Lycée franco-mexicain
Cours Olivier Verdun
A.1) Morale et moralisme
Le terme « morale » vient du latin moralis, de mos, moris, « mœurs », « coutumes ». Il
désigne, en une première acception, l’ensemble des règles en vigueur que les membres d’une
société donnée rencontrent comme guides de leur conduite, règles énoncées en termes de bien et
de mal. La morale, autrement dit, est une doctrine des mœurs qui dit les diverses manières de
bien se conduire, de se comporter convenablement, selon les règles, les conventions, les
normes, les valeurs d'un groupe humain, sinon de l'humanité tout entière.
La morale apparaît ainsi comme le système des règles que l’homme suit ou doit suivre
dans sa vie aussi bien personnelle que sociale. La morale est donc l'ensemble « des obligations
et des interdits que nous nous imposons à nous-mêmes, indépendamment de toute récompense ou
sanction attendue, et même de toute espérance. »
Il ne faut pas confondre morale et moralisme : le moralisme est du côté des leçons de
morale et de l’ordre moral, tandis que la morale est cet effort permanent consistant à réfléchir
et à juger par soi-même. La morale, contrairement à ce qu'on croit souvent, n'a rien à voir avec
la religion ou avec la peur du gendarme ou du scandale. Ramenée à son essence, la morale est le
contraire du conformisme - du moralisme ! -, de l'intégrisme, de l'ordre moral ou de ce qu'on
appelle aujourd'hui " le politiquement correct ". Elle n'est pas le règne de la soumission intéressée
ou craintive, encore moins la loi de la société, du pouvoir, de Dieu, des médias, des Églises.
Définissons alors la morale comme la loi que l'individu se prescrit à lui-même, l'ensemble
des règles que je m'impose à moi-même, ou que je devrais m'imposer de façon désintéressée,
libre, parce que ces règles me paraissent s'imposer universellement.
Le problème moral constitue ainsi le centre de toute réflexion puisque toute entreprise
humaine est soumise à la question de savoir si elle est justifiée ou non, nécessaire, admissible ou
répréhensible, c’est-à-dire si elle aide à la réalisation de ce qui est considéré comme souhaitable,
à la prévention ou à l’élimination de ce qui est jugé mauvais.
A.2) Morale, éthique et déontologie
Rien dans l'étymologie ne nous permet de distinguer entre morale et éthique puisque ces
deux mots sont synonymes : ta èthè (en grec, «les mœurs»), mores (en latin, «coutumes») →
façons d'agir déterminées par l'usage.
La notion d'éthique est pour le moins ambivalente dans l'usage actuel du mot.
On parle, en effet, de comité d'«éthique», d'une «éthique des affaires», d'une «éthique des
médias», de «bioéthique», d'«éthique médicale», d'éthique «personnelle». Le mot éthique est
ainsi souvent confondu avec celui de déontologie, - confusion qui peut indiquer que l'éthique,
André Comte-Sponville, Dictionnaire philosophique, p. 389