mais aussi avec la Tripolitaine et l'Égypte. Cet empire, qui a laissé un profond souvenir dans
l'âme soudanaise, devait survivre nominalement jusqu'à la seconde moitié du XVIIe siècle,
mais, dès le XVe siècle, le Mali se trouva éclipsé par le royaume sonrhaï, dont la capitale fut
portée à Gao, sur le Niger.
Fondé, semble t-il, par des Berbères, le Sonrhaï n'avait été que très superficiellement
islamisé au Xe siècle, mais en 1493, la conquête du pouvoir par Mamadou Touré, fondateur
de la dynastie des «askias», fit de cet état un belliqueux champion de la foi musulmane.
Durant tout le XVIe siècle, le Sonrhaï fit rayonner une belle civilisation islamique sur un
territoire correspondant au Mali, au Niger et à une partie du Nigeria actuels. Mais il ne fut pas
toujours heureux dans ses tentatives pour convertir par la force les peuples païens voisins,
notamment les Mossis. Déjà sur son déclin, le Sonrhaï excita par ses richesses aurifères et
ses esclaves la convoitise du Maroc ; en 1591, il fut détruit par l'expédition du sultan Ahmed
el-Mansour. Entre le Niger et le Tchad, dans le nord de l'actuel Nigeria, se formèrent vers le
IXe-Xe siècle, les états haoussas, confédération de 7 puis de 14 cités régies par une
organisation aristocratique; convertis à l'islam au XIIIe/XIVe siècle, les Haoussas, menacés
par l'expansion des Sonrhaïs et du Bornou, furent amenés, au XVIe siècle, à se grouper plus
étroitement sous l'autorité du royaume de Kebbi ; ils subsistèrent ainsi jusqu'au début de la
conquête peule, au XIXe siècle.
Dans les régions tchadiennes, grand carrefour commercial, devaient se développer de
nombreux royaumes qui, soumis à des influences du Nord, par l'intermédiaire de la Nubie et
du désert, se distinguèrent par leur organisation centralisée et hiérarchisée, comme par leur
vocation militaire. Les royaumes du Kanem, du Bornou, du Baguirmi, tous convertis à l'islam,
luttèrent pour le contrôle du commerce transitant par le lac Tchad. Au XVIe siècle, le Bornou
fut la plus redoutable puissance militaire de l'Afrique noire; il employa les premières armes à
feu, qu'il avait acheté aux Arabes, et, fort de cette supériorité, conquit une vaste zone du
désert s'étendant au nord-ouest jusqu'à l'Aïr, au nord jusqu'au Fezzan. Entre le Tchad et le
Nil, des royaumes chrétiens comme le Ouadaï, le Darfour, le Kordofan subsistèrent jusqu'à
la fin du XVIe siècle ou au début du XVIIe siècle, date à laquelle ils furent conquis par les
Arabes et islamisés.
Le christianisme, en ces régions, avait rayonné, après la fin du royaume de Méroé (330),
depuis les principautés nubiennes des Nobates, des Makorites et des Alodes. C'est
seulement au XVIe siècle que l'islam l'emporta définitivement en Nubie. En revanche, il ne
put conquérir l'Ethiopie, héritière de l'ancien royaume d'Aksoum, dont les origines
remontaient au moins au IIIe siècle avant notre ère. Peu après avoir détruit Méroé, les
Aksoumites s'étaient convertis au christianisme, par l'intermédiaire d'Alexandrie (vers 340),
ce qui les entraîna par la suite dans le monophysisme. Encerclée par les Arabes, l'Ethiopie
médiévale entreprit, aux XIV-XVe siècle, une victorieuse contre-offensive contre la pression
islamique. Dès 1427, elle envoya une ambassade en Occident, et c'est avec l'aide des
Portugais qu'elle parvint, après avoir connue une situation quasi désespérée, à repousser le
Somali Mohammed Granye (1543).
LES PREMIERS ÉTATS GUINÉENS
L'histoire de la côte guinéenne demeure dans l'obscurité jusqu'au XIe siècle. La forêt
tropicale constitua une barrière infranchissable pour l'islam. Au sud du Niger, on ne
rencontre plus un seul État musulman. Préservés par la forêt, les États guinéens purent
préserver leurs traditions culturelles et leur religion animiste. Dans la plus grande partie de
ces régions, n'existaient encore, au XVe siècle, que des sociétés sans État. Les Yoroubas,
établis dans l'actuel Nigeria, constituent une exception d'autant plus importante. Diverses
légendes (comme celle d'un roi de Perse qui aurait trouvé refuge en ce pays, après une
étape en Nubie) indiquent que les États yoroubas furent fondés par plusieurs vagues
d'envahisseurs venues du nord-est, vers le Xe et le XIIIe siècle. Les Yoroubas formèrent une
confédération de villes gouvernées chacune par un prince élu. Ce furent eux, également, qui