peut être séparée en deux grandes branches qui sont la statique et la dynamique. La statique est la branche qui étudie les fluides au repos, c’est-à-dire les fluides dans lesquels aucun déplacement macroscopique des molécules n'existe. Les vitesses et accélérations du fluide sont donc nulles partout. De par la définition même d’un fluide, aucune contrainte de cisaillement ne s’exerce donc sur un fluide au repos. La statique s’intéresse donc aux forces exercées par le fluide sur des corps et surfaces immergés ou sur des corps flottants. 2.2 Pression en un point d'un fluide statique Examinons le diagramme de corps libre d’une particule de fluide infinitésimale de forme triangulaire tel qu’illustré au diagramme suivant. Si le fluide est au repos, il s’ensuit du premier principe de Newton que : ∑ F =0 x et ∑F y =0 2.1 On peut donc écrire : ∑F = p xδ y - psδ ssinθ = 0 ∑F = p yδ x - psδ s cosθ - ρ g x y 2.2 δ xδ y 2 =0 2.3 La solution des équations 2.2 et 2.3 donne p x = p y = p z . Dans un fluide au repos, en tout point de ce dernier, la pression est donc égale dans toutes les directions. Ce n’est pas la même chose pour un solide au repos où les contraintes peuvent varier dans les directions. Il n’est donc pas possible d’avoir de contrainte de cisaillement dans un fluide au repos. Dans un fluide en mouvement, généralement p x ≠ p y ≠ p z . CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 2-2 Chapitre 2 : Statique des fluides 2.3 Variation de pression dans un fluide statique 2.3.1 Fluide incompressible Analysons le diagramme suivant qui exprime les forces qui s’exercent sur un volume cubique de fluide au repos. Il est facile de voir que la sommation des forces en x et en z est égale à zéro puisqu’elles ne dépendent que de la pression. Dans le sens vertical par contre, il faut tenir compte de la force de gravité et nous avons : ∑F y = -(p + ∂p δy ∂p δy ) δ z δ x + (p) δ zδ x - γ δ x δ yδ z ∂y 2 ∂y 2 2.4 qui se simplifie par : dp = -γ = -ρ g dy 2.5 Il est courant en mécanique des fluides de nommer l’axe vertical ‘z’ ce qui donne : dp = -γ = -ρ g dz 2.6 Peu importe la nomenclature, la variation de pression dans un fluide statique est toujours dans le sens du vecteur local de l’accélération gravitationnelle. L’équation 2.6 s’intègre pour donner la relation importante de : ∆p = -ρ g∆z = -γ z CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 2.7 2-3 Chapitre 2 : Statique des fluides Le signe négatif indique que la pression augmente lorsque z diminue. Plutôt que d’utiliser le signe négatif, il est coutume de mesurer z à partir de la surface libre et augmentant en profondeur. Avec cette convention et en spécifiant p=0 à la surface, nous trouvons : p = ρ gz = γ z 2.8 Exemple : Un observatoire sous-marin est situé à 100 mètres de profondeur. Calculez la force exercée sur un hublot rond et horizontal de 1m de diamètre. La masse volumique de l’eau salée : 1020 kg/m3. Solution : 2.3.2 Fluide compressible Pour un fluide compressible (un gaz), en utilisant la loi des gaz parfaits, nous pouvons écrire PV = mRT ou encore P = ρ RT 2.9 À partir des équations 2.6 et 2.9, il est possible d’écrire dP gdz =P RT 2.10 -g (z 2 -z1 ) P2 = e Rt P1 2.11 Et en intégrant, on trouve : CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 2-4 Chapitre 2 : Statique des fluides L’équation précédente n’est valide que si la température est constante. Toutefois comme la figure suivante le démontre ainsi qu’au tableau 3 du chapitre 1, ceci n’est pas le cas de l’atmosphère, qui est le cas pratique le plus courant d’un fluide compressible au repos où la pression verticale varie fortement. Ce diagramme montre la structure de l’atmosphère terrestre sur toute son épaisseur. En ingénierie, la troposphère est la zone la plus importante et elle s’étend sur les 12 premiers CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique dT dz = b 2-5 2.12 Chapitre 2 : Statique des fluides kilomètres de son épaisseur. Le gradient de température dT/dz = -b est constant dans cette zone et est égal à approximativement 6.5oC/km. En substituant à l’intérieur de l’équation 2.10, on peut retrouver l’expression g T Rb P2 = 2 P1 T1 2.13 qui est valide pour tout gaz parfait dont la variation de température en fonction de l’élévation est constante. Cette équation est valide pour la troposphère. Outre les applications aux calculs atmosphériques, il y a peu d’autres applications où il est nécessaire d’étudier les variations de pression d’un gaz au repos. Comme les gaz ont une masse volumique très faible, à moins que la dimension verticale d’un volume de gaz soit énorme, la variation de pression selon cet axe est négligeable. Il n’en est pas de même pour un liquide. Exemple : Calculez la pression atmosphérique à une hauteur de 10 000m si : • Patm au niveau de la mer = 101.3 kPa • Le gradient thermique est de 6.5 oC/km • T=15oC au niveau de la mer Solution : CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 2-6 Chapitre 2 : Statique des fluides 2.4 Hauteur de pression Il est commun en mécanique des fluides d’exprimer la pression par la hauteur (en unité de longueur) équivalente d’une colonne de fluide statique qui exercerait une pression équivalente à sa base. Cette hauteur équivalente est appelée hauteur de pression ou parfois tête d’eau. Dans le cas d’une pompe, on parlera plutôt de hauteur manométrique. Cette hauteur est exprimée par : h= P γ = P ρ gz = =z ρg ρg 2.14 Les unités sont généralement exprimées en mètres ou en pieds, mais peuvent aussi avoir n’importe quelle unité de hauteur. Le type de liquide doit être obligatoirement mentionné si ce n’est pas de l’eau. Par exemple, il est courant d’exprimer la pression atmosphérique en mm de mercure. 2.5 Pression relative et absolue L’Italien Evangelista Torricelli fut le premier à mesurer la pression atmosphérique. En utilisant un tube de verre inversé tel qu’illustré ci-dessous, il établit en 1643 la première mesure de la pression atmosphérique à 760 mm de mercure. Il observa aussi que cette dernière variait légèrement selon les jours. Comme cette mesure fut faite par rapport au vide du sommet du tube (la pression de vapeur du mercure est très faible) il s’agit d’une pression absolue. CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 2-7 Chapitre 2 : Statique des fluides En hydraulique, il est courant de mesurer la pression de l’eau relativement à la pression atmosphérique. On parle alors de pression relative. De cette façon, la pression à la surface libre d’un liquide est égale à zéro. En pression relative, on parle parfois de pression de vide (vacuum) pour exprimer une pression relative inférieure à zéro et de pression de gage pour référer à une pression relative positive. On peut noter les échelles suivantes pour les différentes mesures possibles: • • • • Pression absolue Pression relative Pression de vide Pression gage 0 à +α -(Patm) à +α 0 à Patm 0 à +α Selon ces échelles les mesures suivantes sont équivalentes (Patm = 101 kPa): une pression absolue de 30 kPa, une pression relative de –71 kPa, une pression de vide de +71kPa. On peut noter entre autres les unités suivantes pour la pression: • • • • • • 1 atmosphère (atm) = 101 325 pascal = 101.3 kPa 1 atm = 1.01325 bar 100 kPa = 1 bar = 1000 millibar 1 atm = 1013.25 millibar 1 atm = 760 mm de Hg 1 atm = 14.696 psi P Pression relative (gage pressure) Pression de vide (vacuum) Pression atmosphérique (101.3 kPa, 760 mmHg, 14.7 psi) Pression absolue Pression absolue CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique Zero Absolu (vide) 2-8 Chapitre 2 : Statique des fluides 2.6 Mesures de la pression Divers instruments de mesure de la pression existent afin de nous permettre de bien connaître cette variable fondamentale en mécanique des fluides et hydraulique. Les plus courants sont brièvement discutés ci-dessous. 2.6.1 Baromètre Le baromètre de Torricelli est trop encombrant pour une utilisation courante. Le baromètre le plus courant consiste en un mécanisme lié à un diaphragme recouvrant un cylindre sous vide. Toute faible variation de pression engendre un déplacement du diaphragme qui se traduit par un mouvement d’une aiguille sur un indicateur gradué préalablement. 2.6.2 Bourdon Pour des applications où les variations de pression sont brusques et élevées, le baromètre est trop fragile et un tube de Bourdon est généralement utilisé. Le Bourdon est simplement un tube métallique évidé dont une extrémité est fermée et l’autre est reliée au fluide sous pression. Sous l’effet de la pression, le tube tend à se redresser provoquant le mouvement d’une aiguille sur un cadran gradué. Les unités que l’on retrouve sur un cadran de Bourdon peuvent être très variées et il importe de bien vérifier si les pressions mesurées sont absolues, relatives et en quelles unités elles se trouvent. CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 2-9 Chapitre 2 : Statique des fluides 2.6.3 Capteur de pression électronique (‘transducer') Ce type de capteur traduit une variation de pression par une variation de signal électrique, qui, une fois calibré et amplifié permet de mesurer très exactement la pression. La pression agit sur une membrane sur lequel une jauge d’étirement est localisée. La résistance électrique de la jauge est affectée par sa déformation due à la pression. Avec une calibration appropriée, la pression peut être reliée au courant de façon très précise. Ce type de capteur permet des taux d’acquisition de données très élevés et une grande précision aux dépens d’une plus grande fragilité et de l’obligation de procéder à des calibrations périodiquement. 2.6.4 Colonne piézométrique La colonne piézométrique est utilisée pour des applications ou les pressions sont peu élevées. C’est la méthode utilisée pour mesurer les niveaux des nappes phréatiques pour des aquifères confinées ou non confinées. Il s’agit simplement de relier un tube avec une extrémité ouverte à l’endroit ou on veut connaître la pression. Le liquide montera librement à l’intérieur de la colonne jusqu’au point où le poids de la colonne de liquide sera égal à la pression au point A. La pression est alors simplement calculée par ρgz ou z est la hauteur de la colonne de liquide. CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 2-10 Chapitre 2 : Statique des fluides 2.6.5 Manomètre simple Le manomètre fonctionne sur le même principe que le piézomètre, mais grâce à un tube en U rempli d’un liquide lourd (généralement du mercure de densité s m égale à 13.56) il permet la lecture de pressions beaucoup plus élevées. À l’aide du diagramme précédent et en partant du principe que la pression de tout point sur un même niveau horizontal en un liquide continu est la même on peut écrire PB = PC 2.15 En partant des principes de pression statique, on peut facilement écrire, si P A est en pression relative : PA = ρ m g y + ρ f g z = s m ρ eau g y + sf ρ eau g z 2.16 si P A est en pression absolue. PA = ρ m g y + ρ f g z + Patm = s m ρ eau g y + sf ρ eau g z + Patm 2.17 2.6.6 Manomètre différentiel Dans plusieurs applications, il importe de connaître une différence de pression plutôt qu’une valeur de pression donnée. Pour ces utilisations, un manomètre différentiel est utilisé. Dans ce cas-ci, les deux extrémités du tube en U contenant le liquide à haute densité sont reliées à des points de pression. CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 2-11 Chapitre 2 : Statique des fluides On peut donc trouver directement : PA - PB = ρ M gy + ρ Fg(z A - z B ) 2.18 ou encore PA - PB γF = sy + (z A - z B ) 2.19 Les équations 2.18 et 2.19 ne sont valides que si les fluides en A et B ont la même masse volumique. Dans le cas ou les masses volumiques sont différentes, l’équation du manomètre peut être réécrite par : PA - PB = ρ M gy + ρ A gz A - ρ Bgz B = γ M y + γ A z A - γ Bz B 2.20 2.7 Force sur une surface plane Si la surface est horizontale, la pression est constante et la force sur cette surface plane est simplement donnée par le produit de la pression et de l’aire de la surface. Si la surface est inclinée, la force est donnée par l’intégrale suivante : F = ∫ PdA = ρ g ∫ zdA A 2.21 A CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 2-12 Chapitre 2 : Statique des fluides Pour attaquer la résolution de cette intégrale, considérons la figure suivante. Les hauteurs verticales sont notées par la lettre h et les longueurs exprimées selon le sens de l’inclinaison de la surface par y. Toutes ces longueurs sont mesurées à partir de la surface libre. Il s’agit donc de déterminer la grandeur de la force résultante F ainsi que son point d’application sur la surface. En prenant un élément horizontal de la surface d’une longueur x, largeur y et de surface dA, on peut déterminer que la force qui s’applique sur cet élément est donnée par : dF = PdA = γ hdA = γ y sinθ dA 2.22 La force totale s’exerçant sur la plaque est donnée par : F = γ sinθ ∫ y dA 2.23 Les bases de mécanique physique nous indiquent que le moment d’une surface par rapport à un axe horizontal est donné par : ∫ y dA 2.24 A Et que la position de l’axe centroïdal (par lequel le moment est zéro) est donnée par : yc = 1 y dA A ∫A 2.25 On peut donc écrire que : F = γ sinθ A y c CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 2.26 2-13 Chapitre 2 : Statique des fluides Ou, si exprimé en fonction de l’axe vertical F = γ hc A 2.27 La force résultante est donc simplement le produit de la pression au centroïde de la surface multipliée par l’aire de cette dernière. Ayant trouvé la force résultante, il s’agit maintenant de trouver le point d’application de cette dernière qui est donné par le centre de pression. 2.7.1 Centre de pression Afin de trouver le point d’application de la force résultante, toujours en se référant à la figure précédente, il s’agit de faire la sommation des moments par rapport au point O. Pour l’élément dF de l’équation 2.22, le moment est donné par : ydF = γ sinθ y 2dA 2.28 Le point d’application sera à l’endroit ou le moment crée par la force résultante sera égal à la sommation des moments définis à l’équation 2.28. Cette distance est appelée le centre de pression et est noté y p ou h p selon l’axe utilisé. On peut le définir de la façon suivante : y p F = γ sinθ ∫ y 2dA 2.29 A Or l’intégrale comprise à l’intérieur de l’équation 2.29 est égale au moment d’inertie de la surface par rapport à l’axe passant par le point O et donc : y p F = γ sinθ I o 2.30 En substituant 2.26 à l’intérieur de 2.30, on retrouve : yp = γ sinθ I o I = o yc A γ sinθ y c A 2.31 Comme il est beaucoup plus pratique de définir le moment d’inertie d’une surface par rapport à son centroïde Ic , on peut, par le théorème des axes parallèles, écrire : I o = y c2 A + I c CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 2.32 2-14 Chapitre 2 : Statique des fluides On peut donc finalement réécrire la position du centre de pression par : Ay c2 + I c I yp = = yc + c yc A yc A 2.33 En résumé selon le système d’axe choisi, on retrouve les équations suivantes pour la force résultante F et son point d’application appelé centre de pression : Selon l’axe de l’angle de la surface plane : F = γ sinθ A y c y p = yc + 2.34 Ic yc A 2.35 et selon l’axe vertical : F = γ hc A h p = hc + (sinθ ) 2 I c hc A 2.36 2.37 Le tableau 2.1 présente la position des centroïdes ainsi que des moments d’inertie de surfaces courantes. CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 2-15 Chapitre 2 : Statique des fluides FORME Rectangle •C h yc Centroïde selon l’axe vertical ‘y c ’ Surface Moment d’inertie p/r à l’axe horizontal passant par le centroïde h/2 bh bh3/12 h/3 bh/2 bh3/36 r πr2 πr4/4 4r/(3π) πr2/2 8 4 π − r 8 9π 4r/(3π) πr /4 b πab b Triangle h •C yc b/2 b/2 b r •C Cercle Demicercle Quart-decercle Ellipse yc •C yc r •C yc 2 4 π − 16 9π 4 r r •C yc, b πab3/4 a Tableau 2.1 Centroïde et moment d’inertie de surfaces usuelles. CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 2-16 Chapitre 2 : Statique des fluides Exemple : Veuillez calculer la force résultante ainsi que son point d’application pour la plaque verticale de largeur égale à deux mètres illustrée ci-dessous. 5 mètres d’eau Solution : CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 2-17 Chapitre 2 : Statique des fluides Exemple : La porte rectangulaire illustrée ci-dessous pivote au point B. Si la masse de la porte est de 2000 kg, calculez la force qui devra être appliquée au centroïde de cette dernière pour qu’elle reste fermée. La largeur de la porte est de 1.2 m et le fluide est de l’eau. 1.5 m F 1.5 m 45o B Solution : CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 2-18 Chapitre 2 : Statique des fluides 2.8 Force sur une surface courbe Pour une surface courbe, l’approche utilisée à la section précédente est beaucoup plus ardue. En effet, comme la force exercée par la pression est toujours perpendiculaire à la surface, la sommation des éléments de forces dF implique une direction d’application qui varie avec la forme de la surface. Les équations développées jusqu’à présent ne peuvent être appliquées qu’à des surfaces planes. 2.8.1 Composante horizontale L’analyse des forces statiques sur une surface courbe peut toutefois se faire en considérant le diagramme ci-dessous. Au diagramme (b), la surface M’N’ définit la projection verticale de la surface MN. Comme le volume de liquide hachuré est en équilibre, il en résulte nécessairement que : F′ = Fx′ 2.38 donc, on peut en conclure que : « La composante horizontale de la force résultante sur toute surface immergée est égale à la force exercée sur la projection verticale de cette même surface » 2.8.2 Composante verticale Considérons maintenant le diagramme (c). Outre la force de réaction F z , la seule force verticale exercée par le liquide est celle due au poids du liquide au dessus de la surface. On peut donc écrire : « La composante verticale de la force résultante sur toute surface immergée est égale au poids du liquide situé au-dessus de cette surface » Cette composante passe par le centroïde du volume d’eau au-dessus de la surface. CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 2-19 Chapitre 2 : Statique des fluides 2.8.3 Force résultante Règle générale, les composantes verticales et horizontales ne s’appliqueront pas sur un même point sur la surface. Il est donc généralement impossible de trouver un point d’application pour situer la force résultante. Cependant si la surface courbe est d’ une largeur uniforme (perpendiculaire au diagramme), la résultante F va passer par un point de rencontre et sa grandeur et son angle seront données par les équations suivantes : F= 2.39 tan(θ) = F z / F x 2.40 Dans le cas particulier d’ une surface courbe formée d’ un arc de cercle, on peut démontrer que la force résultante passe nécessairement par le centre du cercle. Cette notion sera utilisée lors du laboratoire 1. Exemple : Calculez la force résultante qui s’exerce sur la surface courbe (demi-cylindre) illustrée cidessous. Le fluide est de l’eau. 5m 1m Solution : 1m CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 2-20 Chapitre 2 : Statique des fluides Exemple : Calculez la force résultante qui s’exerce sur la surface courbe (demi-cylindre) illustrée cidessous. Le fluide est de l’eau. 5m pas d’eau 1m 11 m m Solution : CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 2-21 Chapitre 2 : Statique des fluides 2.9 Force de poussée (poussée d'Archimède) À partir des deux exemples précédents, regardons l’équilibre des forces exercées sur une sphère immergée dans un fluide : Fv1 W Si on néglige le poids de la sphère pour s’attarder aux forces dues au fluide, on peut séparer la Fv2 force totale en une force verticale F v1 qui s’exerce sur la surface supérieure de la sphère ainsi qu’en une force verticale F v2 qui s’exerce sur la partie inférieure de la sphère. On peut alors facilement démontrer que la force résultante est exercée vers le haut et est égale à : Fp = 4 3 π r ρf g 3 2.39 2.41 Cette force, appelée force de poussée est égale au poids d’un volume de fluide égal à celui de la sphère. Cet énoncé correspond au principe d’Archimède. Plus précisément, le principe d’Archimède, nommé en l’honneur du fondateur de l’hydrostatique, peut s’énoncer ainsi : « tout corps plongé en un fluide reçoit une poussée verticale ascendante égale au poids du volume d’eau déplacé » La force de poussée s’applique au centroïde du volume de fluide déplacé. De façon dynamique le premier principe de Newton indique que la variation de momentum est égale à la sommation des forces s’exerçant sur un corps. Sur tout corps immergé de volume V, nous avons : ∑F = W - F p = ρ s Vg - ρ f Vg 2.40 2.42 Un corps immergé se déplacera vers la surface si sa masse volumique est moindre que celle du fluide déplacé et se déplacera vers le bas si sa masse volumique est supérieure à celle du fluide. L’équilibre ne sera possible pour un corps immergé que si la masse volumique du corps est égale à celle du fluide. CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 2-22 Chapitre 2 : Statique des fluides 2.10 Stabilité des corps flottants 2.10.1 Corps immergés Pour un corps immergé, tel que nous l’avons vu précédemment, deux forces s’exercent sur ce corps : la force de gravité et la force de poussée. La force de poussée s’exerce au centroïde du volume de fluide déplacé alors que la force de gravité s’applique au centre de masse du corps. Les deux forces s’appliquent dans un axe vertical. Examinons le cas d’un ballon dans l’atmosphère tel qu’illustré ci-dessous. On peut rapidement déduire la loi suivante : « un corps immergé sera stable si le centre de poussée est situé au-dessus du centre de masse » Dans ce cas, tout déplacement du corps produira un couple qui tendra automatiquement à ramener ce dernier à sa position initiale. 2.10.2 Corps flottants Pour un corps flottant, on retrouve la complication supplémentaire que la partie immergée du volume variera en fonction du déplacement. On retrouve encore une fois deux forces distinctes agissant sur le corps : la force de poussée qui est une force verticale égale au poids du volume d’eau déplacé et la force de gravité du corps. La force de poussée s’applique au centroïde du volume d’eau déplacé alors que la force de gravité s’applique au centre de masse du corps. Tout comme pour le cas d’un corps immergé, le corps sera stable tant que le couple de déplacement créé tend à ramener le corps à sa position initiale. Un exemple de position instable et stable est illustré sur le diagramme suivant. CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 2-23 Chapitre 2 : Statique des fluides Hauteur métacentrique Pour ces deux cas par contre, le centre de poussée est situé au-dessous du centre de masse. La règle développée pour les corps immergés ne peut donc pas s’appliquer. Définissons la hauteur métacentrique comme la hauteur verticale du point formée par l’intersection des lignes de poussée du corps déplacé et de la ligne de poussée du corps dans sa position centrale. On peut alors écrire : « un corps flottant sera stable si la hauteur métacentrique est située au-dessus du centre de masse de ce même corps » 2.11 Notions d'hydraulique de puissance Sans contredit, l’utilisation la plus répandue des notions de statique des fluides est dans une branche appelée l’hydraulique de puissance. Cette branche s’intéresse à la façon dont la puissance peut être transmise par un liquide ou gaz pressurisé. Les freins d’une voiture, les contrôles d’ailerons des avions, les pelles mécaniques sont tous des utilisations courantes de l’hydraulique de puissance. On estime d’ailleurs que 90% de tous les outils industriels sont contrôlés par l’hydraulique de puissance. CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 2-24 Chapitre 2 : Statique des fluides Observons le diagramme ci-dessous. La pression étant constante en tout point horizontal d’un fluide continu, une petite force appliquée sur le côté A (petite surface) se traduit automatiquement par une force beaucoup plus élevée du côté droit (B). A B On peut écrire : A F2 = F1 2 A1 2.41 Et donc, avec l’aide d’une petite force, on peut produire une force nettement plus élevée simplement par le jeu de propagation des pressions et des aires différentes. Le diagramme ci-dessous montre le principe de fonctionnement d’un système de levée hydraulique tel qu’utilisé dans les garages. CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 2-25 Chapitre 2 : Statique des fluides Problèmes Problème 1 Calculez la pression relative à une profondeur de 20m dans un lac. Rép: P=196 kPa Problème 2 Calculez la pression relative à une profondeur de 4km dans un océan. Prenez 1020 kg/m3 pour la masse volumique de l’eau salée. Rép: P = 40 MPa Problème 3 Calculez la pression relative et la pression absolue d’un liquide de poids spécifique 13 kN/m3 à une profondeur de 10 m si la pression à la surface libre du fluide est de 120 kPa. Rép: Prel = 130 kPa Pabs = 250 kPa Problème 4 Une bouteille d’air comprimé est chargée à une pression absolue de 1.2 MPa. Calculez la pression relative de l’air comprimé au niveau de la mer (Patm=100kPa) et dans la soute d’un avion pressurisée à 50 kPa. Rép: 1.1 MPa et 1.15 MPa Problème 5 La pression relative d’une bouteille d’air comprimé est de 600kPa au niveau de la mer (Patm=100kPa). On transporte la bouteille d’air comprimé dans une chambre environnementale et sa pression relative devient égale à 500 kPa. Quelle est la pression absolue dans la chambre environnementale ? Rép: 200 kPa Problème 6 Un réservoir vertical de 100 m de hauteur contient du méthane. La pression relative au sommet du réservoir est de 15 mmHg. Calculez la pression relative à la base du même réservoir sachant que cette base est située au niveau de la mer. P atm au niveau de la mer = 101.3 kPa. NB: P atm100m ≠ 101.3 . T=20o, constante dans l’air et dans le réservoir. Rép.: P = 11 mmHg CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 2-26 Chapitre 2 : Statique des fluides Problème 7 La planète Vénus a une température moyenne de 427° C et la pression à la surface est de 2,0 MPa. Pour une atmosphère de CO 2 pure (gaz parfait), l’accélération gravitationnelle est de 8,73 m/s2 et la température est constante. Trouvez l’altitude à laquelle la pression atmosphérique est de 0,1 MPa. Pour le CO 2 , R = 188 J/kg.K. Rép.: h = 45 160 m Problème 8 On a enregistré une température de -25° C et une pression de 45,5 kPa à une certaine altitude alors que ces coordonnées sont respectivement 15° C et 101,5 kPa au niveau de la mer. On peut supposer que la température chute uniformément à mesure que l’altitude croît. Calculez le taux de chute de température de même que la pression à une altitude de 3000 m. Rép.: b = 6,37 × 10-3 K/m; P = 70,2 kPa Problème 9 La pression et la température dans l’air au niveau de la mer sont respectivement 100 kPa et 288 K. À partir du niveau de la mer, la température chute au taux de 0,0065 K/m jusqu’à la stratosphère (11 000 m) à partir de où elle demeure constante à 216,5 K. Calculez la pression et la masse volumique à une altitude de 18 000 m avec R = 287 J/kg.K. Rép.: P = 7,38 kPa; ρ = 0,119 kg/m3 Problème 10 Calculez la pression relative aux points A, B, C, D de la figure ci-dessous. air air A C 0.3m 0.3m 0.6m B huile s=0.9 eau 1m D Rép.: -5,89 kPa; 5,89 kPa; 5,89 kPa; 22,66 kPa CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 2-27 Chapitre 2 : Statique des fluides Problème 11 Considérant le système représenté par la figure ci-dessous, si h 1 = 30 cm, h 2 = 20cm, L = 40cm, θ = 30°, γ 0 = 9810 N/m3 et σ Hg = 13,6 calculez la pression relative P RA et son équivalent en hauteur de mercure. L θ A eau h2 h1 mercure Rép.: P RA = 64,7 kPa; 485 mmHg Problème 12 Un piston de 15 cm de diamètre est installé dans un cylindre connecté à un tube incliné tel qu’illustré ci-dessous. Le fluide manométrique est de l’huile de poids spécifique 9,27 kN/m3. Quand un poids W est placé sur le piston, le niveau du fluide passe du point 1 au point 2. Quel est le poids W, si on suppose que le changement de position du piston est négligeable ? W 15 cm piston Position 2 Position 1 huile 30o Rép.: W = 12,3 N Problème 13 Trouvez la différence de pression (P A - P B ) sachant que ρ 1 = 1000 kg/m3 et ρ 2 = 13600 kg/m3. A ρ1 B 1.5m ρ1 0.75m 0.5m ρ2 Rép.: 54,5 kPa CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 2-28 Chapitre 2 : Statique des fluides Problème 14 Calculez la différence de pression exacte qui cause un déplacement L de 10 cm le long d’un tube incliné à 15°. L’appareil contient de l’huile (σ = 0,8). Les diamètres D du réservoir et du tube incliné sont 20cm et 5mm, respectivement. L D Position 2 Position 1 Position 1 Position 2 15o d Rép.: 203,6 Pa Problème 15 Deux réservoirs d’eau sont reliés entre eux par un manomètre contenant du mercure (s=13.56). Trouvez la différence de pression (P 1 - P 2 ). P1 1m P2 ρhg 0.75m ρ 0.25m 1.5m eau eau Rép.: 151.4 kPa Problème 16 La chute de pression au travers un dispositif X, traversé par de l’eau, est mesurée à l’aide d’un manomètre utilisant du mercure (s=13.56). Calculez (P B - P A ). N. B. Il n’y a pas d’écoulement au travers du manomètre. Rép.: 28.1 kPa CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 2-29 Chapitre 2 : Statique des fluides Problème 17 On considère le système illustré ci-dessous. Le réservoir de gauche est sous une pression relative de 100 kPa. Une couche d’huile de densité σ A = 0,8 recouvre un liquide B de densité σ B = 0,9. Ce réservoir est relié à une conduite d’eau par un manomètre en∪ contenant du mercure (σ Hg = 13,6). Calculez la pression relative P 0 en kPa et en mm de Hg. 0.8m Pr = 100 kPa A B 0.5m O eau 0.5m 0.3m 0.4m 0.2m mercure Rép.: P 0 = 82,2 kPa, P 0 = 617 mm Hg Problème 18 Le manomètre en ∪ illustré ci-dessous est utilisé pour mesurer une pression relative dans un réservoir d’eau. La branche de droite contient du mercure (σ = 13,6) dont le niveau libre est 20cm au-dessus du point A. Le niveau de séparation de l’eau et du mercure dans la branche de gauche de 30cm sous A. Calculez : a) la pression relative dans la conduite au point A; b) la différence de niveau du mercure dans le manomètre si la pression dans le réservoir est réduite de 40 kPa. 20cm A 30cm Rép.: a) P = 63,8 kPa b) h = 0,19 m CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 2-30 Chapitre 2 : Statique des fluides Problème 19 Calculez la force résultante sur la plaque rectangulaire de 5m de largeur illustrée ci-dessous. Calculez aussi son point d’application. 18m Rép.: 7.94 MN à 12m sous la surface Problème 20 Calculez la force résultante sur la plaque rectangulaire de 5m de largeur illustrée ci-dessous. Calculez aussi son point d’application. 18m 10m (porte) Rép.: 6.37 MN à 13.64m sous la surface Problème 21 Calculez la force résultante sur la plaque rectangulaire de 5m de largeur illustrée ci-dessous. Calculez aussi son point d’application. 10m 45o Rép.: 3.46 MN à 9.43 m de la surface le long de la plaque Problème 22 La vanne AB pivote autour d’un axe passant par le point C situé à 10cm en dessous du centre de gravité G. La vanne est circulaire et elle possède un diamètre de 1,80m. Quelle est la hauteur h de l’eau permise pour ne provoquer aucun moment non compensé (pour que la vanne reste fermée verticalement) par rapport à C. N. B. Ceci se produira lorsque le centre de pression passera par C. A 180 cm Rép.: h = 1,125m CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 10 cm G C B 2-31 Chapitre 2 : Statique des fluides Problème 23 Une vanne rectangulaire de 5m de hauteur sur 3m de largeur et de masse négligeable est retenue par un contrepoids. Si l’angle d’inclinaison de la vanne est de 60°, déterminez la profondeur de l’eau pour que la vanne reste en équilibre. La vanne est articulée au point O. 2500kg mg d Rép.: d O = 2,66m 60o Problème 24 La vanne AB de surface courbée peut tourner autour du point C. Déterminez et placez les composantes horizontale et verticale de la force résultante par unité de largeur des forces hydrostatiques exercées sur la vanne AB. A C 2m B Rép.: r h = 19,6 kN/m; r v = 30,8 kN/m Problème 25 Soit une vanne qui peut s’ouvrir automatiquement par une rotation autour d’un axe passant par O. Calculez la profondeur D pour laquelle la vanne s’ouvre si on néglige sa masse. D O 1.5m Rép.: D = 2,6m CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 2-32 Chapitre 2 : Statique des fluides Problème 26 La vanne suivante est articulée au point H. La vanne est de forme carrée de 2m de long. Négligez la masse de la vanne. Quelle force F doit-on exercer au point A pour que la vanne reste en position fermée. 1m H 30o F = ? kN Rép.: F = 32,7 kN A Problème 27 Une plaque rectangulaire CD fait 1,8m de largeur et de 2,0m de long. En supposant que la grille est faite d’un matériel homogène et en négligeant la friction au support C, déterminez le poids nécessaire de la grille pour la garder fermée jusqu’à ce que la surface libre de l’eau atteigne le niveau 2m au-dessus du support. 2m C 2m 4 Rép.: 180,5 kN 3 D Problème 28 Un barrage de béton est constitué d’une surface verticale de 10m de hauteur terminée par un arc de cercle dont le rayon de courbure est de 1m. a) calculez la composante horizontale (R h ) de la force hydrostatique s’exerçant sur le barrage; b) calculez la composante verticale (R v ); c) calculez la grandeur de la force résultante ainsi que l’angle que fait cette force par rapport à l'horizontale. Largeur = 2m 10m 1m Rép.: a) R h =1187 kN b)R v =211,9 kN c)R=1205,8 kN θ=10,1° CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 2-33 Chapitre 2 : Statique des fluides Problème 29 Sachant que r=0.5m et θ= 30°, trouvez la grandeur de la force et le point d’application par rapport à la surface libre de la résultante des forces hydrostatiques appliquées sur la plaque de forme circulaire illustrée ci-dessous. θ Rép.: R = 1926 N; 2r h p = 0,3125 (selon l’axe vertical); Problème 30 Le cylindre et la conduite de la figure suivante contiennent de l'huile de densité 0.902. Si le manomètre indique 21.56 N/cm2, quelle est la masse de l'ensemble piston-poids ? Si le diamètre de la conduite reliée au manomètre est de 1cm, calculez la masse nécessaire pour équilibrer le fluide au niveau du manomètre? Quelle est la pression directement sous le piston ? Rép.: 60 115 kg, 1.73 kg, 231.5 kPa Poids 180 cm Piston Dia. = 180 cm Problème 31 Un morceau rectangulaire de bois de 1 mètre de longueur par 10 cm de hauteur par 20 cm de largeur flotte sur l'eau. Si la densité du bois est de 0.75 calculez sa hauteur de flottaison. Rép.: 7.5 cm sur 10 seront submergés Problème 32 On pèse dans l'eau un objet (l’objet est entièrement immergé) en forme de prisme de 20 cm d'épaisseur, 20 cm de large et 40 cm de longueur, et on trouve un poids de 49N. Quelle est sa masse et quelle est sa densité ? Rép.: 21 kg, 1.31 CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 2-34 Chapitre 2 : Statique des fluides Problème 33 De combien s'enfonce dans l'eau douce un tronc d'arbre de 2.40 m de diamètre et de densité 0.425? Rép.: 1.057 m Problème 34 Un navire dont les côtés sont verticaux à une masse de 3800 tonnes et s'enfonce de 6.3 m (tirant d'eau) en eau salée (1025 kg/m3). Calculez son tirant d'eau en eau douce Rép.: 6.46 m Problème 35 Une sphère de 120 cm de diamètre flotte à demi immergée dans de l'eau salée (1025 kg/m3). Quelle est la masse minimum de béton (2400 kg/m3) qui, utilisé comme ancre, peut l'immerger complètement ? Rép.: 810 kg Problème 36 Un cube métallique de 15 cm de côté est suspendu par une corde. Le cube est immergé à moitié dans l'huile (densité 0.8) et moitié dans l'eau. Si la masse volumique du métal est de 2640 kg/m3 T trouvez la force de tension dans la corde. Rép.: 57.55 N huile eau CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 2-35 Chapitre 2 : Statique des fluides CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 2-36 Chapitre 3 : Conservation de la masse Chapitre 3 Conservation de la masse Objectifs La maîtrise des notions présentées dans ce chapitre devrait vous permettre de pouvoir : • définir les notions de champ de vitesse et d’accélération, d’accélération locale et d’accélération convective; • distinguer les accélérations locale, convective et totale; • énumérer les principales catégories d’écoulement; • distinguer les écoulements permanents des non-permanents, les écoulements uniformes des non-uniformes, turbulents et laminaires; • saisir la différence entre volume de contrôle et système; • expliquer l’importance de l’approche du volume de contrôle en ingénierie; • différentier le principe de la conservation de la masse selon qu’il est appliqué à un système ou à un volume de contrôle; • appliquer le principe de conservation de la masse pour la résolution de problèmes simples. CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 3-1 Chapitre 3 : Conservation de la masse 3.1 Introduction La dynamique des fluides se consacre à l'étude des fluides en mouvement ainsi que des forces qui causent ce mouvement ou encore des forces crées par le mouvement du fluide. C'est la branche la plus importante de la mécanique des fluides et c'est aussi celle dont les applications sont les plus nombreuses. Lors de la conception d'un ouvrage hydroélectrique par exemple, on peut relever les notions suivantes de la dynamique des fluides: • • • • • • • Mouvement de l'eau dans les turbines Transformation d'énergie hydraulique/mécanique Forces exercées sur les conduites d'amenée Phénomène du coup de bélier Phénomène du ressaut hydraulique Design de l'évacuateur de crues: forces agissant sur les vannes; écoulement au travers un orifice Réservoirs: fluctuation des débits/marnage, rétention d'eau/inondations Ces phénomènes peuvent être étudiés avec l'aide des équations fondamentales de la mécanique des fluides. Ces équations sont: • • • Équation de la conservation de la masse Équation de la conservation de l'énergie Équation de la quantité de mouvement Ces équations seront dérivées à l'intérieur de ce chapitre et des suivants et leurs applications seront étudiées. 3.2 Notions de cinématique des fluides La cinématique est la partie de la mécanique des fluides qui étudie les mouvements des fluides en faisant abstraction des forces qui les produisent. En particulier, la cinématique s'intéresse fortement à la description de la vitesse du fluide de même que des accélérations qui découlent des variations de cette dernière. Bien que la cinématique ne s'intéresse pas, strictement parlant, aux forces, il est important de comprendre que de par le second principe de Newton: dmv = ∑F dt CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 3.1 3-2 Chapitre 3 : Conservation de la masse Toute variation de vitesse d'un fluide entraîne une variation de momentum qui se traduit par une force exercée par le fluide ou sur le fluide. Puisque la dynamique s’intéresse particulièrement aux forces, et que ces dernières résultent d’un changement de vitesse, il en résulte donc un intérêt certain pour la description du champ de vitesse. 3.2.1 Vitesse et champ de vitesse La vitesse d'un écoulement de fluide (que ce soit en conduite, à surface libre ou tout autre) est souvent représentée par un champ de vitesse vectoriel. La notation vectorielle indique simplement que la vitesse est tridimensionnelle et doit être représentée en conséquence. La figure suivante illustre le champ de vitesse unidirectionnel à l'intérieur d'une conduite. Notez que la vitesse est plus élevée au centre de la conduite et égale à zéro aux parois. 10 8 6 4 2 0 -2 -4 -6 -8 -10 -5 0 5 10 15 20 25 Comme nous le verrons plus loin, le champ de vitesse ainsi que ses variations contrôlent la dissipation d'énergie d'un écoulement. Sa connaissance est donc fondamentale pour plusieurs applications incluant : • • • • design de pompes et de turbines design d'orifices étude du mouvement de l'eau dans des lacs et réservoirs transport de contaminants ou particules par les fluides Une bonne définition du champ de vitesse permet de tracer les lignes d'écoulement aussi appelées lignes de courant. La ligne de courant est une ligne partout tangente aux vecteurs de vitesse. Cette ligne est celle que suivrait toute particule de fluide ou toute particule solide de masse négligeable et à flottaison neutre. La figure suivante illustre le champ de vitesse observé dans le lac St-Clair situé entre les lacs Hurons et Érié. Le lac St-Clair est traversé par la rivière du même nom et le fort débit de cette dernière (4000 m3/sec en moyenne) crée le courant observé. Deux lignes de courant y sont aussi illustrées. CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 3-3 Chapitre 3 : Conservation de la masse 3.2.2 Accélération et champ d’accélération Tel que mentionné plus tôt, toute variation de vitesse se traduit par une accélération positive ou négative. Ce changement de vitesse implique une variation de momentum et entraîne donc une force ou des forces. Comme le champ de vitesse est vectoriel, l'accélération l'est aussi: dv a= dt 3.2 On distingue deux types d'accélération soient les accélérations locale et convective: L'accélération locale est une augmentation de vitesse qui s'observe en un point fixe dans l'espace. C'est une variation de vitesse en fonction du temps. Une accélération locale implique nécessairement une augmentation ou une diminution du débit d'écoulement. Elle est définie par la dérivée partielle suivante : ∂v al = 3.3 ∂t CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 3-4 Chapitre 3 : Conservation de la masse Le diagramme suivant illustre la variation de débit dans une rivière suite à une averse. Suite au début de l'averse, le débit (et donc la vitesse) augmente rapidement pour atteindre un maximum et décroît par la suite pour revenir au débit initial. Tout observateur le long de la rivière sera en mesure d'observer ces accélérations locales. Q (m3/sec) t L'accélération convective est celle qui est ressentie par une particule de fluide se déplaçant le long d'une ligne de courant. C'est une variation de vitesse ressentie lors d'un déplacement. La vitesse ne change pas en un point donné, mais varie en fonction du point considéré. Dans une conduite de diamètre variable, la vitesse du fluide augmentera ou diminuera pour accommoder la section d'écoulement. Un observateur fixe voit une vitesse constante alors qu'une goutte de fluide ou un observateur se déplaçant avec le fluide sera soumis à des accélérations dites convectives. Supposons deux points situés sur une même ligne de courant et séparés de 0.5 m. La vitesse au point 1 est de 1 m/sec et celle au point 2 de 3 m/sec. L'accélération est toujours définie par une variation de vitesse en fonction du temps soit : ∆v ac = ∆t 3.4 Il faut donc connaître le temps requis pour que le fluide passe du point 1 au point 2. En prenant comme approximation la vitesse moyenne v m , et en remplaçant ∆t par ∆x/v m on retrouve : ∆v a c = vm ∆x CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 3.5 3-5 Chapitre 3 : Conservation de la masse Et donc pour l'exemple, l'accélération convective moyenne (entre les points 1 et 2) est donnée par : ac = 2 3 −1 = 8 m/sec 2 0.5 L'accélération convective en un point est donnée sous forme différentielle par : ∂v ac = v ∂x 3.6 L'accélération totale dv/dt est donc donnée par la somme des accélérations locale et convective par : ∂v ∂v a = al + ac = +v 3.7 ∂t ∂x L'équation 3.7 est valide pour un écoulement unidirectionnel dans la direction de l'axe des x. Pour un écoulement bidimensionnel, l'accélération totale est définie par : ∂v ∂v ∂v a= + vx + vy ∂t ∂x ∂y 3.8 3.3 Classification des écoulements Les champs de vitesse peuvent être influencés par de nombreux facteurs notamment : • • • • Propriétés des fluides (ex. : viscosité) La présence de tourbillons Fluctuations des débits Géométrie des conduites ou canaux, etc.. Les fluides et écoulements peuvent être classifiés selon différentes catégories en relation avec les caractéristiques de leur champ de vitesse. Il existe de multiples façons de catégoriser les écoulements. Les principales catégories sont discutées ci-dessous. CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 3-6 Chapitre 3 : Conservation de la masse 3.3.1 Visqueux vs non visqueux (Idéal vs non-idéal) Pour un écoulement en conduite, les caractéristiques du champ de vitesse pour des écoulements visqueux et non visqueux sont les suivantes : • • • Fluide visqueux (réel) Profil de vitesse non-uniforme Forces de cisaillement présentes Vitesse à la paroi nulle • • • Fluide non-visqueux (idéal) Profil de vitesse uniforme Forces de cisaillement absentes Vitesse à la paroi ≠ 0 Un fluide non-visqueux aussi appelé fluide idéal est une représentation d'un fluide sans viscosité. Un fluide idéal n'oppose aucune résistance à l'écoulement. En réalité, tous les fluides sont visqueux, mais plusieurs fluides ont une faible viscosité (tels que l'eau) et l'utilisation du concept de fluide idéal en ingénierie permet d'émettre des hypothèses simplificatrices et de résoudre plusieurs problèmes pratiques. L'équation de Bernoulli qui sera présentée plus loin est une des plus importantes utilisations du concept de fluide idéal. 3.3.2 Laminaire vs turbulent Une des plus importantes classifications du champ de vitesse est celle qui permet de séparer les écoulements turbulents et laminaires. Un scientifique anglais, Osbourne Reynolds, fut le premier à démontrer en 1883 qu'il existe deux types différents d'écoulement. À faible vitesse, l'écoulement se fait de manière ordonnée et les lignes de courant demeurent parallèles les unes aux autres. Une particule à flottabilité neutre relâchée dans l'écoulement suivrait une trajectoire lisse et douce. Ce régime d'écoulement est qualifié de laminaire. À plus grande vitesse, l'écoulement devient plus chaotique et de nombreux tourbillons deviennent observables. La vitesse en tout point de l'écoulement oscille autour de la vitesse moyenne. Ce régime d'écoulement est appelé turbulent. Les diagrammes suivants illustrent les caractéristiques principales de ces deux régimes : CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 3-7 Chapitre 3 : Conservation de la masse v t Écoulement laminaire v t Écoulement turbulent Outre la vitesse d'écoulement, Reynolds observa que le régime d'écoulement était aussi influencé par la viscosité du fluide et la proximité d'une paroi comme une conduite ou le lit d'une rivière. Utilisant une technique appelée analyse dimensionnelle, Reynolds démontra que la transition entre les régimes laminaires et turbulents pouvait être définie pour tous les fluides par le paramètre suivant : Vl Dl ρ 3.9 µ où V l et D l sont respectivement une vitesse et une distance caractéristiques de l'écoulement et ρ et µ sont respectivement la masse volumique et la viscosité dynamique du fluide. Pour un écoulement en conduite, on choisit logiquement comme valeurs caractéristiques la vitesse moyenne de l'écoulement V et le diamètre de la conduite D et on peut définir le nombre de Reynolds par: Re = VD ρ µ = VD υ avec υ = µ ρ 3.10 Pour un écoulement en conduite si : • • Re < 2000, l'écoulement est laminaire Re > 2000, l'écoulement est turbulent Pratiquement parlant, la turbulence complète n'est souvent atteinte qu'à un nombre de Reynolds beaucoup plus grand que 2000 soit de 4000 à 8000. On parle alors parfois d'écoulement CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 3-8 Chapitre 3 : Conservation de la masse transitoire. Le passage de la turbulence à l'écoulement laminaire est par contre toujours très net à un nombre de Reynolds de 2000. Le nombre de Reynolds exprime essentiellement le rapport des forces d'inertie (VD) aux forces de viscosité υ du fluide. Un fluide ayant une grande inertie et une faible viscosité sera turbulent. Le même fluide avec une très faible inertie ou un fluide avec une plus grande viscosité sera en écoulement laminaire. Le régime d'écoulement à une grande importance en ingénierie puisque chaque mouvement désordonné du fluide requiert de l'énergie pour lutter contre la viscosité. Les écoulements turbulents dissipent donc plus d'énergie que les écoulements laminaires. En pratique, pour la très grande majorité des applications en génie civil, les écoulements sont turbulents. 3.3.3 Permanent vs non permanent Un écoulement permanent ou stationnaire est un écoulement dont les propriétés ne changent pas dans le temps. ∂ (v,Q,A,d,ρ ,µ ...) = 0 ∂t 3.11 Notez que la dérivée est partielle et que les propriétés de l'écoulement peuvent changer dans l'espace, mais qu'en tout point, ces caractéristiques (peu importe leur valeur) sont constantes. Au sens strict, tous les écoulements sont non permanents (non stationnaires) mais dans la majorité des cas en ingénierie, la variation temporelle est suffisamment lente pour que l'on puisse considérer l'hypothèse d'un écoulement permanent. Cas 1: Suite à une averse, la vitesse moyenne d'un cours d'eau au niveau d'un pont passe de 0.5 m/sec à 1 m/sec sur une période 5 heures. Bien que ce cas soit strictement parlant non permanent, l'accélération locale est égale à 2.8x10-5 m/sec2 ce qui est extrêmement faible. Si on s'intéresse à la force de l'écoulement sur le pont, on peut considérer les cas à 0.5 et 1 m/sec comme permanents. L'accélération locale de l'écoulement est tellement faible qu'elle n'a aucun effet dynamique. Cas 2: Suite à des pluies torrentielles, un bris de barrage entraîne une augmentation de vitesse de l'écoulement dans une rivière de 0.5 m/sec à 10 m/sec sur une période 5 minutes. Dans ce cas-ci, l'accélération locale est plus de 1000 fois supérieure au cas précédent. L'accélération locale de l'écoulement devient significative et toute application devra considérer l'écoulement comme non permanent. CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 3-9 Chapitre 3 : Conservation de la masse 3.3.4 Uniforme vs non uniforme Un écoulement uniforme est un écoulement dont les propriétés ne changent pas dans l'espace. ∂ ∂ x,y,z (v,Q,A,d,ρ ,µ...) = 0 3.12 Un écoulement dans une conduite de diamètre constant est un exemple d'écoulement uniforme. Dès que la section d'écoulement change (diamètre pour une conduite, profondeur ou largeur pour un écoulement à surface libre) l'écoulement est nécessairement non uniforme. Toutes les combinaisons suivantes sont théoriquement possibles : • • • • Permanent et uniforme Permanent et non uniforme Non permanent et non uniforme Non permanent et uniforme D’un point de vue pratique, la dernière combinaison (non permanent uniforme) n’est possible que dans une conduite. En ingénierie, la très grande majorité des applications sont reliées à des cas permanents et non uniformes. 3.3.5 Fluvial (sous-critique) vs torrentiel (supercritique) La distinction entre les écoulements fluvial et torrentiel est fondamentale pour les écoulements à surface libre. Ces écoulements seront vus en détails dans le cours CTN-426 Hydraulique et hydrologie. La distinction est basée sur un nombre sans dimensions appelé nombre de Froude défini ainsi pour un écoulement à deux dimensions : Fr = v gy 3.13 où v est la vitesse moyenne de l’écoulement et y sa profondeur. Le terme gy représente la vitesse de déplacement d’une onde de perturbation dans l’écoulement (les ondes faites par un caillou lancé dans une rivière ou un lac par exemple). Le nombre de Froude est donc le ratio de la vitesse de l’écoulement sur celle des ondes de perturbation. Si le nombre de Froude est plus grand que 1, l’écoulement est dit torrentiel ou supercritique. Il est appelé fluvial ou sous-critique si le nombre de Froude est inférieur à 1. L’écoulement est critique si le nombre de Froude est égal à 1. CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 3-10 Chapitre 3 : Conservation de la masse 3.4 Le théorème de transport Le théorème de transport permet de relier la notion de volume de contrôle couramment utilisée en ingénierie à celle de système à partir duquel les lois générales de conservation de la masse et de l'énergie sont dérivées. 3.4.1 Notions de volume de contrôle et de système Plusieurs problèmes pratiques en mécanique des fluides requièrent d'analyser un comportement dans un espace défini. Cette approche permet de bien définir l'ensemble des forces agissant sur le volume de contrôle et s'apparente en quelque sorte à l'analyse de problèmes en physique statique. Par exemple, sur le diagramme ci-haut, si on s'intéresse à la force exercée sur la vanne, il est pratique d'analyser les forces en jeu à l'intérieur du volume en traits pointillés. Ce volume est appelé un volume de contrôle. Plus spécifiquement, un volume de contrôle est un volume fixe dans l'espace au travers duquel circule un fluide. Le choix du volume de contrôle est fait par l'analyste en fonction de la géométrie du problème et de son expérience. Toutefois, la mécanique des fluides repose sur un ensemble de lois qui s'appliquent à un système. Un système est une quantité donnée de matière (fluide). Les lois dérivées dans la première partie de ce cours, à savoir les lois de la conservation de la masse et de l'énergie s'appliquent à un système et non pas à un volume de contrôle. Prenons par exemple un verre rempli d'eau. En tant qu'ingénieur, il est très logique de s'intéresser à ce verre en tant que volume de contrôle. Or, à l'intérieur de ce volume de contrôle, ni la masse ni l'énergie ne sont conservées! En effet, l'eau peut s'évaporer et perdre ou faire un gain d'énergie par transfert de chaleur avec le milieu environnant. Évidemment, avec l'approche systémique qui consiste à suivre l'ensemble des molécules d'eau contenues initialement dans le verre, les lois énoncées plus tôt s'appliquent exactement. Aux fins d'ingénierie, il incombe donc de relier ces deux approches. Le théorème de transport est utilisé à cette fin. CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 3-11 Chapitre 3 : Conservation de la masse 3.4.2 Dérivation simplifiée du théorème de transport Le théorème de transport est basé sur le suivi d'un paramètre physique dans un volume de contrôle et dans un système. Ce paramètre physique sera dénoté par B lorsque sous forme extensive, ou par b lorsque sous forme intensive (/kg de fluide). Ce paramètre physique peut être plusieurs choses, mais le plus souvent ce sera : • • • La masse du fluide m L'énergie cinétique du fluide 0.5mv2 Le momentum du fluide mv Considérons la conduite avec élargissement suivante : I II Volume de contrôle fixe = système au temps t Système au temps t + ∆t (le volume de fluide s'est déplacé) I Nouvelle masse entrée dans le volume de contrôle durant ∆t II Masse sortie du volume de contrôle durant ∆t Durant l'intervalle de temps ∆t le système (composé d'une masse fixe de fluide) s'est déplacé et le volume de contrôle (VC) est resté fixe. Au temps t: Bsys (t) = BVC (t) 3.14 Avec • • B sys (t) = quantité du paramètre B (masse, énergie ou autre) dans le système B VC (t) = quantité du paramètre B dans le volume de contrôle VC Au temps t + ∆t: Bsys (t + ∆t) = BVC (t + ∆t) + BII (t + ∆t) - BI (t + ∆t) CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 3.15 3-12 Chapitre 3 : Conservation de la masse Le taux de variation du paramètre dans le système dans le temps est donné par : ∆Bsys ∆t = Bsys (t + ∆t) -Bsys (t) ∆t 3.16 En substituant les équations 3.14 et 3.15 dans le côté droit de 3.16, on obtient : ∆Bsys ∆t = BVC (t + ∆t) -BVC (t) B (t + ∆t) BI (t + ∆t) + II ∆t ∆t ∆t 3.17 Et de façon simplifiée, on obtient le théorème de transport : ∆Bsys ∆t = ∆BVC B B + II - I ∆t ∆t ∆t 3.18 Textuellement ceci indique que le taux de changement du paramètre B dans le système est égal au taux de changement du même paramètre B dans le volume de contrôle additionné de la quantité du paramètre B sorti du volume de contrôle dans l'intervalle ∆t et soustrait de la quantité du paramètre B entré dans le volume de contrôle durant le même intervalle. Sous forme différentielle, lorsque l'intervalle de temps ∆t tend vers 0, on peut réécrire le théorème de transport par : dBsys dt = • • dBVC + Bout - Bin dt 3.19 où les deux derniers termes représentent les débits (/sec) sortant et entrant du volume de contrôle. 3.5 La loi de la conservation de la masse La loi de la conservation de la masse exprime simplement qu'un système ne perd ni ne gagne de masse ou encore: dmsys = 0 3.20 dt Ce principe de conservation de la masse est partie intégrante de la physique newtonienne et origine de Lavoisier (1776) qui énonça son fameux « rien ne se perd, rien ne se crée ». Une exception concerne la transformation de masse en énergie telle qu'énoncée par la simple équation E=mc2 de Einstein. CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 3-13 Chapitre 3 : Conservation de la masse 3.5.1 Équation de la conservation de la masse Le paramètre physique B est donc représenté par la masse m, et en incorporant 3.20 à 3.19 on peut énoncer le principe de conservation de la masse pour un volume de contrôle par: • • dm VC = min - m out dt 3.21 Textuellement, la variation de masse à l'intérieur d'un volume de contrôle est égale à la masse qui entre dans le VC moins la masse qui en sort. 3.5.2 Concepts du débit massique et de la vitesse moyenne d’écoulement Le débit massique est représenté en kg/sec par : • m = ρQ 3.22 où Q est le débit volumique exprimé en unités de volume par unité de temps, généralement en m3/sec ou en litres/sec. On peut exprimer le débit volumique par le produit de l'aire de la section d'écoulement et de la vitesse moyenne : Q=vA 3.23 ou encore • m = ρ vA 3.24 Compte tenu de la viscosité et de la présence de parois, un gradient de vitesse existe et la vitesse moyenne est définie par l'intégrale suivante : v= 1 A ∫ v dA 3.25 A et donc, on peut finalement écrire : • m =ρ ∫ v dA 3.26 A Finalement en substituant 3.22 à l’intérieur de 3.21 et en notant que m=ρV, où V est le volume, on retrouve, pour un fluide dont la masse volumique ρ est constante : CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 3-14 Chapitre 3 : Conservation de la masse dV = Qin − Qout dt 3.27 L’équation 3.27 représente la forme volumique de l’équation de conservation de la masse et elle est valide pour tous les liquides (incompressibles) et pour un gaz pourvu que la masse volumique soit constante (ce qui est rarement le cas). Cette équation dit que le taux de variation de volume (m3/sec) à l’intérieur d’un volume de contrôle est égal à la différence entre les débits volumiques entrant et sortant dans ce même volume de contrôle. Si le débit volumique entrant est égal au débit volumique sortant, le taux de variation du volume est nul et le volume est constant. Dans le cas où l’écoulement est permanent, les équations 3.21 et 3.27 peuvent se réduire à : m in = m out 3.28 Qin = Qout 3.29 Exemple : À partir du diagramme suivant, exprimez le gain ou la perte de masse du réservoir en kg/sec, en m3/sec et calculez la hausse ou la baisse du niveau d'eau en m/sec. Solution : V=7 m/sec A=0.0025 m2 Aire du réservoir 1 m2 0.003 m3/s CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 3-15 Chapitre 3 : Conservation de la masse Exemple : Calculez le débit massique (kg/sec), le débit volumique (m3/sec) ainsi que la vitesse moyenne dans la conduite circulaire présentant le profil de vitesse illustré ci-dessous : R v = vmax r 2 1- R vmax = 2 m/sec R = 0.1 m r varie entre 0 (au centre de la conduite) et 0.1 (à la paroi) Solution : CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 3-16 Chapitre 3 : Conservation de la masse Problèmes Problème 1 Vous relaxez dans une chaise sur le bord d’une rivière. En l’espace d’une heure, vous observez que la vitesse passe de 0.5 m/sec à 1m/sec. Calculez l’accélération locale : Rép.: 1.39x10-4 m/sec Problème 2 De l'eau circule dans une conduite de diamètre constant suivant un écoulement unidirectionnel uniforme non constant dont le champ de vitesse est donné par v = (10/t + 5) m/s. Déterminez l'accélération pour t = 1, 2 et 10 s. Rép.: i) a = -10 m/s2 ii) a = -2,5 m/s2 iii) a = -0,1 m/s2 Problème 3 La vitesse d'un fluide le long de l'axe des x change de 12 m/s au point A à 36 m/s au point B. Sachant que la vitesse est une fonction linéaire de la position le long d'une ligne de courant, déterminez l'accélération aux points A, B et C. Considérez l'écoulement comme permanent. 0.05m 0.05m Rép.: i) a(A) = 2880 m/s2 B C A ii) a(B) = 8640 m/s2 iii) a(C) = 5760 m/s2 Problème 4 Un écoulement unidimensionnel à un profil de vitesse défini en fonction du temps et de sa position comme étant égal à v = x + 0.05t. Calculez l’accélération totale de l’écoulement : i) au point x=5 à t=10. ii) ) au point x=0 à t=20 Rép.: i) 5.55 m/sec2 ii) 1.05 m/sec2 CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 3-17 Chapitre 3 : Conservation de la masse Problème 5 La vitesse moyenne de l’eau qui circule dans une conduite de 20 cm de diamètre est de 2m/sec. Calculez les débits massiques et volumiques Rép.: 62.8 kg/sec, 62.8 l/sec Problème 6 De l'eau de pluie s'écoule sur une rue inclinée décrivant ainsi un écoulement en régime permanent. Une feuille de papier à la surface se déplace à une vitesse U de 1 m/s. La section de passage de l'écoulement a une largeur de 2 m et une hauteur h = 1 cm. Calculez le débit volumique de l'écoulement pour les profils de vitesse suivants (U et h sont des constantes et y est la coordonnée perpendiculaire aux lignes de courant): i) v = U ii) v = U y/h Rép.: i) Q = 0,02 m3/s ii) Q = 0,01 m3/s Problème 7 De l'air (ρ = 1,2 kg/m3) est aspiré à 6 m/s vers un compresseur à travers une conduite de 20 cm de diamètre. L'air quitte le compresseur à une vitesse de 3 m/s à travers une conduite de 10 cm de diamètre. Calculez la masse volumique de l'air à la sortie. Rép.: ρ = 9,6 kg/m3 Problème 8 Un débit volumique de 0.1m3/sec circule dans une conduite dont le diamètre est de 900mm. Calculez la vitesse moyenne d’écoulement dans la conduite. Rép.: 0.157 m/sec Problème 9 De l'eau s'écoule à une vitesse uniforme de 3 m/s dans une conduite AB de 1,2 m de diamètre reliée à une conduite BC de 1,5 m de diamètre. Au point c) la conduite se sépare en deux parties. La première, CD a un diamètre de 0,8 m et transporte le tiers de l'écoulement total. La vitesse dans la seconde CE est 2,5 m/s . Calculez : a) le débit volumique dans AB b) la vitesse dans BC c) la vitesse dans CD d) le diamètre CE Rép.: a) Q AB = 3,393 m3/s c) V CD = 2,25 m/s D A B b) V BC = 1,92 m/s d) D CE = 1,073 m CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique C E 3-18 Chapitre 3 : Conservation de la masse Problème 10 Calculez la vitesse à la sortie de la conduite illustrée ci-dessous, sachant que le débit massique entrant est de 25 kg/sec. D=15 cm D=30 cm Rép.: 0.35 m/sec Problème 11 Calculez les débits massique et volumique de l’eau qui s’écoule au travers de la conduite suivante, de même que la vitesse à la section 2 : v= 4.5 m/sec D1=1/3 D2 D2=30 cm Rép.: 0.035 m3/s, 35 kg/sec, 0.5 m/sec Problème 12 Un réservoir s'alimente en eau par deux entrées 1 et 2. Le diamètre et la vitesse de l'écoulement de l'entrée 1 sont respectivement 10 cm et 5 m/s et le débit volumique Q 2 = 0,03 m3/s . A) Quelle est la vitesse V 3 à la sortie si le diamètre d 3 = 15 cm et si la hauteur d'eau h dans le réservoir reste constante? B) Si à t = 0s la vitesse de l'écoulement v 3 à la sortie est augmentée à 5 m/s, quelle est la vitesse de baisse du niveau d'eau dans le réservoir et quelle est la masse d'eau perdue du réservoir à t=5s, si le diamètre du réservoir est de 60 cm. Q2 = 0.03 m3/sec V1 = 5 m/sec D1 = 10 cm h Rép.: A) B1) B2) V 3 = 3,92 m/s v = dh/dt = 0,0676 m/s m = 95,5 kg CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique D3 = 15 cm 3-19 Chapitre 3 : Conservation de la masse Problème 13 De l'eau circule le long d'une conduite circulaire de 50 mm de diamètre avec une vitesse moyenne de 10 m/s et s'écoule ensuite perpendiculairement de façon radiale entre 2 disques parallèles espacés de 10 mm. Calculez la vitesse moyenne de l'écoulement à une distance radiale de 300 mm dans l'espace entre les disques. 10mm Rép.: 1,04 m/s dia = 50 mm Q Problème 14 Une entrée d'eau à 0,1 m3/s et une entrée d'alcool (s = 0,8) à 0,3 m3/s sont mélangées dans une conduite en Y. Quelle est la masse volumique du mélange à la sortie ? Rép.: 850 kg/m3 Problème 15 De l’eau s'écoule dans une conduite suivant le profil de vitesse : v = 0,6 - 15 r 2 où v est en m/s et le rayon r en m. Veuillez calculer le diamètre de la conduite. NB : la vitesse est nulle à la paroi et maximale au centre de la conduite. Rép.: D=0.4m Problème 16 Veuillez calculer le débit volumique dans le cas du problème 15. Rép.: Q = 0,0377 m3/s Problème 17 Dans une installation hydraulique, l'eau débouche à l'atmosphère à travers une conduite horizontale en Y. La vitesse des jets est de 10 m/s . Calculez les débits Q 1 , Q 2 et Q 3 ainsi que la vitesse au point 1. D=8cm Q2 Q1 D=12cm D=7cm Q3 Rép.: Q 1 = 0,088 m3/s; Q 2 = 0,05 m3/s; Q 3 = 0,038 m3/s; v 3 = 7.83 m/sec CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 3-20 Chapitre 3 : Conservation de la masse Problème 18 Dans un canal rectangulaire, la vitesse moyenne est de 5m/s. Si la largeur du canal est de 10 m et que sa profondeur est de 1.5 m, quel est le débit d'écoulement en m3/s? Rép.: 75 m3/s Problème 19 Lors d'une opération d'éclusage, l'eau entre dans l'écluse par 200 ouvertures pratiquées le long de celle-ci. Chaque ouverture possède une largeur de 2 pieds et une longueur de 2 pieds. L'écluse fait 900 pieds de longueur et 85 pieds de largeur. L'écluse est conçue de manière à ce que la surface de l'eau monte à une vitesse maximale de 5 pieds/minute. Pour cette condition particulière, quelle serait la vitesse moyenne de l'écoulement dans les ouvertures? Rép.: v= 7,97 pieds/sec. Problème 20 Le canal ci-dessous possède une largeur de 2 mètres. Pour la distribution de vitesse montrée, quel serait le débit d'écoulement dans le canal si la profondeur d'eau est de 1 mètre. v = 10(e y - 1) 1m y 3 30o Rép.:Q = 14.37 m /s Problème 21 Est-ce que le réservoir cylindrique dont le diamètre est de 6 pieds et qui est présenté cidessous se vide ou se remplit? À quel taux le niveau d'eau monte-t-il ou s'abaisse-t-il dans le réservoir? Dia = 6 pieds Dia = 3 pouces V=4 pi/s Dia = 4 pouces V=10 pi/s Dia = 6 pouces V=7 pi/s Rép.: Le niveau baisse à la vitesse de 0,0247 pi/s CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 3-21 Chapitre 3 : Conservation de la masse Problème 22 Un lac ne possédant pas d'exutoire (sortie) est alimenté par une rivière dont le débit moyen est de 28,4 m3/s. L'eau s'évapore à la surface de ce lac à raison de 0,164 m3/s par km2 de superficie de réservoir. La superficie du réservoir varie avec la profondeur selon l'équation suivante, où h est en mètres et A est en km2: A = 11,7 + 48,7 h. Quel est le niveau d'équilibre du lac? Au-dessous de quel débit le lac va-t-il s'assécher? Rép.: h = 3,32 m Q = 1,92 m3/s Problème 23 Une rivière se décharge dans le réservoir montré ci-dessous à un débit moyen de 400 000 pi3/s. La sortie du réservoir se fait au travers de conduites d’amenée qui amènent l’eau à une centrale de production hydroélectrique. Sachant que le débit à la sortie est de 350 000 pi3/s et que le réservoir possède une superficie de 40 mi2, au bout de combien de temps le niveau d’eau dans le réservoir aura-t-il augmenté de 20 pieds? Qin Qout Rép.: t= 123 heures, soit environ 5 jours Problème 24 Un jet d’eau de 10 cm de diamètre sort du réservoir circulaire ci-dessous, dont le diamètre est de 1 mètre. Supposons que la vitesse du jet soit donnée par l’équation V = (2gh)½. Combien de temps prendra le niveau d’eau dans le réservoir pour passer de h 0 =2 mètres à h = 0,50 mètre. ho Rép: 31,9 secondes CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 3-22 Chapitre 3 : Conservation de la masse CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 3-23 Chapitre 4 : Équation générale d’énergie Chapitre 4 Équation générale d’énergie Objectifs La maîtrise des notions présentées dans ce chapitre devrait vous permettre de pouvoir : • • • • • • • maîtriser le concept de conservation de l’énergie totale et de ses transformations; énumérer les différentes formes d’énergie présentes dans un fluide; calculer le travail fait par un fluide sur un volume de contrôle; saisir les étapes menant à la formulation de l’équation de Bernoulli; expliquer les limites de l’applicabilité de l’équation de Bernouilli; appliquer l’équation générale d’énergie appliquée à un écoulement uniforme en conduite; appliquer l’équation d’énergie à des problèmes pratiques d’ingénierie en négligeant les pertes de charge; CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 4-1 Chapitre 4 : Équation générale d’énergie 4.1 La première loi de la thermodynamique La première loi de la thermodynamique appliquée à un système stipule que la variation de l'énergie totale du système est égale au taux d'énergie transférée ou transmise au système sous forme de chaleur moins le taux de travail fait par ou sur le système: • • dE = Q - W dt 4.1 L'équation 4.1 est exprimée en Joules/sec (Watts). La question des échanges de chaleur sera étudiée de façon plus détaillée au chapitre 7. L'énergie peut prendre plusieurs formes, celles utilisées en mécanique des fluides sont : • • • Énergie cinétique Énergie potentielle Énergie interne associée au mouvement des molécules 4.2 L’équation générale d’énergie dérivée à partir du théorème de transport Si on utilise le théorème de transport et qu'on l'applique à l'énergie, le paramètre physique B devient: B = E = me avec e=u+ v2 + gz 2 4.2 avec l'énergie massique e exprimée en J/kg. L’énergie interne massique u, exprimée en kJ/kg, sera discutée en plus grands détails au chapitre 7 et représente la mesure de l’énergie cinétique moléculaire. Le théorème de transport qui permet de relier l'approche systémique à celle du volume de contrôle est donné (chapitre précédent) par: dBsys dt = • • dBVC + Bout - Bin dt 4.3 = • • dE VC + E out - E in dt 4.4 et devient dE sys dt CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 4-2 Chapitre 4 : Équation générale d’énergie et sous forme massique d(me)sys dt d(m(u+ = v2 +gz) VC ) • • v2 v2 2 + ∑ m j out (u+ +gz) j - ∑ mi in (u+ +gz)i dt 2 2 j i 4.5 Si on exprime le flux massique par m= ρ V (volume) • et m = ρ vA 4.6 où v est la vitesse moyenne d'écoulement et en combinant 4.1 et 4.5 on obtient : • • Q- W = d(me) VC v2 v2 + ∑ ρ jVjA j out (u+ +gz) j - ∑ ρi Vi A i in (u+ +gz)i dt 2 2 j i 4.7 Le taux de travail est le résultat d'un travail extérieur au volume de contrôle fait par ou sur le fluide (par une machine telle une pompe) ainsi que par le travail fait par le fluide entrant dans le volume de contrôle (travail fait sur le fluide du volume de contrôle) ou sortant du volume de contrôle (travail par le fluide du volume de contrôle). Ceci s'exprime par: • W = • • • Wm + Wfo - Wfi 4.8 Où les indices m, fo et fi réfèrent respectivement au travail d'une machine (positif si fait par le fluide ou négatif si fait sur le fluide), au travail fait sur le fluide sortant (positif car fait par le fluide du volume de contrôle) et au travail fait par le fluide entrant (négatif car fait sur le fluide du volume de contrôle). Pour le travail fait par les fluides entrants et sortants, puisque le travail est une force multipliée par un déplacement, que la force est la pression multipliée par l'aire et que le déplacement est égal à la vitesse moyenne du fluide par l'intervalle de temps, on peut écrire : ∆W = F · ∆x = ρA · v∆t 4.9 Et le taux de travail est simplement donné par : • W = pAv CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 4.10 4-3 Chapitre 4 : Équation générale d’énergie Le travail fait par les fluides sortants et entrants peut être exprimé par : • • Wfo - Wfi = ∑ p jA j v j - ∑ pi A i vi j 4.11 i En tant qu'ingénieurs, l'intérêt se porte naturellement sur le travail fait par une machine (pompe) ou sur une machine (turbine) et non pas sur le travail fait par le fluide sur le fluide. En incorporant 4.11, 4.8 et 4.7 on peut écrire: • • d(me) VC p v2 p v2 Q - Wm = + ∑ ρ jVjA j out ( +u+ +gz) j - ∑ ρi Vi A i in ( +u+ +gz)i dt 2 2 ρ ρ j i 4.12 L'équation 4.12 est l'équation d'énergie de base utilisée en mécanique des fluides. Dans la grande majorité des applications, on considère le régime d'écoulement permanent et l'équation précédente devient: • • v2 p v2 Q - Wm = ∑ ρ jVjA j out ( +u+ +gz) j - ∑ ρi Vi A i in ( +u+ +gz)i 2 2 ρ ρ j i p 4.13 4.3 Simplification de l’équation et application à un écoulement en conduite Supposons l'écoulement suivant, stationnaire, uniforme et incompressible à l'intérieur d'une conduite : Q Profil de vitesse 2 Z 1 pompe L'équation 4.13 appliquée au volume de contrôle défini entre les sections 1 et 2 donne : • • • Q + Wm = m ( p2 ρ +u 2 + • v22 p v2 +gz 2 ) - m ( 1 +u1 + 1 +gz1 ) 2 2 ρ CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 4.14 4-4 Chapitre 4 : Équation générale d’énergie Notez que puisque la pompe effectue un travail sur l'écoulement (donc négatif) le terme de travail devient positif. L'analyse de ce système est unidimensionnelle en ce sens que l'écoulement est considéré par sa vitesse moyenne au travers de la section d'écoulement. Toutefois, à cause de la friction sur les parois, le profil de vitesse n'est pas uniforme et l'on doit introduire un facteur de correction pour relier la vraie énergie cinétique à celle représentée par la vitesse moyenne. L'équation 4.14 s'exprime alors de la façon suivante : • • • Q + Wm = m ( p2 ρ +u 2 +α • v22 p v2 +gz 2 ) - m ( 1 +u1 +α 1 +gz1 ) ρ 2 2 4.15 Ce coefficient appelé coefficient de Coriolis peut être défini de la façon suivante. Le débit massique tel qu'exprimé à l'équation 4.6 est donné pour une portion de la surface d'écoulement dA par : • m = ρ vdA 4.16 Et le taux d'entrée d'énergie cinétique (J/sec) est donné par : • Ek = ρ vdA v 2 2 4.17 Pour la surface entière d'écoulement, on obtient : • Ek = ρ 3 v dA 2∫ 4.18 A Si l'on fait le même calcul avec la vitesse moyenne d'écoulement V on retrouve : • Ek = ρ 2 AV 3 4.19 Le coefficient de Coriolis est donc simplement défini par : 3 α = ∫ v dA A AV 3 4.20 Il est facile de démontrer que la moyenne d'éléments mis au cube est toujours plus élevée que le cube de la moyenne des mêmes éléments. Il s'ensuit donc que α est toujours plus grand que 1. Pour un écoulement laminaire on pourrait démontrer que α est égal à 2 alors que sa valeur se situe entre 1.01 et 1.1 pour un écoulement turbulent. Il est commun d'utiliser α =1 pour toutes CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 4-5 Chapitre 4 : Équation générale d’énergie les applications sauf dans les cas ou une grande précision est nécessaire. Cette approximation sera utilisée dans le cadre de ce cours. En divisant l'équation 4.15 par le débit massique et par l'accélération gravitationnelle, on obtient : • • Q + Wm • mg u 2 v22 p1 u1 v12 = ( + + +z ) - ( + + +z ) γ g 2g 2 γ g 2g 1 p2 4.21 Notez que les unités de l'équation 4.21 sont maintenant exprimées en mètres ou en équivalent de hauteur de colonne d'eau. En réarrangeant l'équation 4.21, on se retrouve avec : • v2 W p v2 ( + 1 +z1 ) + • m = ( 2 + 2 +z 2 ) + γ 2g γ 2g mg p1 (1) (2) (3) • 1 Q (u 2 -u1 )- • g m g 4.22 (4) Les termes (1) et (3) représentent l'énergie hydraulique du fluide aux sections 1 et 2. L'énergie hydraulique est composée d'un terme de pression, d'un terme d'énergie cinétique et d'un terme d'énergie potentielle tous exprimés en mètres. Le terme (2) est appelé hauteur manométrique et représente l'énergie ajoutée par la pompe en équivalent de colonne d'eau. Le terme serait négatif s'il s'agissait d'énergie enlevée à l'écoulement par une turbine. Le terme (4) représente la conversion d'énergie mécanique en énergie thermique par les forces de viscosité ainsi que la dissipation de cette énergie par transfert de chaleur vers l'extérieur. Ce terme indique que lors de tout écoulement, la friction due à la viscosité du fluide enlève de l'énergie mécanique (ou hydraulique) à l'écoulement et ceci se traduit (puisque l'énergie totale est conservée) par une augmentation de l'énergie interne de l'écoulement et possiblement par un transfert de chaleur à l'extérieur du volume de contrôle. Le terme (4) est généralement appelé 'perte de charge hydraulique' ou h f . Ce terme sera revu en détail au prochain chapitre. En peut réécrire l'équation 4.22 de façon plus simple par : H1 + h p = H 2 + h f 4.23 Où H 1 et H 2 représentent l'énergie hydraulique disponible aux sections 1 et 2, h p représente la hauteur d'énergie ajoutée par la pompe et h f les pertes d'énergie entre les sections 1 et 2 appelées pertes de charge hydrauliques. Ces pertes seront définies au prochain chapitre. Bien que les unités de 4.23 soient en mètres, il s'agit bien d'une équation d'énergie. multipliant chaque terme de l’équation 4.23 par mg, on retrouve des unités de Joules. CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 4-6 En Chapitre 4 : Équation générale d’énergie 4.4 Exemple : pompage entre deux réservoirs Soit le diagramme ci-dessous où une pompe prend de l'eau d'un réservoir bas et l'achemine vers un réservoir à un plus haut niveau. On demande de calculer la hauteur manométrique requise de la pompe (h p ) ainsi que sa puissance requise en watts. Négligez les pertes de charge. 2 80m 70m 50m 1 D=50 cm L=1000m Q=0.5m3/sec 20 m pompe En prenant un volume de contrôle tel qu'illustré en pointillé on peut réécrire l'équation 4.23 par : p1 2 2 v p v ( + 1 +z1 ) + h p = ( 2 + 2 +z 2 ) γ 2g γ 2g Si on considère que le diamètre des réservoirs est grand par rapport à celui de la conduite, les vitesses en 1 et en 2 sont négligeables et les pressions sont atmosphériques aux deux endroits. On peut donc simplifier par : h p = 80 -50 Ou encore h p = 30 m. La pompe doit donc ajouter 30 mètres d'énergie pour combattre la différence d'énergie potentielle entre les deux réservoirs. S’il y avait des pertes de charge dues à la friction, la pompe devrait fournir plus d’énergie que 30 m de façon à vaincre cette perte d’énergie. Ces concepts seront discutés au chapitre suivant. Pour la puissance : • hp = Wm • • • ou en réarrangeant: Wm (Pw ) = m ghp = ρ Qghp mg Et donc, pour la puissance en watts, on retrouve l'expression suivante : Pw = ρ Qgh p = 1000 ⋅ 0.5 ⋅ 9.8 ⋅ 30 = 147000 W = 147 kW CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 4-7 Chapitre 4 : Équation générale d’énergie 4.5 Équation d’énergie le long d’une ligne de courant : équation de Bernoulli L'équation de Bernoulli est une simplification de l'équation générale d'énergie nommée en l'honneur de son découvreur et père de l'hydrodynamique Daniel Bernoulli. L'équation de Bernoulli est obtenue en faisant les hypothèses suivantes : • • • • l'écoulement est stationnaire (permanent) l'écoulement est incompressible (masse volumique constante) les effets dus à la viscosité sont négligés (pas de perte de charge ou d'énergie, ou simplement que l'énergie interne de l'écoulement est constante) l'écoulement se fait le long d'une ligne de courant (α = 1) On obtient donc, le long d'une ligne de courant entre deux points 1 et 2 (à partir de 4.23): H1 + h m = H 2 4.24 Et si il y a absence de travail mécanique fait sur l'écoulement (pompe) ou par l'écoulement (turbine), on retrouve en détaillant le terme d'énergie hydraulique totale: ( p1 γ + v12 p v2 +z1 ) = ( 2 + 2 +z 2 ) 2g γ 2g 4.25 L'équation de Bernoulli stipule qu'en l'absence d'effets de viscosité (ou lorsque ceux-ci sont négligeables) et en l'absence de travail fait sur ou par l'écoulement, l'énergie totale (énergie hydraulique totale) est conservée et est la somme d'une énergie de pression, d'une énergie cinétique et d'une énergie potentielle. Ces énergies sont exprimées en hauteur piézométrique (voir chapitre 2), c'est-à-dire en hauteur équivalente de liquide (en mètres). L'équation de Bernoulli n'est strictement parlant jamais applicable, mais elle permet de bonnes approximations dans plusieurs cas utiles. Elle permet aussi la compréhension de nombreux phénomènes en hydrodynamique. CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 4-8 Chapitre 4 : Équation générale d’énergie Exemple : De l'eau s'écoule dans la conduite horizontale illustrée ci-dessous. La pression relative à la section 1 est de 100 kPa et la vitesse est de 2 m/sec. Trouvez la pression à la section 2. Le diamètre de la conduite à la section 1 est de 10 cm et de 5 cm à la section 2. D1=10cm D2=5 cm Solution: 4.6 Quelques applications de l'équation de Bernoulli 4.6.1 Écoulement au travers d'un orifice L'écoulement d'un fluide dans un orifice, à partir d'un réservoir ou d'une conduite a plusieurs applications en ingénierie. Les orifices contrôlent entre autres la vidange de bassins de rétention ainsi que le débit dans certains regards d'égouts et conduites. 1 Soit le diagramme suivant : h 2 CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 4-9 Chapitre 4 : Équation générale d’énergie En appliquant l'équation de Bernoulli entre les points 1 et 2, considérant que la pression est atmosphérique à chaque section et que le diamètre du réservoir est grand comparativement à celui de l'orifice (v 1 est négligeable) on peut écrire : z1 = v2 2 +z 2g 2 ou encore v2 2 = z2 - z1 = h 2g on peut donc écrire pour la vitesse et le débit à la sortie de l'orifice par : v= 2g h Q = Ao 2g h 4.26 avec A o qui représente l'aire de l'orifice. En pratique toutefois, près de l'orifice, on observe un rétrécissement du jet d'eau de telle sorte que l'aire A du jet d'eau n'est pas égale à celle de l'orifice. On peut écrire A o = C d A où C d est plus petit que 1. Dépendant de la finition de la bordure de l'orifice, C d varie entre 0.6 et 0.64. La valeur de 0.6 est la plus souvent employée en ingénierie. L'équation d'orifice s'exprime donc par : Q = Cd A o 2g h 4.27 Dans le cadre de ce cours on prendra C d = 1 à moins qu'il ne soit spécifié autrement. 4.6.2 Vidange d'un réservoir Supposons un réservoir qui se vide par un orifice. s'exprimer sous la forme suivante : L'équation de continuité (3.21) peut dV = Qin - Qout dt 4.28 Où V est le volume d'eau dans le réservoir. Le débit de sortie est donné par l'équation 4.27. Si les parois du réservoir sont verticales l'aire A du réservoir est constante et le volume est donné par V = Ah (où h est le niveau d'eau dans le réservoir) l'équation 4.28 peut être réécrite sous la forme : Q - Cd A o 2gh dh = in 4.30 dt A Et si le débit d'entrée au réservoir est nul durant la vidange, on retrouve : - Cd A o 2gh dh = dt A CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 4.31 4-10 Chapitre 4 : Équation générale d’énergie Cette équation s'intègre facilement pour en arriver à une relation entre t et h. La vidange d'un réservoir se retrouve sous la forme d'une équation différentielle puisque le débit de sortie n'est pas constant, mais bien fonction du niveau d'eau dans le réservoir. Plus le niveau d'eau diminue dans le réservoir, plus le débit de sortie est faible et plus la diminution du niveau est faible. Exemple : Un réservoir cylindrique vertical dont la superficie est de 1 m2 se vide par un orifice dont l'aire est de 0.001 m2 (C d = 1). Si le niveau d'eau dans le réservoir est de 1 m, on vous demande de calculer le niveau d'eau dans le réservoir après une minute de vidange, et le temps requis pour vidanger le réservoir au complet. Solution: CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 4-11 Chapitre 4 : Équation générale d’énergie 4.6.3 Tube de Pitot Un tube de Pitot, souvent simplement appelé 'Pitot' est l'appareil le plus couramment utilisé pour faire des mesures de vitesse dans divers écoulements. L'appareil est nommé en l'honneur de son inventeur, Henri de Pitot qui testa l'appareil dans la Seine pour la première fois en août 1732. Le principe est basé sur la mesure de la pression statique et de la pression dynamique en un point d'un écoulement. Supposons l'arrangement suivant : h2 h1 Q 1 x x 2 Puisque l'écoulement est strictement horizontal, la distribution verticale de la pression est donc hydrostatique. On peut donc dire que h 1 = P 1 /γ . À l'entrée du tube 2, l'écoulement est nul et on peut aussi écrire que h 2 = P 2 /γ. Appliquons maintenant l'équation de Bernoulli sur la ligne de courant qui passe par le point 1 et qui s'arrête exactement au point 2. Ce point est appelé un point de stagnation, et l'eau qui s'écoule et qui freine brusquement en arrivant au point 2 crée une pression dynamique. Entre le point 1 et 2, comme le tube est horizontal on retrouve : v12 + γ 2g p1 = p2 γ 4.32 ou encore en remplaçant le terme P/γ par h, on retrouve v12 2g = h 2 - h1 4.33 Autrement dit, la différence de niveau entre deux tubes verticaux dont les extrémités sont respectivement perpendiculairement et dans le sens de l'écoulement est égale au terme de vitesse (v2/2g) dans l'équation d'énergie, appelée pression dynamique. La somme de la pression statique et de la pression dynamique donne la pression au point de stagnation. Les tubes de Pitot peuvent se retrouver sous plusieurs formes, mais le concept de base est toujours le même soit de comparer la pression statique et la pression au point de stagnation créée par un écoulement. Vous aurez à utiliser un tube de Pitot lors du laboratoire 2. CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 4-12 Chapitre 4 : Équation générale d’énergie 4.6.4 Cavitation La cavitation est un phénomène d'ébullition à basse pression très dommageable pour les équipements hydrauliques et particulièrement susceptible de se produire dans les pompes. Tel que vu dans la première partie du cours, l'ébullition se produit lorsque la pression de vapeur d'un liquide est égale à la pression ambiante. Pour de l'eau à la pression atmosphérique (101.3 kPa), l'ébullition est obtenue à 100oC , température à laquelle la tension de vapeur de l'eau est de 101.3 kPa. À une température normale d'utilisation, soit 20oC, la tension de vapeur de l'eau est faible, soit de 2.34 kPa. Si la pression de l'écoulement baisse sous cette valeur, une ébullition s'ensuivra et l'écoulement deviendra bi-phasique, c'est-à-dire partiellement liquide avec une multitude de bulles de vapeur d'eau. Dès que la pression se rétablira, les bulles de vapeur d'eau vont imploser très rapidement pour retourner sous forme liquide. Chaque implosion crée une forte pression dynamique locale. La fréquence très élevée de ces pressions dynamiques locales peut entraîner une détérioration rapide du matériel de la conduite ou de l'appareil dans lequel se produit le phénomène. La cavitation est susceptible de se produire entre autres : • • • dans les pompes lorsque la hauteur d'aspiration est trop élevée dans les conduites en siphon dans des rétrécissements de conduite rapide (tube Venturi) Exemple : Pour le diagramme ci-dessous, veuillez déterminer le débit Q pour lequel la cavitation se produira à la section 2 si la température de l'eau est de 20oC et que le diamètre de la section 2 est de 15 cm. ? 1 Patm = 100 kPa 5m 2 Q Solution: CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 4-13 Chapitre 4 : Équation générale d’énergie Problèmes Problème 1 De l'eau circule avec un débit de 20 litres/sec vers le bas dans une conduite circulaire de 10cm de diamètre. Sachant que la pression est de 500kPa à un niveau donné, calculez la pression 10m plus bas. Rép.: P = 598 kPa Problème 2 Un débit de 100 litres/sec d’eau circule dans une conduite horizontale. En un point 1, le diamètre de la conduite est de 15cm. Quel est le diamètre de la conduite en un point 2 en aval, sachant que la pression a augmenté de 10kPa entre le point 1 et le point 2 ? Rép.: D = 19 cm Problème 3 Une conduite circulaire longue de 5 m est inclinée vers le haut à 30o. Le diamètre passe de 10 cm à l'entrée à 15 cm à la sortie. Calculez le débit volumique d’eau si les indicateurs de pression à l'entrée et à la sortie donnent les mêmes valeurs. Rép.: Q = 61.4 l/sec Problème 4 Un raccord conique incliné vers le bas voit son diamètre passer de 1,2 m à 0,6 m sur une différence de niveau de 3 m. La pression au point le plus haut est 69 kPa. Négligeant le frottement, calculez la pression au point le plus bas pour un débit d'eau de 5,5 m3/min. Rép.: 98,5 kPa Problème 5 De l'eau à 20oC est siphonnée d'un large réservoir avec un tube de diamètre constant tel qu'illustré ci-dessous. Sachant que la pression atmosphérique est de 100 kPa calculez la vitesse de l’eau dans la conduite ainsi que la pression au point le plus élevé. 7m 4m Rép.: v=10.84 m/sec P rel =-88.2 kPa (P abs =11.8 kpa) CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 2m 4-14 Chapitre 4 : Équation générale d’énergie Problème 6 De l'eau à 20oC est siphonnée d'un large réservoir avec un tube de diamètre constant tel qu'illustré ci-dessous. Sachant que la pression atmosphérique est de 101 kPa et que la pression de vaporisation de l'eau à cette température est de 2,34 kPa, calculez la hauteur H maximale (à partir de la base du réservoir) pour siphonner l'eau en évitant la cavitation (vaporisation de l'eau). H Rép.: H = 8,06 m 2m Problème 7 Déterminez le débit volumique d'eau à travers la conduite dans un plan horizontal illustrée à la figure suivante. Le liquide dans le manomètre a une masse volumique de 900 kg/m3: 2.5 m Q 0.08 m Rép.: Q = 0.011 m3/s Problème 8 De l'eau circule dans une conduite en Y tel qu'illustré ci-dessous. Calculez la pression au point (3) si la conduite est dans un plan horizontal. 2 A3 = 0.07 m P3 = ? A1 = 0.1 m2 P1 = 400 kPa V1 = 4 m/sec A2 = 0.02 m2 P2 = 350 kPa Rép.: P 3 = 404,5 kPa CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 4-15 Chapitre 4 : Équation générale d’énergie Problème 9 De l'eau s'écoule d'un large réservoir illustré ci-dessous. Si l'on néglige toutes les pertes, déterminez le débit volumique et la pression au point (1). Les deux sorties sont à la pression atmosphérique. 7m Dia = 0.03m 4m 1 Dia = 0.05m Dia = 0.02m Rép.: Q 1 = 0.0091 m3/s ; P 1 = 57,9 kPa Problème 10 Quelle est la puissance maximale que peut générer la turbine hydroélectrique de la figure suivante. L'eau sort de la turbine à l'air libre via une conduite de 1m de diamètre. 50m 6 m/sec T Rép.: W = 2,23 MW Problème 11 Une huile de lubrification (871 kg/m3) est pompée jusqu'à une élévation de 11 m dans une conduite de 20 cm de diamètre où on mesure une pression relative de 120 kPa. Calculez la puissance fournie par la pompe pour un débit de 0,1 m3/s. On néglige toutes les pertes. 120kPa 5m 6m Rép.: Puissance = 16,7 kW CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique P 4-16 Chapitre 4 : Équation générale d’énergie Problème 12 La pression à l'entrée d'une conduite en Y est de 200 kPa et le débit est de 0,15 m3/s pour un diamètre de 20 cm. Le débit au point 2 est de 0,1 m3/s et le diamètre des conduites aux points 2 et 3 sont respectivement de 20 et 10 cm. Calculez les pressions P 2 et P 3 . La conduite est dans un plan horizontal. P3 V3 P1 V1 P2 V2 Rép.: P 2 = 206,3 kPa et P 3 = 191,1 kPa Problème 13 Calculez la hauteur h pour que les conditions soient stationnaires. Dia = 0.01 m 1m Dia = 0.02 m h Rép.: 6.25 cm Problème 14 Sachant que la conduite a un diamètre de 10 cm, on vous demande de calculer: a) la hauteur manométrique de la pompe pour que le débit soit de 60 litres/sec b) la pression à l'entrée de la pompe c) la pression à la sortie de la pompe 5m P 5m Rép.: h p =12.98 m, -78.2 kPa, 49 kPa CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 4-17 Chapitre 4 : Équation générale d’énergie Problème 15 a) Calculez le débit et la vitesse de l’eau sortants à l’air libre via une conduite de 0.5m de diamètre si la turbine est absente. b) Calculez le débit et la vitesse sachant que la turbine enlève 16m d’énergie équivalente à l’eau qui coule dans la conduite. c) Calculez est la puissance fournie par la turbine dans ce dernier cas. Rép.: a) 19.8 m/sec 3.88m3/sec b) 8.85 m/sec 1.74m3/sec c) 272.6 kW 20m T Problème 16 Calculez la pression au point 2 sachant que le débit est de 25 l/sec. Le liquide dans le manomètre est du mercure (s=13.6). Rép. : 177.9 kPa Problème 17 Une des 3 pressions indiquées sur le diagramme est incorrecte. Laquelle ? Rép. : P B =24405 Pa CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 4-18 Chapitre 4 : Équation générale d’énergie Problème 18 Sachant que la manomètre contient du mercure et que les diamètres aux sections A et B sont de 20 et 10 cm respectivement, calculez le débit d’eau circulant au travers du tube Venturi montré dans le diagramme suivant. Rép. : 57 l/sec Problème 19 Sachant que la conduite a un diamètre de 10cm, calculez la puissance requise par la pompe pour un débit de 15 l/sec, sachant que la pression relative à l’entrée de cette dernière est de -25 kPa. Rép. : 4.45 hp Problème 20 De l’eau s’écoule radialement entre deux disques situés à l’extrémité d’une conduite de 15cm de diamètre. L’espacement entre les deux disques est de 2.5 cm. Si la pression en A est de -0.3m, trouvez la hauteur de pression en B et le débit en litres/sec. Rép. : 105.4 l/sec et -0.044m CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 4-19 Chapitre 4 : Équation générale d’énergie CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 4-20 Chapitre 5 : Pertes de charge dans les conduites Chapitre 5 Pertes de charge dans les conduites Objectifs La maîtrise des notions présentées dans ce chapitre devrait vous permettre de pouvoir : • dériver l’équation générale de perte de charge; • expliquer la différence entre les caractéristiques des pertes de charge dans les écoulements laminaires et les écoulements turbulents; • distinguer les régimes laminaires et turbulents, ainsi que les régimes de turbulence lisse, rugueuse et transitionnelle; • calculer le facteur de friction f pour différents régimes d’écoulement et conduites en utilisant soit le diagramme de Moody ou les équations approximatives; • calculer les pertes de charge dues au frottement dans les conduites avec l’aide des équations de Darcy-Weisbach et Hazen-Williams; • expliquer le concept de perte de charge singulière; • calculer les pertes de charge singulières; • résoudre des problèmes de calcul de conduites en tenant compte des pertes de charge dues à la friction et aux pertes singulières; CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 5-1 Chapitre 5 : Pertes de charge dans les conduites 5.1 Introduction L'étude des pertes de charge dans les conduites est un sujet de grande importance en hydraulique. La connaissance de ces pertes est nécessaire pour la conception des systèmes de distribution d'eau potable résidentiel et industriel. Elles sont d'une importance particulière pour le calcul des débits d'incendies et s'appliquent aussi au dimensionnement de tous les systèmes de machines hydrauliques telles les pompes et turbines. Il importe donc de développer une approche permettant le calcul des pertes d'énergie lors d'écoulements en conduite. 5.2 L’équation générale de perte de charge L'équation 4.23 reproduite ici présente l'équation d'énergie entre deux sections d'une conduite. H1 + h w = H 2 + h 5.1 Si aucun travail mécanique n'est présent (on appelle alors cet écoulement en mouvement gravitaire pur), h w =0 et l'équation indique que la différence d'énergie entre les deux sections est égale à la perte de charge entre ces deux sections. On peut réécrire l'équation 5.1 par: z1 + P1 v2 P v2 + 1 = z2 + 2 + 2 + h f + hs 2g 2g ρg ρg 5.2 Les pertes de charge ont été plus précisément réécrites sous la forme de deux termes h f et h s . Les pertes de charge par friction notées par h f , sont celles dues à la friction causée par la présence des parois de la conduite. Les pertes de charge dites singulières notées par h s comprennent les pertes de charges supplémentaires causées par toutes les discontinuités présentes dans l'écoulement. Ces discontinuités, telles que les raccords, coudes ou vannes causent de la turbulence supplémentaire et entraînent donc des pertes d'énergie additionnelles. Imaginez que vous poussiez un meuble sur un plancher de bois en latte très lisse. L'énergie requise pour ce déplacement consiste à vaincre la force de friction entre le meuble et le plancher. Sur un plancher de lattes inégales, en plus de la friction, il faudrait exercer une force supplémentaire à chaque fois que le meuble heurterait une protubérance dans le plancher de bois. Il en va de même pour un écoulement dans une conduite. Les pertes de charge singulières seront abordées à la section 5.7. Pour un écoulement permanent, l'ensemble des forces qui s'exercent sur le fluide doit être égal à zéro. Considérons les forces agissant sur le fluide contenu à l'intérieur d'une conduite : CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 5-2 Chapitre 5 : Pertes de charge dans les conduites L P1 τ L'écoulement se fait de 1 vers 2, l'axe vertical est l'axe Z mg sinθ P2 mg L'équilibre des forces donne : P1A1 - P2 A 2 + mg sinθ - τ o A o = 0 5.3 où A 1,2 représente l'aire de la conduite et A o l'aire de la surface extérieure du cylindre sur laquelle la force de friction est appliquée. En détaillant les termes, on retrouve : P1 π D2 4 - P2 π D2 4 + ρg π D2 4 L sinθ - τ oπ DL = 0 5.4 En divisant tous les termes par ρgπD2/4 on retrouve : 4τ o L P1 P - 2 + L sinθ =0 ρg ρg ρ gD 5.5 Sachant que v 1 = v 2 et que sinθ = (z 1 -z 2 )/L on peut écrire : 4τ o L P1 v2 P v2 + z1 + 1 = 2 + z 2 + 2 + ρg 2g ρg 2g ρ gD 5.6 On en retire donc la relation importante : hf = 4τ o L ρ gD 5.7 Cette équation décrit la relation entre la contrainte de cisaillement causée par le frottement du à la présence de la paroi de la conduite et les autres variables. Afin de pouvoir utiliser cette relation, il importe toutefois d'avoir une description de la contrainte de cisaillement. Compte tenu de la différence fondamentale dans la nature physique des écoulements laminaires et turbulents, il faudra considérer ces cas séparément. CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 5-3 Chapitre 5 : Pertes de charge dans les conduites 5.3 Équation de perte de charge pour un écoulement laminaire De par la définition même d'un fluide, on peut écrire : τ = -µ dv dr 5.8 Pour un écoulement laminaire, on pourrait démontrer ( à l'aide des équations 5.7 et 5.8) que le profil de vitesse suit une fonction parabolique. Ceci entraîne que le profil de cisaillement (dV/dr) suit une fonction linéaire : τ v Vmoy r Cisaillement (linéaire) Vitesse (parabolique) Le profil parabolique de vitesse est de la forme : r 2 v(r) = v max 1 - R v moy = v = v max 2 5.9 La contrainte de cisaillement est obtenue par dérivation de 5.9 selon 5.8 et donne : τ = 4µ v r R2 5.10 À la paroi de la conduite r=R et en substituant cette expression à l'intérieur de l'expression générale dérivée à la section précédente (5.7), on retrouve l'expression générale des pertes de charge pour un écoulement laminaire : hf = 32µ L v ρ g D2 5.11 Cette équation n'est valide que pour un écoulement laminaire et elle est nommée équation de Hagen-Poiseuille en l'honneur des deux chercheurs allemand (1839) et français (1841) qui l'ont dérivée. CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 5-4 Chapitre 5 : Pertes de charge dans les conduites 5.4 Équation de perte de charge pour écoulement turbulent La problématique des écoulements turbulents étant difficilement attaquable d'un point de vue théorique, l'approche empirique a dû être privilégiée. Les expériences de laboratoire effectuées par Darcy et Weisbach (1850) ont démontré pour le cisaillement à la paroi une relation de la forme : τ = K v2 5.12 Cette relation indique que pour les écoulements turbulents, le cisaillement à la paroi est proportionnel au carré de la vitesse moyenne (K étant la constante de proportionnalité). Pour les écoulements laminaires, le cisaillement est proportionnel à la vitesse. En introduisant 5.12 à l'intérieur de la formule générale (5.7) on retrouve : hf = K8L v 2 ρ D 2g 5.13 En regroupant certains termes, on retrouve l'expression de Darcy-Weisbach: f L v2 hf = D 2g 5.14a où f = K8/ρ est appelé coefficient de friction. En substituant v par Q/A, on retrouve : h f = 0.0827 fLQ 2 D5 5.14b Cette dernière formule indique que la perte de charge est proportionnelle au débit au carré, et inversement proportionnelle au diamètre à la puissance 5. Bien qu'établie pour les écoulements turbulents on peut noter que l'équation de Darcy-Weisbach s'applique aussi pour les écoulements laminaires et que dans ce cas, en égalant les équations 5.14a et 5.11, on retrouve : f= 64ν 64 = Dv Re 5.15 L'équation de Darcy-Weisbach est donc universelle et applicable pour tous les écoulements. Lorsque ceux-ci sont laminaires, l'expression théorique du coefficient de friction est donnée par l'équation 5.15. Il importe maintenant d'exprimer la valeur du coefficient de friction pour les écoulements turbulents. CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 5-5 Chapitre 5 : Pertes de charge dans les conduites 5.5 Calcul du coefficient de friction f Plusieurs chercheurs se sont attaqués de façon empirique à la problématique de la détermination du coefficient ou facteur de friction. Ces travaux ont donné lieux à des résultats apparemment contradictoires et à de nombreux débats entre scientifiques. Parmi ces travaux, ceux de Blasius (1913) ont une signification particulière. 5.5.1 Équation de Blasius pour conduites lisses À la suite d’expériences empiriques, Blasius établit la forme suivante du facteur de friction : f= 0.316 Re0.25 5.16 L’aspect étonnant des travaux de Blasius est qu’ils indiquent que le facteur de friction n’est aucunement relié à la rugosité de la conduite. Il fut démontré peu après que cette équation était inadéquate pour un nombre de Reynolds supérieur à 105 et pour des conduites très rugueuses. En fait, il aura fallu attendre 17 ans pour résoudre ce problème. 5.5.2 Expérience de Nikuradse Nikurasde (1930) fit de nombreuses expériences avec des conduites enduites de sable de façon à simuler la rugosité. Anticipant que le facteur de friction dépendait à la fois du niveau de turbulence (défini par le nombre de Reynolds) et de la rugosité de la conduite, il réalisa une série d'expériences détaillées en faisant varier les deux paramètres. Il définit le paramètre de rugosité comme le ratio du diamètre des grains de sable utilisés sur celui de la conduite (k s /D). Ses résultats donnèrent ceci : CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 5-6 Chapitre 5 : Pertes de charge dans les conduites Ce comportement permet de définir plusieurs zones de comportement du facteur de friction telles qu'illustrées ci-dessous : Parmi ces zones on retrouve : • • La zone laminaire (Re < 2000). Dans cette zone le facteur de friction est donné par l'équation 5.15 et les pertes de charge sont données par l'équation de Hagen-Poiseuille (5.11) Une zone d'écoulement transitionnel (à ne pas confondre avec la zone turbulente transitionnelle) pour la zone suivante 2000 < Re < 6000. Le facteur de friction n'est fonction que de Re. Pour les trois zones suivantes, l'écoulement est complètement turbulent (Re>6000) • • • Une zone de turbulence lisse aussi appelée zone de conduite lisse. Dans cette zone, le facteur de friction ne dépend que du nombre de Reynolds. Le facteur de friction est donné par l'équation de Blasius (5.16) Une zone de turbulence rugueuse. Dans cette zone, le facteur de friction n'est fonction que de la rugosité de la conduite et n'est pas fonction du nombre de Reynolds. Une zone turbulente transitionnelle. Dans cette zone, le facteur de friction dépend à la fois du nombre de Reynolds et de la rugosité relative. Ces connaissances étant empiriques, il restait toutefois à essayer de comprendre ce comportement. CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 5-7 Chapitre 5 : Pertes de charge dans les conduites 5.5.3 Théorie des couches limites de Prandl et Von Karman Il faudra attendre les travaux fondamentaux de Prandtl et Von Karman (1930-35) sur les couches limites pour saisir les raisons de ce comportement. La couche limite est la région d'un écoulement située à proximité de la frontière d'un objet où la vitesse du fluide est réduite à cause du cisaillement causé par la frontière. À l'interface directe entre un fluide et un solide fixe, la vitesse d'écoulement est égale à zéro. Ceci indique que même pour un écoulement fortement turbulent, il existe une très mince couche de fluide où l'écoulement est laminaire. Cette très mince couche dont l'épaisseur est de l'ordre de quelques microns pour les écoulements en conduite est appelée sous-couche laminaire et son épaisseur est définie par δ. Les trois zones situées dans les écoulements turbulents dépendent de la hauteur relative des éléments de rugosité de la conduite par rapport à l'épaisseur de la souscouche laminaire. Prandtl et Von Karman identifient les relations suivantes pour le régime lisse : pour ε ≤ δ 6 ( ) - 0.8 5.17 1 D = 2 log10 + 1.14 f ε 5.18 1 = 2 log10 Re f f et pour le régime rugueux : pour ε ≥ 3δ 5.5.4 Formule de Colebrook et diagramme de Moody Le régime le plus important en hydraulique est le régime intermédiaire entre les régimes lisses et rugueux décrits par Prandtl et Von Karman. Une formule empirique pour les conduites commerciales pour la transition entre le régime lisse et le régime rugueux a été développée par Colebrook (1938) : ε 1 2.51 = -0.86 ln D + 5.19 3.7 f Re f La formule de Colebrook fonctionne aussi très bien pour les régimes lisses et rugueux. L'importante contribution de Colebrook a été de faire le lien entre les rugosités artificielles de Nikuradse (k s ) et celles des conduites commerciales (ε) qui sont beaucoup plus irrégulières. La formule de Colebrook est toutefois difficile à utiliser puisque le facteur de friction se retrouve des deux côtés de l'équation. Pour contrevenir à cette difficulté, Moody (1944) construisit un diagramme fort utile illustré à la page suivante. Ce diagramme est encore utilisé aujourd'hui bien qu’il soit voué à disparaître dû à la présence des ordinateurs et des calculatrices. CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 5-8 Chapitre 5 : Pertes de charge dans les conduites CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 5-9 Chapitre 5 : Pertes de charge dans les conduites Avec l’arrivée des calculatrices, des formules explicites approximatives ont fait leur apparition. La plus connue est la suivante : 1/ 3 106 4 ε = + f 0.0055 1 + 2 ⋅10 D Re 5.20 La formule la plus précise est probablement celle de Swamee et Jain (1976, Explicit Equations for Pipe-Flow Problems., J. Hydraulics Div., ASCE, v102, pp.657-664). Cette formule est précise à 1% ou moins de la formule de Colebrook et est beaucoup plus simple à utiliser. Elle est valide pour des rugosités relatives variant entre 10-6 et 10-2. f= 1.325 ε ln D + 5.74 3.7 Re0.9 2 5000 < Re < 108 5.21 Le calcul du coefficient de friction peut se faire à partir du diagramme de Moody, de la formule de Colebrook (5.19), ou à partir des formules explicites 5.20 et 5.21. Les quatre expriment la même relation entre le facteur de friction, la rugosité relative de la conduite et le nombre de Reynolds de l’écoulement. 5.6 Formule de Hazen-Williams Les formules présentées dans les sections précédentes sont applicables pour n'importe quel fluide. Malgré le fait qu'elles représentent le plus précisément possible la vraie nature physique du phénomène, elles sont par contre difficiles à utiliser. En conséquence, plusieurs formules empiriques spécifiques sont apparues avec le temps. Le meilleur exemple est la formule de Hazen-Williams très couramment utilisée dans l'industrie de la distribution d'eau potable. Elle est exprimée par : 1.852 3.59 hL = L CHW Q1.852 D 4.87 5.22 Où les unités sont en mètres et en secondes. Le coefficient de Hazen-Williams C HW varie de environ 50 pour une conduite très vieille et très incrustée à environ 140 pour des conduites extrêmement lisses. CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 5-10 Chapitre 5 : Pertes de charge dans les conduites La formule de Hazen-Williams n'est valide que pour de l'eau à des températures normales et pour des conduites de diamètre supérieur à 5cm et dont la vitesse moyenne est inférieure à 3 m/sec. Cette approche ne permet pas de définir explicitement les pertes de charge singulières. Le tableau ci-dessous fournit des valeurs typiques du coefficient de Hazen –Williams. 5.7 Pertes de charge singulières Les pertes de charge ont été introduites au début de ce chapitre. Les pertes de charge singulières sont négligeables lorsque les longueurs de conduites sont grandes. Toutefois, lorsque les conduites sont plus courtes ou lorsque les discontinuités sont importantes, il est nécessaire d'en tenir compte sous peine de faire d'importantes erreurs. Il importe maintenant d'en faire une description permettant la résolution de problèmes d'ingénierie. À chaque fois que la vitesse d'un écoulement est altérée par la présence d'un obstacle, des tourbillons de courant se forment résultant en une perte d'énergie supplémentaire. Ces pertes sont plus importantes lorsque les écoulements décélèrent que lorsqu'ils accélèrent. Ceci est illustré dans une conduite convergente divergente, telle que vue lors du laboratoire 2. La perte de charge varie selon la nature de la discontinuité et selon le niveau de fini produit par le manufacturier. Deux coudes de 90o n'auront pas nécessairement la même perte de charge. Le rayon de courbure, le fini de l'intérieur du coude de même que la qualité des raccords auront une influence sur la perte de charge. Compte tenu de toutes ces variations, une approche empirique est utilisée et la perte de charge singulière est définie par : CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 5-11 Chapitre 5 : Pertes de charge dans les conduites hs = ks v2 2g 5.23 où k s est appelé coefficient de perte de charge singulière. Le tableau suivant donne un ordre de grandeur pour k s pour les cas suivants (mais ces valeurs peuvent varier, parfois même largement pour les raisons citées plus haut). Les valeurs réelles sont fournies par le manufacturier et même dans ces cas elles peuvent différer. Généralement, on peut toutefois considérer que les valeurs du manufacturier sont minimales. Type de discontinuité Coefficient de perte de charge (ordre de grandeur) (k s ) 10 15 0.2 1 5 25 2 Valve de type globe 100% ouverte Valve de type globe 50% ouverte Vanne porte 100% ouverte Vanne porte 75% ouverte Vanne porte 50% ouverte Vanne porte 25% ouverte Vanne d'arrêt (check valve) sens permis Vanne d'arrêt (check valve) sens contraire Té ∞ 0.4 1.5 Coude 45o Coude 90o 0.4 0.75 Exemple : Calculez les pertes de charge pour la section de conduite suivante si la vitesse est de 2 m/sec dans la conduite de petit diamètre. Le facteur de friction f est égal à 0.02 pour les deux conduites. Coude K=0.5 chaque D = 2 cm L=10 m Expansion D2/D1=2 K=5 D = 4 cm L=2 m Vanne globe 100% ouverte k=10 CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 5-12 Chapitre 5 : Pertes de charge dans les conduites Solution : Les pertes de charge singulières sont aussi parfois exprimées sous la forme de longueur équivalente de conduite. Dans ce cas, on exprime simplement que la perte de charge due à la discontinuité est égale à la perte de charge par frottement de 'x' mètres de conduite de même diamètre. Avec v2 fL v 2 hs = ks hf = 5.24 2g D 2g on pose simplement : ks = fLe D soit Le = ksD f 5.25 L'équation d'énergie est donc simplement donnée par : fL t v 2 H1 = H 2 + D 2g avec CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique L t = L+∑ ksD f 5.26 5-13 Chapitre 5 : Pertes de charge dans les conduites 5.8 Problèmes types Maintenant que les bases théoriques pour le calcul du facteur de friction sont établies, il importe de regarder comment ces notions sont incorporées à l'intérieur de calculs d'ingénierie. Trois catégories de problèmes existent : Catégorie 1 2 3 Variables connues Q,D,ε,ν,L D,ε,ν,h f,L Q,ε,ν,h f,L Variables inconnues hf Q D Un problème de catégorie 1 est direct à résoudre et se résout de façon explicite. Les deux autres catégories ne présentent pas de solution explicite et une solution numérique ou itérative sera nécessaire. En effet, si on ne connaît pas Q ou D, il est impossible de calculer le nombre de Reynolds et le coefficient de friction. Il faudra alors supposer une valeur du facteur de friction f (généralement en supposant un écoulement turbulent rugueux) et le vérifier par la suite. Si la valeur ne concorde pas, on la corrige et on recommence. Les problèmes usuels d'ingénierie sont de type 2 et surtout de type 3. En effet, généralement le débit est déterminé par la demande (municipale, commerciale, industrielle, de même que les réserves d’incendie) et les autres caractéristiques sont fonctions de la pression minimale requise et des caractéristiques géographiques du site. Il ne reste qu’à dimensionner la/les conduites. Exemple : Vous voulez transporter un débit d'eau à 20oC de 20 litres/sec dans une conduite de 10 cm de diamètre, de 100 mètres de longueur dont la rugosité absolue est de 0.01 mm. Quel devrait être le niveau d'eau minimum dans le réservoir ? h 100 m Solution : CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 5-14 Chapitre 5 : Pertes de charge dans les conduites Exemple : Vous voulez transporter un débit d'eau à 20oC de 100 litres/sec dans une conduite de 100 mètres de longueur dont la rugosité absolue est de 0.01 mm. Sachant que le niveau d'eau est de 5 mètres dans le réservoir, trouvez le diamètre de la conduite requise. 5 100 m Solution : CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 5-15 Chapitre 5 : Pertes de charge dans les conduites Problèmes Problème 1 Une conduite à une rugosité relative égale à 0.0001. Sachant que le nombre de Reynolds de l’écoulement est égal à 106, trouvez le facteur de friction de la conduite pour cet écoulement. Rép.: f=0.0136 Problème 2 De l’eau à 20oC s’écoule dans une conduite de 150mm avec une vitesse de 2 m/sec. Sachant que la rugosité absolue de la conduite est égale à 1mm, trouvez le facteur de friction. Rép.: f=0.034 Problème 3 Dans le cas de la conduite du problème 2, veuillez calculer la perte de charge engendrée par cet écoulement si la conduite à une longueur de 100m. Rép.: hf = 4.6 m Problème 4 Un débit de 50 l/sec s’écoule dans une conduite de 30 cm de diamètre. Si la rugosité absolue de la conduite est égale à 0.1mm et que la longueur de cette dernière est de 200m, calculez la perte de charge totale (l’eau est à 20oC). Rép.: f=0.018, Re=2.1x105, hf = 0.31 m Problème 5 Dans le cas de la conduite du problème 4, calculez la nouvelle perte de charge si la température de l’eau est à 4oC. Rép.: f=0.019, Re=1.34x105, hf = 0.32 m (l’impact de la température est minimal) Problème 6 Toujours dans le cas de la conduite du problème 4, calculez la nouvelle perte de charge si le diamètre de la conduite passe de 30 à 15cm. Rép.: f=0.019, Re=4.23x105, hf = 10.3 m (l’impact du diamètre est critique) CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 5-16 Chapitre 5 : Pertes de charge dans les conduites Problème 7 De l’eau à 20oC est en écoulement dans une conduite horizontale sur une longueur de 10 m avec un débit de 0.01 l/s. Calculez la chute de pression dans la conduite sachant que l’écoulement est laminaire et que le diamètre de la conduite est de 1cm . Rép.: 0.408 kPa Problème 8 De l’eau à 20oC s’écoule selon le diagramme suivant. La conduite a un diamètre de 300mm et sa rugosité absolue est de 0.5mm. Sachant que le débit voulu est de 100 l/sec, calculez le niveau minimal du réservoir : h 500 m Rép.: f=0.023, h=4.0m Problème 9 Pour le système représenté ci-dessous, de l'eau à 90oC est en écoulement permanent dans une conduite en acier commerciale. On néglige les pertes d'énergie à l'entrée de la conduite. La sortie de la conduite est à l'air libre. e = 0,046 mm Calculez le débit si H = 1,22 m, D = 17,2 cm, d = 0,32 cm et L = 1,22 m H d D L Rép.: Q = 9,09 x 10-6 m3/s CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 5-17 Chapitre 5 : Pertes de charge dans les conduites Problème 10 De l'eau à 20oC est aspirée d'un bassin d'irrigation vers un autre bassin par le biais d'une conduite de 50 mm de diamètre et sur une longueur de 1,8 m comme l'indique le diagramme suivant. La rugosité absolue de la conduite est de 0,20 mm. Les coefficients de singularité de chacun des coudes sont de 0,4, et ceux à l'entrée et la sortie de la conduite sont de 0,8 et 1,0, respectivement. Déterminez le débit de l'eau dans la conduite. conduite 13 cm Rép.: Q = 1,62x10-3 m3/s Problème 11 Une turbine comme le montre la figure suivante extrait de l'eau une puissance 37,3 kW. La conduite de transport a un diamètre, une longueur et un coefficient de friction de 30,5 cm, 91,5 m et 0,02, respectivement. Les pertes par singularité sont négligeables. Déterminez le débit à travers la conduite et la turbine. Z1=27m T Z2=0m Rép.: Q = 0,55 m3/s ou Q = 0,15 m3/s (physiquement il ne peut y avoir qu'une seule réponse comme cela sera vu en CTN-426) Problème 12 Deux réservoirs d'eau à 20oC sont reliés par une conduite d'acier galvanisé (e = 0,15 mm) de 75 mm de diamètre. Le réservoir du haut est ouvert à l'atmosphère et celui du bas est pressurisé à 70 kPa au-dessus de la pression atmosphérique. On néglige les pertes de singularité. Déterminez le sens de l'écoulement et calculez le débit volumique. 7m 6m 15m 4m Rép.: Q = 1,53x10-2 m3/s CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 5-18 Chapitre 5 : Pertes de charge dans les conduites Problème 13 La pompe illustrée ci-dessous fournit une puissance de 45 kW causant ainsi un écoulement de 0,04 m3/s. Calculez le nouveau débit si la pompe est retirée du système. Considérez f = 0,016 et négligez les pertes de singularité. d=60mm l=30m f=0.016 d=40mm P Rép.: Q = 1,49x10-2 m3/s Problème 14 Lorsque le robinet est fermé, l'eau s'écoule de A vers B telle qu'illustrée ci-dessous. Quel est le débit d'eau dans le réservoir B si le robinet est ouvert et l'eau s'écoule aussi vers C. Négligez toutes les pertes de singularité et considérez f = 0,02 et D = 0.1m pour toutes les conduites. (N'oubliez pas que l'équation d'énergie doit s'appliquer le long d'une ligne de courant) A z=15m B 80m Rép.: Q=1,8x10-2 m3/sec z=0m C z=0m 40m 75m Problème 15 Une perte de pression de 700 kPa est observée dans une conduite horizontale en fer forgé (ε=0.046mm) de 10 cm de diamètre. La conduite transporte de l'huile dont la densité est de 0.9 et la viscosité cinématique est de 10-5 m2/sec. Calculez le débit à l'intérieur de la conduite. L=300 m. Rép: 0.037 m3/sec Problème 16 Vous voulez transporter 0.002 m3/sec d'eau à 20oC sur une distance horizontale avec une perte de charge maximale de 30m. Sélectionnez le diamètre minimum requis pour la conduite si ε=0.0015 mm. L=400m. Rép: 3.88 cm CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 5-19 Chapitre 5 : Pertes de charge dans les conduites Problème 17 Vous voulez transporter un débit de 20 litres/sec au travers de la conduite de 10 cm de diamètre présentée ci-dessous. La rugosité absolue de la conduite est de 0.01 mm. Les coefficients de perte de charge singulière sont : chaque coude = 0.7, entrée = 0.1. a) calculez la puissance nécessaire en négligeant toutes les pertes de charge. b) calculez la puissance nécessaire de la pompe en tenant compte des pertes de charge. Rép.: a) 2.7 hp b) 3.3 hp 8m El. 20 m El. 10 m 12 m 1m P 1m 1m 2m Problème 18 Calculez le débit au travers de la conduite illustrée ci-dessous : 3 km 100 m D = 20 cm f = 0.015 Rép.: 0.092 m3 /sec CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 5-20 Chapitre 5 : Pertes de charge dans les conduites Problème 19 Pour le problème précédent, afin de réduire le débit, vous installez une vanne à l'extrémité basse de la conduite. Sachant que le coefficient de perte singulière de la vanne est donné par l'équation suivante k s = e100/(100-%fermeture)), trouvez le % de fermeture de la vanne nécessaire pour ramener le débit à : a) 50 litres/sec, b) 10 litres/sec Rép.: a) 84% b) 90% Problème 20 Sachant que le diamètre de la conduite est de 10 cm et que sa rugosité absolue est de 0.01 mm, trouvez le débit véhiculé par la conduite si la température de l’eau est de 20ºC. 100 m 5 Rép : 18.3 litres/sec. Problème 21 Pour le problème précédent, la conduite commence à rouiller; ce qui a pour effet d'augmenter la rugosité absolue à une valeur de 2 mm. Calculez le nouveau débit véhiculé par la conduite. Le diamètre interne de la conduite est inchangé. Rép.: 11 litres/seconde Problème 22 Toujours pour le même problème, quel diamètre de conduite serait nécessaire pour ramener le débit original de 18.3 litres/sec en supposant une conduite rouillée (rugosité absolue de 2 mm). Rép.: 12 cm de diamètre CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 5-21 Chapitre 5 : Pertes de charge dans les conduites CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 5-22 Chapitre 6 : Équation de la quantité de mouvement Chapitre 6 Équation de la quantité de mouvement Objectifs La maîtrise des notions présentées dans ce chapitre devrait vous permettre de pouvoir : • décrire conceptuellement et mathématiquement la deuxième loi de Newton; • expliquer l’importance de la deuxième loi de Newton sur les fluides en mouvements; • saisir l’importance de la nature vectorielle du champ de vitesse sur les forces engendrées par ce dernier; • définir un volume de contrôle et d'indiquer les forces externes agissant sur le volume; • formuler l'équation de la quantité de mouvement selon l’approche du volume de contrôle; • calculer les forces engendrées par des fluides en mouvement. CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 6-1 Chapitre 6 : Équation de la quantité de mouvement 6.1 Équation de la quantité de mouvement La deuxième loi de Newton indique que tout changement de momentum (quantité de mouvement) d'un système en mouvement est le résultat d'une force nette appliquée sur ce système. Si on prend comme exemple un changement de direction de 90o d'une conduite dû à un coude, le momentum de l'écoulement passe de 100% à 0 dans un axe et de 0 à 100% dans un autre axe. Le résultat est que le coude doit exercer une force sur le fluide et vice versa. Si vous essayez de bloquer le jet d'un tuyau d'incendie avec votre corps (en changeant effectivement la vitesse et la direction de l'écoulement), vous devrez offrir une force très importante pour rester en position. L'équation de la quantité de mouvement est la dernière équation fondamentale en mécanique des fluides et elle traite des forces engendrées par le mouvement des fluides. Ces forces sont importantes pour plusieurs applications en ingénierie. 6.1.1 Dérivation à partir du théorème de transport Si on utilise le théorème de transport et qu'on l'applique à la quantité de mouvement, le paramètre physique B devient : B = mv 6.1 avec la quantité de mouvement exprimée en kg-m/sec . Le théorème de transport qui permet de relier l'approche systémique à celle du volume de contrôle est donné (chapitre 3) par : dBsys dt = • • dBVC + Bout - Bin dt 6.2 et devient d ( mv )sys dt = d ( mv )VC dt • • + m v - m v out in 6.3 Si le volume de contrôle contient plusieurs entrées et sorties, on peut réécrire 6.3 sous la forme suivante : d ( mv )sys dt = d ( mv )VC dt + • • m v ∑ out ∑ m v in CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 6.4 6-2 Chapitre 6 : Équation de la quantité de mouvement L'énoncé du deuxième principe de Newton est donné par : d ( mv )sys = dt ∑F ext/sys 6.5 et exprime que la variation de momentum du système est le résultant de forces extérieures agissant sur le système. L'équation 6.5 exprime aussi la nature vectorielle du phénomène. En combinant les équations 6.4 et 6.5 on obtient : d ( mv )VC + ∑ Fext/sys = dt ∑ m v • out • - ∑ m v in 6.6 Comme mentionné dans les chapitres précédents, pour la majorité des applications en ingénierie, le cas stationnaire est celui d'intérêt. On peut donc écrire, pour un écoulement stationnaire : ∑F ∑ m v • ext/sys = out • - ∑ m v in 6.7 Ainsi donc, la sommation des forces agissant sur le liquide à l'intérieur du volume de contrôle est égale à la différence entre les débits massiques de momentum sortant et entrant du volume de contrôle. On doit noter que de façon similaire à ce qui a été fait au chapitre 4, on devrait ajouter un facteur de correction au terme de vitesse pour tenir compte de la distribution non uniforme de la vitesse aux entrées et sorties du volume de contrôle. Ce coefficient appelé coefficient de Boussinesq peut être défini de façon très similaire au coefficient de Coriolis défini au chapitre 4. Sachant que le débit massique est donné pour une portion de la surface d'écoulement dA par : • m = ρ vdA 6.8 et le taux d'entrée de momentum est donné par : • m v = ρ vdA v 6.9 Pour la surface entière d'écoulement, on obtient : • 2 m v = ρ ∫ v dA 6.10 A Si l'on fait le même calcul avec la vitesse moyenne d'écoulement V on retrouve : • 2 mv =ρ AV CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 6.11 6-3 Chapitre 6 : Équation de la quantité de mouvement Le coefficient de Boussinesq est donc simplement défini par : 2 v ∫A dA β = AV 2 6.12 Il est facile de démontrer que la moyenne d'éléments mis au carré est toujours plus élevée que le carré de la moyenne des mêmes éléments. Il s'ensuit donc que β est toujours plus grand que 1. Comme nous sous-entendons pratiquement toujours l'utilisation de la vitesse moyenne d'écoulement, l'équation 6.7 devrait être écrite de la façon suivante : ∑ β m v • ∑F ext/sys = out • - ∑ βm v in 6.13 Pour un écoulement laminaire dans une conduite circulaire, on peut montrer que β = 4/3. Pour les écoulements turbulents en conduite, β varie entre 1.005 et 1.05. En pratique, on choisira β=1 pour la très grande majorité des applications en ingénierie. 6.1.2 Formulation dans le système cartésien Compte tenu de la nature vectorielle du système, on peut réécrire l'équation 6.13 dans le système cartésien : • • m v ∑ x out ∑ m v x in • • ∑ Fy = ∑ m v y out - ∑ m v y in • • ∑ Fz = ∑ m vz out - ∑ m vz in ∑ Fx = 6.14a 6.14b 6.14c En explicitant directement le débit massique par ρQ on peut directement écrire : ∑F x = ∑ ( ρ Qv ) ∑ ( ρ Qv ) - ∑ ( ρ Qv x )in 6.15a y out - ∑ ( ρ Qv y ) 6.15b z out - ∑ ( ρ Qv z )in x out ∑F = ∑ F = ∑ ( ρ Qv ) y z in 6.15c Dans beaucoup d'applications, il n'y a qu'une seule entrée et une seule sortie et les équations précédentes se résument à : CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 6-4 Chapitre 6 : Équation de la quantité de mouvement ∑F = ( ρ Qv x )out - ( ρ Qv x )in 6.16a ∑F = ( ρ Qv ) 6.16b ∑F = ( ρ Qv z )out - ( ρ Qv z )in x y z y out - ( ρ Qv y ) in 6.16c 6.1.3 Forces externes Les forces agissant sur le fluide contenu à l'intérieur du volume de contrôle sont généralement l'une des suivantes : • • • Forces de pression transmise au travers du fluide Forces de la frontière physique transmise au solide Force gravitationnelle Considérons le réducteur illustré ci-dessous faisant partie d'une conduite : Choisissons comme volume de contrôle la section conique du réducteur délimitée par les deux lignes pointillées. Afin d'identifier toutes les forces impliquées, un diagramme des corps libres est présenté sur le diagramme suivant : Fy Fx P2A2 P1A1 mg Toutes les forces sont représentées selon leur direction correcte sauf pour les forces Fx et Fy du réducteur agissant sur le fluide qui sont présentées selon la direction positive de leur axe traditionnel. Les forces dues à la pression sont toujours dirigées vers le volume de contrôle. Voyons l'exemple suivant. CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 6-5 Chapitre 6 : Équation de la quantité de mouvement Exemple Pour le réducteur présenté ci-haut, calculez la direction et la magnitude des forces Fx et Fy sachant que, P1=50 kPa, D1=10cm, D2=5cm, Volume du réducteur = 500 cm3, Q=7.85 litres/sec. Le fluide est de l'eau et l'on peut négliger les pertes de charge entre les sections 1 et 2. Solution : Selon l'axe des 'x' nous trouvons à partir de l'équation 6.16a: P1 A1 - P2 A2 + Fx = ρ Qv2 - ρ Qv1 Noter que bien qu’on ne connait pas, à priori, la direction de Fx, elle est fixée positive. On trouve avec Q/A que v 1 =1m/sec et v 2 =4m/sec. En appliquant l'équation de Bernoulli entre 1 et 2 on peut trouver que P 2 = 42.5 kPa. On pose donc: 50000 π 0.12 4 − 42500 π 0.05 2 4 + Fx = 1000 x0.00785(4 − 1) D'où on trouve F x = -285.7 N . Le signe négatif indique que la supposition d'une force vers la droite est incorrecte et que la force est dans le sens négatif (ce qui fait implicitement beaucoup de sens). Dans l'axe vertical, comme il n'y a aucun écoulement l'équation 6.16b devient : Fy - mg = 0 Et donc, le problème en est un de statique et on trouve que F y = 0.5x9.8 = 4.9N. Le signe positif indique que la direction supposée de la force est correcte. 6.2 Application à des problèmes d’ingénierie Il est facile de se laisser berner par l'apparente complexité des équations présentées plus haut. L'application des concepts développés est toutefois assez directe. Les étapes suivantes sont requises : • • • • Identification du volume de contrôle Identifier l'ensemble des forces agissant sur ce volume et les représenter de façon cartésienne Identifier les momentums entrant et sortant du volume de contrôle selon chacun des axes cartésiens Finalement, l'application des équations 6.16a à 6.16c permettra de trouver les variables manquantes. CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 6-6 Chapitre 6 : Équation de la quantité de mouvement Selon chaque axe, la force s'exerçant sur l'écoulement sera égale à la variation du momentum de l'écoulement selon cet axe (côté droit des équations), ainsi qu’à la différence entre les différences forces s’appliquant sur le volume de contrôle (côté gauche des équations). Les exemples suivants permettront de bien établir cette approche. Exemple : Calculez la force nécessaire (F x , F y ) pour maintenir en place le coude suivant dans lequel circule de l'eau. Le coude est dans un plan horizontal. La vitesse est de 3 m/sec partout dans la conduite et la pression relative de l'eau au niveau de l'ancrage est de 30 kPa. Le diamètre de la conduite est de 15 cm. L=1m ancrage Solution : CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 6-7 Chapitre 6 : Équation de la quantité de mouvement Exemple : Quelle doit être la force requise pour maintenir la plaque en place ? La plaque est soumise à un jet d'eau de 30 m/sec. V=30 m/sec F D=15cm Solution : CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 6-8 Chapitre 6 : Équation de la quantité de mouvement Exemple : Calculez la force dans le collet pour les conduites suivantes soumises au même débit. Négligez le poids de l'eau et de la conduite. . V1=3m/sec D1=300mm P1=150kPa rel. V1=3m/sec D1=300mm P1=150kPa rel. D2=150mm D2=150mm Solution : CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 6-9 Chapitre 6 : Équation de la quantité de mouvement Problèmes Problème 1 Un jet d'eau de 25 mm de diamètre sort d'un bec de sortie à une vitesse de 30 m/s. Le diamètre de la conduite est de 250 mm et la pression interne est de 500 kPa. Calculez : a) le débit volumique; b) la réaction du jet sur le bec de sortie Rép.: a) Q = 0,0147 m3/s b) R = 24,1 kN Problème 2 Une surface plane est soumise à l'impact direct d'un jet d'eau de 50 mm de diamètre à une vitesse de 18 m/s. Calculez : a) la force exercée sur la plaque au repos; b) la force sur une plaque qui se déplace dans le sens du jet à une vitesse de 6 m/s. Rép.: a) R = 636,2 N b) R = 282,7 N Problème 3 Un coude horizontal fait dévier un écoulement de 180o. Les caractéristiques de l'écoulement et de la conduite y sont groupées. À la sortie l'eau s'écoule à la pression atmosphérique. Déterminez la force nécessaire pour maintenir en place le coude illustré à la figure suivante : Section 2 D2=160mm V2 V1 Rép.: R = -8345 N (axe des x) CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique Section 1 P1=100kPa V1=2 m/sec D1=300mm 6-10 Chapitre 6 : Équation de la quantité de mouvement Problème 4 Un jet d'eau horizontal est dévié d'un angle θ = 60o sur une surface courbe dont il s'approche et s'éloigne tangentiellement. Les vitesses d'approche v 1 et de retrait v 2 sont respectivement 30 m/s et 25 m/s pour un débit massique de 0.8 kg/s. Calculez la force du jet sur cette surface et son orientation pour un système au repos. θ = 60o Rép.: R = 22,3 N θ = 69o Problème 5 Un coude horizontal fait dévier un écoulement de 45o. Les diamètres et les pressions sont respectivement de 500 mm et 40 kPa à l'entrée et de 250 mm et 23 kPa à la sortie. Calculez la grandeur et la direction de la force exercée par le fluide (ρ = 850 kg/m3) sur la conduite pour un débit de 0,45 m3/s. Rép.: R = 6362 N; θ = 31o Problème 6 Un coude convergeant fait dévier l'écoulement d'un angle de 135o dans un plan vertical. La section de passage de l'eau à l'entrée a un diamètre de 400 mm et celle à la sortie a un diamètre de 200 mm. Le volume de l'eau entre les deux sections est de 0.2 m3. Le débit de l'eau est de 0,4 m3/s et les pressions à l'entrée et à la sortie sont de 150 kPa et 90 kPa, respectivement. Calculez la force et la direction de l'eau sur le coude, illustré à la figure suivante. 135o D1=400mm D2=200mm Rép.: R = 26,0 kN; q = 8,0o CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 6-11 Chapitre 6 : Équation de la quantité de mouvement Problème 7 Un raccord a une section d'admission de 7 dm2 et une section de refoulement de 28 dm2. Le raccord installé dans un plan horizontal fait dévier le liquide selon les directions illustrées par la figure suivante. Les pressions à l'entrée et à la sortie sont de 40 kPa et de 20 kPa. Le fluide a une masse volumique de 900 kg/m3 et un débit de 400 kg/s. Calculez la force qu'exerce le fluide sur le raccord et sa direction. 30o 60o Rép.: 8,21 kN; -79,4o Problème 8 Dans une installation hydraulique, l'eau débouche à l'atmosphère à travers une conduite horizontale en Y, telle qu'illustrée à la figure suivante. La vitesse des jets est de 10 m/s et la pression relative au point 1 de 19,4 kPa. Les diamètres sont indiqués sur la figure suivante. 1) 2) Calculez les débits Q 1 , Q 2 et Q 3 . Déterminez la grandeur et la direction de la force résultante exercée sur les parois de la conduite. V2=10m/sec D2=8cm 30o D1=12cm 60o V3=10m/sec D3=7cm Rép.: 1) Q 1 = 0,0885 m3/s; Q 2 = 0,05 m3/s; 2) R = 297,7 N; θ = 15,4o Q2 CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique = 0,038 m3/s 6-12 Chapitre 6 : Équation de la quantité de mouvement Problème 9 L'écoulement illustré par la figure suivante est considéré en régime permanent. Le fluide a une densité de 0,85 et il est assujetti à la pression atmosphérique aux points 1, 2 et 3. Calculez la force nécessaire pour maintenir la boîte en place. Q3=3 m3/sec V3=1.5 m/sec 60o 45o V2=2 m/sec Q1=5 m3/sec V1=2 m/sec Rép.: F = 4182 (x) + 5718 (y) Problème 10 Un jet d'eau horizontal sort par l'orifice circulaire d'un réservoir. Le jet se bute contre une plaque verticale perpendiculaire à l'axe du jet. Une force de 2 kN est nécessaire pour maintenir la plaque en place contre la force du jet. Quel est le diamètre du jet d'eau à la sortie de l'orifice si la pression dans le réservoir au point A est de 80 kPa? x A V Rép. : 12.62 cm CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 6-13 Chapitre 6 : Équation de la quantité de mouvement Problème 11 Déterminer les composantes requises selon l'axe des x et y de la réaction externe afin de retenir la conduite qui amène le jet d'huile dans le plan horizontal. Utilisez V 1 = 90 pi/s, V 2 = 85 pi/s, Q = 2 pi3/s et S huile = 0.90. y 30o V1 x V2 Rép. : F x = -572 lbf et F y = -148 lbf Problème 12 Une plaque circulaire A, de 50 cm de diamètre, a un orifice en son centre dont les arêtes sont angulées. Un jet d'eau frappe concentriquement la plaque à une vitesse de 30 m/s. La plaque étant stationnaire, quelle est la force externe requise pour maintenir celle-ci en place si la vitesse du jet d'eau jaillissant de l'orifice est également de 30 m/s? Les diamètres des jets sont D = 10 cm et d = 5 cm. A D V d V Rép. : F = 5.3 kN CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 6-14 Chapitre 6 : Équation de la quantité de mouvement Problème 13 Une conduite, dont le diamètre est de 30 cm, possède un coude de 180o. Le débit d'eau ainsi que la pression relative dans la conduite et dans le coude sont de 0.06 m3/s et 100 kPa respectivement. Si le volume du coude est de 0.10 m3 et que le coude lui-même pèse 500 N, quelle force doit être appliquée aux brides pour maintenir le coude en place? Considérez que la pression est constante dans la conduite (pertes de charge négligeables). Rép. : F x = -14.24 kN et F y = 1.48 kN Problème 14 La pression mesurée dans le coude (à 90o) de la conduite horizontale est de 300 kPa. Si le diamètre du coude et de la conduite est de 1 m et que le débit d'eau est 10 m3/s, quelle est la composante en x de la force qui doit être appliquée au coude afin de le maintenir en place? Vx Vy Rép. : F x = -363 kN Problème 15 L'eau circulant à l'intérieur de cette conduite en ''T'' possède les caractéristiques suivantes : Q 1 = 0,25 m3/s Q 2 = 0,15 m3/s p 1 =100 kPa p 2 =70 kPa p 3 =80 kPa 3 D 1 =15 cm D 2 =10 cm D 3 =15 cm ρ =1000kg/m En considérant ces conditions, quelle est la force externe (dans les boulons ou autres dispositifs), dans le plan x-y, nécessaire pour maintenir le ''T'' en place? Q3 Q1 Rép. : F x = -3,32 kN et F y = -3,41 kN CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique Q2 6-15 Chapitre 6 : Équation de la quantité de mouvement 9-16 Chapitre 7 : Substances pures, travail, 1er principe de la thermodynamique Chapitre 7 Substances pures, travail et premier principe de la thermodynamique. Objectifs La maîtrise des notions présentées dans ce chapitre devrait vous permettre de pouvoir : • définir une substance pure; • expliquer le lien entre chaleur et température; • différencier les transferts de chaleur sensible et latente, et calculer l’énergie requise pour causer une augmentation de température ou un changement de phase d’une substance pure; • définir les termes de température et pression de saturation, liquide sous-refroidi, liquide saturé, vapeur saturée, vapeur surchauffée; • maîtriser le concept d’équilibre des phases; • déterminer l’état thermodynamique d’une substance pure; • faire le lien entre énergie et travail; • expliquer le lien entre la température et l'énergie cinétique d'un gaz; • établir le relation entre le travail, la pression et le volume; • calculer le travail effectué ou requis sur un diagramme P-V; • différencier les évolutions isobare, isochore, isotherme, polytropique et liées à un ressort; • expliquer le premier principe de la thermodynamique pour une évolution d’un système ouvert ou fermé, et pour un cycle; • calculer les variables thermodynamiques propres à un état et de calculer le travail et la chaleur échangés durant l’évolution d’un système fermé. CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 7-1 Chapitre 7 : Substances pures, travail, 1er principe de la thermodynamique 7.1 Propriétés des substances pures 7.1.1 Substance pure Une substance pure est une substance qui est homogène et qui à la même composition chimique sous toutes ses phases. L’eau est une substance pure, mais pas l’air ambiant puisque les gaz formant ce dernier vont condenser à des températures différentes créant ainsi des différences de composition dans les phases liquides et solides. 7.1.2 Chaleur et température La chaleur est définie comme la forme d’énergie qui est transmise par un corps à haute température vers un corps à une température plus basse. Le transfert de chaleur résulte nécessairement d’une différence de température entre deux corps et se produit toujours de la haute vers la basse température. La chaleur n’est pas une propriété d’un système. Par exemple, prenons un bloc métallique ramené de l’extérieur à une température de –10oC vers l’intérieur à +20oC. De la chaleur sera échangée entre l’air ambiant et le bloc et, par la suite, les deux seront à une température identique, supposons, 19.98oC. À aucun moment ne pouvons-nous dire que le bloc contient de la chaleur. Par contre, les niveaux d’énergie respectifs de l’air ambiant et du bloc ont changé, tels qu’illustrés par les changements de température. La chaleur est un phénomène qui se manifeste aux frontières des systèmes. Puisque la chaleur est une forme d’énergie, ses unités sont celles de l’énergie, soit des Joules. Par contre, lorsque de la chaleur est transmise à une substance pure, la température de cette dernière n’augmente pas nécessairement. Il existe deux types de transferts de chaleur, soit le transfert de chaleur sensible, qui se traduit obligatoirement par une augmentation de température, et le transfert de chaleur latente qui, à pression constante, se fait sans variation de température. 7.1.2a chaleur sensible et chaleur latente (pression constante) La chaleur sensible est la forme d’énergie transmise à une substance pure sans qu’il y ait de changement de phase. Ce transfert d’énergie s’accompagne toujours d’une augmentation de température. Cette augmentation de température est définie de la façon suivante : ∆Q = mc p ∆T • • 7.1 ∆Q est la chaleur transférée en Joules m est la masse en grammes de la substance pure CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 7-2 Chapitre 7 : Substances pures, travail, 1er principe de la thermodynamique • • ∆T est l’augmentation de température de la substance pure suite au transfert de chaleur c p est la chaleur spécifique de la phase considérée de la substance pure exprimée en J/g/oC La chaleur latente est la forme d’énergie transmise qui produit un changement de phase pour une substance pure. Ce changement de phase s’effectue à température constante et est donné par : ∆Q = mcl • 7.2 c l est le coefficient de chaleur latente donné en J/g. 7.1.2b Chaleurs spécifiques Strictement parlant, les valeurs de chaleur spécifique ne sont pas constantes. Toutefois, pour de faibles variations de température (jusqu’à quelques dizaines de degrés C) on peut les considérer comme constantes. On peut noter que l’énergie requise pour un changement de phase est beaucoup plus importante que pour une simple augmentation de température pour une phase donnée. Le tableau suivant donne les valeurs typiques pour l’eau. Valeurs des chaleurs spécifiques pour l'eau Chaleur spécifique (liquide) Chaleur spécifique (glace) Chaleur latente de fusion Chaleur latente de vaporisation Chaleur spécifique (gaz) V=cte Chaleur spécifique (gaz) P=cte J/g/K calories/g/K 4.19 1 2.04 0.49 335 (J/g) 80 (cal/g) 2257 (J/g) 540 (cal/g) 1.41 0.34 1.87 0.45 Pour un gaz, la définition des chaleurs spécifiques est plus complexe. Contrairement à un liquide où la variation de volume en fonction de la température est généralement négligeable, une variation de température d’un gaz entraîne une augmentation de volume. Un transfert de chaleur vers un gaz peut se faire sous deux conditions limites : à volume constant ou à pression constante. Ceci est exprimé par le diagramme suivant : CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 7-3 Chapitre 7 : Substances pures, travail, 1er principe de la thermodynamique Substituez Par < , > ou = chauffage à volume constant W W +Q= P2 V2 T2 P V T P2 V2 T2 P V T P, V et T identiques W W +Q= chauffage à pression constante Ce diagramme indique que pour un gaz, un ajout identique de chaleur peut entraîner deux températures finales différentes selon que l’évolution se fait à volume ou à pression constante. Pour la même augmentation de température, il faudra transférer plus de chaleur si ce transfert est effectué à pression constante que s’il est effectué à volume constant. En effet, le chauffage à pression constante demande de déplacer le piston ce qui requiert un travail de m g ∆l joules si la masse du piston est m et le déplacement sur une distance ∆l. Ceci explique pourquoi les valeurs de chaleur spécifique à pression constante sont toujours plus élevées que celles à volume constant. Cet exemple démontre aussi très clairement l’équivalence entre énergie, travail et chaleur. CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 7-4 Chapitre 7 : Substances pures, travail, 1er principe de la thermodynamique Exemple : Calculez l’énergie requise pour faire fondre 1 kg d’eau gelée initialement à -20oC et pour l’amener à une température de +20oC. Calculez le temps requis si la source de chaleur est une ampoule de 100 watts. La pression ambiante est de 101 kPa. Solution : 7.1.3 Équilibre des phases d’une substance pure Système thermodynamique : il s’agit d’une quantité de matière de masse fixe et dont l’état peut être caractérisé à l’aide de variables thermodynamiques. Le système est séparé de son environnement par des frontières qui peuvent être fixes ou mobiles. Un système isolé n’est influencé d’aucune manière par son environnement. Il n’y a donc pas d’énergie qui franchisse les frontières du système, que ce soit sous forme de chaleur ou de travail. Une analyse thermodynamique est fréquemment réalisée sur un appareil, par exemple un compresseur, au travers duquel s’écoule un fluide. La procédure suivie pour une telle analyse consiste à spécifier un volume de contrôle qui englobe l’appareil qui sera analysé. Il est possible que de l’énergie (travail et/ou chaleur) franchisse la surface de contrôle, qui est la surface du volume de contrôle. CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 7-5 Chapitre 7 : Substances pures, travail, 1er principe de la thermodynamique En résumé, un système est défini lorsque que l’on travaille avec une quantité fixe de fluide, alors que le volume de contrôle traite de situations où il y a circulation de fluide. La terminologie « système fermé » est aussi employée pour désigner le système, alors que le terme « système ouvert » est équivalent au volume de contrôle. Un système thermodynamique est caractérisé par des variables thermodynamiques qui définissent l’état du système. Ces variables sont dites : • • extensives si elles sont fonction de la taille du système. C’est le cas de la masse et du volume. Les variables extensives peuvent s’additionner et sont dépendantes de la masse du système. intensives si elles sont indépendantes de la taille du système. C’est le cas de la température et de la pression d’un système. Les variables intensives ne s’additionnent pas. Si deux volumes d’eau de 1 litre respectivement à 10 et 20oC sont mélangés, la nouvelle température ne sera pas de 30oC. Toute variable extensive peut être exprimée de façon intensive en divisant par la masse du système. Par exemple : - le volume V (m3) est une variable extensive - le volume massique ν = V/m (m3/kg) est une variable intensive Finalement, des variables thermodynamiques peuvent être dépendantes ou indépendantes. Pour la phase liquide de l’eau, la pression et la température sont indépendantes puisque, pour une température donnée, l’eau liquide peut se retrouver sous plusieurs pressions différentes. Lors d’un changement de phase par contre, les variables de pression et température sont dépendantes. En effet, à une température donnée, les deux phases ne peuvent coexister qu’à une seule pression donnée. L’état thermodynamique d’une substance pure peut être entièrement défini à l’aide de deux variables thermodynamiques indépendantes. Cet énoncé est important puisque pour plusieurs des problèmes dans ce chapitre et les suivants, il faudra d’abord définir l’état d’un système, et donc trouver deux variables indépendantes. Nous sommes tous familiers avec les états thermodynamiques de l’eau à la pression ambiante de 101 kPa. Le point de fusion, qui caractérise le passage de l’état solide à l’état liquide est à 0oC et le point de vaporisation, qui caractérise le passage de l’état liquide à l’état gazeux est à 100oC. Mais, à une pression différente, ces valeurs peuvent changer radicalement. Comme il a été représenté à la figure suivante, les différentes phases de l’eau peuvent se retrouver de 7 manières différentes : CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 7-6 Chapitre 7 : Substances pures, travail, 1er principe de la thermodynamique 1. 2. 3. 4. 5. 6. 7. solide liquide gaz solide-liquide (ligne de fusion) liquide-gaz (ligne de vaporisation) solide-gaz (ligne de sublimation) solide-liquide-gaz (point triple) P Point critique LIQUIDE Ligne de vaporisation Ligne de fusion SOLIDE Ligne de sublimation VAPEUR Point triple T Diagramme pression température Prenons un litre d’eau à 20oC et 101 kPa, et ajoutons-lui de la chaleur. Pour chaque Joule d’énergie ajoutée, on notera une augmentation de température suite au transfert de chaleur sensible. Lorsque le liquide arrive au point de vaporisation, toute énergie ajoutée entraînera non pas en une augmentation de température, mais bien en un changement de phase, et ce, jusqu’à ce que tout le liquide se soit transformé en gaz. À ce moment toute chaleur transférée sera de nouveau traduite par une augmentation de température. Durant le changement de phase, la pression et la température ne sont pas des variables indépendantes. Effectivement, connaître les conditions de 100oC et 101 kPa ne suffit pas à définir l’état thermodynamique de l’eau. Nous pourrions avoir 100% de liquide, 100% de vapeur, ou toute proportion intermédiaire des deux phases. Ceci peut être exprimé à l’aide d’un diagramme température-volume qui décrit bien les relations entre la température et le volume massique pour des évolutions à pression constante. Ces mêmes évolutions peuvent aussi être présentées sur un diagramme tridimensionnel pressionvolume-température. CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 7-7 Chapitre 7 : Substances pures, travail, 1er principe de la thermodynamique CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 7-8 Chapitre 7 : Substances pures, travail, 1er principe de la thermodynamique Lors d’un changement de phase, la température et la pression sont qualifiées de température (T s ) et de pression de saturation (P s ). Les phases entièrement liquides et vapeurs à ces conditions sont qualifiées de liquide saturé et vapeur saturée. On peut aussi définir les termes suivants : Pour une pression donnée, si T < T s la phase liquide est qualifiée de liquide comprimé ou sous-refroidi si T > T s la phase vapeur est qualifiée de vapeur surchauffée. Et de la même façon, pour une température donnée si P > P s la phase liquide est qualifiée de liquide comprimé ou sous-refroidi si P < P s la phase vapeur est qualifiée de vapeur surchauffée. Lors d’un changement de phase, afin de connaître l’état thermodynamique d’une substance pure, il est nécessaire d’obtenir (outre P et T) une variable thermodynamique additionnelle. Utilisons le volume ou le volume massique. Soit : m t = masse totale m g = masse de la phase vapeur m f = masse de la phase liquide et V t = volume total V g = volume de la phase vapeur V f = volume de la phase liquide avec mt = mg + mf Vt = Vg + Vf Nous pouvons maintenant définir une nouvelle variable ‘x’ dénommée le titre qui définit la fraction de la masse totale qui est de la vapeur soit : x = m g /m t Et donc : à l’état de vapeur saturée x = 1 à l’état de liquide saturé x = 0 CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 7-9 Chapitre 7 : Substances pures, travail, 1er principe de la thermodynamique Les volumes massiques (variables intensives) sont définis par : ν t = V t /m t ν g = V g /m g ν f = V f /m f On peut aussi exprimer le titre en fonction des volumes massiques et vice-versa à l’aide des équations suivantes : ν t = ν f + x (ν g - ν f ) x = (ν t - ν f ) / (ν g - ν f ) 7.3 7.4 ou, en remplaçant ν fg = (ν g - ν f ) ν t = ν f + x ν fg x = (ν t - ν f ) / ν fg 7.5 7.6 L’état thermodynamique d’une substance pure telle que l’eau est généralement obtenu à partir des tables de thermodynamique ou à partir de graphiques exprimant les mêmes valeurs. Pour des raisons de précision, les tables sont préférables. L’utilisation des tables et la définition de l’état thermodynamique se font généralement à partir des tables de saturation. Les tables de valeurs saturées sont exprimées en fonction de la température ou de la pression à intervalles réguliers. Exemple : Définissez l’état thermodynamique de l’eau à 150oC et 5 MPa. Solution : Dans les tables saturées pour la température, à 150oC, la pression de saturation est de 475.8 kPa. Comme la pression de 600 kPa est plus élevée que la pression de saturation, l’eau est sous forme de liquide comprimé (la haute pression favorise la phase liquide). Dans des tables de liquide comprimé (non incluses dans les notes), nous pourrions trouver que le volume massique de l’eau sous ces conditions est de 0.0010878 m3/kg ou encore une masse volumique de 919.29 kg/m3. Les variables thermodynamiques d’un liquide comprimé sont relativement indépendantes de la pression, mais elles dépendent de la température. Les liquides sont peu compressibles. Si aucune table de liquide comprimé n’est disponible, on peut utiliser les variables thermodynamiques du liquide saturé à la même température. CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 7-10 Chapitre 7 : Substances pures, travail, 1er principe de la thermodynamique Exemple : Définissez l’état thermodynamique de l’eau à 300kPa et 200oC. Solution : Dans les tables saturées pour la pression, à 300 kPa, la température de saturation est de 133.55oC. Comme la température de 200oC est plus élevée que la température de saturation, l’eau est sous forme de vapeur surchauffée (la haute température favorise la phase gazeuse). Dans les tables de vapeur surchauffée, nous pouvons trouver que le volume massique de l’eau sous ces conditions est de 0.7163 m3/kg. Exemple : Définissez l’état thermodynamique de l’eau à 200oC et à 1.55 MPa. Solution : Dans les tables saturées pour la température, nous constatons que ces conditions représentent des conditions saturées. Les valeurs de température et de pression ne sont pas indépendantes et il est impossible de définir notre état thermodynamique. En effet, à ces conditions il est possible de retrouver du liquide saturé, une vapeur saturée ou un mélange liquide-vapeur. Il est donc nécessaire de connaître une autre variable afin de nous permettre de définir l’état thermodynamique de l’eau. Exemple : Définissez l’état thermodynamique de l’eau à 200oC et dont le volume massique v est de 0.05 m3/kg. Solution : Dans les tables saturées pour la température à 200oC, nous trouvons que les volumes massiques pour la phase liquide et la phase gazeuse sont respectivement de 0.001157 et de 0.12736 m3/kg. Comme le volume massique de 0.05 m3/kg se retrouve entre ces deux valeurs, nous avons coexistence des deux phases. À partir de l’équation 7.3, ν t = ν f + x ν fg nous pouvons trouver que le titre est égal à : x = (ν t - ν f )/ ν fg = (0.05 – 0.001157)/(0.12736 – 0.001157) = 0.387. Nous avons donc en masse 38.7% de phase gazeuse et 61.3% de phase liquide. Notre état thermodynamique est donc entièrement défini. CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 7-11 Chapitre 7 : Substances pures, travail, 1er principe de la thermodynamique Exemple : Déterminez les 3 états par lesquels l’eau passe pour les évolutions suivantes. Il y a une masse d’eau de 5 kg et elle occupe les volumes complets sous le piston. Dans l’état intermédiaire, le piston touche au ressort, mais n’exerce aucune pression sur ce dernier. La force sur le ressort est donnée par F = k ∆l avec k = 100 kN/m. L’aire du piston est de 0.05 m2 et la pression atmosphérique est de 101.3 kPa. Trouvez aussi la masse du piston. Présentez les évolutions sur des diagrammes Pression-température et température-volume massique. 50 litres H2O 100 litres H2O T = 127.44oC P=? P = 250 kPa T=? 150 litres H2O P=? T=? Solution : CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 7-12 Chapitre 7 : Substances pures, travail, 1er principe de la thermodynamique 7.2 Température et énergie cinétique d'un gaz Supposons N molécules à l’intérieur d’un volume cubique dont les côtés sont de longueur a. Le nombre d’impacts élastiques d’une molécule par unité de temps (sec-1) est donné par : v 2a cosθ 7.7 où θ est l’angle d’incidence moyen des molécules sur ce mur et v est la vitesse moyenne d’une molécule. Sur chaque mur x,y ou z, nous avons donc un nombre de collisions (sec-1) égal à : N v 3 2a cosθ 7.8 Si chaque collision est élastique et avec la première loi de Newton, nous avons : d(mv) = dt F = ∑ 2mv cosθ 7.9 où m représente la masse d’une molécule. La pression exercée sur chaque mur P = (F/A) est donc égale au nombre de collisions multiplié par la force créée par le changement de momentum dû à chacune des collisions : P= mNv 2 ρ v 2 = 3a 3 3 7.10 où ρ est la masse volumique (kg/m3) du gaz en question. Avec la loi des gaz parfaits PV= mRT 7.11 on peut combiner 7.10 et 7.11 et écrire, en considérant ρ = m/V: v2 = R'T 3 7.13 L’équation 7.13 dénote clairement que la température absolue est une mesure de l’énergie cinétique des molécules de la substance. Bien que l’équation 7.13 n’est strictement applicable qu’à des gaz parfaits, l’énoncé précédent est toutefois général. À une température de 0 K, les molécules sont en repos complet (aucun mouvement). On peut aussi noter que si la température augmente, la vitesse des molécules augmente ainsi que par la pression étant donné que cette dernière est due aux chocs des molécules. Il sera vu dans une section ultérieure que le niveau d’énergie thermique (kJ) associé à une température donnée est donné par une variable thermodynamique appelée énergie interne. CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 7-13 Chapitre 7 : Substances pures, travail, 1er principe de la thermodynamique 7.3 Le principe zéro de la thermodynamique Le principe zéro n’a pas l’importance du premier ou de second principe de la thermodynamique. Son intérêt est plus historique que scientifique. Essentiellement, le premier principe peut être énoncé de la façon suivante : « Si un corps A est en équilibre thermique avec un corps B, et que le même corps A est en équilibre thermique avec un corps C, alors les corps B et C sont aussi en équilibre thermique l’un avec l’autre. » Bien que cela puisse paraître trivial, le principe zéro de la thermodynamique est celui par lequel les échelles de température peuvent être définies. Afin de pouvoir comparer et calibrer les différentes méthodes de mesure de la température (thermomètre à mercure, thermocouple etc.) il importe d’avoir des points de référence et une échelle de température. L’échelle internationale de température est le degré Celsius nommé ainsi en l’honneur de l’astronome suédois Anders Celcius qui la développa dans les années 1730. Jusqu’en 1954, les points de référence étaient les points de fusion et de vaporisation de l’eau à la pression de 101.325 kPa, donnant respectivement 0 et 100oC. Depuis 1954, le point triple sert de référence et existe à la température de 0.01oC et à la pression de 611.3 Pa. 7.4 Travail 7.4.1 Travail, pression, volume, diagramme de Clapeyron Le travail est défini par le produit scalaire du vecteur force et de son déplacement W = ∫ F ⋅ ds 7.14 Si la force est constante, on peut écrire pour l’axe x x2 W = ∫ F ⋅ ds = Fx ∫ dx = Fx (x 2 - x1 ) = Fx ∆x 7.15 x1 Si la force est créée par le champ gravitationnel le travail est défini par : W = mg(z 2 - z1 ) = Fg ∆z CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 7.16 7-14 Chapitre 7 : Substances pures, travail, 1er principe de la thermodynamique ce qui représente le travail produit à la suite d’une variation d’énergie potentielle. Si la force est le résultat d’une variation de momentum tel que défini par la première loi de Newton (équation 7.9), le travail résulte d’une variation d’énergie cinétique telle que définie à l’équation 7.17. dv W = = ∫ Fx dx = ∫ m x dx dt dv x m v dt = m ∫ v dv ∫= dt x x x m 2 (v 2 - v12 ) 2 7.17 Il existe une convention pour le signe du travail. Si le travail est effectué par un corps, un fluide ou un système, ce dernier est positif. S’il est effectué sur un corps ou fluide ou un système, il est alors négatif. Si on comprime un ballon, on effectue un travail positif. Par contre, si l'on se met à la place du ballon, le travail est négatif. Ceci peut paraître trivial, mais il n’en sera pas de même pour plusieurs problèmes où la convention de signe sera très importante à leur bonne résolution. Regardons la figure suivante où un fluide exerce une pression sur un piston qui se déplace de la position 1 vers la position 2: 1 2 Patm Q Pfluide F Patm x Puisque la force exercée par le fluide sur le piston est donnée par F=PA , le travail peut être dénoté par : W = PA(x 2 -x1 ) = P(V2 -V1 ) 7.18 Plus exactement on peut définir le travail par l’intégrale suivante : V2 W= ∫ PdV 7.19 V1 De par la définition même d’une intégrale, l’équation 7.19 indique que graphiquement, le travail est égal à l’aire sous la courbe d’un diagramme pression volume, aussi appelé diagramme de Clapeyron. P 1 2 travail V CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 7-15 Chapitre 7 : Substances pures, travail, 1er principe de la thermodynamique Exemple : Un gaz dans un cylindre de 50 mm à une pression de 140 kPa (absolue) est chauffé. Le piston se déplace à l’intérieur du cylindre à pression constante sur une distance de 300 mm. Calculez : • Le travail effectué par le fluide • Le travail effectué par la pression atmosphérique • Le travail net disponible Représentez le tout sur un diagramme de Clapeyron. Solution : 300 mm 50 mm 7.4.2 Évolutions d’un système thermodynamique Lorsqu’un système passe d’un état thermodynamique à un autre état thermodynamique caractérisé par une ou des variables thermodynamiques différentes, on dit que celui-ci subit une évolution. Une évolution est souvent représentée sur un diagramme pression-volume. Une évolution quasi statique est une évolution où les changements d’état se font très graduellement de telle sorte que le système est pratiquement en équilibre à tous les moments lors de l’évolution. Plusieurs évolutions réelles peuvent être considérées comme quasi statiques. Par opposition, une évolution brusque ou rapide ne peut être caractérisée que par ses états initial et final. Entre ces états, le système est en déséquilibre. Un ballon gonflable (une ‘balloune’ de CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 7-16 Chapitre 7 : Substances pures, travail, 1er principe de la thermodynamique fête) duquel on laisserait s’échapper de l’air très tranquillement peut être considéré comme une évolution quasi statique alors que si on laissait le même ballon se dégonfler par lui-même, nous pourrions observer une évolution brusque. Les caractéristiques des évolutions d’un système thermodynamique peuvent être très variées, mais certaines évolutions se font selon des contraintes particulières. On peut entre autres distinguer les évolutions isobare, isochore et isotherme. Isobare P=cte Isochore V=cte Isotherme T=cte (PV=C si gaz parfait C=mRT) W=P(V 2 -V 1 ) 7.20 W=0 7.21 W=C ln(V 2 /V 1 )=C ln(P 1 /P 2 ) 7.22 P P 2 1 V P P1 1 P1 2 P2 2 P2 1 V V1 V1=V2 V2 V V1 V2 Évolution isochore Évolution isobare Évolution isotherme On peut aussi définir une évolution polytropique si cette dernière suit une relation de la forme : PV n = cte Dans ce cas, le travail est défini par : W= P2 V2 -P1V1 1-n 7.23 Pour une évolution contrôlée par un ressort (force externe proportionnelle au déplacement du piston), il est facile de démontrer que le travail est donné par : 1 W = (P1 +P2 )(V2 -V1 ) 7.24 2 Cette équation indique que le déplacement entre les états final et initial sur un diagramme de Clapeyron est dicté par une droite. CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 7-17 Chapitre 7 : Substances pures, travail, 1er principe de la thermodynamique Exemple : Un ensemble cylindre piston contient 4 kg d’eau à 35oC. L’eau occupe entièrement le volume de 30 litres. Afin de soulever le piston, la pression interne doit être de 300 kPa. Lorsque le volume sous le piston atteint 75 litres, il rencontre un ressort qui requiert 360 kN pour être comprimé de 1 mètre. Si l'on chauffe le système jusqu’à ce que la pression interne atteigne 7 Mpa, déterminez les états par lesquels passe le système et calculez le travail total. L'aire du piston est de 0.06m2. 30 litres H2O 75 litres H2O 7 Mpa Solution CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 7-18 Chapitre 7 : Substances pures, travail, 1er principe de la thermodynamique Exemple : Un gaz dans un système cylindre-piston est initialement à 200 kPa et à un volume de 1 litre. Suite à une expansion, le gaz se retrouve à une pression de 500 kPa et à un volume de 2.5 litres, en passant par les états suivants. Calculez le travail effectué par le fluide au cours de cette évolution. Pression (kPa) 200 Volume (litres) 1 300 1.3 400 1.8 500 2.5 Solution : Cette évolution est quelconque et ne peut être représentée par une équation analytique. Connaissant les états intermédiaires, on peut toutefois l’évaluer de façon graphique en calculant les aires sous la courbe du diagramme PV. Pression (kPa) 200 300 Volume (litres) 1 Pression moyenne V i+1 -V i (m3) Travail (joules) 250 0.0003 +75 350 0.0005 +175 450 0.0007 +315 1.3 400 1.8 500 2.5 Le travail total est donc de 565 joules. expansion. Le travail est positif puisque le fluide subit une 7.4.3 Travail au cours d'un cycle thermodynamique Suite à une série d’évolutions, si un système thermodynamique revient à son état initial, on dit qu’il a subi un cycle thermodynamique. Ce concept est fondamental puisque la très grande majorité des machines thermodynamiques fonctionnent selon un cycle de façon à produire de l’énergie de façon continue. Un cycle composé de deux évolutions A et B entre les états thermodynamiques 1 et 2 est représenté à la figure suivante. CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 7-19 Chapitre 7 : Substances pures, travail, 1er principe de la thermodynamique P P1 1 A B P2 2 V V2 Le travail est représenté graphiquement par l’aire hachurée sur ce diagramme. Le travail net est : • • Positif si le cycle est dans le sens des aiguilles d’une montre (fait par le fluide) Négatif si le cycle est dans le sens contraire de celui des aiguilles d’une montre (fait sur le fluide). 7.5 Premier principe de la thermodynamique Le premier principe de la thermodynamique implique la conservation de l’énergie. Essentiellement, il indique qu’au cours de toute évolution, le changement d’énergie du système est égal au transfert net d’énergie vers le système ou vers l’extérieur du système. On peut le représenter simplement par (avec E pour énergie totale d’un système): • • dE = E in - E out dT 7.25 Tel que vu au chapitre 4, le transfert d’énergie peut se faire sous la forme de travail ou sous la forme d’un transfert de chaleur. On peut donc écrire plus précisément : ∆E = E final -E initial = Q - W 7.26 ce qui indique que la variation d’énergie totale d’un système est égale à la différence entre le travail effectué par ou sur le système et la chaleur reçue ou cédée par ce dernier. Rappelons ici les conventions de signe : • • • • Travail effectué par le système + Travail effectué sur le système – Chaleur reçue par le système + Chaleur cédée par le système – CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 7-20 Chapitre 7 : Substances pures, travail, 1er principe de la thermodynamique Cette convention de signe est importante pour la résolution de problèmes. Notez bien que le changement de convention entraînerait simplement un changement des signes de Q et W à l’équation 7.26. Soyez consistant dans votre utilisation des signes. 7.5.1 Premier principe pour un cycle thermodynamique Dans le cas d’un cycle thermodynamique, le système thermodynamique part d’un état initial et revient après un certain nombre d’évolutions à son même état initial. L’énergie totale du système ne change donc pas. Le premier principe peut donc s’exprimer mathématiquement par : 7.27 Ceci indique que la chaleur nette échangée au cours de toutes les évolutions composant le cycle est égale au travail net effectué au cours des mêmes évolutions. Compte tenu de la convention des signes, ceci implique que si au cours d’un cycle on a transféré de la chaleur au système, ce dernier a effectué un travail positif. À l’inverse, si le système a cédé de la chaleur au cours du cycle, un travail a été effectué sur ce dernier. 7.5.2 Premier principe pour un système fermé L’énergie totale d’un système est constituée de plusieurs formes d’énergie à savoir : • • • • • Énergie cinétique E k Énergie potentielle E p Énergie chimique E c Énergie nucléaire E n Énergie interne U L’énergie interne est le résultat de l’énergie cinétique, de vibration et de rotation des molécules et sera discutée plus directement à la prochaine section. Dans les cas courants (en omettant l’énergie chimique et l’énergie nucléaire) on peut réécrire l’équation 7.26 par : ∆E = E 2 -E1 =(U 2 - U1 ) + m 2 2 (v 2 -v1 ) + mg(z 2 -z1 ) =Q12 - W12 2 7.28 Ou encore : Q12 =(U 2 - U1 ) + m 2 2 (v 2 -v1 ) + mg(z 2 -z1 ) + W12 2 7.29 Cette équation peut aussi s’exprimer sous forme massique (par unité de masse J/kg) CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 7-21 Chapitre 7 : Substances pures, travail, 1er principe de la thermodynamique q12 =(u 2 - u1 ) + 1 2 2 (v 2 -v1 ) + g(z 2 -z1 ) + w12 2 7.30 Pour de nombreuses applications les systèmes sont au repos et/ou ne subissent aucune accélération ou décélération et aucune variation d’énergie potentielle. Dans ces cas les équations 7.29 et 7.30 deviennent : Q12 =(U 2 - U1 ) + W12 q12 =(u 2 - u1 ) + w12 7.31 7.32 7.5.3 Énergie interne et enthalpie Telle que mentionnée précédemment, l’énergie interne est l’énergie stockée dans les molécules d’une substance. Cette énergie est généralement principalement cinétique, mais elle peut aussi être de l’énergie de rotation ou de vibration. Comme elle est principalement corrélée avec l’énergie cinétique, elle est très fortement reliée à la température de la substance. Il est difficile de mesurer l’énergie interne de façon absolue, mais il est très facile de mesurer la variation d’énergie interne simplement en chauffant à volume constant. Dans ce cas : q12 =(u 2 - u1 ) 7.33 Et pour une substance sous une seule phase, on retrouve avec les chaleurs spécifiques : q12 =(u 2 - u1 ) = c v (T2 -T1 ) 7.34 ou encore : Q12 =(U 2 - U1 ) = mc v (T2 -T1 ) 7.35 Donc, en fixant un datum, on peut facilement établir les valeurs d’énergie interne présentes dans les tables de thermodynamiques. L’énergie interne est une variable thermodynamique au même titre que la température ou le volume. Pour les changements de phase, la notion de titre s’applique de la même façon que décrite précédemment. On peut donc définir : m t = masse totale m g = masse de la phase vapeur m f = masse de la phase liquide et CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 7-22 Chapitre 7 : Substances pures, travail, 1er principe de la thermodynamique U t = énergie interne totale U g = énergie interne de la phase vapeur U f = énergie interne de la phase liquide avec mt = mg + mf Ut = Ug + Uf Le titre est défini par : x = m g /m t Et donc : à l’état de vapeur saturée x = 1 à l’état de liquide saturé x = 0 Les énergies internes massiques (variables intensives) sont définies par : u t = U t /m t u g = U g /m g u f = U f /m f On peut aussi exprimer le titre en fonction des énergies internes massiques et vice-versa à l’aide des équations suivantes : u t = u f + x (u g - u f ) x = (u t - u f ) / (u g - u f ) 7.36 7.37 ou, en remplaçant u fg = (u g - u f ) u t = u f + x u fg x = (u t - u f ) / u fg CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 7.39 7.40 7-23 Chapitre 7 : Substances pures, travail, 1er principe de la thermodynamique Exemple : Un réservoir rigide est divisé en deux parties égales. La première moitié du réservoir est entièrement occupée par 10 kg d’eau à 300 kPa et 20oC et l’autre moitié est sous le vide. On enlève la paroi du centre et l’eau occupe soudainement tout le réservoir. La température revient à sa température initiale. Calculez le volume du réservoir, la pression finale et le transfert de chaleur pour ce processus. 10 kg eau vide Réponse CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 7-24 Chapitre 7 : Substances pures, travail, 1er principe de la thermodynamique En thermodynamique la combinaison de l’énergie interne et du produit de la pression par le volume revient souvent sous la forme : H = U +PV 7.41 La nouvelle variable ainsi formée est appelée l’enthalpie du système. L’enthalpie est une variable thermodynamique au même titre que les autres même si elle n’a pas une signification physique directe. Une des nombreuses applications où l’enthalpie peut être employée est dans le cas d’une évolution isobare d’un système fermé. Dans ce cas, l’évolution est décrite par l’équation 7.31 reprise ici : Q12 =(U 2 - U1 ) + W12 avec W12 = P(V2 -V1 ) 7.42 Cette expression peut être réarrangée sous la forme : Q12 =(U 2 + PV2 ) - (U1 - PV1 ) = H 2 - H1 7.43 Pour l’évolution isobare d’un système fermé, la chaleur échangée est égale à la différence d’enthalpie. Pour le calcul de l’enthalpie lors de la coexistence de deux phases, les mêmes relations que celles développées précédemment s’appliquent à savoir : H t = enthalpie totale H g = enthalpie de la phase vapeur H f = enthalpie de la phase liquide Avec Ht = Hg + Hf Les enthalpies massiques (variables intensives) sont définies par : h t = H t /m t h g = H g /m g h f = H f /m f On peut aussi exprimer le titre en fonction des enthalpies massiques et vice-versa à l’aide des équations suivantes : h t = h f + x (h g - h f ) x = (h t - h f ) / (h g - h f ) 7.44 7.45 ou, en remplaçant h fg = (h g - h f ) CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 7-25 Chapitre 7 : Substances pures, travail, 1er principe de la thermodynamique h t = h f + x h fg x = (h t - h f ) / h fg 7.46 7.47 7.5.4 Relations entre chaleurs massiques et enthalpie et énergie interne Pour une évolution à volume constant (w=0), on peut écrire l’équation du premier principe sous la forme suivante : q12 =(u 2 - u1 ) = c v (T2 -T1 ) Q12 =(U 2 - U1 ) = mc v (T2 -T1 ) 7.48 7.49 Pour une évolution à pression constante, l’équation du premier principe nous donne la relation 7.43 qui peut aussi être réécrite comme : q12 =(h 2 - h1 ) = c p (T2 -T1 ) Q12 =(H 2 - H1 ) = mc p (T2 -T1 ) 7.50 7.51 Selon la définition même de l’enthalpie, on retrouve : ∆h - ∆u = ∆(Pv) 7.52 Et pour un gaz parfait sous forme massique : Pv = RT 7.53 On peut retrouver facilement que cp - cv = R 7.54 7.5.5 Premier principe pour un volume de contrôle (ou système ouvert) Un volume de contrôle est un espace physique dans lequel on retrouve des flux massiques entrants ou sortants. Ils sont plus complexes à analyser que les systèmes fermés puisque les flux entrants et sortants peuvent avoir des énergies cinétiques, potentielles ou internes différentes. Notre analyse des volumes de contrôle sera simplifiée et est présentée de façon à pouvoir introduire le cycle de réfrigération qui est celui qui a le plus d’importance en génie de la construction. CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 7-26 Chapitre 7 : Substances pures, travail, 1er principe de la thermodynamique On peut exprimer le premier principe pour un système ouvert par l’équation suivante : • • • • dE = Q + E in - E out - W dt 7.55 Simplifions cette équation en supposant un écoulement permanent. L’énergie totale du système ne change pas et nous pouvons réécrire l’équation 7.55 sous la forme suivante : Q = (U+E k + E p )sortant - (U + E k + E p )entrant + Wtotal 7.56 Or le fluide entrant à une certaine pression crée un travail sur le système égal au produit de la pression et du volume entrant. Ce travail est fait sur le système par le fluide entrant et par le système par le fluide sortant. On peut donc exprimer le travail total par : Wtotal = Wsysteme + PVsortant -PVentrant 7.57 Comme on s’intéresse presque toujours par le travail fait par le système ou sur le système par une force extérieure ajoutée (pas celle du fluide lui-même) on peut avec la définition de l’enthalpie et de l’équation 7.56 réécrire l’équation 7.57 sous la forme : Q = (H+E k + E p )sortant - (H + E k + E p )entrant + Wsysteme 7.58 mv 2 mv 2 + mgz)sortant - (H + + mgz)entrant + Wsysteme 2 2 7.59 Ou encore : Q = (H+ Et sous forme massique (Joules/kg) q = (h+ v2 v2 + gz)sortant - (h + + gz )entrant + w systeme 2 2 7.60 1 2 2 (v s -v e ) + g (z s - z e ) + w systeme 2 7.61 Ou finalement : q = (h s - h e )+ Finalement, si on considère que la différence entre les énergies cinétique et potentielle entrantes et sortantes est négligeable, on peut écrire : = q ( hs - he ) + wsysteme CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 7.62 7-27 Chapitre 7 : Substances pures, travail, 1er principe de la thermodynamique Problèmes Problème 1 Combien d’énergie doit-on enlever à un kg de vapeur d’eau pour la transformer en glace à 0oC. Le tout se passe à 101.3 kPa. Rép.: 3011 kJ Problème 2 Calculez l'énergie requise en kiloJoules pour amener à ébullition 3 kg d'eau et vaporiser la moitié de cette eau, si l'eau est contenue dans un bol en cuivre de 2 kg et si la température de l'eau et du bol est initialement de 20oC. • chaleur sensible pour l'eau = 4.19 kJ/kg/K • chaleur sensible pour le cuivre = 0.39 kJ/kg/K • chaleur latente de vaporisation = 2257kJ/kg Si vous chauffez le tout sur un élément chauffant de 1000 W et que les pertes de chaleur dans l'air sont de 50%, calculez le temps requis pour amener l'eau à ébullition et le temps requis pour vaporiser la moitié de cette eau. Prenez pour acquis que le cuivre est à la même température que l’eau. Rép.: 4453.5 kJ, 2136 et 6771 secondes respectivement Problème 3 Déterminez si, dans chacun des états suivants, l’eau est un liquide comprimé, une vapeur surchauffée ou un mélange de liquide saturé et de vapeur : a) 120° C, 150 kPa; b) 0,35 MPa, 0,4 m3/kg; c) 160° C, 0,4 m3/kg; d) 200 kPa, 110° C; 3 e) 300° C, 0,01 m /kg; f) 5 kPa, 10°C. Rép.: a) b) c) d) e) f) vapeur surchauffée mélange liquide-vapeur vapeur surchauffée liquide comprimé mélange liquide-vapeur liquide comprimé CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 7-28 Chapitre 7 : Substances pures, travail, 1er principe de la thermodynamique Problème 4 Pour les deux substances suivantes et chacun des états indiqués, déterminez selon le cas : - le titre (si la substance est saturée) ou la température (si la substance est surchauffée) a) R-134a : b) eau : i) 400 kPa, 0,04 m3/kg; i) 20° C, 1 m3/kg; ii) T=12° C Rép.: a) i) x=0,78 ii) 400 kPa, ii) 8 MPa, b) 0,052 m3/kg 0,01 m3/kg i) x= 0,0173 ii )x=0,3892 Problème 5 Calculez les volumes massiques suivants : a) b) R-134a eau 50° C, titre de 80% 8 MPa, titre de 92% Rép.: a) ν = 0,0122 m3/kg b) ν = 0,0217 m3/kg Problème 6 Un réservoir rigide de 0,1 m3, contient des volumes égaux de liquide et de vapeur de R-134a à 30° C. On doit introduire du R-134a additionnel jusqu’à ce que sa masse soit de 90 kg. a) b) Quelle quantité de masse aura-t-on fait pénétrer dans le réservoir au cours de l’opération ? Si la température reste constante à 30° C, quel est le volume maintenant occupé par le liquide ? Rép.: ∆m = 28.71 kg, V f = 0,075 m3 Problème 7 Le réservoir A a un volume de 100 L et contient du R-134a à 26° C dont la composition en volume est de 10% de liquide et 90% de vapeur. Le vide a été fait dans le réservoir B. On ouvre le robinet et, au bout d’un moment, les réservoirs atteignent le même état, soit 26° C, et 200 kPa. Quel est le volume du réservoir B ? robinet Rép.: V b = 1,657 m3 Réservoir A CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique Réservoir B 7-29 Chapitre 7 : Substances pures, travail et premier principe de la thermodynamique Problème 8 Calculez la vitesse moyenne des molécules d'oxygène à une température de 20oC ainsi qu'à une température de 250oC. Rép.: 478 et 638 m/sec Problème 9 Un ballon contient 50 m3 d'air à la pression atmosphérique. L'air est chauffé jusqu'à ce que le ballon soit gonflé à 800 m3. Si la pression à l'intérieur du ballon est considérée comme à peu près constante, calculez le travail fait pendant l'expansion. Rép.: 75.9 MJ Problème 10 Un gaz qui subit une expansion passe des conditions 1 aux conditions 2: 1- Volume = 1 m3 Pression = 0.5 Mpa 2- Volume = 3.5 m3 Pression = 0.1 Mpa Si l'état 1 est relié à l'état 2 par une ligne droite sur un diagramme P-V calculez le travail effectué durant l'expansion. Rép.: 750 kJ Problème 11 Lors d'une compression isotherme, 0.25 kg d'hydrogène passent de 150 kPa à 675 kPa. Calculez la température du gaz si un travail de 500 kJ est nécessaire. Prenez l'hypothèse d'un gaz parfait. Rép.: +49 oC Problème 12 Un cylindre fermé par un piston sans frottement contient 5 kg de vapeur d’eau surchauffée à 1 MPa et 250° C. On refroidit le système à pression constante jusqu’à ce que l’eau atteigne un titre de 50%. Calculez le travail qui s’effectue au cours de l’évolution. Rép.: W12 = -675 kJ CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 7-30 Chapitre 7 : Substances pures, travail et premier principe de la thermodynamique Problème 13 Un dixième de kilogramme d’oxygène à 150 kPa et 20° C est retenu dans un cylindre fermé par un piston. On dépose lentement des poids sur le piston et on comprime le gaz à température constante jusqu’à ce que la pression finale soit de 600 kPa. Prenez l'hypothèse d'un gaz parfait. Calculez le travail qui s’effectue au cours de l’évolution. Rép.: W12 = -10.6 kJ Problème 14 Soit le système représenté ci-dessous. Le volume initial à l’intérieur du cylindre est de 100 L et la pression y est de 100 kPa. Le ressort touche le piston, mais n’y exerce encore aucune force. On chauffe ensuite le système, jusqu’à ce que le système double de volume; la pression intérieure est alors de 300 kPa. Pendant l’évolution, la force de rappel du ressort est proportionnelle au déplacement du piston mesuré à partir de sa position initiale. Calculez le travail qu’effectue le système formé par l’air dans le cylindre. Rép.: b) W12 = 20 kJ AIR Problème 15 On prend une petite montgolfière vide et on la gonfle à partir d’un réservoir d’air comprimé jusqu’à ce que son volume atteigne 5 m3. Le baromètre indique 95 kPa. (P=cte) En choisissant le réservoir, le ballon et le tuyau de raccordement comme le système, calculez le travail correspondant à cette évolution. Rép.: W12 = 475 kJ Problème 16 L’arrangement cylindre-piston illustré ci-dessous contient 0,2 m3 de dioxyde de carbone à 300 kPa et 200° C. On retire les poids du piston de manière à ce que le gaz se détende selon la relation : PV1.2 = constante jusqu’à ce que la température finale soit de 100° C. Le CO 2 se comporte comme un gaz parfait durant cette évolution. Calculez le travail qui s’effectue durant l’évolution. Rép.: W12 = 63,4 kJ CO2 CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 7-31 Chapitre 7 : Substances pures, travail et premier principe de la thermodynamique Problème 17 Le cylindre représenté ci-dessous contient 1 kg d’eau saturée (liquide et vapeur) à 30° C. Le piston a une section de 0.065 m2 et une masse de 40 kg; il repose sur des butées. Au départ, le volume est de 100 L; la pression atmosphérique ambiante est de 94 kPa et l’accélération gravitationnelle locale est de 9.75 m/s2. On fournit de la chaleur au système jusqu’à ce que le cylindre contienne de la vapeur saturée. a) b) Quelle est la température de l’eau au moment où le piston commence à s’élever au-dessus des butées ? Calculez le travail accompli par l’eau durant l’évolution entière. Patm vapeur liquide Rép.: a) T S = 99,6° C b) W = 159,6 kJ Problème 18 On comprime un gaz dans un cylindre fermé par un piston sur lequel agit une force externe. Au début de l’expérience, le gaz est à 30°C et 500 kPa; la pression finale est de 1400 kPa. Voici quelques données expérimentales concernant cette évolution. Calculez le travail lié à cette évolution. Pression, kPa Volume, L 500 653 802 945 1100 1248 1400 1.25 1.08 0.96 0.84 0.72 0.60 0.50 Rép.: a) W = -686,11 J CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 7-32 Chapitre 7 : Substances pures, travail et premier principe de la thermodynamique Problème 19 Soit l’arrangement piston-cylindre illustré ci-dessous. Le piston sans frottement, dont la section est égale à 0.06 m2, repose sur des butées et le volume renfermé est alors de 30 L. La masse du piston est telle qu’il faut une pression de 300 kPa pour le soulever à la pression ambiante. Lorsque le piston est soulevé jusqu’à un point où le volume est de 75 L, il rencontre un ressort qui requiert 360 kN pour être comprimé de 1 m. Au début de l’expérience, le cylindre contient 4 kG d’eau saturée (liquide et vapeur) à 35° C. Si on chauffe le système jusqu’à ce que la pression interne finale atteigne 7 MPa, déterminez l’état final de l’eau et le travail effectué pendant l’évolution. Rép.: W= 258,1 kJ T 3 = 352,8° C H2O Problème 20 Le cylindre illustré ci-dessous renferme de l’eau et est fermé par un piston qui est retenu par un ressort disposé de telle façon que, lorsque le volume dans le cylindre est nul, le ressort est complètement détendu. La force de rappel du ressort est proportionnelle au déplacement et le poids du piston est négligeable. Lorsque le piston s’arrête sur les butées, le volume renfermé dans le cylindre est de 120 L. Au début de l’évolution, le cylindre contient 4 kg d’eau dont la pression et le titre sont respectivement de 350 kPa et de 1%. On fait alors chauffer l’eau jusqu’à ce qu’elle se transforme en vapeur saturée. Calculez : a) la pression finale dans le cylindre; b) le travail fait par l’eau durant le procédé. Rép.: a) P f = 6,481 MPa b) W = 77,7 kJ H2O N. B. Ce problème est difficile. Considérez 3 états. L’état 2 est celui où le piston touche tout juste aux butées. Le seul travail produit est le résultat de l’évolution 1-2. L’évolution 2-3 est isochore et se termine à l’état 3 lorsque j’ai 100% vapeur saturée. La force du ressort est proportionnelle au déplacement du piston et est donc proportionnelle au volume dans le cylindre. Problème 21 Un réservoir rigide d’une capacité de 500 L est rempli de R-134a à 1 MPa et 100° C. On refroidit le réservoir jusqu’à 0° C. Calculez la quantité de chaleur transmise pendant cette évolution. Rép.: Q 12 = - 3409 kJ (-187.8 kJ/kg) CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 7-33 Chapitre 7 : Substances pures, travail et premier principe de la thermodynamique Problème 22 Soit le récipient isolé et rigide illustré à la figure suivante. Il est constitué d’un compartiment sous vide séparé par une membrane d’un second compartiment rempli par 1 kg d’eau à 65° C et 700 kPa. La membrane se rompt et l’eau remplit alors tout le volume du récipient, de sorte que la pression résultante est de 15 kPa. Déterminez la température finale de l’eau et le volume du récipient. Rép.: T 2 = 53,97° C V 2 = 0,21 m3 membrane Problème 23 Un cylindre isolé et fermé par un piston contient du R-134a à 26° C et à un titre de 90%. Le volume est alors de 30 L. Le piston se déplace jusqu’au point où le R-134a sera à l’état de vapeur saturée. Le R-134a effectue un travail de 4.0 kJ sur le piston. Déterminez la température finale en supposant que l’évolution est adiabatique (sans échange de chaleur). Note : Ce n’est pas une évolution isobare, sinon la température resterait à 26° C. Rép.: T 2 = -9.3° C Problème 24 Un cylindre vertical fermé par un piston contient 10 kg de R-134a à 10° C. On fournit de la chaleur au cylindre, ce qui a pour effet de faire monter librement le piston jusqu’à ce qu’il atteigne des butées; à ce moment-là, le volume a doublé. On fournit encore de la chaleur jusqu’à ce que la température intérieure atteigne 100° C; la pression dans le cylindre est alors de 1,2 MPa. Calculez la chaleur totale transférée. Rép.: Q 13 = 2.1MJ Problème 25 Un cylindre contient 0,4 kg de vapeur d’eau saturée à 110° C, comme l’illustre la figure suivante. Le ressort touche alors le piston, mais n’y exerce encore aucune force. On fournit de la chaleur à l’eau, ce qui entraîne l’élévation du piston. Pendant l»évolution, la force de rappel du ressort est proportionnelle au déplacement du piston; la constante du ressort est de 50 kN/m et la section du piston est de 0,05 m2. a) Quelle est la température dans le cylindre lorsque la pression intérieure atteint 300 kPa ? b) Calculez la quantité de chaleur transmise au cours de l’évolution. Rép.: T 2 = 527,9° C b) Q 12 = 265,5 kJ H2O CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 7-34 Chapitre 7 : Substances pures, travail et premier principe de la thermodynamique CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 7-35 Chapitre 8 : Réfrigération Chapitre 8 Réfrigération Objectifs La maîtrise des notions présentées dans ce chapitre devrait vous permettre de pouvoir : • expliquer conceptuellement et techniquement le principe de la réfrigération à compression de vapeur; • différencier une pompe à chaleur d’un système de réfrigération; • énumérer les composantes principales d’un système de réfrigérations; • discuter du rôle des composantes principales d’un système de réfrigérations; • décrire ce qu’est un échangeur de chaleur; • connaître les méthodes de contrôle de température d'un cycle de réfrigération; • appliquer le premier principe aux quatre évolutions d'un cycle de réfrigération; • décrire les états du réfrigérant entrant et sortant de chaque évolution d'un cycle de réfrigération; • calculer un cycle de réfrigération à compression de vapeur; • calculer le débit massique de réfrigérant pour satisfaire à une puissance de réfrigération donnée. CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 8-1 Chapitre 8 : Réfrigération 8.1 Introduction La création du froid est quelque chose d’assez mystérieux, voire d’impossible à comprendre ou expliquer sans des notions de base de thermodynamique. La première « machine à créer du froid » date d’il y a à peine 150 années. Vos grands-parents pourront vous confirmer qu’il n’y a pas si longtemps, de la glace était livrée à domicile pour garder les aliments au froid. La glace était coupée sur les cours d’eau l’hiver et emmagasinée sous de la paille dans des entrepôts, où elle se gardait jusqu’à l’hiver suivant. Il existe encore beaucoup de pays ou la glace fait encore office de système de réfrigération. Comparativement, notre capacité de création de chaleur date à Homo Erectus, il y de ça 1.5 million d’années. Historiquement, l’histoire de la réfrigération est marquée par les étapes suivantes (voir Anderson, 1953, pour un historique détaillé). Un anglais, William Cullen démontra en 1748 une réduction de température lorsque de l’éther était évaporé sous vide partiel. En 1775 il donna une lecture publique intitulée « Cold Produced by Evaporating Fluids ». En 1781, l’italien Tiberius Cavallo fut le premier à publier l’équivalent dans le prestigieux « Philosophical Transactions of the Royal Society » en décrivant ses expériences sur la production de froid. La figure ci-dessous démontre le principe de base de l’expérience, en l’adaptant un peu plus près de la réalité d’aujourd’hui (Cullen avait utilisé de l’éthyle-éther initialement à la pression atmosphérique couplé à une pompe à vide). H2O o 20 C R134a o -10 C 200 kPa Figure 8.1 CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 8-2 Chapitre 8 : Réfrigération Votre excellente connaissance du deuxième principe de thermodynamique vous indique que la volatilisation forcée requiert un ajout de chaleur égal à l’augmentation d’énergie interne. À la figure 8.1, cet ajout de chaleur viendra du volume d’eau entourant l’éprouvette d’éther. Tel que le deuxième principe l’indique, si l’eau perd de la chaleur, puisqu’aucun travail n’est effectué, son énergie interne (et donc sa température) doit diminuer. L’eau a donc été refroidie. Notez que « du froid » n’a pas été créé. La « création de froid » est impossible. Désolé de vous décevoir! On peut par contre enlever de la chaleur à une substance, ce qui se traduit automatiquement par une baisse de température. (À moins bien sûr que la substance soit en état de saturation, et à ce moment la perte de chaleur peut se faire à température constante, ce qui se traduira bien sûr par la condensation d’une partie de la vapeur saturée.) En fait, la réfrigération est le processus par lequel on enlève de la chaleur à un milieu fermé, provoquant ainsi en une baisse de température du milieu. Évidemment, le système illustré à la figure ci-dessus n’est pas très utile puisqu’il n’est utilisable qu’une seule fois. Un système de réfrigération doit pouvoir fonctionner en continu. Pour le système de la figure ci-dessus, cela implique la récupération du R134a évaporé, sa compression et réintroduction dans notre éprouvette contenant de l’eau. Pas si simple à première vue. Mais, l’argent étant un agent de motivation puissant, on peut toujours compter sur le génie inventif de l’humain. Ce qui nous ramène à notre historique. En 1818, un anglais nommé Robert Salmon reçut une Patente en Angleterre (No. 4331) pour le refroidissement artificiel de boissons. En 1834, une Patente est enregistrée pour la production de froid via l’expansion de liquides volatils dans un circuit fermé. Les premiers compresseurs pour la fabrication de glace font leur apparition. L’ancêtre des systèmes modernes est né. Il est intéressant de noter que ceci arrive AVANT que le premier principe de la thermodynamique n’ait été clairement énoncé par l’allemand Clausius en 1850. Les inventeurs étaient donc en avant sur les théoriciens. L’américain Alexander Twining (1801-1884) enregistre une Patente américaine en 1853 et met sur pied une usine de production de glace à Cleveland ayant une capacité de 1600 livres par jour, en utilisant de l’éther sulfurique. En 1859, l’ammoniaque est introduite et deviendra le réfrigérant standard pour de nombreuses années. En 1872, l’américain Boyle invente et opère le premier système de réfrigération à base de compression (d’ammoniaque). Les années qui suivirent virent la multiplication des systèmes de réfrigération pour les brasseries, les navires et trains. La compression de vapeur est utilisée dans la majorité des systèmes de réfrigération moderne. CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 8-3 Chapitre 8 : Réfrigération 8.2 Cycle de réfrigération à compression de vapeur Le système de réfrigération à compression de vapeur suit un cycle composé de quatre évolutions distinctes. Le principe du cycle est très simple. Il s’agit de faire circuler un fluide à basse température et à le mettre en contact avec le milieu à réfrigérer, généralement composé d’air. Si la température du fluide réfrigérant est inférieure à la température de l’air, de la chaleur sera échangée entre les deux fluides passant de l’air vers le fluide réfrigérant. La température du milieu à réfrigérer diminue. Le reste du cycle vise simplement à éliminer la chaleur emmagasinée par le fluide réfrigérant pour qu’il puisse revenir à son état initial. Comme présenté à la figure 8.2, le cycle est composé d’un compresseur, d’une soupape de détente ainsi que de deux échangeurs de chaleur. Le cycle est séparé en une section de haute pression et une de basse pression, toutes deux étant toutefois supérieures à la pression atmosphérique. Qh soupape de détente condenseur compresseur évaporateur W Qb espace froid Figure 8.2 : cycle de réfrigération à compression de vapeur Qu’est-ce qu’un échangeur de chaleur ? Il s’agit de n’importe quel mécanisme permettant l’échange de chaleur entre 2 fluides sans que les fluides soient eux-mêmes mélangés. Dans son exemple le plus simple, la conduite de cuivre qui transporte l’eau chaude à partir de votre chauffe-eau jusqu’à votre douche est un échangeur de chaleur, puisqu’elle permet le passage de la chaleur de l’eau chaude vers l’air entourant la conduite. Évidemment, dans ce cas particulier, puisque cet échange de chaleur n’est pas souhaitable, il est logique d’entourer la conduite d’un revêtement isolant pour justement limiter cette perte de chaleur. CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 8-4 Chapitre 8 : Réfrigération Mais dans le cas ou un échange de chaleur est souhaitable, on doit tenir compte des règles suivantes : • • • L’échange de chaleur est proportionnel à la différence de température entre les deux fluides L’échange de chaleur est proportionnel à la surface de contact entre les deux fluides Le matériel séparant les deux fluides doit être un bon conducteur de chaleur La troisième condition est facilement remplie puisqu’un des fluides est généralement transporté par une conduite métallique bonne conductrice de chaleur. Pour ce qui est de la seconde condition, une conduite en serpentin assure généralement une surface de contact suffisante. Plus le diamètre de la conduite est faible, plus le ratio entre la surface de contact et le volume de fluide est grand ce qui maximise l’échange de chaleur par unité de masse. Toutefois, si le diamètre est trop petit, les pertes de charge deviennent grandes (souvenez-vous que les pertes de charge sont fonction du diamètre à la puissance 5 !) et il faudra ajouter de la puissance au système. La première condition est de loin la plus intéressante. Supposez un fluide réfrigérant à une température de -10oC circulant dans une conduite en contact avec de l’air à 0oC. Avec une différence de température de 10oC, le réfrigérant perdra de la chaleur au profit de l’air. L’air verra sa température baisser légèrement alors que le réfrigérant verra sa température augmenter. Si l’air passe à -2.5oC et le réfrigérant à -7.5oC, l’efficacité d’échange de chaleur vient de diminuer de 50% puisque la différence de température est passée de 10oC à 5oC. Puisque la masse d’air est normalement grande par rapport à la masse de réfrigérant, on peut facilement régler le problème de l’air en assurant une bonne circulation d’air dans l’espace à réfrigérer. Un simple ventilateur assure que l’air refroidi directement en contact avec le réfrigérant soit rapidement remplacé par de l’air à plus haute température. La convection naturelle assure le mouvement de l’air froid vers le bas, mais un ventilateur assurera une efficacité maximum et permettra une surface de contact plus petite entre les deux fluides. Pour ce qui est du réfrigérant, il s’agit de s’assurer que ce dernier est dans un état saturé dans l’échangeur de chaleur. De cette façon, la chaleur qui lui est transférée à partir du milieu à réfrigérer servira à faire passer du liquide saturé sous forme de vapeur saturée, tout en gardant la température du fluide réfrigérant constante! De cette façon, on s’assure que la différence de température reste optimale. Simple et élégant. De plus, la quantité d’énergie que l’on peut transférer au fluide réfrigérant est beaucoup plus grande, permettant une bonne puissance de réfrigération dans un espace compact. À la sortie de l’évaporateur, le réfrigérant devrait être de la vapeur saturée à 100%, puisque cette dernière verra sa pression augmentée par le compresseur, et qu’il est difficile de comprimer un mélange liquide vapeur. Si la pression du réfrigérant augmente, sa température augmentera aussi, ce qui lui permettra de rejeter la chaleur absorbée dans l’évaporateur. CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 8-5 Chapitre 8 : Réfrigération En effet, pour que le cycle fonctionne, la chaleur absorbée par le fluide réfrigérant doit éventuellement être relâchée. Le second échangeur de chaleur (condenseur), opère de la même façon que le premier. Pour que le réfrigérant cède de la chaleur, il doit avoir une température plus élevée que le milieu ambiant de rejet, soit une température d’au moins 40oC si le rejet se fait dans de l’air ambiant entre 20 et 30oC. Une compression adéquate assurera que ces conditions sont remplies. Pour les mêmes raisons qu’énoncées précédemment, le réfrigérant perdra sa chaleur à température constante puisqu’il sera en conditions saturées dans le condenseur. La perte de chaleur se traduira par la condensation de vapeur saturée en liquide saturé. Le passage au travers de la soupape de pression constitue la dernière étape du cycle. Une soupape de pression est simplement un mécanisme de perte de charge. Une grande perte de charge se traduit par une importante perte de pression ce qui retourne le réfrigérant à son état initial de fluide à basse température et basse pression. Selon l’équation d’un cycle, la chaleur nette produite par le cycle doit être égale au travail net fait par le cycle. En respectant les conventions de signe, on peut écrire l’équation nette du cycle : −Qh + Q b = −W 8.1 Qb + W = Qh 8.2 ou encore : où les indices h et b indiquent la chaleur échangée à haute et basse températures. Le travail est fait sur le fluide par le compresseur et est donc négatif. La chaleur à basse température est transmise au fluide et est positive. Elle est cédée par le fluide à haute température et est donc négative. En valeur absolue, Q h est donc toujours plus élevée que Q b . Chose assez amusante, vous pouvez donc en conclure qu’un système de réfrigération est en fait un appareil de chauffage! Nous y reviendrons d’ailleurs un peu plus tard en parlant de thermopompes. 8.2.1 Critères de performance Comme mentionné, précédemment, pour que le cycle puisse fonctionner adéquatement il faut : • • • • Que la température du fluide à l’évaporateur soit inférieure de 5 à 15°C de celle de l’espace froid, de façon à permettre le transfert de chaleur du milieu à réfrigérer vers le réfrigérant Que la température du fluide au condenseur soit supérieure de 5 à 15°C de celle du milieu ambiant, de façon à permettre au réfrigérant de relâcher la chaleur accumulée vers le milieu ambiant Le réfrigérant sera en conditions de saturation dans l’évaporateur et le condenseur Les pressions dans l’évaporateur et dans le condenseur seront supérieures à la pression atmosphérique, sans être toutefois trop élevées (inférieures à 2MPa). CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 8-6 Chapitre 8 : Réfrigération L’efficacité d’un cycle de réfrigération est mesurée par son coefficient de performance β défini par : = β Qb Qb 1 = = Wnet Qh − Qb Qh − 1 Qb 8.3 Tous les termes de cette équation sont en valeur absolue. La valeur de β est toujours supérieure à un. C’est la raison pour laquelle on ne parle pas d’efficacité, par définition entre 0 et 1, mais plutôt de coefficient de performance Si vous vous arrêtez pour y penser, vous trouverez très intéressant le fait qu’une valeur de β supérieure implique que pour chaque Joule d’énergie que vous achetez à Hydro-Québec pour faire fonctionner le compresseur de votre appareil, vous en retirez jusqu’à 3 fois plus en refroidissement. Nous y reviendrons plus tard. Avant de procéder à une analyse plus précise du cycle, il est opportun de discuter du fluide réfrigérant. 8.2.2 Le réfrigérant idéal Le réfrigérant est choisi sur les bases de sa relation entre pression et température de saturation. Les propriétés suivantes sont souhaitables : • • • • • • Le cycle devrait entièrement être à une pression supérieure à la pression ambiante (ceci aide à la détection de fuite et permet d’éviter que de l’air s’introduise à l’intérieur du cycle ce qui pourrait causer plusieurs problèmes) Le coût du réfrigérant devrait être faible Il devrait être facilement disponible Il est sans danger pour la santé humaine Il devrait pouvoir être vaporisé à une température inférieure à –10°C et condensé à une température supérieure à 40°C à des pressions raisonnables. Finalement, il devrait être sans danger pour l’environnement. L’avant-dernière condition fait référence au fait que le réfrigérant doit avoir une température inférieure au milieu à réfrigérer pour assurer le transfert de chaleur dans l’évaporateur, et une température supérieure au milieu ambiant dans le condenseur, pour permettre le rejet de chaleur. Par exemple, si on voulait réfrigérer un entrepôt à -20oC dans le désert du Sahara, il faudrait une température de réfrigérant d’au moins -30oC dans l’évaporateur et de +60oC au condenseur, pour que la chaleur puisse être rejetée dans l’air chaud du désert. Tout ça à des pressions raisonnables, puisque le système est constitué de conduites et de joints. Une pression trop grande dans le système rendrait ce dernier trop susceptible aux fuites. CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 8-7 Chapitre 8 : Réfrigération Bien qu’assez simple conceptuellement, la quête du réfrigérant idéal fut parsemée d’embûches. Sur ce, nous pouvons encore une fois reprendre (et terminer) notre petit historique sur la réfrigération. Durant les années 1800 et débuts 1900, les fluides répondant aux conditions ci-dessus étaient : l’ammoniaque (NH3), le chlorure de méthyle (CH3Cl), et le dioxyde de soufre (SO2), le premier étant le plus utilisé. Tous ces fluides ont la malheureuse propriété d’être toxiques. Suite à la prolifération de systèmes de réfrigération et l’apparition des premiers réfrigérateurs domestiques à partir de 1915, des accidents parfois fatals surviennent de plus en plus fréquemment durant les années 20. En 1928, les américains Midgley et Kettering de la compagnie Dupont inventent le réfrigérant miracle appelé Fréon. Il est sans couleur ou odeur, ininflammable et sécuritaire pour la santé. De plus, il est chimiquement très stable et est fortement compatible aux huiles minérales, ce qui permet la lubrification du compresseur à même le mélange. Le fréon est en fait une famille de composés appelée CFC pour : chlorofluorocarbones. Ce sont des composés d’atomes de carbone (hydrogène), fluor et chlore. Le plus commun est le Fréon 12, utilisé pour la réfrigération à basse température. Le fréon 12 est en fait une molécule de méthane (CH 4 ) auquel trois atomes hydrogène sont remplacés par deux fluors et un chlore. Son nom chimique est le difluoro-chloro méthane (CHF 2 Cl). La Patente de la compagnie expire durant les années 40 et le fréon-12 est manufacturé par plusieurs compagnies sous différents noms. Le nom générique de réfrigérant-12 (R-12) est utilisé. On peut aussi noter le réfrigérant-22 pour les applications à basse température. Tout baigne dans l’huile jusqu’au début des années 1970 alors que les Américains Rowland et Molina de l’Université de la Californie à Irvine, se posent la question de ce qu’il advient des milliers de tonnes de CFC produits et ultimement relâchés dans l’atmosphère. Ils trouvent alors que les CFC sont vraisemblablement transportés jusque dans la stratosphère où ils sont détruits suite à l’action du rayonnement ultraviolet. Le chlore ainsi libéré s’attaque alors à l’ozone stratosphérique. Cette mince couche d’ozone stratosphérique est celle qui protège la terre et ses habitants contre le rayonnement ultraviolet nocif (UVB et UVC). Leurs résultats sont publiés dans la revue Nature en 1974 (Molina et Rowland, 2004). Leurs résultats se transforment vite en controverse et l’industrie de la réfrigération essaie tant bien que mal de minimiser l’impact de leurs travaux. Malgré la solidité de leur théorie, le puissant lobby de l’industrie chimique se traduira par le fait qu’au début des années 80, peu sont réellement convaincus du danger imminent des CFC. C’est au milieu des années 80 que les premières mesures à partir du sol enregistrent l’absence de la couche d’ozone en Antarctique. Des mesures satellitaires de la NASA confirment rapidement ces observations et permettent d’imager l’énorme superficie de ce « trou ». CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 8-8 Chapitre 8 : Réfrigération L’importance de la couche d’ozone pour la vie terrestre résulte en une mobilisation rapide de l’opinion populaire. En 1987, 57 nations industrielles signent le Protocole de Montréal visant à éliminer graduellement les CFC. Modifiée à trois reprises (dont à Montréal pour la troisième modification en 1997), la production de CFC est interdite depuis le 31 décembre 1995. En 1995, Molina et Rowland reçoivent le prix Nobel de chimie pour leurs travaux sur les CFC et la couche d’ozone. Depuis 1997, la concentration de chlore dans la stratosphère est en diminution et le trou dans la couche d’ozone au dessus de l’Antarctique est lentement en train de se résorber. Au travers de ce débat scientifique, l’industrie chimique recherche activement un réfrigérant de remplacement. Le remplaçant idéal devrait avoir les mêmes propriétés physiques, chimiques et thermodynamiques que le R-12 pour pouvoir être un substitut intégral, tout en ayant un potentiel nul d’appauvrissement de la couche d’ozone. Le substitut intégral n’a jamais été trouvé. Le réfrigérant R134a introduit encore une fois par Dupont s’est imposé en tant que meilleur candidat. Le R134a, ou tétrafluoroéthane (CF 3 -CH 2 F) élimine complètement le chlore en faveur d’une molécule plus lourde et contenant 4 atomes de fluor. L’industrie automobile fut une des premières à l’adopter au milieu des années 90. On ne peut, par contre, substituer directement le R-12 par du R-134a sur des équipements existants. Des changements de conduits et de joints d’étanchéité sont nécessaires, de même qu’un changement de compresseur si on veut conserver la même efficacité. C’est pour cette raison que malgré l’interdiction de fabrication du R-12, ce dernier continu d’être utilisé par de nombreux appareils de réfrigération et la vente de R-12 recyclé est toujours autorisé. Lorsque la durée de vie utile de ces appareils sera atteinte, le R-12 sera alors complètement éliminé. Finalement, pour compliquer les choses, le R134a fait partie de la liste des gaz contribuant à l’effet de serre, et fait partie des gaz qui devraient être éliminés graduellement après 2012 selon le Protocole de Kyoto. Le R134a à un effet de serre 1300 fois supérieur à celui de CO 2 . Pour terminer l’historique, dernier fait important, on peut noter qu’en mai 2005, le professeur canadien François Brissette a remplacé dans ses notes de cours les tables de thermodynamiques du R-12 par celles du R-134a. Et voilà. Finalement, l’expérience des 30 dernières années nous permet d’ajouter une dernière condition au réfrigérant idéal, à savoir qu’il devrait être sans danger non seulement pour la santé humaine, mais aussi pour l’environnement. CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 8-9 Chapitre 8 : Réfrigération 8.3 Analyse théorique du cycle Chacune des quatre composantes du cycle de réfrigération à compression de vapeur est un système ouvert représenté par l’équation du premier principe de la thermodynamique q = (hs − he ) + 0.5(vs2 − ve2 ) + g ( zs − ze ) + wsystème 8.4 Nous pouvons simplifier l’analyse du cycle en nous concentrant sur les termes importants de chaque évolution, et donc en simplifiant au maximum l’équation ci-dessus. En représentant le cycle avec les états 1-2-3-4 suivants : 3 2 Qh W 4 1 Qb espace froid Nous retrouvons les quatre évolutions composant le cycle. 8.3.1 Évolution 1-2: compression Avec les suppositions suivantes : • v1 = v2 • z1 = z2 • compresseur bien isolé (Q=0) on peut écrire : w12= h1 − h2 8.5 De plus, tel qu’il sera vu rapidement au chapitre suivant, cette évolution peut être qualifiée d’isentropique et donc de relation où l’entropie est approximativement constante et donc : s1 = s2 CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 8.6 8-10 Chapitre 8 : Réfrigération 8.3.2 Évolution 2-3: échange de chaleur à haute température Avec les suppositions suivantes : • v2 = v3 • z2 = z3 • travail nul on peut écrire : q23= h3 − h2 8.7 de plus, en assumant que les pertes de charge sont faibles, la pression sera constante et nous avons donc P2 = P3 . 8.3.3 Évolution 3-4: soupape de détente Avec les suppositions suivantes : • v3 = v4 • z3 = z4 • soupape bien isolée (Q=0) • travail nul on peut écrire : h3 = h4 8.8 8.3.4 Évolution 4-1: échange de chaleur à basse température Avec les suppositions suivantes : • v1 = v4 • z1 = z4 • travail nul l’équation 8.4 devient : q14= h1 − h4 8.9 de plus, en assumant que les pertes de charge sont faibles, la pression sera constante et nous avons P1 = P4 . CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 8-11 Chapitre 8 : Réfrigération Le cycle théorique peut être représenté sur un diagramme pression enthalpie massique. Le diagramme pression enthalpie massique présente les caractéristiques suivantes : p point critique région de liquide saturé ligne d'entropie constante ligne de température cte ligne de liquide saturé région liquide et vapeur ligne de vapeur saturée région de vapeur surchauffée ligne de volume constant h Diagramme pression enthalpie massique Sur un tel diagramme, le cycle de réfrigération à compression de vapeur est représenté de la manière suivante : p 3 4 2 1 h Diagramme p-h pour le cycle de compression de vapeur standard CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 8-12 Chapitre 8 : Réfrigération Compte tenu des définitions du cycle théorique on peut aussi modifier le coefficient de performance (éq.8.3) par : β = Qb Effet réfrigérant = = Wnet Travail net h1 − h4 h2 − h1 8.10 Notez que les relations définies pour le cycle sont toutes sous forme massique, soient en kJ/kg. Pour définir la puissance du cycle de réfrigération, outre ces valeurs, il est nécessaire de connaître le débit massique de réfrigérant à travers le système. Par exemple, pour un effet réfrigérant de 70 kJ/kg, si le débit du réfrigérant q ref l’évaporateur est de 1 kg/sec, la puissance de réfrigération est ainsi définie : Préf . = h1 − h4 q réf = 70 traversant kj kg 1 = 70kW = 93.9 hp kg sec Ce qui serait un gros système de réfrigération. Pour un système 10 fois plus petit, il faudrait simplement faire circuler un débit de réfrigération 10 fois plus petit. L’analyse de base du cycle faite sous forme massique ne change pas. Il faudra bien sûr dimensionner les échangeurs de chaleur et les conduits en fonction du débit massique du réfrigérant. Autrement dit, si vous essayez de transformer votre réfrigérateur maison en climatiseur pour un entrepôt de 10000 m3 en le connectant à un compresseur de 150 hp, vous risquez d’être fort déçus des résultats. Assurezvous de bien éloigner les enfants avant de brancher le compresseur. Un système de réfrigération (ou de climatisation) sera conçu d’abord et avant tout en fonction de sa puissance de réfrigération. Cette dernière est fonction du volume d’air à réfrigérer et des conditions ambiantes. Une large fenestration, une orientation vers le soleil ou une mauvaise isolation sont tous des facteurs qui militeront en faveur d’une puissance plus élevée. CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 8-13 Chapitre 8 : Réfrigération Exemple : Soit un cycle de réfrigération à compression de vapeur fonctionnant au R134a. La température du réfrigérant est de –10oC dans l’évaporateur et de +50oC dans le condenseur. Le moteur et le compresseur ont une efficacité de 71% chacun. Si vous visez une puissance de refroidissement de 20 kW veuillez calculer : • l’effet réfrigérant • le débit massique de R134a nécessaire pour la puissance de refroidissement requise • les coefficients de performance théorique et réel. Solution : CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 8-14 Chapitre 8 : Réfrigération 8.4 Pompes à chaleur Le cycle d’une pompe à chaleur, souvent appelé thermopompe est illustré ci-dessous. Le cycle est rigoureusement le même que celui d’un cycle de réfrigération sauf que le but n’est pas de refroidir un espace restreint, mais plutôt de réchauffer un milieu restreint. Pour la réfrigération, le milieu restreint est le réfrigérateur alors que le milieu ambiant est le bâtiment où la chaleur à haute température est rejetée. Sous une opération de pompe à chaleur, le milieu restreint est le bâtiment et la chaleur à basse température est tirée de l’extérieur du bâtiment. Une pompe à chaleur « pompe » littéralement la chaleur du milieu extérieur froid pour rejeter de la chaleur vers le milieu chaud. espace chauffé Qh condenseur soupape de détente compresseur évaporateur W Qb cycle de pompe à chaleur à compression de vapeur Dans le cas d’une pompe à chaleur, puisque le but n’est pas de retirer de la chaleur, mais plutôt d’en ajouter, le coefficient de performance est donné en fonction de la chaleur à haute température Q h plutôt que Q b comme c’est le cas en réfrigération. : = β h −h Qh effet réchauffant Qh 1 = = = 2 3 Wnet travail net Qh − Qb 1 − Qb h2 − h1 Qh CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 8.11 8-15 Chapitre 8 : Réfrigération Exemple : En fonction de l’exemple précédent, calculez la puissance de réchauffement ainsi que le coefficient de performance théorique de la pompe à chaleur. Solution : 8.4.1 Fonctionnement mixte : pompe à chaleur/climatiseur Certaines thermopompes permettent le fonctionnement en mode « pompe à chaleur » et en mode « climatiseur ». Dans ces appareils les échangeurs de chaleur peuvent jouer à la fois le rôle de condenseur et d’évaporateur. Un échangeur de chaleur est à l’intérieur du bâtiment et l’autre est à l’extérieur. En mode de climatisation, l’échangeur de chaleur à l’intérieur joue le rôle de l’évaporateur et celui à l’extérieur de condenseur. Les rôles sont renversés en opération de pompe à chaleur. Les coefficients de performance réelle 2 à 3 plus élevés que tout autre appareil de chauffage rendent son utilisation très intéressante. Ce haut niveau de performance est toutefois compensé par le haut coût initial à l’achat, les coûts d’entretien ainsi que par l’obligation de dégivrer l’évaporateur dès que la température du réfrigérant à l’intérieur de ce dernier est inférieure à 0oC. La pompe à chaleur n’est plus rentable à une température extérieure inférieure à –10oC. 8.5 Références Anderson, OE., Refrigeration in America: A History of a New Technology and its Impact. Princeton: Princeton University Press, 1953 Molina, M.J., et Rowland, F.S. "Stratospheric Sink for Chlorofluoromethanes: Chlorine AtomCatalysed Destruction of Ozone," Nature 249 (28 June 1974):810. CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 8-16 Chapitre 8 : Réfrigération Problèmes Problème 1 Un système de réfrigération opère à des pressions de 240 et 1200 kPa, respectivement à l’évaporateur et au condenseur. Définissez les variables thermodynamiques importantes : - à la sortie de l’évaporateur - à l’entrée du condenseur - à la sortie du condenseur - à l’entrée de l’évaporateur Rép : État 1 : -5.4oC État 2 : 51.5oC État 3 : 46.3oC État 4 : -5.4oC 240 KPa h=244.1 kJ/kg s=0.922 1200 KPa h=277.34kJ/kg s=0.922 1200 KPa h=115.8 kJ/kg 240 KPa h=115.8 kJ/kg x=0.36 Problème 2 Pour le problème précédent, calculez l’effet réfrigérant, le travail massique du compresseur, le rapport de pression de ce dernier, ainsi que l’effet réchauffant du système. Rép : 128.3 kJ/kg, 33.24 kJ/kg, 5, 161.54 kJ/kg (NB : vous noterez que 128.3+33.24=161.54, une vérification que vous devriez toujours faire Problème 3 Toujours dans le cas du problème précédent, calculez la puissance de réfrigération sachant que le débit massique du réfrigérant est de 0.05 kg/sec. Calculez aussi la puissance fournie au réfrigérant par le compresseur. Si l’efficacité globale du compresseur est de 0.4, calculez la puissance électrique nécessaire pour le faire fonctionner. Rép : 6.4 kW, 1.66 kW, 4.15kW Problème 4 Un cycle de réfrigération opère aux pressions de 200 et 900 kPa avec du R134a. Déterminez (/kg de réfrigérant) les valeurs théoriques de : a) b) c) d) e) effet de réfrigération chaleur rejetée dans le condenseur travail fait par le compresseur le coefficient de performance la température de l'évaporateur CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 8-17 Chapitre 8 : Réfrigération f) g) h) i) la température du condenseur le titre après la soupape de détente le volume spécifique de la vapeur entrant dans le compresseur la température de la vapeur quittant le compresseur Rép.: a) 141.7 kJ/kg b) 172.8 kJ/kg c) 31.1 kJ/kg d) 4.56 e) -10oC f) 35.5oC a) 0.3 h) 0.099 m3/kg i) 41oC solution : État 1 : 200 KPa 241.3 kJ/kg s=0.92534 État 2 : 900 KPa 272.4 kJ/kg s=0.92534 État 3 : 900 KPa 99.56 kJ/kg État 4 : 200 KPa 99.56 kJ/kg x=0.307 Problème 5 Un entrepôt frigorifique utilise du R134a selon un cycle de compression de vapeur standard. La température du réfrigérant dans l'évaporateur et le condenseur est respectivement de–20oC et +40oC. Sachant aussi que la puissance de refroidissement du système est de 10 kW, déterminez : a) b) c) d) e) f) g) h) i) j) k) l) m) la pression de l'évaporateur la pression du condenseur le rapport de pression du compresseur le travail idéal du compresseur par kilogramme de réfrigérant le vrai travail du compresseur par kilogramme de réfrigérant compte tenu d'une efficacité de 60% de ce dernier. l'effet réfrigérant le débit massique de réfrigérant la puissance fournie au réfrigérant par le compresseur la puissance requise pour faire fonctionner le compresseur la puissance de refroidissement (échangée à l'évaporateur) la puissance de la chaleur échangée au condenseur les coefficients de performance théorique et réel le titre à l’entrée de l’évaporateur Rép.: a)133 kPa b)1016 kPa c)7.64 d)42.1 kJ/kg e)70.2 kJ/kg f)129.1 kJ/kg g)0.078 kg/sec h) 3.28 kW i)5.47 kW j) 10 kW (vérification de la donnée initiale) k) 13.3 kW l) 3.0 et 1.8 m) 0.39 solution : État 1 : 133 KPa 235.31 kJ/kg s=0.9332 État 2 : 1016.4 KPa 277.44kJ/kg s=0.9332 État 3 : 1016.4 KPa 106.19 kJ/kg État 4 : 133 KPa 106.19 kJ/kg x=0.38819 CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 8-18 Chapitre 8 : Réfrigération Problème 6 Pour le problème précédent, calculez le débit massique d'air nécessaire au contact de l'évaporateur si l'air qui quitte l’échangeur de chaleur est à -15oC. Prenez la chaleur massique de l'air c p =1.005 kJ/kg/K. Vous vous souviendrez que Q=c p m ΔT. Rép.: 1.99 kg/sec Problème 7 Du R134a à -10oC est introduit à l’intérieur de deux échangeurs de chaleur de longueur infinie, au travers d’un milieu ambiant constitué d’air à une température de 0oC (la longueur infinie indique simplement que le réfrigérant atteindra éventuellement la température du milieu ambiant, soit 0oC). Dans les deux cas, le débit massique de réfrigérant est de 0.05 kg/sec. La seule différence est qu’à l’entrée du premier échangeur de chaleur, le réfrigérant est sous un état de vapeur saturée alors qu’à l’entrée du second, l’état est en liquide saturé. En prenant pour acquis que la température dans le milieu ambiant reste constante (la masse d’air est grande par rapport à la masse du réfrigérant), calculez la puissance maximale de réfrigération possible dans les deux cas. Considérez que la pression reste constante. Rép : 0.44 kW et 10.66 kW. Ce problème démontre l’énorme avantage d’avoir des conditions saturées au niveau de l’échange de chaleur. (ces chiffres prennent pour acquis que le réfrigérant atteint la température finale de 0oC) Solution : État initial de liquide saturé : p=200.7 kPa, h initial =36.96, h final =250.08, P max =10.66 kW État initial de vapeur saturée : p=200.7 kPa, h initial =241.35, h final =250.08, P max =0.44 kW Problème 8 Une pompe à chaleur opère à des pressions de 240 et 1200 kPa, respectivement à l’évaporateur et au condenseur. Sachant que le débit massique de réfrigérant est de 0.1 kg/sec, calculez la puissance de la pompe à chaleur ainsi que son coefficient de performance théorique. NB : Les états thermodynamiques sont les mêmes qu’aux problèmes 1 et 2. Vous pouvez donc réutiliser les mêmes valeurs. Rép : 16.15 kW, 4.86 CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 8-19 Chapitre 8 : Réfrigération Problème 9 Une pompe à chaleur utilisant du R134a doit produire 100 kW de chauffage. Si la température extérieure est de -10oC et que la température intérieure requise est de 25oC déterminez : a) le rapport de pression du compresseur b) le coefficient de performance théorique c) le débit massique du réfrigérant d) l'input électrique nécessaire si le compresseur a une efficacité globale de 50% ainsi que le que vrai coefficient de performance e) le débit massique d'air pour que l'air quittant l'évaporateur soit à 5oC Allouez 10oC de différence pour le transfert de chaleur dans le condenseur et l'évaporateur et prenez la chaleur massique de l'air c p =1.005 kJ/kg/K Rép.: a) 6.7 b) 4.48 c) 0.57 kg/sec d) 44.7 kW et 2.24 e) 15.5 kg/sec solution : État 1 : 133 KPa 235.31 kJ/kg s=0.9332 État 3 : 887 KPa 98.8 kJ/kg État 2 : 887 KPa 274.55 kJ/kg s=0.9332 État 4 : 133 KPa 98.8 kJ/kg Problème 10 Une pompe à chaleur utilisant du R134a produit 100 kW avec une température du réfrigérant au condenseur de 50oC. La source de chaleur est l'atmosphère avec une température de design de 5oC. Une différence de température de 10oC est établie dans le condenseur et l'évaporateur par rapport au milieu ambiant. Déterminez le coefficient de performance théorique, le rapport de compression du compresseur et le débit massique du réfrigérant. Rép.: a) 4.52 b) 5.4 c) 0.63 kg/sec solution : État 1 : 243 KPa 244.3 kJ/kg s=0.9219 État 3 : 1317 KPa 121.45 kJ/kg État 2 : 1317 KPa 279.2 kJ/kg s=0.9219 État 4 : 243 KPa 121.45 kJ/kg x=0.38819 Problème 11 Un bâtiment requiert 100 kW de chauffage 40 heures par semaine, 48 semaines par année. Calculez les coûts comparatifs de l'énergie pour une thermopompe, un brûleur au gaz naturel et des plinthes électriques. Vous disposez des données suivantes : b) coût de l'énergie électrique 0.075$/kWh c) le coefficient de performance réel de la thermopompe 2.25 d) coût du gaz naturel 0.35$/m3 e) contenu énergétique du gaz 37.5 MJ/m3 f) efficacité du brûleur à gaz 85% g) efficacité des plinthes électriques 99% Rép.: 6394$, 7590$ et 14545$ (par année) CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 8-20 Chapitre 8 : Réfrigération CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 8-21 Chapitre 9 : Second principe de la thermodynamique Chapitre 9 Second principe de la thermodynamique Objectifs La maîtrise des notions présentées dans ce chapitre devrait vous permettre de : • • • • • • définir le concept de machine thermique; expliquer la nécessité du rejet de chaleur dans un cycle d'une machine thermique; calculer le rendement d'une machine thermique; décrire les 4 évolutions d'un cycle de Carnot; définir le rendement maximum selon un cycle de Carnot; comprendre intuitivement le concept d'entropie d'une substance ainsi que le concept d'accroissement d'entropie; • comprendre que la direction d'une évolution se fait dans la direction d'une entropie plus grande; • utiliser les valeurs d'entropie des tables de thermodynamique pour faire des calculs simples; CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 9-1 Chapitre 9 : Second principe de la thermodynamique 9.1 Énoncé du second principe de la thermodynamique Le premier principe de la thermodynamique ne dit pas tout. Clairement, nous savons qu’un pouding chaud mis au réfrigérateur se refroidira. Pourtant, le premier principe permet au pouding de se réchauffer en enlevant de la chaleur au réfrigérateur pourvu que le gain de chaleur soit égal au changement d’énergie interne de l’air à l’intérieur du réfrigérateur. Le second principe permet de résoudre ce dilemme apparent. 9.1.1 Énoncé intuitif du second principe Il existe plusieurs façons d’énoncer le second principe simplement : • • • L’écoulement de chaleur au travers une frontière simple se fait toujours de la haute température vers la basse température Deux gaz mis ensembles vont toujours se mélanger spontanément et ne se sépareront pas spontanément Un miroir finira toujours par se briser et une fois brisé, les morceaux ne reformeront pas le miroir spontanément Bien que simplistes, les énoncés précédents nous indiquent qu’il y a certaines évolutions qui sont permises et d’autres pas. Le second principe nous permet de définir la direction d’une évolution. Ces différents énoncés démontrent que la direction d’une évolution se fait toujours vers un état de désordre ou d’incertitude plus grand. Ce désordre ou incertitude se retrouve au niveau moléculaire. Autrement dit, un système ne s’organisera pas sous une forme plus complexe spontanément, mais tendra toujours à l’opposé. Cette idée sera explorée plus loin. 9.1.2 Énoncés de Clausius et de Kelvin-Planck D’une manière plus formelle, deux énoncés permettent de définir le deuxième principe de la thermodynamique. Ce sont les énoncés de Clausius et de Kelvin-Planck. L’énoncé de Clausius s’énonce comme suit : « Il est impossible de construire un appareil décrivant un cycle et qui ne produirait d’autres effets que de transférer de la chaleur d’un corps froid à un corps chaud » CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 9-2 Chapitre 9 : Second principe de la thermodynamique T2 Q2 T2 > T1 Q2 = Q1 Violation du second principe (Énoncé de Clausius) Q1 T1 L’énoncé de Kelvin-Planck s’énonce ainsi : « Il est impossible de construire un appareil décrivant un cycle et qui ne ferait que produire du travail en échangeant de la chaleur avec un seul réservoir » Violation du second principe W W=Q (Énoncé de Kelvin Planck) Q T L’énoncé de Kelvin-Planck stipule que pour un cycle, il est impossible d’avoir l’égalité suivante : Q H = Wnet 9.1 Il faut avoir aussi un échange de chaleur à basse température de telle sorte que : Q net = Wnet 9.2 Cette dernière égalité est exprimée par le diagramme suivant : T1 Q1 T2 > T1 Q2 > Q1 Wnet Machine thermique Q2 T2 CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 9-3 Chapitre 9 : Second principe de la thermodynamique L’appareil produisant du travail à la suite d’un échange de chaleur avec deux réservoirs est appelé machine thermique. Le rendement thermique d’une machine est donné par : η= Wnet QH 9.3 L’équation précédente est le ratio du travail produit par la machine sur l’énergie fournie à la machine. À cause du rejet à basse température, le rendement est nécessairement inférieur à 1. De plus, à partir du premier principe pour un cycle de la machine thermique on peut aussi écrire : η= Wnet Q - QB Q = H =1- B QH QH QH 9.4 Certains détails des machines thermiques seront discutés dans une section ultérieure. En résumé, l’énoncé de Kelvin-Planck indique qu’il est impossible d’avoir une efficacité de 100%. Le deuxième principe est celui qui prédit l’impossibilité de la machine perpétuelle. Il existe trois types de machines perpétuelles : • • • Une machine qui produit du travail à partir de rien Une machine qui prend de la chaleur d’une source et la transforme en travail équivalent Une machine sans friction, c’est-à-dire qui marche tout le temps, mais ne produit aucun travail Quiconque réussit à construire une de ces machines deviendra très très riche. Sauf pour le troisième cas qui ne servirait à rien de toute façon! 9.1.3 Réversibilité et irréversibilité Une évolution idéale est appelée une évolution réversible. Une évolution réversible est définie comme une évolution qui peut être inversée (le système est donc ramené à son état initial) sans créer de changement et au système et à l’environnement ambiant. Plusieurs facteurs contribuent à rendre une évolution irréversible : • • • • La friction Une expansion d’un gaz non contrôlée Le mélange de deux substances La viscosité des fluides CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 9-4 Chapitre 9 : Second principe de la thermodynamique Bien que toutes les évolutions soient irréversibles, si une évolution opère suffisamment lentement, cette dernière est appelée quasi statique et peut être considérée comme réversible. Les vrais critères de réversibilité sont les suivants : • • • L’évolution doit être sans friction (fluide idéal et pas de friction mécanique) La différence de pression entre le fluide et ses frontières doit être infinitésimale durant l’évolution. Autrement dit, l’accélération des frontières doit être infinitésimale. La différence de température entre le fluide et ses frontières doit être infinitésimale. La chaleur transférée ou rejetée doit l’être de façon très lente. Le troisième critère est le plus difficile à bien saisir. De par les notions du précédent chapitre, il devrait être clair que tout transfert de chaleur est une évolution irréversible puisque pour le transfert inverse (de la source froide vers la source chaude) un travail est nécessaire. En fait, plus la différence de température est élevée, plus l’irréversibilité est grande. Toutefois, cette notion de transfert de chaleur réversible est utile pour décrire une évolution idéale. 9.1.4 Cycle de Carnot L’énoncé de Kelvin-Planck définissant qu’une efficacité de 100% est impossible, on peut se demander quelle est l’efficacité maximum que l’on peut obtenir pour un cycle thermodynamique. L’ingénieur français Sadi Carnot qui énonça originalement le second principe de la thermodynamique s’est posé cette question en 1824. En son honneur, le cycle de Carnot définit l’efficacité maximum d’un cycle opérant à partir de réservoirs à haute température T h et à basse température T b . Le cycle de Carnot est composé de quatre évolutions réversibles. Voici l’exemple d’une centrale thermique qui opérerait selon le cycle de Carnot : Réservoir à Th 1 Qh 2 évaporateur pompe W turbine W condenseur 4 Qb 3 Réservoir à Tb Usine thermique fonctionnant selon le cycle de Carnot CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 9-5 Chapitre 9 : Second principe de la thermodynamique Le cycle de Carnot est composé des quatre évolutions suivantes : 1. Un transfert de chaleur du réservoir à haute température vers le fluide. L’évolution étant réversible, la température du fluide ne doit être que très légèrement inférieure à celle du réservoir. L’évolution est donc isotherme (à température constante) et le transfert de chaleur ne peut donc qu’aboutir à un changement de phase). On passe de liquide saturé à l’entrée de l’évaporateur à vapeur saturée à la sortie. 2. La deuxième évolution est adiabatique (pour être réversible) et se produit dans la turbine. La turbine fournit du travail et le fluide subit une perte de pression et de température et passe de vapeur saturée à un mélange liquide-vapeur. 3. La troisième évolution est isotherme et le fluide perd de la chaleur. Bien qu’une partie de la vapeur passe sous forme liquide, le fluide reste toujours sous forme liquide-vapeur à la sortie du condenseur. 4. La dernière évolution est aussi adiabatique et consiste à comprimer le fluide ce qui entraine une augmentation de la température. Le fluide est sous forme de liquide saturé à la sortie de la pompe. Le cycle peut être représenté sous un diagramme T-v de la façon suivante : 1 T 2 4 3 v Comme toutes ces évolutions sont réversibles, si l'on inverse la direction d’écoulement du fluide nous retrouvons un cycle de réfrigération de Carnot. La différence entre le cycle de réfrigération à compression de vapeur et le cycle de réfrigération de Carnot sera discutée plus loin. Les conclusions de Carnot étaient les suivantes : 1. Il est impossible de construire une machine qui fonctionnerait entre deux réservoirs donnés et qui serait plus efficace qu’une machine réversible fonctionnant selon le cycle de Carnot 2. Toutes les machines qui fonctionnent selon le cycle de Carnot entre deux réservoirs donnés à température constante ont le même rendement. CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 9-6 Chapitre 9 : Second principe de la thermodynamique Comme le rendement d’un cycle de Carnot ne dépend que des températures hautes et basses du cycle, on peut écrire pour une machine thermique fonctionnant selon le cycle de Carnot (et à partir de l’équation 9.4): η= Wnet Q = 1 - B = f(TB , TH ) QH QH 9.5 Lord Kelvin proposa la relation suivante qui fut à la base de l’échelle de température absolue. Les températures sont donc exprimées en Kelvins. QB T = B QH TH 9.6 Donc, le rendement d’une machine thermique de Carnot est donné par : De façon similaire, le coefficient de performance d’un cycle de réfrigération de Carnot peut être défini par (à partir de l’équation 8.3): β= Qb Tb 1 = = Th Wnet Th - Tb −1 Tb 9.8 9.1.5 Inégalité de Clausius L’énoncé mathématique du deuxième principe est décrit par l’inégalité de Clausius. Pour un cycle, elle s’exprime par la relation : δQ ∫ T ≤ 0 9.9 Pour une machine thermique (ou un réfrigérateur) cette intégrale peut s’exprimer sous la forme suivante : Q Q δQ 9.10 ∫ T = Thh - Tbb ≤ 0 Pour un cycle réversible (tel le cycle de Carnot), la relation définie par l’équation 9.6 tient et l'on peut écrire : δQ ∫ T = Qh Qb = 0 Th Tb CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 9.11 9-7 Chapitre 9 : Second principe de la thermodynamique Pour un cycle réel (irréversible), la chaleur rejetée à basse température est toujours plus élevée à cause des pertes et : δQ ∫ T = Qh Qb < 0 Th Tb 9.12 Pour une évolution réversible entre deux états a et b, on peut démontrer que la valeur de l’intégrale : b ∫ a δQ 9.13 T ne dépend que des états a et b et est donc indépendante du chemin parcouru. Ceci implique nécessairement la présence d’une nouvelle propriété. Cette nouvelle propriété est appelée entropie dénotée S (kJ/K) ou sous forme massique par s (kJ/K/kg). On peut donc écrire pour une évolution réversible : b Sb - Sa = ∫ dS = a b ∫ a δQ T 9.14 Remarquez que l’équation 9.14 définit un changement d’entropie. La définition d’une échelle absolue d’entropie dépasse le niveau de ce cours. En fait, il existe un troisième principe qui permet de définir que l’entropie d’une substance pure est égale à zéro lorsque la température absolue est égale à zéro. Cependant, pour les problèmes d’ingénierie, comme la différence d’entropie est la notion d’intérêt, il est coutume de définir un datum arbitraire dans les tables de thermodynamique. Généralement, pour l’eau, l’entropie est définie comme étant égale à zéro sous des conditions de liquide saturé à 0.01oC. L’entropie étant une variable thermodynamique au même titre que l’énergie interne ou l’enthalpie, les équations développées précédemment pour une substance pure et impliquant le titre sont aussi valides. En définissant S t = entropie totale S g = entropie de la phase vapeur S f = entropie de la phase liquide Avec St = Sg + Sf CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 9-8 Chapitre 9 : Second principe de la thermodynamique Les entropies massiques (variables intensives) sont définies par : s t = S t /m t s g = S g /m g s f = S f /m f On peut aussi exprimer le titre en fonction des entropies massiques et vice-versa à l’aide des équations suivantes : s t = s f + x (s g - s f ) x = (s t - s f ) / (s g - s f ) ou, en remplaçant s fg = (s g - s f ) s t = s f + x s fg x = (s t - s f ) / s fg Regardons maintenant le cycle de Carnot en fonction de l’entropie. isothermes, on peut exprimer l’équation 9.14 sous la forme suivante : Pour les évolutions b 1 Q Sb - Sa = ∫ δ Q = Ta T 9.15 Et donc dans un diagramme entropie température, l’aire sous une évolution réversible représente la chaleur absorbée ou dégagée durant cette évolution. Pour les deux évolutions adiabatiques réversibles, comme Q=0, il s’ensuit que ces évolutions sont à entropie constante ou isentropique. Le diagramme suivant nous montre le cycle de Carnot pour une machine thermique représenté sur un diagramme température entropie. T liquide comprimé Travail net produit Vapeur surchauffée Entropie massique kJ/(kg.K) CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 9-9 Chapitre 9 : Second principe de la thermodynamique Nous pouvons aussi facilement représenter le cycle de réfrigération de Carnot (en trait foncé) comparativement au cycle de réfrigération à compression de vapeur (en pointillé) : Ligne de pression constante T 2 liquide 3 comprimé Vapeur surchauffée Travail net fourni 1 4 Entropie massique kJ/(kg.K) Dans le cycle de compression de vapeur normal, la compression est considérée comme une évolution adiabatique réversible, donc isentropique. Dans la soupape de détente, l’évolution est approximativement adiabatique, mais n’est pas réversible dû aux pertes de charge importantes. Cette évolution n’est donc pas isentropique. Le cycle à compression de vapeur est préférable au cycle de Carnot puisque le compresseur n’a qu’à compresser de la vapeur et non un mélange liquide vapeur. Pour une évolution irréversible on peut démontrer que : b b Sb - Sa = ∫ dS > ∫ a a δQ T 9.16 Cette équation est importante puisqu’elle démontre l’influence de l’irréversibilité sur l’entropie d’un système. Donc, pour une évolution réversible : b Sb - Sa = ∫ a δQ T 9.17 Mais le moindre effet irréversible durant l’évolution aura pour résultat un changement d’entropie plus grand selon : b Sb - Sa > ∫ a δQ T CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 9.18 9-10 Chapitre 9 : Second principe de la thermodynamique On voit que pour un ajout de chaleur, l’entropie d’un système augmente alors que pour une perte, l’entropie de ce dernier diminue. Toutefois, on peut démontrer que si l'on considère le système et son environnement, l’entropie totale augmente toujours pour toute évolution. Ce principe est appelé principe de l’accroissement de l’entropie. 9.1.6 Principe d'accroissement de l'entropie Le principe de l’accroissement de l’entropie est l’expression la plus simple du deuxième principe de la thermodynamique. Les seules évolutions possibles sont celles qui résulteront d’une augmentation nette d’entropie. Il importe bien de comprendre que l’entropie d’un système peut diminuer suite à une perte de chaleur. Mais l’augmentation d’entropie subie par le milieu environnement qui reçoit cette chaleur est nécessairement plus élevée. L’entropie totale de l’univers ne cesse donc d’augmenter depuis sa création. Méditez sur cet axiome philosophique… Pour un système isolé et qui n’échange donc ni travail, chaleur ou masse avec son environnement, on peut écrire pour toute évolution : dS ≥ 0 Sfinal - Sinitial ≥ 0 9.19 L’entropie étant une variable extensive, pour tout système isolé composé de sous-systèmes on peut écrire : S= ∑m s i i 9.20 i Dans le cas d'un système non isolé, si on considère comme macrosystème l'ensemble du système à l’étude et de son environnement, on peut écrire en dénotant la variation d'entropie du macrosystème par ∆S net on peut écrire: ∆Snet = ∆Ssys + ∆Senv ≥ 0 9.21 L’exemple suivant illustre cet état des choses pour un système isolé. CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 9-11 Chapitre 9 : Second principe de la thermodynamique Exemple : Un réservoir isolé contient 5 kg d’eau à 500oC à 1 MPa et 5 kg d’eau à 1000oC à la même pression de 1 MPa. Les deux volumes sont séparés par une membrane. Vous laissez la température s’équilibrer. Calculez le changement d’entropie. 5kg 500oC 5kg 1000oC Solution : 9.2 Machines thermiques Comme énoncée précédemment, une machine thermique est un appareil qui produit un travail net au cours d’un cycle en prenant de la chaleur d’un corps chaud et en rejetant de la chaleur vers un corps froid : T1 Q1 T2 > T1 Q2 > Q1 W Machine thermique Q2 T2 CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 9-12 Chapitre 9 : Second principe de la thermodynamique de telle sorte que pour un cycle Wnet = Q net 9.22 Comme le travail net doit être positif, la quantité de chaleur à haute température fournie au système doit être plus élevée que la chaleur rejetée. Le rendement d’une machine thermique tel que défini à l’équation 9.4 est donc donné par : η= Wnet Q - QB Q = H =1- B QH QH QH 9.23 L’étude des machines thermiques est le domaine du génie mécanique. Nous ne verrons ici qu’une brève introduction des principes de base. Substance de travail La substance de travail est le fluide qui absorbera ou cédera de la chaleur au cours du cycle. Cette substance peut être une substance pure, telle la vapeur d’eau, être considérée comme une substance pure (telle que l’air) ou être une substance binaire ou tertiaire. Source de chaleur La source de chaleur est, la majorité du temps obtenue suite à la combustion d’un combustible quelconque. Combustion d’un combustible Combustion interne Combustion externe Source de chaleur Sans combustion Ignition à la bougie Ignition à la compression nucléaire Énergie solaire Les machines thermiques à combustion externe regroupent principalement les machines à vapeur utilisées dans les centrales thermoélectriques. Dans une machine à combustion externe, les produits de combustion chauds sont séparés de la substance de travail par un mur conducteur. Dans une machine à combustion interne, les gaz de combustion sont eux-mêmes la substance de travail. Bien que généralement plus complexes, les machines à combustion interne sont plus compactes permettant ainsi une utilisation plus compacte comme pour les automobiles. Arrangement mécanique Les machines à déplacement positif impliquent un mouvement d’une pièce mécanique dans la même direction que le fluide qui agit comme substance de travail. Les machines à mouvement alternatif (piston) sont utilisées entre autres pour les moteurs des automobiles alors que les pompes centrifuges sont un bon exemple d’une machine à mouvement rotatif. CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 9-13 Chapitre 9 : Second principe de la thermodynamique Déplacement positif Mouvement alternatif Mouvement rotatif Arrangement mécanique Déplacement non-positif turbine Jet Moteur de fusée Pour qu’une machine thermique fonctionne avec succès, elle doit suivre un cycle d’opérations de manière séquentielle. Pour les moteurs à combustion interne, les deux cycles les plus répandus sont ceux de l’ignition à étincelle crédité à Nicolaus Otto (1876) et le cycle d’ignition à compression de Rudolf Diesel (1892). Les cycles correspondants sont généralement appelés les cycles d’Otto et de Diésel. Le principe d’un moteur quatre temps avec bougie d’allumage est présenté ci-dessous de même que le cycle correspondant. P CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 9-14 Chapitre 9 : Second principe de la thermodynamique Problèmes Problème 1 Un moteur à combustion interne a une température maximum de combustion de 1500oC. La température du gaz à la sortie est de 450oC. Quelle est l'efficacité maximum possible du moteur? L'installation d'un tuyau d'échappement haute performance réduit la température de sortie à 250oC. Quel est l'effet sur l'efficacité maximum possible ? Rép.: 59.2%, augmente à 70.5% Problème 2 Un moteur fonctionnant sur le cycle de Carnot a une efficacité de 60% et opère à une température minimum de 20oC. Déterminez la température maximum du cycle et le taux de transfert de chaleur si la puissance à la sortie (travail) est de 24 kW. Rép.: 460 oC, 40 kW Problème 3 Un moteur à combustion interne utilise de l'huile dont le contenu en énergie est de 44.4 MJ/kg à un taux de 5 kg/h. Si l'efficacité est de 28%, calculez la puissance de sortie ainsi que le taux de rejet de chaleur. Rép.: 17.3 kW, 44.4 kW Problème 4 Un collecteur d'énergie thermique dans l'océan opère à un endroit où la température de l'eau en surface est de 24oC et la température en profondeur est de 8oC. L'efficacité de l'usine est 50% de l'efficacité maximum théorique. Déterminez le débit d'eau minimum d'eau chaude et d'eau froide pour une puissance de 1MW. Prenez la chaleur massique de l'eau égale à 3.7 kJ/kg/K. Rép.: 627 kg/sec, 610 kg/sec Problème 5 On se propose de chauffer une maison pendant l’hiver avec une thermopompe. Il faut garder la maison à 20° C en tout temps. On estime que lorsque la température extérieure descendra à -10° C, le taux des pertes de chaleur par la maison sera de 25 kW. Quelle est la puissance électrique minimale requise pour entraîner la thermopompe ? Rép.: P = 2,558 kW CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 9-15 Chapitre 9 : Second principe de la thermodynamique Problème 6 Un réfrigérateur de Carnot fonctionne dans une pièce où la température est de 20° C. Il faut retirer 5 kW de la chambre froide pour conserver sa température à -30° C. Quelle puissance de moteur faut-il pour faire fonctionner ce réfrigérateur ? Rép.: P = 1,03 kW Problème 7 On se propose de construire une machine thermique cyclique pour fonctionner dans l’océan, à un endroit où la température de l’eau est de 20° C près de la surface et de 5° C à une certaine profondeur. Quel est le rendement thermique maximal possible d’une telle machine ? Rép: rendement théorique maximal = 0,051 Problème 8 On utilise une machine cyclique pour faire passer de la chaleur d’un réservoir chaud à un réservoir froid (voir figure ci-dessous). Déterminez si une telle machine est réversible, irréversible ou impossible à réaliser avec les échanges d’énergie indiqués. Rép.: Machine impossible Tc = 1000 K Qc = 325 kJ machine cyclique W = 200 kJ Qf = 125 kJ Tb = 400 K Problème 9 Soit une machine thermique de Carnot qui fonctionne entre des réservoirs dont les températures sont de 1000° C et 0 ° C et qui reçoit 1000 kJ de chaleur du réservoir chaud. a) En choisissant le fluide moteur comme système, représentez le cycle au moyen d’un diagramme T-S. b) Calculez le travail net et le rendement thermique de ce cycle. c) Calculez la variation d’entropie des réservoirs chaud et froid. Rép.: b) Wnet c) ∆S = 785, 6 kJ = 0,785 kJ/K CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 9-16 Chapitre 9 : Second principe de la thermodynamique Problème 10 Une thermopompe de Carnot utilise du fréon 12 comme fluide moteur. De la chaleur est cédée par le fréon à 40° C et, pendant cette évolution, le fréon passe de l’état de vapeur saturée à l’état de liquide saturé. On fournit de la chaleur au fréon lorsqu’il est à 0° C. a) Représentez ce cycle dans un diagramme T-s; b) Calculer le titre au début et à la fin de l’évolution isotherme 0° C; c) Calculez le coefficient de performance du cycle. Rép.: b) x 2 = 0,234; x 3 = 0,975 c) CDP = 7,83 Problème 11 Soit une machine de Carnot qui utiliser de la vapeur d’eau comme fluide moteur et qui a un rendement thermique de 25%. De la chaleur est transmise au fluide moteur à 300° C et pendant cette évolution l’eau passe de l’état de liquide saturé à l’état de vapeur saturée. a) Représentez ce cycle dans un diagramme T-s; b) Calculez le titre du fluide moteur au début et à la fin de l’évolution de refroidissement isotherme; c) Calculez le travail net fourni par kilogramme d’eau. Rép.: b) x 1 = 0,28; x 4 = 0,78 c) WNet = 351,1 kJ/kg Problème 12 Un cylindre de 10 L fermé par un piston contient de la vapeur saturée d’ammoniac à -20° C. On augmente la force extérieure qui agit sur le piston pour comprimer le gaz de façon adiabatique et réversible jusqu’à ce qu’il atteigne une pression de 1,8 MPa. Calculez le travail effectué pendant l’évolution. Rép.: W12 = -4,36 kJ Problème 13 Un cylindre hautement isolé et fermé par un piston contient de l’ammoniac à 10° C. On déplace le piston pour comprimer l’ammoniac par un procédé réversible jusqu’à ce que la pression atteigne 2 MPa; la température est alors de 70° C. Au cours de l’évolution, il y a 400 kJ de travail fourni au système. Quel était le volume initial du cylindre ? Rép.: V 1 = 0,605 m3 Problème 14 Un cylindre isolé et fermé par un piston contient du fréon 12 à 600 kPa et 40° C dans un volume de 100 L. Le fréon se détend et déplace le piston jusqu’à ce que la pression dans le cylindre ne soit plus que de 100 kPa. On affirme que le fréon effectue un travail de 75 kJ sur le piston pendant cette évolution. Est-ce possible ? Rép.: ∆S Net = 0,0748 kJ/K; possible CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 9-17 Chapitre 9 : Second principe de la thermodynamique CTN-326 : Mécanique des fluides et thermodynamique 9-18 R134a - saturation: table de température T C -24 -22 -20 -18 -16 -14 -12 -10 8 12 16 20 24 26 28 30 32 34 36 38 40 42 44 48 52 56 60 70 80 90 100 P kPa vf m3/kg 111.60 121.92 132.99 144.83 157.48 170.99 185.40 200.73 387.56 442.94 504.16 571.60 645.66 685.30 726.75 770.06 815.28 862.47 911.68 962.98 1016.40 1072.00 1129.90 1252.60 1385.10 1527.80 1681.30 2116.20 2632.40 3243.50 3974.20 0.000730 0.000733 0.000736 0.000740 0.000743 0.000746 0.000750 0.000753 0.000788 0.000797 0.000806 0.000816 0.000826 0.000831 0.000836 0.000842 0.000847 0.000853 0.000859 0.000865 0.000871 0.000878 0.000885 0.000899 0.000914 0.000931 0.000949 0.001003 0.001077 0.001195 0.001544 vfg m3/kg 0.1721 0.1583 0.1457 0.1343 0.1240 0.1146 0.1061 0.0983 0.0517 0.0452 0.0397 0.0350 0.0309 0.0290 0.0273 0.0257 0.0242 0.0227 0.0214 0.0201 0.0190 0.0179 0.0168 0.0150 0.0133 0.0118 0.0105 0.0076 0.0053 0.0034 0.0012 vg m3/kg 0.1728 0.1590 0.1464 0.1350 0.1247 0.1153 0.1068 0.0990 0.0525 0.0460 0.0405 0.0358 0.0317 0.0298 0.0281 0.0265 0.0250 0.0236 0.0223 0.0210 0.0199 0.0188 0.0177 0.0159 0.0142 0.0127 0.0114 0.0086 0.0064 0.0046 0.0027 uf kJ/kg ufg kJ/kg ug kJ/kg hf kJ/kg hfg kJ/kg hg kJ/kg 19.21 21.68 24.17 26.67 29.18 31.71 34.25 36.81 60.43 65.83 71.29 76.80 82.37 85.18 88.00 90.84 93.70 96.58 99.47 102.38 105.30 108.25 111.22 117.22 123.31 129.51 135.82 152.22 169.88 189.82 218.60 194.36 193.02 191.67 190.30 188.92 187.53 186.11 184.67 171.03 167.80 164.49 161.11 157.64 155.87 154.08 152.26 150.42 148.54 146.64 144.71 142.76 140.77 138.74 134.57 130.24 125.72 120.99 107.93 92.26 71.52 29.89 213.57 214.70 215.84 216.97 218.10 219.23 220.36 221.48 231.46 233.63 235.78 237.91 240.01 241.05 242.08 243.10 244.12 245.12 246.11 247.09 248.06 249.02 249.96 251.79 253.55 255.23 256.81 260.15 262.14 261.34 248.49 19.29 21.77 24.26 26.77 29.30 31.84 34.39 36.96 60.73 66.18 71.69 77.26 82.90 85.75 88.61 91.49 94.39 97.31 100.25 103.21 106.19 109.19 112.22 118.35 124.58 130.93 137.42 154.34 172.71 193.69 224.74 213.56 212.31 211.05 209.76 208.44 207.11 205.76 204.39 191.07 187.85 184.53 181.09 177.55 175.73 173.89 172.01 170.09 168.14 166.15 164.12 162.05 159.95 157.79 153.33 148.66 143.75 138.57 124.09 106.41 82.63 34.39 232.85 234.08 235.31 236.53 237.74 238.95 240.15 241.35 251.80 254.03 256.22 258.35 260.45 261.48 262.50 263.50 264.48 265.45 266.40 267.33 268.24 269.14 270.01 271.68 273.24 274.68 275.99 278.43 279.12 276.32 259.13 sf kJ/kg/K 0.0798 0.0897 0.0996 0.1094 0.1192 0.1290 0.1388 0.1486 0.2354 0.2545 0.2735 0.2924 0.3113 0.3208 0.3302 0.3396 0.3490 0.3584 0.3678 0.3772 0.3866 0.3960 0.4054 0.4243 0.4432 0.4622 0.4814 0.5302 0.5814 0.6380 0.7196 sfg kJ/kg/K 0.8572 0.8454 0.8336 0.8221 0.8106 0.7992 0.7879 0.7767 0.6796 0.6587 0.6381 0.6178 0.5976 0.5874 0.5774 0.5674 0.5574 0.5474 0.5375 0.5275 0.5175 0.5075 0.4976 0.4774 0.4572 0.4368 0.4159 0.3616 0.3013 0.2275 0.0921 sg kJ/kg/K 0.9370 0.9351 0.9332 0.9315 0.9298 0.9282 0.9267 0.9253 0.9150 0.9132 0.9116 0.9102 0.9089 0.9082 0.9076 0.9070 0.9064 0.9058 0.9053 0.9047 0.9041 0.9035 0.9030 0.9017 0.9004 0.8990 0.8973 0.8918 0.8827 0.8655 0.8117 R134a - saturation: table de pression P kPa 120 140 160 180 200 220 240 260 280 300 350 400 450 500 550 600 650 700 750 800 850 900 950 1000 1200 1400 1600 1800 2000 2500 3000 3500 T C -22.36 -18.80 -15.62 -12.73 -10.09 -7.65 -5.37 -3.24 -1.23 0.67 5.03 8.93 12.48 15.74 18.76 21.58 24.22 26.72 29.08 31.33 33.48 35.53 37.50 39.39 46.32 52.43 57.92 62.91 67.50 77.59 86.22 93.72 vf m3/kg 0.000732 0.000738 0.000743 0.000748 0.000753 0.000758 0.000762 0.000766 0.000770 0.000773 0.000782 0.000790 0.000798 0.000806 0.000813 0.000820 0.000826 0.000833 0.000839 0.000845 0.000851 0.000858 0.000864 0.000869 0.000893 0.000916 0.000939 0.000963 0.000988 0.001057 0.001138 0.001281 vfg m3/kg 0.1607 0.1387 0.1221 0.1091 0.0986 0.0900 0.0827 0.0765 0.0712 0.0665 0.0572 0.0501 0.0445 0.0400 0.0364 0.0333 0.0307 0.0283 0.0264 0.0246 0.0231 0.0217 0.0204 0.0194 0.0157 0.0131 0.0111 0.0096 0.0083 0.0058 0.0041 0.0027 vg m3/kg 0.1614 0.1394 0.1228 0.1098 0.0994 0.0907 0.0834 0.0773 0.0719 0.0673 0.0579 0.0509 0.0453 0.0408 0.0372 0.0341 0.0315 0.0292 0.0272 0.0255 0.0240 0.0226 0.0213 0.0202 0.0166 0.0140 0.0121 0.0105 0.0092 0.0069 0.0053 0.0039 uf kJ/kg 21.23 25.67 29.66 33.31 36.69 39.83 42.78 45.55 48.18 50.67 56.45 61.69 66.48 70.93 75.09 78.99 82.68 86.19 89.54 92.74 95.83 98.79 101.65 104.41 114.69 123.97 132.52 140.49 148.01 165.50 181.76 198.90 ufg kJ/kg 193.26 190.85 188.65 186.63 184.74 182.96 181.30 179.71 178.20 176.76 173.38 170.28 167.41 164.71 162.17 159.75 157.44 155.23 153.10 151.04 149.03 147.09 145.19 143.35 136.34 129.76 123.48 117.40 111.41 96.30 80.56 59.91 ug kJ/kg 214.49 216.52 218.32 219.95 221.43 222.80 224.07 225.26 226.38 227.43 229.84 231.97 233.89 235.64 237.25 238.74 240.13 241.42 242.63 243.78 244.86 245.88 246.85 247.77 251.03 253.74 256.00 257.89 259.42 261.80 262.33 258.81 hf kJ/kg 21.32 25.76 29.79 33.45 36.84 39.99 42.95 45.75 48.39 50.91 56.73 62.00 66.84 71.33 75.53 79.48 83.22 86.78 90.17 93.42 96.55 99.56 102.47 105.29 115.77 125.26 134.02 142.23 149.99 168.14 185.17 203.39 hfg kJ/kg 212.54 210.28 208.19 206.26 204.46 202.75 201.14 199.60 198.12 196.71 193.39 190.33 187.46 184.75 182.17 179.71 177.35 175.07 172.88 170.73 168.65 166.62 164.63 162.68 155.22 148.14 141.30 134.61 127.97 111.00 93.04 69.21 hg kJ/kg 233.86 236.04 237.97 239.71 241.29 242.75 244.09 245.34 246.52 247.62 250.12 252.32 254.30 256.08 257.69 259.18 260.57 261.85 263.05 264.15 265.20 266.18 267.10 267.97 270.99 273.40 275.33 276.84 277.96 279.14 278.21 272.60 sf kJ/kg/K 0.0879 0.1055 0.1211 0.1352 0.1481 0.1600 0.1710 0.1814 0.1911 0.2002 0.2211 0.2399 0.2568 0.2723 0.2865 0.2998 0.3124 0.3242 0.3353 0.3459 0.3560 0.3656 0.3749 0.3838 0.4164 0.4452 0.4714 0.4955 0.5178 0.5688 0.6152 0.6636 sfg kJ/kg/K 0.8475 0.8267 0.8084 0.7920 0.7772 0.7637 0.7511 0.7395 0.7286 0.7184 0.6953 0.6747 0.6562 0.6394 0.6241 0.6099 0.5965 0.5838 0.5720 0.5607 0.5500 0.5398 0.5300 0.5205 0.4859 0.4550 0.4268 0.4005 0.3756 0.3165 0.2588 0.1887 sg kJ/kg/K 0.9355 0.9322 0.9295 0.9272 0.9253 0.9237 0.9222 0.9208 0.9197 0.9186 0.9164 0.9146 0.9130 0.9117 0.9106 0.9097 0.9088 0.9080 0.9073 0.9066 0.9059 0.9054 0.9049 0.9043 0.9023 0.9003 0.8982 0.8959 0.8934 0.8853 0.8740 0.8524 R134a - tables de vapeur surchauffée P=100 kPa T C -26.43 -20 -10 0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100 v m3/kg 0.1917 0.1977 0.2069 0.2159 0.2247 0.2335 0.2422 0.2508 0.2593 0.2678 0.2762 0.2846 0.2930 0.3014 P=140 kPa u kJ/kg 212.18 216.77 224.01 231.41 238.96 246.67 254.54 262.58 270.79 279.16 287.70 296.40 305.27 314.14 h s kJ/kg kJ/kg/K 231.35 0.9395 236.54 0.9602 244.70 0.9918 252.99 1.0227 261.43 1.0531 270.02 1.0829 278.76 1.1122 287.66 1.1411 296.72 1.1696 305.94 1.1977 315.32 1.2254 324.87 1.2528 334.57 1.2799 345.00 1.3070 u kJ/kg 221.43 221.50 229.23 237.05 244.99 253.06 261.26 269.61 278.10 286.74 295.53 304.47 313.57 h s kJ/kg kJ/kg/K 241.30 0.9253 241.38 0.9256 250.10 0.9582 258.89 0.9898 267.78 1.0206 276.77 1.0508 285.88 1.0804 295.12 1.1094 304.50 1.1380 314.02 1.1661 323.68 1.1939 333.48 1.2212 343.43 1.2483 u kJ/kg 228.43 234.61 242.87 251.19 259.61 268.14 276.79 285.56 294.46 303.50 312.68 h s kJ/kg kJ/kg/K 248.66 0.9177 255.65 0.9427 264.95 0.9749 274.28 1.0062 283.67 1.0367 293.15 1.0665 302.72 1.0957 312.41 1.1243 322.22 1.1525 332.15 1.1802 342.21 1.2076 u kJ/kg 238.74 246.41 255.45 264.48 273.54 282.66 291.86 301.14 310.53 h s kJ/kg kJ/kg/K 259.19 0.9097 267.89 0.9388 278.09 0.9719 288.23 1.0037 298.35 1.0346 308.48 1.0645 318.67 1.0938 328.93 1.1225 339.27 1.1505 u kJ/kg 245.88 250.32 260.09 269.72 279.30 288.87 298.46 308.11 h s kJ/kg kJ/kg/K 266.18 0.9054 271.25 0.9217 282.34 0.9566 293.21 0.9897 303.94 1.0214 314.62 1.0521 325.28 1.0819 335.96 1.1109 P=200 kPa T C -10.09 -10 0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100 v m3/kg 0.0993 0.0994 0.1044 0.1092 0.1139 0.1186 0.1231 0.1276 0.1320 0.1364 0.1407 0.1450 0.1493 v m3/kg 0.0632 0.0658 0.0690 0.0721 0.0752 0.0782 0.0811 0.0839 0.0867 0.0895 0.0923 v m3/kg 0.03408 0.03581 0.03774 0.03958 0.04134 0.04304 0.04469 0.04631 0.04790 v m3/kg 0.02255 0.02325 0.02472 0.02609 0.02738 0.02861 0.02980 0.03095 h s kJ/kg kJ/kg/K 236.04 0.9322 243.40 0.9606 251.86 0.9922 260.43 1.0230 269.13 1.0532 277.97 1.0828 286.96 1.1120 296.09 1.1407 305.37 1.1690 314.80 1.1969 324.39 1.2244 334.14 1.2516 344.04 1.2785 T C -5.37 0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100 v m3/kg 0.08343 0.08574 0.08993 0.09339 0.09794 0.10181 0.10562 0.10937 0.11307 0.11674 0.12037 0.12398 u kJ/kg 224.07 228.31 236.26 244.30 252.45 260.72 269.12 277.67 286.35 295.18 304.15 313.27 h s kJ/kg kJ/kg/K 244.09 0.9222 248.89 0.9399 257.84 0.9721 1.0034 266.85 275.95 1.0339 285.16 1.0637 294.47 1.0930 303.91 1.1218 313.49 1.1501 323.19 1.1780 333.04 1.2055 343.03 1.2326 T C 8.93 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100 v m3/kg 0.05089 0.05119 0.05397 0.05662 0.05917 0.06164 0.06405 0.06641 0.06873 0.07102 0.07327 u kJ/kg 231.97 232.87 241.37 249.89 258.47 267.13 275.89 284.75 293.73 302.84 312.07 h s kJ/kg kJ/kg/K 252.32 0.9145 253.35 0.9182 262.96 0.9515 272.54 0.9837 282.14 1.0148 291.79 1.0452 301.51 1.0748 311.32 1.1038 321.23 1.1322 331.25 1.1602 341.38 1.1878 T C 26.72 30 40 50 60 70 80 90 100 v m3/kg 0.02918 0.02979 0.03157 0.03324 0.03482 0.03634 0.03781 0.03924 0.04064 u kJ/kg 241.42 244.51 253.83 263.08 272.31 281.57 290.88 300.27 309.74 h s kJ/kg kJ/kg/K 261.85 0.908 265.37 0.920 275.93 0.954 286.35 0.987 296.69 1.018 307.01 1.049 317.35 1.078 327.74 1.107 338.19 1.136 v m3/kg 0.02020 0.02029 0.02171 0.02301 0.02423 0.02538 0.02649 0.02755 u kJ/kg 247.77 248.39 258.48 268.35 278.11 287.82 297.53 307.27 h s kJ/kg kJ/kg/K 267.97 0.904 268.68 0.907 280.19 0.943 291.36 0.977 302.34 1.009 313.20 1.041 324.01 1.071 334.82 1.100 v m3/kg 0.10983 0.11135 0.11678 0.12207 0.12723 0.13230 0.13730 0.14222 0.14710 0.15193 0.15672 0.16148 0.16622 u kJ/kg 219.94 222.02 229.67 237.44 245.33 253.36 261.53 269.85 278.31 286.93 295.71 304.63 313.72 h s kJ/kg kJ/kg/K 239.71 0.9273 242.06 0.9362 250.69 0.9684 259.41 0.9998 268.23 1.0304 277.17 1.0604 286.24 1.0898 295.45 1.1187 304.79 1.1472 314.28 1.1753 323.92 1.2030 333.70 1.2303 343.63 1.2573 T C -1.23 0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100 v m3/kg 0.07193 0.07240 0.07613 0.07972 0.08320 0.08660 0.08992 0.09319 0.09641 0.09960 0.10275 0.10587 u kJ/kg 226.38 227.37 235.44 243.59 251.83 260.17 268.64 277.23 285.96 294.82 303.83 312.98 h s kJ/kg kJ/kg/K 246.52 0.9197 247.64 0.9238 256.76 0.9566 265.91 0.9883 275.12 1.0192 284.42 1.0494 293.81 1.0789 303.32 1.1079 312.95 1.1364 322.71 1.1644 332.60 1.1920 342.62 1.2193 u kJ/kg 233.64 239.40 248.20 256.99 265.83 274.73 283.72 292.80 302.00 311.31 h s kJ/kg kJ/kg/K 256.07 0.9117 260.34 0.9264 270.28 0.9597 280.16 0.9918 290.04 1.0229 299.95 1.0531 309.92 1.0825 319.96 1.1114 330.10 1.1397 340.33 1.1675 u kJ/kg 243.78 252.13 261.62 271.04 280.45 289.89 299.37 308.93 h s kJ/kg kJ/kg/K 264.15 0.9066 273.66 0.9374 284.39 0.9711 294.98 1.0034 305.50 1.0345 316.00 1.0647 326.52 1.0940 337.08 1.1227 u kJ/kg 251.03 254.98 265.42 275.59 285.62 295.59 305.54 h s kJ/kg kJ/kg/K 270.99 0.9023 275.52 0.9164 287.44 0.9527 298.96 0.9868 310.24 1.0192 321.39 1.0503 332.47 1.0804 P=500 kPa T C 15.74 20 30 40 50 60 70 80 90 100 v m3/kg 0.04086 0.04188 0.04416 0.04633 0.04842 0.05043 0.05240 0.05432 0.05620 0.05805 P=800 kPa P=1000 kPa T C 39.33 40 50 60 70 80 90 100 T C -12.73 -10 0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100 P=280 kPa P=700 kPa P=900 kPa T C 35.53 40 50 60 70 80 90 100 P=180 kPa u kJ/kg 216.52 223.03 230.55 238.21 246.01 253.96 262.06 270.32 278.74 287.32 296.06 304.95 314.01 P=400 kPa P=600 kPa T C 21.58 30 40 50 60 70 80 90 100 v m3/kg 0.13945 0.14549 0.15219 0.15875 0.16520 0.17155 0.17783 0.18404 0.19020 0.19633 0.20241 0.20846 0.21449 P=240 kPa P=320 kPa T C 2.48 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100 T C -18.8 -10 0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100 T C 31.33 40 50 60 70 80 90 100 v m3/kg 0.02547 0.02691 0.02846 0.02992 0.03131 0.03264 0.03393 0.03519 P=1200 kPa T C 46.32 50 60 70 80 90 100 v m3/kg 0.01663 0.01712 0.01835 0.01947 0.02051 0.02150 0.02244