procédé de création lexicale dans les langues romanes

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Catarig Andra - Teodora
Universitatea Oradea Facultatea de ŞtiinŃe Economice Str. UniversităŃii nr. 1 Oradea cod 410087
0259-408799 acatarig@uoradea.ro
The paper presents a special feature of the Italian language, namely the tendency towards the noun and
adjective derivation. Even though derivation is a basic means of enriching vocabularies in all languages coming
from Latin, its impact proves to be a lot greater in Italian where it has an impressive creative power.
Dérivation, complexe affectif, langage journalistique
Introduction
La formation des paroles enrichit la langue de l’intérieur. Les principaux procédés de création lexicale sont la
dérivation et la composition.
La dérivation, qui est le procédé le plus utilisé dans les langues romanes, consiste à adjoindre à un élément
lexical autonome (base) un élément lexical non autonome (affixe). Si cet élément est placé avant le mot, il
s’appelle préfixe, s’il est placé après le mot, il s’appelle suffixe. La dérivation permet de créer des néologismes.
La plupart des procédés de rivation utilisés par l’italien existent en français et en roumain également, mais la
capacité de ces langues d’accepter ces nouvelles formations diffère d’une langue à une autre.
La recherche portera sur la dérivation suffixale, procédé qui permet souvent de passer d’une catégorie
grammaticale à une autre (verbe nom, verbe adjectif, etc.). Nous nous proposons d’analyser l’aptitude du
français, de l’italien et du roumain à former des dérivés à l’aide de suffixes provenant du latin et de voir dans
quelle mesure les trois langues sont ouvertes à l’innovation.
Étant donné que les mass media, notamment les pages dédiées à l’économie, sont le lieu privilégié de
l’innovation et que ces dernières années nous avons assisté à une véritable explosion de néologismes, nous
avons pris beaucoup d’exemples du langage journalistique.
Dans ce qui suit, nous présentons des exemples que nous considérons pertinents pour l’analyse comparative des
trois langues.
Suffixes formant des noms
V – N : -azione:
esportare – esportazione
exporter – exportation
a exporta – export
tariffare – tariffazione
tarifer – tarification
a tarifa – tarifare
verbalizzare – verbalizzazione
verbaliser – verbalisation
a verbaliza – *verbalizare / încheierea unui proces verbal
Le mot verbalizzare, qui a deux acceptions (1. exprimer au moyen du langage ; 2. dresser un procès verbal),
provient du français. L’italien l’emprunte au XIV-ème siècle ; en roumain ce verbe fait son apparition au XX-
ème siècle, mais le dérivé ne reprend pas toutes les acceptions du mot de base.
A – N: -ità:
deducibile – deducibilità
deductible – deductibilité
deductibil – deductibilitate
scientificità / scientificité / ştiinŃificitate (caracter ştiinŃific)
rigorosità / rigueur / rigurozitate
C’est le suffixe propre aux substantifs abstraits. L’italien démontre une très grande capacité de former des
dérivés abstraits, qu’il utilise avec une très grande fréquence. En français de telles formations sont parfois
impossibles. En roumain ce sont des créations très récentes, non encore enregistrées dans les dictionnaires et que
les gens ressentent comme savantes, même bizarres.
A – N: -ismo: europeismo / européanisme / europeism
Les trois langues possèdent ce type de formation, mais l’italien se montre encore une fois un récepteur privilég
de dérivés en -ismo (mammismo / fixation maternelle / tendinŃa de a rămâne sub protecŃia mamei, vittimismo /
tendance à se poser en victime / tendinŃa de a se simŃi victimă).
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A – N: -esimo: urbano – urbanesimo
En français et en roumain, les substantifs dérivés proviennent des verbes correspondants.
urbaniser – urbanisation
a urbaniza – urbanizare
Suffixes formant des adjectifs
V – A : -bile :
utilizzare – utilizzabile
utiliser – utilisable
a utiliza – utilizabil
En ajoutant ce suffixe nous obtenons des adjectifs de sens passif exprimant la possibilité. Le procésemble
fonctionner avec succès dans les trois langues romanes soumises à l’analyse :
applicabile / applicable / aplicabil
convertibile / convertible / convertibil
deducibile / déductible / deductibil
rimborsabile / remboursable / rambursabil
Cependant, nous remarquons le fait qu’en italien les possibilités de dérivation en -bile sont pratiquement
infinies et que la langue les utilise réellement, tandis que dans les deux autres langues les formations sont
souvent possibles, mais on ne les utilise pratiquement pas.
quota donabile / part sociale que l’on peut donner / parte socială care se poate dona
clausola adottabile / clause qui peut être adoptée / clauză care poate fi adoptată
D’autre part, l’absence de traduction au moyen de termes dérivés est due également à l’absence d’un verbe
similaire dans la langue d’arrivée :
una persona affidabile / une personne de confiance / o persoană de încredere
V – A : -ivo :
permettere – permissivo
permettre – permissif
a permite – permisiv
clausola risolutiva espressa / clause résolutoire expresse / clauză expresă de reziliere
L’italien dispose d’une tournure particulière, qui permet une grande économie de moyens linguistiques.
L’expression italienne devient ainsi plus dense et synthétique. Le français et le roumain préfèrent les tournures
analytiques :
accordo modificativo del presente contratto / un accord par lequel on peut modifier le présent contrat /
un acord care poate modifica prezentul contract
N – A: -ivo:
abuso – abusivo
abus – abusif
abuz – abuziv
campo assicurativo / domaine des assurances / domeniul asigurărilor
N – A: -ario:
finanza – finanziario
finance – financier
finanŃe – financiar
situazione debitoria della ditta / situation des dettes / situaŃia datoriilor firmei
N – A: -ale:
commercio – commerciale
commerce – commercial
comerŃ – comercial
pagamento rateale / paiement à tempérament / plata în rate
proroga biennale / *renouvellement biennal / renouvellement tous les deux ans / prelungire din doi în
doi ani
pressione concorrenziale / pression concurrentielle / presiunea concurenŃei
diritti aeroportuali / taxes aéroportuaires / taxe aeroportuare / taxe de aeroport
mensa aziendale / cantine de l’entreprise / cantina firmei
stagione invernale / saison hivernale / sezon rece / sezon invernal
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Les mots biennal, concurenŃial, invernal existent, mais les traductions proposées semblent plus conformes à
l’usage.
N – A: -izio: credito – creditizio
Ce suffixe est productif seulement en italien.
ente creditizio / institution de crédit / instituŃie de credit
lavori edilizi / travaux du bâtiment / lucrări de contrucŃii
natura pattizia / nature contractuelle / natură contractuală
N – A: -istico, -astico:
arte – artistico
art – artistique
artă – artistic
industria automobilistica / industrie automobile / industria automobilelor
riforma pensionistica / réforme du régime de retraite / reforma sistemului de pensii
Observations
Généralement les trois langues ont la possibilité de former des dérivés de la même façon, en utilisant des
suffixes qui semblent parfaitement équivalents.
Nous devons quand même faire quelques observations :
1. La langue dispose parfois d’un dérivé équivalent, mais il ne peut pas être utilisé dans n’importe quel
contexte (fond asigurativ / *domeniu asigurativ). Le français et le roumain y suppléent souvent par un
substantif au génitif (domeniul asigurărilor).
2. me si théoriquement il est possible de former un dérivé, le mot est difficilement accepté par la
langue ou bien il n’est pas du tout accepté. L’italien est ouvert à toute création, en revanche le français
et le roumain se montrent réticents à l’entrée de tout terme dans la langue. On peut avancer l’hypothèse
que ces deux langues ont besoin d’une période d’adaptation plus longue.
3. L’italien a une prédisposition évidente pour l’usage des adjectifs dérivés et recourt souvent à
l’expression synthétique. Les deux autres langues sont plus analytiques. Pourtant, alors que le français
préfère décomposer l’expression, le roumain peut recourir à un adjectif (settore mangimistico / secteur
des fourrages / sectorul furajer / sectorul furajelor).
4. Malgré leur origine commune, ces langues ont évolué différemment et n’ont pas conservé toutes les
possibilités de suffixation offertes par le latin. L’italien est le seul qui a un équivalent pour le suffixe
latin -icius (-izio).
5. La langue crée en permanence des néologismes à l’aide de ce procédé qui reste ouvert.
L’utilisation massive des noms et des adjectifs dérivés confère au discours un ton solennel ou une note
d’emphase. D’ailleurs, l’italien aime l’ampleur rhétorique et l’abstraction conceptuelle.
Selon Scavée et Intravaia, il existe une approche particulière de la réalité qui est commune à l’ensemble d’une
collectivité linguistique et qui se reflète dans l’usage stylistique. En étudiant le français et l’italien, les deux
linguistes sont arrivés à la conclusion que le recours à l’abstraction est devenu « une sorte d’approche naturelle
de la réalité qui est très caractéristique de la mentalité italienne » et ont appelé cette tendance le complexe de
Benedetto Croce. (1979 : 131)
Conclusion
En étudiant la création de paroles à partir de cas de suffixation présentés ci-dessus nous pouvons dire qu’il
existe de nombreuses convergences entre les trois langues et une forte ressemblance entre les suffixes. Les
similitudes sont dues principalement à l’origine latine de ces langues.
Nous pouvons dégager quand même des divergences. D’abord, même dans les cas où il existe une équivalence
parfaite entre les suffixes (la création de substantifs à l’aide des suffixes -ità, -ité, -itate), le français et le
roumain ne manifestent pas la même aisance que l’italien à former des dérivés. L’opération est possible dans la
plupart des cas, mais on préfère une tournure du type : substantif de sens général + adjectif qui le précise.
Deuxièmement, l’italien privilégie l’adjectif. En ce qui concerne la formation des adjectifs, l’italien a un
potentiel dérivationnel très grand et manifeste un penchant significatif pour l’abstraction et pour l’expression
elliptique. L’italien utilise l’expression synthétique, le français et le roumain découpent la réalité de façon
analytique.
Par conséquent, il n’y a pas d’équivalence parfaite entre les systèmes morphologiques des trois langues. Une
possible explication en serait l’évolution différente de ces langues et les grands courants qui les ont influencé :
le Classicisme en France et le Baroque en Italie.
Il reste à voir si à l’avenir l’évolution de ces langues suivra la même voie. Il serait intéressant d’étendre
l’analyse au vocabulaire de la technique.
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Bibliographie
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