Non, s’il vous plaît, soyons sérieux, remettons le punk à sa place... Ne nous
arrêtons pas à la surface et plongeons au coeur de la chose : Punk, c’est à dire la
destruction du petit ordre que l’on s’est établi,
destroy
!, la destruction de nos
préjugés sur les autres, la destruction de nos préconceptions sur le monde. Punk,
c’est à dire “ne se poser sur rien”.
Profondément, on pourrait dire que le punk c’est Kali, la parèdre de Shiva,
ou la Palden Lhamo des tibétains, tueuse des démons, briseuse d’illusions, celle qui
annihile la fausse identication (à un « moi » permanent, à ce que nous pensons
être), qui explose l’univers, qui tue le temps,
no future
!
Voilà du punk qui fait trembler la terre et remet le cosmos à sa place. Voilà
pourquoi des punks éternels devant lesquels on peut s’incliner sont des person-
nages tels Han Shan, Ikkyu, Shakyamuni Bouddha, Kosen Barbara, Parvathi Baul,
Gary Snyder ou Milarepa. Bâuls, moines errants, clochards célestes. Voilà des ré-
volutionnaires ! Comme vont nous le révéler les textes ô combien actuels, et les
dessins qui suivent.
J’ai commencé ces dessins « zen » en 1999. À l’époque, il s’agissait pour moi
de payer mes frais pour les retraites bouddhistes auxquelles je participais. Dans ces
dessins, je tente d’évoquer symboliquement une recherche de vérité engageant
une frugalité et une ouverture permanente au monde. Ainsi les personnages qui
les peuplent sont fortement inspirés par les «peintures à l’encre» zen tradition-
nelles, rassemblant un dessin essentiel et expressif avec un poème ou une citation
éloquente évoquant la pratique de la Voie. Ces dessins sont faits sur des papiers
artisanaux indiens.
On entend parfois que nous autres, occidentaux, sommes trop cartésiens
pour aborder l’extrême-orient. En eet, des montagnes chinoises du VIIIe siècle
aux faubourgs cacophoniques de nos villes modernes, comment les sagesses orien-
tales peuvent-elles s’actualiser dans nos vies ? Wanshi disait : «Tout dans l’univers
brille et prêche la vérité», même nos poubelles, même les lumières de Carrefour et
Prisunic, même Johnny Rotten et son micro, même le rosier dans le jardin. Il sut
d’ouvrir les yeux, les yeux du “coeur”... À bientôt...
Seika, Nantes, décembre 2011-2014