Les forces de la transformation
Les années 1980 et 1990 furent marquées par des conditions économiques difficiles, et toute l’industrie électrique nord-
américaine dut se restructurer et réduire ses effectifs. Fermetures, fusions, acquisitions et délocalisations dans d’autres pays ou
régions étaient chose courante dans de nombreux secteurs électriques et électroniques, y compris produits de consommation
électroniques, appareils, moteurs, produits d’éclairage, disjoncteurs de haute et basse tension et transformateurs. Plusieurs
sociétés décidèrent alors de réinstaller leurs usines et délocaliser leur personnel qualifié en Amérique du Sud et en Asie qui
offraient de nouvelles perspectives de croissance. Les industries connexes suivirent aussi. Cependant, quelques entreprises
restèrent en Amérique du Nord et continuèrent d’investir et de se développer pendant cette période de ralentissement écono-
mique. Mais, dans les années 2000, alors que la demande pour l’électricité et les produits électriques, y compris les transforma-
teurs, augmentait, ces sociétés durent faire face à des défis pour répondre à cette demande. La crise économique de 2008 vint
ralentir ces pressions, mais dernièrement des perspectives de croissance ont refait surface. Bien que positives, ces opportunités
représentent un nouveau dilemme pour ces sociétés nationales: comment peuvent-elles faire face à une demande croissante et
de quels appuis ont-elles besoin dans cette nouvelle phase de croissance ?
Opportunités et menaces actuelles
Les investissements requis pour remplacer les infrastructures vieillissantes d’une part et l’augmentation de la demande pour
les métaux chauffés au rouge d’autre part, sont à l’origine des perspectives de croissance de l’industrie des transformateurs.
Au Canada seulement, les dépenses en immobilisations dans les nouvelles infrastructures électriques, incluant les transforma-
teurs, devraient dépasser les 200 milliards de dollars au cours des vingt prochaines années1 , alors que les prévisions pour toute
l’Amérique du Nord font état d’un chiffre 10 fois supérieur à celui du Canada.
Cette croissance résulte essentiellement des besoins créés par l’expansion des industries des ressources naturelles, les nou-
velles initiatives «vertes» de co-génération, les reconstructions des infrastructures électriques et les programmes actuels pour
le remplacement des équipements aux PCB. De plus, de nombreux transformateurs approchent de la fin de leur durée de vie
qui se situe entre 25 et 30 ans et, dans certains cas, elle a même été dépassée. Il n’est pas inhabituel de trouver des transforma-
teurs ayant fonctionné pendant 40 ans et parfois même pendant 70 ans! Au cours des vingt dernières années, des programmes
pour allonger la durée de vie de ces transformateurs ont été mis en place avec succès; mais, il est évident que ces équipements
devront être remplacés prochainement par des unités d’une plus grande efficacité, construites en conformité aux dernières
normes et adaptées aux caractéristiques du réseau électrique intelligent. Aussi prometteuses que sont ces perspectives,
l’industrie fait face à plusieurs contraintes.
L’industrie nord-américaine des transformateurs électriques a été sévèrement touchée par la dégradation des marchés
dans les années 1980-1990; cette période a été marquée par la fuite de technologies, d’expertise technique et d’emplois
manufacturiers d’importance vers des pays étrangers. Ces derniers viennent aujourd’hui faire concurrence aux entreprises
situées en Amérique du Nord et offrent des prix défiant toute concurrence. Cette perte de talents ralentit les efforts des
sociétés nationales pour augmenter leurs effectifs et pour répondre à une demande croissante. Avec le départ à la retraite des
baby-boomers, ces conditions ne feront qu’empirer. D’après une enquête réalisée en 2008 par le conseil du Secteur électrique, plus
de 74% des gestionnaires de l’industrie, 50% de ses ingénieurs et techniciens et 54% des ouvriers sont âgés de plus de 45 ans.
Qui plus est, le dumping est devenu un enjeu critique, entravant la compétitivité des sociétés nord-américaines. Récemment,
la Coalition pour le commerce équitable des transformateurs de fabrication américaine a appuyé le département du Commerce
des États-Unis; ce dernier a déterminé, de façon préliminaire, que les importations de transformateurs de forte puissance à li-
quide diélectrique de la Corée font l’objet de dumping aux États-Unis avec une marge moyenne de dumping de 29,93%. Il en
est de même au Canada; à la suite de plaintes déposées par deux importants fabricants canadiens, le 22 octobre 2012, l’Agence
des services frontaliers du Canada (ASFC) a déterminé que 100% des dites marchandises, importées de la République de Co-
rée au Canada entre le 1er octobre 2010 et le 31 mars 2012, avaient fait l’objet de dumping avec une marge moyenne pondérée
de dumping de 19,5%. Il a été reconnu que ce dumping avait causé un dommage à l’industrie nationale. Malgré ces nombreu-
ses menaces, l’industrie des transformateurs a réussi à survivre et a contribué de façon considérable à l’économie canadienne.
Le Canada doit se réapproprier ses richesses
Bien que moins visible aux yeux des gouvernements et des consommateurs que les secteurs de l’automobile et de
l’électronique, l’industrie des transformateurs contribue substantiellement à la santé de l’économie canadienne en termes de
PIB, emplois, investissements en immobilisations et en recherche, industries secondaires, taxes et dons à des organismes de
charité. Les retombées économiques de cette industrie se résument à un montant équivalent à 1 milliard de dollars en ter-
mes de production économique directe et indirecte, à l’achat de 189 millions de dollars en biens et services canadiens, et à
une contribution de 422 millions au PIB. En 2012, l’industrie canadienne des transformateurs électriques a aussi dépensé 81
millions de dollars en salaires, versés à 2 800 ouvriers qualifiés, et à plus de 430 techniciens et ingénieurs, répartis dans 11
usines au Canada. Outre le paiement de taxes municipales, provinciales et fédérales, les fabricants de transformateurs font des
contributions annuelles aux organismes locaux de services sociaux, médicaux, artistiques, sportifs et caritatifs. De telles
contributions, de nature tangible, sont inexistantes dans le cas des importations de transformateurs électriques de l’étranger.
En plus de générer des retombées économiques tangibles, l’industrie de la production de transformateurs procure aussi,
dans une moindre mesure, des avantages quantifiables. Par exemple, elle fournit un accès rapide au support technique local,
à de l’expertise, à un approvisionnement en produits, à un service d’entretien local et autres. L’accès à des consultations
1 CEA - Canada’s Electricity Industry 2010 et International Energy Agency World Economic Outlook 2008