
Région Languedoc Roussillon ENERTECH
Introduction
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INTRODUCTION
Notre intervention sur le lycée Mermoz de Montpellier a été légitimée par la présence
de dysfonctionnements électriques importants, notamment sur le bâtiment B qui était sujet à
des disjonctions fréquentes. La solution à laquelle on pense immédiatement consiste à
augmenter la puissance souscrite et à renforcer les réseaux. Mais compte tenu du coût déjà
conséquent de la facture annuelle d’électricité de ce type d’établissement, une autre approche a
été proposée. Elle consiste à essayer de comprendre comment est utilisée l’électricité, quels
sont les usages les plus importants, quels sont les modes d’utilisation. L’idée est de chercher à
expliquer comment se construit la consommation d’électricité du bâtiment.
L’intérêt de cette démarche est évident. Si l’on sait à quoi sert exactement l’énergie, il
va être possible d’agir à la source en intervenant sur l’usage lui-même : est-il légitime qu’il
fonctionne dans cette tranche horaire ? Existe-t-il une solution de substitution moins
consommatrice ? Est-il absolument indispensable ? Etc. On peut imaginer qu’il soit ainsi
possible de satisfaire les mêmes besoins avec beaucoup moins d’énergie, et avec une puissance
appelée plus faible. Cette approche, très novatrice, a déjà été appliquée à d’autres types de
bâtiments avec succès.
Mais ce travail analytique devrait aussi permettre d’étudier la qualité du courant qui
circule dans le bâtiment. Cet aspect, assez négligé jusqu'à présent, est pourtant de première
importance. Les usages actuels ont souvent une incidence forte sur l’allure et la qualité du
courant qu’ils dégradent, notamment avec la présence abondante d’harmoniques. Ces
harmoniques peuvent perturber le fonctionnement de certains usages, ou conduire à
surdimensionner certains équipements. Il importait, là aussi, de comprendre pour agir de façon
pertinente.
L’approche proposée a nécessité une intervention métrologique très lourde, et donc
plus chère qu’une intervention classique. Mais en fournissant de nouvelles clés permettant
d’expliquer et de comprendre le fonctionnement des équipements, elle dépasse largement le
cadre du seul lycée Mermoz. C’est un savoir-faire nouveau, une approche différente de la
programmation et de la réalisation des équipements des bâtiments neufs ou réhabilités qui
devraient pouvoir émerger et s’imposer dans la Région Languedoc Roussillon. L’enjeu est
donc essentiel au regard du coût d’exploitation énergie des lycées.
Mais comment ne pas rapprocher aussi cette logique du débat national actuel sur
l’énergie et des enjeux planétaires induits par l’usage que le monde occidental a fait de cette
énergie ? Nous sommes en effet confrontés à trois difficultés bien identifiées :
- les limites des ressources énergétiques conventionnelles : 40 ans de pétrole, 60 ans de
gaz, 70 ans d’uranium et 200 ans de charbon. Même si ces réserves étaient doublées, le temps
qu’elles nous laissent pour transformer les systèmes de production et de consommation est
extrêmement court au regard de l’inertie de ces systèmes,
- l’énergie est à l’origine de 80 ou 90 % des nuisances environnementales. Les plus
médiatisées sont le réchauffement climatique et l’accumulation non résolue des déchets
radioactifs,
- la menace d’une multiplication des guerres pour contrôler puis se partager les
ressources encore disponibles de pétrole et de gaz.