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Le fait islamique : Les premiers siècles de l’histoire de l’islam, Mohsen Ismail, 2005
2ème temps : De la succession du Prophète à la fondation de l’Empire.
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1ère étape : Cibler l’objectif
Au niveau du savoir, il s’agit de mettre en revue le devenir d’une communauté naissante après la mort
de Muhammad. Le but est de vérifier la continuité et la rupture par rapport à la période précédente.
Cette période, dite celle des Califes bien guidés, mérite quelques explications d’ordre conceptuel et
historique. Pourquoi considère-t-on les quatre premiers califes comme étant bien guidés ? En quoi
consiste cette appellation ?
Au niveau du savoir-faire, il faut soulever les points saillants qui caractérisent cette période tant sur le
plan politique que sur les plans social et culturel. Dans ce même cadre, il est important de définir
l’objectif de la nomination d’un calife qui est, théoriquement, appelé à assurer l’unité communautaire, de
sauvegarder la religion et la répandre. Il est également nécessaire de passer en revu les critères suivant
lesquels la nomination des premiers califes à été faite. Dans ce sens, il faut analyser les discours et les
faits en partant des arguments suivants : l’appartenance à la tribu de Quraysh, la piété et l’intégrité du
prétendant au califat ou l’appartenance à la famille du Prophète.
Au niveau du savoir-être, arriver à situer les limites de la relation entre religieux et politique à partir de
cette expérience qui demeure, aux yeux de certains, le modèle à suivre par les musulmans de tout
temps.
2ème étape : Travailler sur les pré-requis et les pré-acquis.
Pré-requis :
Dire que l’islam a changé de fond en comble la situation des Arabes relève d’une lecture méta
historique.
Les actes des quatre premiers Califes ne relèvent ni d’une source de législation ni d’une expérience
modèle à pérenniser.
Essayer de rechercher la raison qui a donné lieu au qualificatif “bien guidés” attribué aux quatre
premiers Califes et les guerres intestines qui ont vu le jour sous leur règne.
L’Etat islamique idéal, idée chère pour certains, a-t-il vraiment existé sous le règne des quatre premiers
Califes ?
Pré-acquis :
Le terme arabe khalîfa désigne, au moins trois sens : le premier renvoie au remplacement de quelqu’un
qui est absent ou mort pour remplir une mission, le deuxième désigne les êtres vivants qui se succèdent
les uns aux autres, génération après génération et enfin le troisième sens signifie le gérant, celui à qui a
été donné le pouvoir de gouverner d’autres personnes. Ce même terme khalîfa est cité deux fois dans le
Coran. Dans la Sourate II, v.30 on trouve le sens du vicariat : “ Lorsque Ton Seigneur confia aux
Anges : Je vais établir sur la terre un (khalîfa), vicaire ” et dans la Sourate XXXVIII, v.26, ce terme
désigne celui qui a la charge de juge et du détenteur du pouvoir politique : “ Ô David, Nous avons fait de
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toi un khalîfa (détenteur du pouvoir pour gouverner les gens), sur la terre. Juge donc en toute équité
entre les gens ”.
Comment donc situer la mission de Califat qui était objet de concertations, de coalitions, de stratégies et
de discordes après la mort du Prophète en 632, soit l’année 11 après l’Hégire ?
Qu’en est-il de l’unité communautaire constituée autour du Prophète ?
Le Calife était-il en mesure d’assurer ce même rôle ?
Le texte Coranique avait-il joué un rôle unificateur, organisationnel et législatif dans la communauté
islamique ?
La réponse à ces questions suivra les deux étapes suivantes : la question de la succession, le Calife et
l’unité communautaire.
La question de la succession
Si le Prophète revendiquait une autorité morale à vocation universelle qui ne reconnaisse pas de
frontières naturelles (en référence au verset coranique qui dit : Nous ne t’avons envoyé qu’en
miséricorde aux univers1, après sa mort les musulmans se trouvèrent vite appelés à exercer le pouvoir
à plus vaste échelle. Les discussions, qui ont eu lieu concernant sa succession quant à la direction des
musulmans, ont revivifié d’une part les rivalités entre les Mecquois et les Médinois, des luttes de clans,
et des revendications familiales d’ayants droit à la succession. Il s’agit des caractéristiques de la société
de l’Arabie qui ont été sous jacentes au vivant du Prophète mais qui ont repris juste après sa mort. C’est
dans cette logique que les conditions à remplir pour assumer la charge, les modalités de la désignation
ou du choix du Calife, la nature des pouvoirs que celui-ci va exercer, ont évoqué de larges controverses
et même des guerres intestines.
C’est dans la tribu de Quraysh que le pouvoir doit être relayé, c’était la première solution “choisie ” pour
éliminer les revendications des Médinois. Au sein même de la tribu de Quraysh d’autres logiques,
d’ordre clanique et lignage familiale, vont être considérées comme “critères” pour accéder au pouvoir.
Mis à part le cas du deuxième Calife ‘Umar qui a été désigné par son prédécesseur Abû Bakr, la
modalité, suivie pour la nomination des trois autres Califes (tous Qurayshites), a été par acte
d’allégeance bay‘a. La notion d’hérédité n’a pratiquement pas joué aucun rôle dans l’attribution du
pouvoir pendant cette période.
Le Calife et l’unité communautaire
Cette première expérience de la gestion d’une citée arabe et islamique, après la mort du Prophète, avait
pour premier souci le maintien d’une unité communautaire. Sur le plan théorique, cette unité semble être
assurée par une cohésion unitaire animée par trois facteurs : un seul souverain, des croyances
communes et des intérêts communs. Bien entendu, le facteur religieux est le dénominateur commun
entre ces trois éléments qui sont, eux même, enchevêtrés.
La disparition de Muhammad a failli entraîner une destruction de la jeune communauté islamique. La
neutralisation, par Abû Bakr (632- 634), des mouvements scissionnistes connus dans la tradition arabe
sous le nom de ridda, a pu donner corps, au bout d’un an environ, à une unité de la péninsule arabique
après l’islamisation de sa quasi-totalité. Son successeur ‘Umar (634- 644), qui a adopté pour la première
fois le titre de ‘amîr al-mu’minîn, le commandeur des croyants, aurait eu le mérite d’avoir organisé des
dîwân, registres ou offices, et notamment celui de bayt al-mâl, le trésor public, une institution qui
définissait les ayants droit et le montant des “ allocations ” de chacun.
A ‘Uthmân (644-656), quant à lui, est attribué la mise par écrit du Coran, à partir de ce que la mémoire
des récitants aurait retenu et à partir des bribes déjà mises par écrit du vivant du Prophète, mais
éparpillées chez les scribes. Le rassemblement du Coran en un seul et unique corpus, dit la “vulgate
coranique” avait pour intention d’unifier la communauté autour de l’unification du message prophétique.
Le règne de ‘Alî (656-661) était accompagné par des résurrections de tout bord, son court mandat ne lui
a pas permis de continuer ce que ses prédécesseurs ont inauguré. L’allégeance au nouveau
commandant des croyants n’a pas suffit à elle seule d’assurer une unité communautaire autour de sa
personne comme elle n’a pas empêché le déclenchement d’anciennes alliances et coalitions d’ordre
claniques qui remontent à la période antéislamique. La branche umayyade de la tribu de Quraysh rentre
en scène politique avec le Califat de ‘Uthn. Mais avec l’arrivée de Mu‘âwiya au pouvoir, une ère
5 Coran, S XXI, v. 107.
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nouvelle a commencé dans l’histoire de l’islam. Il s’agit de la fondation d’un nouveau système politique
donnant naissance à l’Etat dynastique.
3ème étape : Mettre en place des dispositions pédagogiques
RECHERCHE :
La succession du Prophète consiste à arbitrer des différents et à exercer le pouvoir au sein de la
“communauté”.
La désignation du Calife a suscité un retour à la logique de la solidarité du groupe à base tribale et
même familiale.
Des arguments religieux ont été utilisés pour trancher en faveur du prétendant au Califat.
Le Coran, parole de Dieu, peut-on engager une lecture historique de ce texte ?
Le rassemblement du Coran, a-t-il pris sa forme définitive durant cette période, celle des quatre premiers
Califes?
Le passage de l’oralité à l’écrit et son impact sur le développement d’autres disciplines.
COURS :
Le cours doit mettre en revu les points saillants qui marquent cette période de “transition” :
Les enjeux de la nomination du Calife.
La gestion de la citée et les institutions qui ont existé en cette même période.
L’impact de cette période sur l’histoire de l’islam dans le passé comme dans le présent.
Peut-on parler d’un état islamique ? D’une période fondatrice ?
L’expansion de l’islam est-elle due à l’affaiblissement des deux puissances de l’époque, au rôle de la foi
comme facteur mobilisateur, au butin de guerre qui est devenu l’une des plus importantes ressources ou
à une sorte d’expatriation des problèmes locaux en menant des campagnes d’islamisation ?
Le rassemblement du Coran, œuvre politique, religieuse ou “scientifique” ?
L’exégèse coranique, son apport scientifique et son instrumentalisation politique
L’interaction, religieux / politique et les prémisses de la naissance des premiers courants de pensée de
l’histoire de l’islam.
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