
Comment l’Equateur fait face 
à la baisse des revenus du pétrole
> Coupes budgétaires et mesures protectionnistes ont été annoncées
Pablo Hidalgo
L’Equateur (le plus petit mem-
bre de l’OPEP) a récemment subi 
des pressions sur ses recettes 
fiscales causées par la chute du 
prix du brut amorcée au troi-
sième trimestre 2014. Le pétrole 
représente un cinquième des 
recettes et plus de 50% des ex-
portations de la nation andine 
pour qui cette baisse, conjuguée 
à l’appréciation du dollar, a eu 
un impact de près de 2 milliards 
de dollars durant le premier 
trimestre de 2015. Cela étant, le 
président actuel du pays, Rafael 
Correa, a déjà mis en œuvre 
plusieurs mesures pour corriger 
ces effets. Le gouvernement a 
notamment assuré que les inves-
tissements dans les infrastructu-
res ne s’arrêteraient pas.
Cela s’explique aisément. Ces
dernières années, une politique 
dynamique et agressive en ma-
tière de dépenses publiques dans
les secteurs stratégiques tels que 
les réseaux routiers, hôpitaux, 
écoles ou centrales électriques 
(passant de 21% du PIB en 2006 à 
43% en 2014) a été pratiquée, 
stimulée par des niveaux histori-
ques des cours du pétrole. Et la 
croissance en a largement béné-
ficié.
Mais les temps ont changé. 
L’Equateur souffre aujourd’hui 
non seulement de la chute du 
prix du baril mais aussi de son 
économie «dollarisée», qui l’em-
pêche d’avoir recours aux politi-
ques monétaires classiques face 
aux dévaluations délibérées des 
pays voisins. Le gouvernement a 
été amené à mettre en place trois 
types de mesures pour mobiliser 
des ressources supplémentaires. 
La première, la réduction du 
budget fédéral de 3,7 milliards 
de dollars (économies sur l’achat 
de carburants, les fonds de pen-
sion et les salaires des fonction-
naires publics), est toutefois 
susceptible de frapper durement 
les populations les plus dému-
nies lors d’une période de ralen-
tissement économique. Tandis 
que les deux autres mesures 
peuvent leur être bénéfiques. Il 
s’agit d’une part de l’adoption de 
politiques protectionnistes 
(augmentation des droits d’im-
portation pour 2800 produits et 
maintien des quotas d’importa-
tion) et, d’autre part, de l’aug-
mentation des investissements 
étrangers par le biais d’accords 
avec la Chine (7,2 milliards de 
dollars pour les cinq prochaines 
années), d’émissions obligataires
et de prêts d’organisations inter-
nationales telles que la Banque 
interaméricaine de développe-
ment.
De plus, la stratégie phare des
autorités équatoriennes a été de 
promouvoir des projets de déve-
loppement social visant à avan-
tager le bas de la pyramide. 
L’Economía Popular y Solidaria 
qui définit le cadre de cette 
stratégie comme «un mode 
d’organisation économique au 
sein duquel les membres s’unis-
sent pour produire, échanger, 
commercialiser, financer et 
consommer des biens et des 
services qui leur permettront de 
répondre à leurs besoins et de 
générer des revenus». Cela a 
renforcé le secteur de la microfi-
nance. Depuis la fin 2012, la 
Superintendencia de Economía 
Popular y Solidaria réglemente 
en effet de manière exigeante les 
institutions qui fonctionnent 
selon ce système (y compris et 
surtout les coopératives qui, avec 
les banques spécialisées et les 
ONG, composent le secteur).
Au final, les politiques protec-
tionnistes, conjuguées au renfor-
cement des coopératives les plus 
solides, constituent donc une 
opportunité à saisir pour cette 
partie de la population qui tra-
vaille principalement dans le 
secteur de la production locale 
(agriculture, textile et élevage). 
Et, malgré un premier semestre 
2015 difficile, les investisse-
ments publics réalisés par 
l’Equateur devraient commencer 
à porter leurs fruits et l’industrie 
locale pourra tirer profit de ces 
avancées pour devenir plus 
compétitive. Au vu de la stabilité 
politique et économique, d’une 
inflation et d’un taux de chô-
mage faibles ainsi que d’une 
croissance soutenue du PIB (4% 
en 2014), il y a de bonnes raisons 
de penser qu’un ralentissement 
économique potentiel ne consti-
tue plus guère une menace. 
D’autant plus si le récent rebond 
du prix du brut se confirme.
* Analyste, Symbiotics
Le pétrole représente 
un cinquième des 
recettes et plus de 
50% des exportations 
de la nation andine
Gros plan sur un marché émergent
Chiffres clés de l’Equateur
SOURCE: BANQUE MONDIALE, CIA, STANDARD & POOR’S
Données 2014
(sauf risque pays: 2015)
Population  15,7 millions
Population pauvre en fonction
du seuil de pauvreté national  22,5%
PIB par habitant en parité
de pouvoir d'achat 11 400 dollars
Taux de croissance du PIB réel 4%
Taux d’inflation 3,9%
Risque pays B+
0 100 km
Océan
Atlantique
Sénégal
kar
Océan
Pacifique
Equateur
COLOMBIE
PÉ OU
ÉQUATEUR
Guayaquil
Quito
0 20