LE BÂTIMENT DURABLE AU CANADA Évaluer les impacts et les opportunités sur le marché Conseil du bâtiment durable du Canada 47, rue Clarence, bureau 202 Ottawa (Ontario) K1N 9K1 Tél. : +1 613 241 1184 Télec. : +1 613 241 4782 Numéro sans frais : +1 866 941 1184 www.cagbc.org Personne-ressource : Sarah Burns +1 613 288 8097 [email protected] Delphi Group 428, rue Gilmour Ottawa (Ontario) K2P 0R8 Canada Tél. : +1 613 562 2005 Télec. : +1 613 562 2008 www.delphi.ca Personne-ressource : Paul Shorthouse +1 604 338 9941 [email protected] Commanditaire du projet Le Conseil du bâtiment durable du Canada (CBDCa) est un organisme national à but non lucratif qui se voue depuis 2002 à l’avancement des pratiques liées aux bâtiments durables et à l’aménagement de collectivités durables au Canada. Par ses programmes de pointe, dont le Leadership in Energy and Environmental Design (LEEDMD), et en collaboration avec ses membres de plus de 1 200 entreprises de l’industrie qui œuvrent à la conception, à la construction et à l’exploitation de bâtiments et d’habitations et à l’aménagement de collectivités, le CBDCa a accompli d’importants progrès vers la réalisation de sa mission de réduire l’impact environnemental du cadre bâti au Canada. www.cagbc.org Le CBDCa remercie la section régionale du Québec pour sa revision du présent rapport. Avec l’appui de L’Office de protection de la nature de Toronto et de la région (TRCA) travaille avec ses partenaires afin de s’assurer que la Living City soit construite sur une base naturelle de rivières et de rives saines, d’espaces verts et de biodiversité, de collectivités durables et de projets d’infrastructures écologiques. www.trca.on.ca Au sujet du chercheur En tant que pionnier en matière de durabilité, de stratégies envi-ronnementales et de solutions d’entreprise, le Delphi Group compte plus de 25 ans d’expérience auprès d’organisations dont certaines fig-urent parmi les plus connues au Canada. Il aide ses clients à améliorer leur durabilité – ainsi que celle des collectivités locales et mondiales au sein desquelles ils exercent leurs activités. Le Delphi Group apporte à chaque projet qu’il entreprend une combinaison unique d’expertise en politiques, de réflexion stratégique et de savoir-faire technique, ce qui lui a permis de travailler avec une grande diversité d’organisations, dont 32 figurent au palmarès des 100 plus grandes entreprises. Le Delphi Group compte également parmi ses clients des sociétés im-mobilières et des entreprises de construction avant-gardistes parmi les plus importantes au Canada. www.delphi.ca REMERCIEMENTS Le Delphi Group désire remercier les sociétés, organismes gouvernementaux et organisations de l’industrie qui suivent. Ces intervenants clés et ces chefs de file de l’industrie ont apporté une importante contribution en fournissant diverses ressources, en présentant leurs points de vue ou en remettant des données à l’appui de la présente étude. ASSSOCIATION CANADIENNE DE LA CONSTRUCTION CANADIAN PASSIVE HOUSE INSTITUTE LEDCOR CONSTRUCTION / LEDCOR RENEW ASSOCIATION CANADIENNE DU CIMENT CEI ARCHITECTURE MANUVIE IMMOBILIER CENTRE D’ARCHITECTURE DE L’IRAC MINTO GROUP ASSOCIATION DE LA CONSTRUCTION DU QUÉBEC ASSOCIATION DES BIENS IMMOBILIERS DU CANADA (REALPAC) MMM GROUP CENTRE DE LA TECHNOLOGIE DE L’ÉNERGIE DE CANMET CIMENT LAFARGE ATHABASCA UNIVERSITY CONSEIL CANADIEN DU BOIS B+H ARCHITECTS CONSEIL DU BÂTIMENT DURABLE DU CANADA (CBDCA) BC READY MIX CONCRETE ASSOCIATION NOVOCLIMAT OFFICE DE PROTECTION DE LA NATURE DE TORONTO ET DE LA RÉGION (TRCA) OXFORD PROPERTIES PERKINS+WILL ARCHITECTS CONSEIL NATIONAL DE RECHERCHES (CNR) BENTALL KENNEDY RESSOURCES NATURELLES CANADA (RNCAN) ENERQUALITY BUILDING INDUSTRY AND LAND DEVELOPMENT ASSOCIATION (BILD) EN GTA GRAHAM GROUP TRAVAUX PUBLICS ET SERVICES GOUVERNEMENTAUX CANADA (TPSGC) IMMOBILIER HALSALL ASSOCIATES BUILDING OWNERS & MANAGERS ASSOCIATION (BOMA) CANADA URBAN DEVELOPMENT INSTITUTE CADILLAC FAIRVIEW HEATING, REFRIGERATION AND AIR CONDITIONING INSTITUTE OF CANADA (HRAI) CANADIAN BIM COUNCIL INTEGRAL GROUP CANADIAN HOME BUILDERS ASSOCIATION (CHBA) IVANHOE CAMBRIDGE US GREEN BUILDING COUNCIL WINDMILL DEVELOPMENT GROUP PREFACE PRÉFACE Le présent rapport évalue les impacts de l’industrie du bâtiment durable sur le marché et sur l’emploi au Canada, et il en détermine les forces et les capacités principales. Fondé sur une recherche de synthèse et une revue de la littérature; des entrevues réalisées auprès de 35 intervenants du secteur; et une évaluation détaillée des retombées économiques étayée par des données, ce rapport : •• dresse un portrait de l’état actuel des activités dans l’industrie du bâtiment durable au Canada, des tendances qui influent sur l’industrie et des déterminants liés aux politiques, aux programmes et au financement; •• quantifie la taille et l’étendue de l’industrie du bâtiment durable au Canada (pour les activités reliées à LEEDMD et pour l’industrie dans son sens large), et présente une estimation des dernières données sur l’activité économique (relatives au PIB, à l’emploi et à la pénétration du marché); •• cerne les capacités de l’industrie du bâtiment durable à l’échelle nationale, notamment en ce qui a trait à la gamme de produits et services, à l’innovation et aux principales compétences des chefs de file de l’industrie. Le présent rapport vise à : •• capter la croissance exponentielle de l’industrie et son impact mesurable sur le tissu économique, social et environnemental du Canada; •• éclairer les décideurs en démontrant son impact sur l’emploi et ses avantages pour les régions et les collectivités; •• fournir un aperçu de l’évolution de l’industrie, des tendances actuelles et des opportunités, des coûts, des risques et des obstacles à la croissance; •• présenter les forces et les capacités de l’industrie du bâtiment durable du Canada en adéquation avec les possibilités éventuelles d’exportation et les marchés mondiaux; •• fournir un aperçu de l’état actuel de l’innovation et du potentiel pour les technologies, les matériaux et les pratiques et processus nouveaux et émergents en adéquation avec les tendances régionales, nationales et mondiales. Les résultats de recherche et les renseignements contenus dans le présent rapport couvrent des activités d’une plus grande portée et plus variées que celles qui relèvent du mandat direct du Conseil du bâtiment durable du Canada (CBDCa). Ils visent à appuyer l’accélération de la transformation du marché vers des bâtiments, des habitations et des collectivités sains et à haute performance à la grandeur du Canada. 9 Green Building in Canada | Assessing the Market Impacts & Opportunities SOMMAIRE Le bâtiment durable est reconnu partout dans le monde comme une méthode et une pratique permettant de lutter contre le changement climatique, de minimiser la demande en énergie et en ressources et de bâtir des collectivités plus résilientes et plus saines. Le bâtiment durable stimule l’innovation dans la prestation des services, la conception et la fabrication de produits et de technologies, et l’utilisation des matériaux et des ressources. Ce rapport présente un aperçu des contributions économiques de l’industrie du bâtiment durable au Canada. Il décrit certains des principaux moteurs et tendances de l’industrie et il présente l’impressionnante transformation des marchés qui s’opère actuellement à la grandeur du pays. Jusqu’à maintenant, les études ont largement porté sur les avantages environnementaux du bâtiment durable et elles se sont moins intéressées à la contribution de ses divers secteurs à l’économie canadienne dans son sens large. Ce rapport quantifie la valeur économique créée par le bâtiment durable au Canada, ainsi que les impacts économiques et les impacts sur le marché du programme Leadership in Energy and Environmental Design (LEEDMD) du Conseil du bâtiment durable du Canada sur les plans du produit intérieur brut (PIB), de l’emploi et de la production brute. 10 Le bâtiment durable au Canada | Évaluer les impacts et les opportunités sur le marché Figure S-1 : Impact économique national du CBDCa IMPACT ÉCONOMIQUE DU BÂTIMENT DURABLE À L’ÉCHELLE NATIONALE En 2014, l’industrie du bâtiment durable du Canada a : GÉNÉRÉ SOUTENU MILLIARDS $ EN PIB E M P LO I S D I R E C T S 23,45 297 890 Le portefeuille de bâtiments certifiés LEEDMD au Canada entre 2005 et 2015 GÉNÉRERA CRÉERA MILLIARDS $ EN PIB E M P LO I S 62,3 sur leur durée de vie (directs, indirects et induits) FOURNIRA 128,0 MIL LIA RDS $ EN RÉSULTATS BRUTS (directs, indirects et induits) 701 700 sur leur durée de vie (directs, indirects et induits) 11 Le bâtiment durable au Canada | Évaluer les impacts et les opportunités sur le marché Impact économique de l’industrie du bâtiment durable au Canada La croissance du bâtiment durable, dans le secteur commercial, a été largement stimulée par les politiques de durabilité des propriétaires immobiliers, des investisseurs institutionnels et des entreprises. Dans le secteur institutionnel, elle a été pilotée par les politiques et les exigences des codes et règlements du bâtiment. L’adhésion volontaire aux principes du bâtiment durable, basée sur des études de rentabilité démontrant un rendement positif du capital investi (RCI) pendant la durée de vie d’un tel bâtiment, a également joué un rôle de premier plan pour l’adoption par le marché. Les résultats de la présente étude démontrent que par leurs avantages directs et indirects, les bâtiments durables ont des incidences positives sur les nouveaux investissements, la création d’emplois et les revenus des entreprises œuvrant dans la vaste chaîne de valeur et sur tout le cycle de vie des bâtiments. En 2014, on estime que l’industrie du bâtiment durable a généré 297 890 emplois directs à temps plein au Canada et environ 23,45 milliards de dollars en produit intérieur brut (PIB) (voir la figure S-1). À des fins de comparaison, cela représente plus d’emplois que dans les industries de l’extraction pétrolière et gazière, l’extraction minière et la foresterie qui, mises ensemble, ont employé environ 270 450 travailleurs en 2014.1 L’Ontario et la Colombie-Britannique affichent les pourcentages les plus élevés d’emplois reliés au bâtiment durable par rapport à l’ensemble de leurs travailleurs en 2014, à savoir 2,1 % et 1,6 % respectivement. Ces résultats sont attribuables au plus grand leadership que ces provinces ont exercé sur le marché, au renforcement des exigences de leurs codes du bâtiment et à l’adoption de politiques du bâtiment durable. 1 Les estimations sur l’emploi dans les industries pétrolière, gazière et minière et la foresterie proviennent du Tableau 281-0024 – Enquête sur l’emploi, la rémunération et les heures de travail pour 2014 de Statistique Canada. L’estimation ne comprend pas les emplois dans les secteurs du traitement ou des produits connexes à valeur ajoutée. Figure S-2 : Les emplois du bâtiment durable et le PIB (en millions de dollars enchaînés de 2007), par segment, au Canada, en 2014 29 490 2 377 $ (10 %) 21 710 1 710 $ (7 %) 4 880 460 $ (2 %) 164 445 13 131 $ (55 %) 77 365 5 773 $ (26 %) Construction et corps de métiers Services professionnels Matériaux et fabrication Élimination des déchets et recyclage Politique et éducation Les entreprises actives dans le segment « construction et métiers spécialisés » représentent le plus grand pourcentage (55 %) d’employés du bâtiment durable et du PIB au Canada, ce qui correspond à environ 164 445 emplois (environ 13 % de la main-d’œuvre totale du Canada en construction) et à 13,13 milliards de dollars de PIB (voir la figure S-2). Les emplois dans ce segment sont ceux des entrepreneurs généraux et des entrepreneurs spécialisés exerçant leurs activités dans la construction de bâtiments résidentiels et non résidentiels qui ont obtenu une certification d’une norme reconnue du bâtiment durable ou écologique ou la construction de bâtiments résidentiels écoénergétiques (Partie 9 du CNB) conformes aux exigences d’un code de l’énergie (équivalentes à une cote ÉnerGuide de 80). 12 Le bâtiment durable au Canada | Évaluer les impacts et les opportunités sur le marché Figure S-3 : Emplois du bâtiment durable EMPLOIS DU BÂTIMENT DURABLE 297 890 EMPLOIS En 2014, l’industrie du bâtiment durable employait 297 890 travailleurs à temps plein directs, ce qui représente plus que le nombre de Canadiens qui travaillent dans les industries de la foresterie, de l’extraction pétrolière et gazière et de l’extraction minière mises ensemble. 270 450 EMPLOIS 102 015 EMPLOIS 64 310 EMPLOIS 65 540 EMPLOIS 38 585 EMPLOIS FORESTERIE EXTRACTION PÉTROLIÈRE ET GAZIÈRE EXTRACTION MINIÈRE ACTIVITÉS DE SOUTIEN À L’EXTRACTION PÉTROLIÈRE, GAZIÈRE ET MINIÈRE BÂTIMENT DURABLE 13 Le bâtiment durable au Canada | Évaluer les impacts et les opportunités sur le marché Croissance de l’industrie du bâtiment durable Les bâtiments durables sont étroitement liés à des paramètres normalisés définis dans les principaux systèmes d’évaluation et programmes de certification des bâtiments. LEEDMD est l’un de ces systèmes d’évaluation qui a connu une croissance rapide au Canada au cours de la dernière décennie, comme en font foi les chiffres suivants : en 2005, 31 bâtiments avaient obtenu une certification LEED au pays; en 2015, on en comptait 2 576. De plus, les taux de pénétration du marché des bâtiments certifiés LEED (exprimés sous forme de pourcentage des surfaces de plancher brutes des nouvelles constructions) ont également été à la hausse au cours de la dernière décennie. Pour l’année 2014, ces taux s’établissent à 22 % de tous les nouveaux bâtiments commerciaux et à environ 30 % de tous les nouveaux bâtiments institutionnels construits au Canada (voir la figure S-4). Dans toutes les classes d’actifs, la pénétration du marché des bâtiments certifiés LEED au Canada a augmenté. D’un taux de 0,8 % pour la période de 2004 à 2009, elle s’établit en 2014 à 10,7 % pour la totalité des surfaces de plancher des nouvelles constructions. Le système d’évaluation des bâtiments durables LEED a été lancé en 2002 au Canada, et ce premier système d’évaluation exhaustif a vite été adopté par le marché. D’autres systèmes d’évaluation des bâtiments durables et programmes de certification par des tierces parties ont par la suite été lancés au Canada, tant pour les secteurs résidentiels que non résidentiels. BOMA BESt, ENERGY STAR, Built Green et la Maison passive (Passive House) en font partie. En Ontario, environ 32 % de toutes les nouvelles habitations admissibles visées par la Partie 9 du CNB ont été homologuées ENERGY STAR en 2014; plus de 62 000 habitations ont été homologuées et plus de 80 000 ont été inscrites dans le programme. 14 Le bâtiment durable au Canada | Évaluer les impacts et les opportunités sur le marché Figure S-4 : Croissance de la pénétration du marché de LEEDMD, par secteur CROISSANCE DE LA PÉNÉTRATION DU MARCHÉ DE LEED , PAR SECTEUR MD RÉSIDENTIEL 2004–2009 0,19 % 1,54 % 2010–2014 COMMERCIAL 2004–2009 1,25 % 22,14 % 2010–2014 INSTITUTIONNEL 2004–2009 4,56 % 2010–2014 INDUSTRIEL 2004–2009 2010–2014 0,33 % 3,56 % TOTAL 2004–2009 2010–2014 0,83 % 10,69 % 29,96 % 15 Le bâtiment durable au Canada | Évaluer les impacts et les opportunités sur le marché Impact économique des bâtiments certifiés LEEDMD au Canada En appliquant les règles de l’analyse des coûts sur le cycle de vie aux bâtiments certifiés LEED au Canada, on a pu estimer la contribution économique globale du programme depuis sa création, sur le plan des emplois et du PIB. Les économies nettes sur le cycle de vie des bâtiments certifiés LEED ont été estimées sur la base de l’examen détaillé de 52 projets. Ces projets ont été sélectionnés pour fournir un échantillonnage représentatif de l’ensemble des bâtiments certifiés LEED au Canada et ils comprennent des bâtiments de tous les types, situés dans l’ensemble des provinces et territoires, et qui ont obtenu des certifications de tous les niveaux. En ce qui trait à l’impact économique global, on estime que les projets certifiés LEED jusqu’à maintenant généreront environ 59,1 milliards de dollars en production brute directe2 et 25,44 milliards de dollars en PIB (en dollars constants de 20073), et qu’ils créeront 329 912 nouveaux emplois directs pendant leur durée de vie économique, estimée à 33 ans (voir le tableau S-1). Si l’on inclut les contributions indirectes et induites, l’impact économique global généré par les projets LEED depuis la création du programme sera de 128,0 milliards de dollars de production brute et de 62,3 milliards de dollars en PIB, et ces projets créeront 701 680 emplois.4 5 Tableau S-1 : Impacts économiques directs générés par les projets certifiés LEED au Canada jusqu’à 2015, sur leur durée de vie économique Résidentiel Commercial Institutionnel Industriel Total Production brute directe (000 $, $ de 2007) 3 732 418 $ 31 751 152 $ 22 575 694 $ 1 099 658 $ 59 158 923 $ PIB direct (000 $, $ de 2007) 1 542 104 $ 13 689 746 $ 9 733 678 $ 474 126 $ 25 439 654 $ Revenu de travail direct (000 $, $ de 2007) 1 198 371 $ 11 096 760 $ 7 890 015 $ 384 321 $ 20 569 466 $ 19 366 177 897 126 488 6 161 329 912 Emplois directs Les effets directs se rapportent à l’industrie spécifique (dans ce cas- 4 ci, le bâtiment durable) alors que les effets indirects se rapportent La production brute est une mesure des ventes de l’industrie et elle 2 comprend les ventes aux utilisateurs finaux dans l’économie (PIB) et à l’activité qui soutient ou qui approvisionne l’industrie. Les effets les ventes à d’autres industries (intrants intermédiaires). La production induits sont ceux qui résultent de la dépense directe ou indirecte dans brute peut également représenter la somme de la valeur ajoutée d’une l’économie locale en dehors de l’industrie du bâtiment durable (c.-à-d., industrie et de ses intrants intermédiaires. l’économie dans son ensemble). En général, les industries qui ont un effet multiplicateur plus élevé sont les plus souhaitables. Les coûts de construction sont exprimés en dollars constants pour ne 3 pas tenir compte des impacts de l’inflation. La valeur constante du dollar À noter que ce sont des emplois bruts et non des emplois nets. Les 5 (2007) est basée sur les déflateurs de la construction résidentielle et non emplois nets tiennent compte des emplois additionnels créés à la résidentielle publiés dans le tableau 380-0102 – Produit intérieur brut, suite d’un virage dans l’économie, comme des personnes qui viennent indices, annuel (2007 = 100) de Statistique Canada. d’autres activités de la construction qui ne sont pas déduites. 16 Le bâtiment durable au Canada | Évaluer les impacts et les opportunités sur le marché Tendances et facteurs du marché du bâtiment durable au Canada Le mouvement du bâtiment durable a effectué un important virage au cours des vingt dernières années. D’abord dominé par les chefs de file du marché et les principaux responsables des politiques, on voit maintenant apparaître de plus grandes synergies entre la réglementation et les pratiques de l’industrie. Les principales tendances et les facteurs déterminants de l’industrie qui jouent un rôle de premier plan dans la transformation du marché du bâtiment durable au Canada sont décrits dans le tableau qui suit. Tendances et facteurs du marché Essor des programmes d’établissement de rapports, d’analyse comparative et d’étiquetage énergétique Description Les propriétaires et les gestionnaires d’immeubles accordent de plus en plus d’importance à la gestion des risques de leur portefeuille immobilier. Ils comparent également la performance de leurs bâtiments les uns par rapport aux autres et par rapport à ceux de leurs concurrents dans le but d’attirer et de retenir les locataires et les investisseurs. Au fur et à mesure que ces pratiques se généraliseront au Canada, il sera possible de mieux comparer et de mieux comprendre la performance des bâtiments. Cela permettra de concevoir des programmes plus efficaces et de déployer des efforts mieux ciblés pour réduire les impacts environnementaux et les coûts d’exploitation Les bâtiments existants forment la plus grande partie du parc immobilier et ils offrent d’importantes Accent sur les possibilités d’amélioration. La remise en service et la rétro-mise en service des bâtiments existants bâtiments existants et réduisent la consommation d’énergie et les émissions de GES, créent des environnements intérieurs plus la rétro-mise en service sains, et permettent d’attirer et de retenir les locataires. Conception axée sur la collectivité, pour favoriser la santé et le bien-être La planification des municipalités évolue actuellement vers l’urbanisation, la densification, les politiques visant une meilleure utilisation du territoire et la création de villes « marchables » où il fait bon vivre. Ce virage modifie l’approche conceptuelle qui accorde maintenant une plus grande importance à la collectivité qu’au bâtiment individuel. Les avantages de l’aménagement des collectivités deviennent également de plus en plus importants pour les investisseurs. Mouvement en faveur des bâtiments à consommation énergétique nette zéro La conception des bâtiments dans un objectif de réduire leur consommation d’énergie et leurs émissions de GES a des incidences sur leur forme, car les concepteurs accordent une plus grande attention aux caractéristiques de la conception passive et à l’enveloppe. Diminution des coûts de construction et amélioration de l’abordabilité La hausse constante des coûts de construction est l’un des plus grands défis et des principaux sujets de préoccupation au sein de l’industrie du bâtiment. La hausse des coûts des terrains, des matériaux et de la main-d’œuvre, combinée à l’augmentation de divers droits et taxes, suscite un besoin d’innover et de rationaliser les processus. La baisse des coûts et les améliorations à la performance des panneaux photovoltaïques au cours des dernières années réduisent l’écart qui nous sépare de la consommation énergétique nette zéro. Les consommateurs sont de plus en plus aptes à faire les bons choix pour atteindre l’indépendance énergétique. Il faudra surveiller l’évolution des comportements par rapport aux panneaux photovoltaîques solaires, au stockage de l’énergie à domicile (batteries), et aux véhicules électriques. L’industrie collabore étroitement avec des organismes gouvernementaux et d’autres parties prenantes dans le but d’améliorer la performance énergétique, de réduire les coûts de construction et d’exploitation et de rendre les bâtiments et les habitations plus abordables pour les Canadiens. Certains processus et technologies seront de plus en plus utilisés dans un proche avenir, notamment le processus de conception intégrée (PCI), la modélisation des données du bâtiment (mieux connue sous son acronyme anglais BIM), la préfabrication, l’impression 3-D et la construction allégée (Lean Construction). 17 Le bâtiment durable au Canada | Évaluer les impacts et les opportunités sur le marché Les forces et les principales compétences du Canada en bâtiment durable systèmes d’énergie renouvelable (géothermique et solaire); la gestion de l’énergie et les systèmes de contrôle des bâtiments; les fenêtres à haut rendement et les technologies de l’enveloppe du bâtiment. L’industrie du bâtiment durable du Canada possède une expertise en science et en construction en climat nordique. Elle a su renforcer ses capacités en architecture et en génie, en construction d’habitations de qualité et en développement de technologies et de matériaux écoénergétiques et durables. Compétitivité générale de l’industrie du bâtiment durable du Canada Le Canada est reconnu pour la qualité de ses services de design et autres services connexes (architecture, génie, urbanisme et infrastructures communautaires). L’expertise en réalisation de bâtiments de classe mondiale et de prototypes de bâtiments a permis de mieux comprendre la conception fondée sur une approche holistique et systémique pour optimiser la performance. Des firmes canadiennes ont développé leurs forces dans les domaines de l’étanchéité à l’air, de la conception d’enveloppe du bâtiment et de la science du bâtiment. Pourtant, même si plusieurs firmes de petite et moyenne envergure réalisent des projets très avant-gardistes à l’échelle provinciale, peu d’entreprises exercent leurs activités sur la scène nationale ou internationale. Le Canada a traditionnellement été un exportateur de ressources naturelles (p. ex., les produits du bois d’œuvre) plutôt que de produits et de technologies à valeur ajoutée. Toutefois, au cours de la dernière décennie, les divers ordres de gouvernement et l’industrie ont adopté une approche holistique et stratégique qui a permis à des entreprises canadiennes de se hisser parmi les chefs de file en produits du bois d’ingénierie (p. ex., les panneaux en lamellé-croisé) et en d’autres domaines de conception et d’ingénierie reliés au bâtiment. Le Canada possède également une expertise croissante dans le secteur des bâtiments préfabriqués et de leurs composantes. Plusieurs entreprises canadiennes développent et exportent maintenant sur la scène mondiale des technologies de pointe en matière de bâtiment durable et d’efficacité énergétique. À titre d’exemple, mentionnons les technologies du chauffage (échangeurs de chaleur et systèmes de ventilation à récupération de chaleur et d’énergie, thermopompes, chaudières à haute efficacité et récupération de la chaleur des eaux d’évacuation); les Le Canada connaît un succès international dans certaines technologies de niche, normes innovatrices et recherches avant-gardistes en bâtiment durable, malgré la vive concurrence de l’Europe, de l’Asie et des États-Unis. Sur la scène nationale, certains types de bâtiments et certaines provinces ont peu adopté le bâtiment durable. Cela demeure un sujet de préoccupation, notamment parce que les politiques et les réglementations de ces provinces ne soutiennent pas adéquatement le bâtiment durable. La diversité des politiques dans le pays a aussi un effet dissuasif auprès des firmes qui pourraient vouloir étendre leurs activités à l’extérieur de leur région, car certaines provinces adoptent le bâtiment durable plus rapidement que d’autres. On constate que peu de firmes canadiennes œuvrant dans le bâtiment durable sont présentes sur la scène internationale. En outre, il y a peu de politiques et de programmes fédéraux (y compris d’investissements en recherche et développement) à l’appui du bâtiment durable et cela freine la croissance intérieure. Enfin, en raison de l’investissement nominal en recherche et en développement de technologies et de produits innovateurs, l’industrie du bâtiment durable du Canada ne se classe que légèrement au-dessus de la moyenne mondiale sur le plan de la compétitivité. Le Canada a développé une expertise en efficacité énergétique, mais le coût relativement bas de l’énergie et de l’électricité a en quelque sorte ralenti l’élan et la demande des consommateurs. Ce n’est pas le cas en Europe et dans d’autres pays où les coûts de l’énergie plus élevés orientent la demande du marché et le développement de l’industrie. En conséquence, les entreprises canadiennes exportent peu leurs technologies d’économie d’énergie et leurs services du bâtiment durable en Europe, et se concentrent plutôt sur les marchés dans lesquels elles ont un avantage concurrentiel. Ces marchés sont ceux des États-Unis, de certains pays d’Asie et de l’Amérique latine. 18 Le bâtiment durable au Canada | Évaluer les impacts et les opportunités sur le marché Accélération de la croissance de l’industrie et optimisation des opportunités économiques Pour accélérer la croissance de l’industrie du bâtiment durable au Canada et optimiser les avantages économiques et les avantages liés à l’emploi, il faut relever les défis actuels et saisir les occasions d’affaires décrites ci-dessous. Opportunités Investissement dans la recherche et l’innovation Description Au Canada, la construction se classe au dernier rang de toutes les industries pour ses dépenses en recherche et développement. Les niveaux de productivité ont donc souffert du manque d’innovation au fil du temps. Les technologies reliées au bois (p. ex., fenêtres, isolation) et certains produits de construction à valeur ajoutée semblent particulièrement prometteurs. En ce qui a trait aux matériaux, il serait possible d’intégrer certains concepts comme ceux de l’économie circulaire, du « berceau au berceau » et du biomimétisme pour optimiser les ressources et réduire au maximum la production de déchets. Les gouvernements fédéral et provinciaux pourraient accorder un plus grand soutien à la recherche et à l’innovation en bâtiment durable, en portant une attention particulière au développement de l’économie et des exportations. Réduction des écarts entre la conception et la performance réelle L’écart entre la performance du projet de conception et celle du bâtiment construit résulte d’un problème de conception et de modélisation, mais aussi d’un problème d’exploitation des bâtiments, car il y a un clivage entre les deux groupes d’intervenants. Les constructeurs se préoccupent de plus en plus de cet écart, car leurs contrats comprennent maintenant bien souvent des pénalités si les performances ne sont pas atteintes.6 Le processus de conception intégrée (PCI) peut aider à réduire cet écart dans une certaine mesure, mais il y a encore place à amélioration. Pour aller de l’avant, les concepteurs devront accorder la priorité à l’enveloppe du bâtiment et considérer le bâtiment selon une approche systémique. Une plus grande normalisation de la modélisation énergétique au Canada, jumelée à un investissement en formation de soutien aux modélisateurs, inciterait les concepteurs à aller en ce sens et la performance d’utilisation finale se rapprocherait de la performance de conception. Sur le plan de l’exploitation des bâtiments, il devient nécessaire d’uniformiser les méthodes de l’analyse comparative de la performance et de l’évaluation post-occupationnelle. Il faut également adopter une approche au bâtiment durable fondée sur des éléments probants, qui insiste sur l’analyse de l’énergie et des données. L’industrie pourra ensuite passer de l’étape de l’information à celle de l’intelligence. Il serait également important d’offrir une meilleure formation aux exploitants des bâtiments. À titre d’exemple, le promoteur de Dockside Green, à Victoria (C.-B.), s’est engagé à payer à la ville de Victoria un montant d’un dollar par pied carré 6 de superficie constructible à titre de pénalité pour tous les bâtiments qui n’obtiennent pas la certification LEED décrite dans le MDA. Source : Public Interest, Private Property: Law and Planning Policy in Canada, Anneke Smit, Marcia Valiante. 19 Le bâtiment durable au Canada | Évaluer les impacts et les opportunités sur le marché Accent sur la planification des actifs Il y a une forte demande pour de meilleures pratiques d’entretien des bâtiments dans tout le portefeuille immobilier du Canada. En Amérique du Nord, on construit généralement des bâtiments dont la durée de vie est limitée et qui sont prévus pour un seul usage – ce qui est une pratique vraiment peu économique. La construction et l’amélioration des bâtiments dans un objectif d’amélioration de la durabilité, de l’adaptabilité et de la flexibilité procureraient un plus grand avantage aux investisseurs Adoption des matériaux durables La prise en compte de tout le cycle de vie des produits et des matériaux inclus dans les bâtiments aidera les concepteurs à faire des choix éclairés en début de projet. Ainsi, le choix des matériaux prendra toute son importance et ne sera plus considéré seulement comme une tâche à exécuter à la fin du processus de certification des bâtiments. Les outils et les méthodes d’évaluation sur le cycle de vie existent, mais les concepteurs ont besoin d’encouragement pour les intégrer rapidement, dès le début de la conception. Soutien à l’éducation et à la formation continue dans l’industrie Le bâtiment durable suppose une expertise professionnelle et une main-d’œuvre mieux formée, car les codes du bâtiment sont de plus en plus complexes, les technologies évoluent et les rôles deviennent plus interdisciplinaires à cause de l’approche de plus en plus systémique. En parallèle, le besoin d’éducation et de formation se heurte aux réalités démographiques et aux pénuries de main-d’œuvre qualifiée. Ce qui manque actuellement, c’est une approche concertée à la formation, qui appuie tous les différents programmes pour aider l’industrie de la construction à comprendre, à concevoir et à bâtir des bâtiments plus durables. Il faudra augmenter les investissements pour soutenir des programmes structurés et modernisés de stage, de mentorat ou d’apprentissage. Il faudra aussi attribuer des titres reconnus aux membres de certaines professions, comme les exploitants des bâtiments. Il faudra enfin investir dans l’éducation et la formation, tout comme dans les cadres de politiques, de règlements et de mesures incitatives, si l’on veut favoriser le renforcement des compétences et l’apprentissage continu qui sont essentiels à la réussite future. Développement de politiques de soutien et de mesures incitatives Pour réduire l’écart entre les chefs de file qui ont adhéré au bâtiment durable et les autres intervenants de l’industrie du bâtiment, il faudra adopter une approche « de la carotte et du bâton » axée sur des politiques. Le segment des collectifs d’habitation est particulier, au Canada, et il mérite qu’on lui accorde une plus grande attention. Il y a un besoin pour des lois, des modifications aux codes du bâtiment et diverses mesures incitatives et options de financement pour la construction et l’amélioration des bâtiments et des habitations. Sur le plan de la réglementation, le renforcement des exigences du code du bâtiment est souvent le meilleur outil disponible. L’inclusion de cibles de performance dans les codes pourrait favoriser les améliorations et uniformiser les règles du jeu. Sur le plan des mesures incitatives, il existe déjà une diversité d’outils et de programmes – y compris des allégements fiscaux, des subventions et des remises. La longévité dans l’élaboration et la prestation des programmes est un facteur déterminant de la transformation du marché. EN RÉSUMÉ L’industrie du bâtiment durable du Canada a connu une croissance rapide dans une courte période malgré de nombreux défis et obstacles. Toutefois, pour accélérer la transformation du marché, il faudra mettre en œuvre une stratégie nationale intersectorielle, menée par l’industrie et soutenue par tous les ordres de gouvernement. Cette stratégie permettra de réaliser pleinement les avantages du bâtiment durable dans toute la chaîne de valeur et offrira de nombreuses opportunités aux entreprises, aux gouvernements, aux consommateurs et aux résidents du Canada. Le soutien adéquat dans les domaines indiqués ci-dessus, accompagné d’un investissement plus grand en recherche, développement et déploiement, ainsi qu’en éducation et en formation, contribuera à optimiser le potentiel économique et les possibilités d’emploi associés à un statut de leader mondial, tout en tirant parti des contributions du secteur sur les plans de l’environnement, de la santé et de la société.