en LG 31 : ils sont « faits participants à leur manière de la fonction sacerdotale, prophétique et royale
du Christ » et, à ce titre, « exercent pour leur part, dans l’Église et dans le monde, la mission qui est
celle de tout le peuple chrétien ». Pour dire cette mission, la Lettre aux catholiques de France propose
trois expressions : célébrer le salut, servir la vie des hommes et annoncer l’Evangile.
Cela renvoie à l’expérience croyante des premiers chrétiens, exprimée notamment dans le
récit de la Pentecôte : « Ils étaient assidus à l’enseignement des apôtres et à la communion
fraternelle, à la fraction du pain et aux prières » (Ac 2, 42), comme au ministère du Christ lui-même
qui enseignait, priait et se portait auprès des hommes et des femmes de son temps pour leur
apporter la guérison, la liberté et le pardon.
Le lien entre ministère de Jésus et mission ecclésiale est ici fondamental. La vie et la mission
de l’Eglise sont structurées comme la mission du Christ parce qu’elles correspondent à l’action du
Christ dans son Eglise. On peut le redire ici autrement à partir de l’enseignement du Concile Vatican
II, notamment sur la liturgie : « le Christ est toujours là auprès de son Église » (SC 7). Mais cette
présence n’est pas qu’une proximité, elle est une action au plus intime de l’Eglise, de telle sorte que
« lorsque quelqu’un baptise, c’est le Christ lui-même qui baptise. Il est là présent par sa parole, car
c’est lui qui parle tandis qu’on lit dans l’Église les Saintes Écritures » (SC 7). Ainsi, lorsque l’Eglise
célèbre, c’est le Christ qui « s’associe toujours à l’Eglise, son Epouse bien aimée, qui l’invoque comme
son Seigneur et qui passe par lui pour rendre son culte au Père éternel (SC 7). De la même manière,
c’est le Christ qui s’associe l’Eglise pour annoncer la Bonne Nouvelle du salut et pour servir les
hommes et les femmes de ce temps, surtout les plus pauvres, les plus vulnérables et les exclus.
Célébrer, annoncer, servir.
De quoi s’agit-il ? La fonction sacerdotale (célébrer) renvoie à tout ce qui est du domaine de
la prière, de la célébration des sacrements, de la liturgie. La fonction prophétique (annoncer) à la
familiarité à l’Ecriture, à son étude et à son annonce, de la première annonce à la théologie en
passant par la catéchèse, les groupes de lecture de la Bible,… La fonction royale (Servir) est la plus
complexe à appréhender parce qu’elle recouvre tout aussi bien la charité en actes dans la présence
auprès des pauvres, des malades, des prisonniers, des exclus et, plus largement, le fait de se porter
au service de ses frères, que la fonction de gouvernement ecclésial, notamment en raison de la
question du pouvoir qui est associé à la charge royale. Servir, c’est alors pour l’Eglise « un travail
d’évangélisation des liens », selon la formule d’Etienne Grieu, travail pour lequel l’attention aux
pauvres et aux exclus comme à tout frère est bien central
7
.
Pour le théologien Louis-Marie Chauvet
8
, ces trois axes de la mission médiatisent l’action du
Christ dans l’Eglise et sont les éléments d’une structure symbolique et sacramentelle de l’identité
chrétienne. En ce sens, ce sont des portes d’entrée dans l’Eglise, soit au sens d’une conversion
initiale, comme la liturgie pour Paul Claudel et l’Ecriture pour saint Augustin, soit au sens d’une
croissance dans la foi, certains se nourrissant plus par la prière, d’autre par la familiarité avec
l’Ecriture, d’autres encore dans l’action auprès des plus pauvres. Cette conversion comme cette
croissance étant possibles parce que, dans chaque cas, il s’agit bien de consentement à l’action
salutaire du Christ.
Mais, pour conclure cette présentation schématique de la mission de l’Eglise, il faut prendre
conscience d’un risque, celui de considérer les axes dynamiques de cette mission selon un principe
disjonctif et passer à côté du principe de conjonction qui les structure. Cela est tout à fait
déterminant pour notre propos en tant que cela désigne le principe actif qui permet à la mission de
l’Eglise d’être une composante unifiante pour l’ensemble de la vie et de la mission des communautés
éducatives. Ce principe, c’est l’interaction vertueuse qui est au cœur de toute évangélisation.
7
voir Etienne GRIEU, Un lien si fort – Quand l’amour de Dieu se fait diaconie, Montréal/Bruxelles/Paris,
Novalis/Lumen vitae/Atelier, « Théologies pratiques », 2009.
8
Cf. Louis-Marie CHAUVET, Symbole et sacrement – Une relecture sacramentelle de l’existence chrétienne,
Paris, Le Cerf, « Cogitatio fidei » 144, 1987, p. 177 sq.