JARDIN DICTIONNAIRE
n'étaient pas humaines et comme si aucune d'entre elles pouvait se
prétendre exacte.
▪ Ces trois points relèvent d'une même attitude : ouverture, ceci au sens
quotidien comme au sens spécialisé où l'on parle aujourd'hui de systèmes
ouverts ou fermés. Ce n'est pas là seulement courtoisie, cela n'invite pas
seulement à la tolérance, mais impose des obligations, deux
principalement dont la première est de se nourrir d'informations nouvelles
et de progresser. On lit parfois que la philosophie n'est pas et ne saurait
être cumulative, au prétexte que les grands problèmes sont éternels ; la
PhS, elle, se veut cumulative et se donne "obligation de résultats". Second
impératif, la rigueur dans les rapprochements (la crainte des analogies
plaisantes) et le respect sans échappatoire d'une logique, quelle qu'elle soit
▪ Poursuivons. La PhS veut accompagner l'homme dans son évolution,
une évolution qui apparaît en accélération (par rapport au temps, non par
rapport au savoir-sagesse !) depuis, précisément, les mêmes trois derniers
millénaires. Car d'innombrables et prodigieuses découvertes en biologie,
en psychologie, en physique notamment, ont rendu simplement désuets —
sans nulle offense !— des modes de pensée seulement centenaires. Pour ce
patrimoine de l'humanité, une sorte de Conservatoire de la Pensée est
certes nécessaire mais que vaut un savoir-sagesse moderne qui se tient à
l'écart des acquisitions mentales et techniques, ou qui se contente de
"prendre du recul" au lieu de se tenir sur le front de la connaissance ?
▪ La PhS doit à première vue —si l'on veut bien lui accorder un regard—
déranger ou choquer en ce qu'elle prétend, non seulement proposer une
autre lecture du monde et des livres, mais donner cohésion à des idées
d'origines et de portées très diverses. Entreprise évidemment périlleuse,
pour le moins ! Après quoi (à seconde vue), la PhS ne devrait plus "fâcher"
parce que, quelle que soit la position abordée, elle mettra en valeur une
contrepartie à cette position et suggèrera une vision simplement plus
ouverte, ou bien dénoncera un faux problème. Elle ne "dit" pas, elle ne
démontre rien ; elle montre du doigt, elle suggère, elle propose.
▪ Enfin, en introduisant une grille qui, pour ce qu'elle vaut, est applicable à
toute activité mentale, donc à toute activité humaine, la PhS est aussi
prédictive. "Tôt ou tard, est-elle amenée à dire, il faudra bien porter
l'attention sur telle interaction, il faudra bien creuser du côté de telle
théorie". Ou bien : "Voici une lacune à combler d'urgence" (par exemple :
le besoin actuel d'une logique systémique).
Il s'agissait ci-dessus de ce que l'on appelle couramment positions de
principe, plus savamment choix épistémologiques. Afin de donner au
lecteur une idée plus explicite de ce qu'il peut trouver dans ce Jardin, il
conviendrait maintenant d'énoncer les principaux thèmes ; mais comme
cela prendrait trop vite la tournure d'un traité (qui n'est pas du tout prêt) ou
de son abrégé, essayons un schéma (page suivante) : un schéma
nécessairement maladroit et incomplet que l'on voudra bien regarder
comme un tableau impressionniste : pour le paysage et non pour la
disposition de chacune des taches.