Introduction :
Après ces préliminaires, commençons donc par ce que nous avons appris : tentons de définir
les termes du sujet et de nous poser les bonnes questions :
Tout d’abord : qu’est-ce que la philosophie ? Nous allons la définir de manière négative : ce
n’est pas une science ni même une connaissance. Ce n’est pas non plus un savoir : c’est une
réflexion sur les savoirs disponibles. C’est pourquoi on ne peut apprendre la philosophie, qui
n’existe pas en tant que telle. On ne peut qu’apprendre à philosopher. Le philosophe dans sa
démarche intellectuelle va s’interroger sur sa propre pensée, sur la pensée des autres, sur le
monde, sur la société, sur ce que l’expérience nous apprend et sur ce qu’elle nous laisse
ignorer.
L’essence même de la philosophie et de l’art de philosopher est de « penser sa vie et de vivre
sa pensée » en harmonie. Philosopher est l’art de la réflexion humaine sur des questions que
lui seul dans le règne animal est amené à se poser du fait de son humanité. C’est une manière
de vivre sa vie au quotidien.
Il va orienter toutes ses forces pour penser mieux, plus fort, plus profond avec pour objectif
d’avoir une vie plus humaine, plus lucide, plus sereine…C’est ce que les philosophes
appellent la sagesse, qui serait un bonheur sans illusion, ni mensonges. « Le bonheur serait le
but, la philosophie le chemin’· .
Une fois que l’on a compris le sens de la démarche philosophique et ce qu’elle est sensée
nous apporter, on va tenter de mieux comprendre comment les philosophes ont appréhendé
une question centrale à la vie humaine : celle de la mort. Peut-on philosopher sans la mort ?
rien n’est moins sure ! C’est ce qu’affirmait Arthur Schopenhauer.
Les objets de la philosophie sont innombrables. Rien de ce qui est humain ou vrai ne lui est
étranger. Cela ne signifie pas qu’ils soient tous d’égale importance. Kant, dans un passage de
son livre « La Logique » résumait le domaine d’intervention de la philosophie en quatre
questions : Que puis-je savoir ? Que dois-je faire ? Que m’est-il permis d’espérer, Qu’est-ce
que l’homme ? Elles débouchent toutes quatre sur une cinquième question, qui est sans doute
philosophiquement parlant la question principale : Comment vivre ? et donc pourquoi
mourir ?
La mort est le concept central de toute existence humaine et ce que les philosophes appellent
la finitude de l’homme est l’essence même de la philosophie.
La pensée de la mort est une pensée qui nous obsède, parce que le temps psychologique nous
travaille et nous inquiète. La mort est présente en arrière-fond de nos angoisses sourdes et
pourtant, même en y pensant souvent, nous y pensons sans savoir ce qu’elle représente.
« Quand on pense à quel point la mort est familière et combien totale est notre ignorance, ».
Devant la mort, chacun de nous se trouve placé dans une situation paradoxale : obsédé par
une chose dont nous ignorons tout, tout en croyant en savoir assez pour la craindre ! Ce qui
Une formation à l ‘esprit critique et à l’autonomie. Une méthode de pensée rigoureuse. Un art de la réflexion
enraciné dans une attitude d’étonnement de questionnement. (Jules Ferry – introduction p.15-16)
Arthur Schopenhauer, Suppléments, au Monde comme volonté et comme représentation, XL : « De la mort et
de ses rapports avec l’indestructibilité de notre être en soi »