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histoire & liberté
Jalons
Recueil collectif
(N. Berdiaev, S. Boulgakov, et al.)
Traduit du russe par Claire Vajou
Paris, Les Éditions du Cerf, 2011, 287 p, 29,00 €
par Galia Ackerman
L
E RECUEIL COLLECTIF, Les Jalons, publié en
mars 1909, rassemble quelques grands noms de la
culture russe qui analysent le phénomène de l’intelligentsia dans leur pays. Après l’échec de la révolution
russe de 1905-1907 et l’instauration d’une réaction sans
pitié par le régime tsariste, les auteurs essaient de comprendre pourquoi la révolution, partie
d’une exigence légitime de réforme politique, s’est radicalisée au point de tourner à la destruction, à la débâcle, aux expropriations et au pillage généralisés. Comme le rappelle dans sa
préface Françoise Thom, les auteurs de ce recueil ne se sont pas concertés: chacun a présenté sa
propre analyse critique de l’état moral de l’intelligentsia à cette époque, mais l’ensemble sonne
comme un lourd verdict à l’encontre de ce moteur révolutionnaire de la société russe qui l’a
menée à la faillite lors de la première révolution, et, ajoutons-nous, à l’implacable dictature
bolchevique, à la suite de la révolution d’Octobre 1917.
Que reprochent à l’intelligentsia les éminents penseurs russes?
Socialiste devenu philosophe religieux, Nicolas Berdiaev («Vérité de philosophie et véritéjustice d’intelligentsia») parle de l’utilitarisme intellectuel de l’intelligentsia qui se réduit au
cautionnement «philosophique» de ses aspirations sociales: cette intelligentsia refuse d’accomplir un travail intellectuel pour évaluer si telle théorie philosophique est vraie ou fausse, mais se
borne à décider «si cette théorie est avantageuse ou non pour l’idée du socialisme, et si elle sera
utile au bien et aux intérêts du prolétariat». Or, selon Berdiaev, si l’on tue l’amour de la vérité et
même l’intérêt pour la vérité, la lâcheté morale s’ensuit, ainsi que la décadence intellectuelle et
culturelle. Quant à la philosophie marxiste dans ses différentes variétés, le philosophe
remarque: «Notre intelligentsia a toujours chéri la liberté, tout en confessant la philosophie
dans laquelle il n’y a pas de place pour la liberté; elle a chéri la personne, tout en confessant la
philosophie dans laquelle il n’y a pas de place pour la personne»… Voilà «une philosophie où il
n’y a de place ni pour la vérité ni pour quoi que ce soit d’élevé».
L’itinéraire du philosophe et théologien Serge Boulgakov, à savoir le cheminement du
socialisme vers le christianisme, est proche de celui de Berdiaev. Selon Boulgakov («Héroïsme
et exploit ascétique»), la particularité fondamentale de l’intelligentsia russe est son rapport à la
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religion. Bien que l’intelligentsia russe soit totalement athée, elle est empreinte d’une certaine
forme de religiosité: répulsion pour le «royaume de ce monde», sous forme de mépris pour
l’esprit bourgeois; souffrance devant la dysharmonie de la vie et aspiration à sauver l’humanité;
austérité de la vie privée; culpabilité à l’égard du peuple que l’on peut qualifier de «repentance
sociale». Lorsque l’intelligentsia se met à la place de la Providence et se considère comme le
sauveur du peuple, écrit Boulgakov, elle adopte la posture du défi héroïque, voire de l’autodéification, et prône le maximalisme. Qui plus est, ce maximalisme des fins va de pair avec le maximalisme des moyens, avec le fameux «tout est permis» de Dostoïevski. «Je réalise mon idée et,
au nom de celle-ci, je me libère des liens de la morale ordinaire, je me donne tous les droits non
seulement sur les biens, mais sur la vie et la mort d’autrui, si c’est nécessaire pour mon idée…
L’amoralisme, ou le nihilisme, est la conséquence inévitable de l’autodéification», conclut
Boulgakov en anticipant les horreurs de la révolution bolchevique.
C’est l’historien de littérature et d’idées, Mikhaïl Gershenzon, qui a conçu et dirigé le
recueil. Comme d’autres auteurs, il parle d’un fossé entre l’intelligentsia et le peuple en Russie,
mais il est le seul à poser la question des raisons de la haine que le «bon peuple» voue à l’intelligentsia qui, elle, l’idolâtre. Selon Gershenzon («La prise de conscience créatrice»), les représentants de l’intelligentsia sont pour le peuple «des monstres à forme humaine, des gens sans Dieu
dans l’âme».
L’intelligentsia n’a jamais cherché à comprendre le peuple, mais, mue par son sentiment de
supériorité, elle voulait lui inculquer ses propres idéaux, contraires aux croyances et habitudes
de celui-ci. De façon prophétique, Gershenzon écrit: «Tels que nous sommes, non seulement
nous ne devons pas rêver d’une fusion avec le peuple, mais nous devons craindre ce dernier
bien plus que tous les supplices du pouvoir, et bénir ce pouvoir qui seul nous protège encore,
avec ses baïonnettes et ses prisons, de la fureur populaire». Cependant, l’auteur ne justifie nullement le régime tsariste: avec un brin de naïveté, il appelle l’intelligentsia à changer, à abandonner les dogmes révolutionnaires rigides en faveur d’une «conscience de soi créatrice», tout
en gardant «une aspiration idéaliste».
Alexandre Izgoev, juriste et essayiste, abandonna le marxisme dans sa jeunesse pour
devenir un des leaders des Cadets (démocrates constitutionnels) de droite. Dans sa contribution («Sur la jeunesse intellectuelle»), il relève un trait singulier de la jeunesse intellectuelle
russe, élevée dans la vénération de la terreur révolutionnaire: son aspiration à la mort, son
désir de prouver qu’elle ne la craint pas et qu’elle est prête à l’accueillir. Tout ce qui finit par la
mort est sanctifié, tout est permis à celui qui va à la mort et qui risque tous les jours sa tête. Or,
la logique interne du principe de la mort glorieuse au combat a «fatalement conduit à ce qui
s’est passé en Russie: à toute cette fange, à ces crimes, ces pillages, ces vols, ces provocations,
toutes ces formes de débauche». Izgoev s’exclame avec amertume: «Les rapports amoureux, le
mariage, l’éducation des enfants, le souci d’acquérir des connaissances solides au prix d’années
de travail acharné, une activité pratiquée avec amour et dont on voit soi-même les fruits, la
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beauté de la vie telle qu’elle est: qu’y a-t-il à en dire lorsqu’un intellectuel a pour idéal le révolutionnaire professionnel qui, après avoir connu deux ou trois années de vie militante pleine
d’angoisse, finit sur l’échafaud?»
Le juriste et philosophe Bogdan Kistiakovski, originaire de Kiev, explore encore une facette
de l’univers mental de l’intelligentsia russe: son indifférence aux questions de droit. Dans sa
contribution («En défense du droit»), il cite l’un des théoriciens du populisme (narodnitchestvo), Nicolas Mikhaïlovski: «La liberté est quelque chose de grand et de séduisant, mais
nous ne voulons pas de la liberté si, comme ce fut le cas en Europe, elle ne fait qu’accroître
notre dette séculaire envers le peuple». D’après Kistiakovski, l’intelligentsia révolutionnaire
russe est prête à passer directement à un stade meilleur, supérieur, au régime socialiste, en
évitant le stade intermédiaire du développement européen, le stade de l’État bourgeois, et en
renonçant donc aux libertés dites individuelles.
Le lecteur contemporain des Jalons trouvera probablement particulièrement pertinents les
deux derniers essais, «Intelligentsia et révolution» de Pierre Struve et «L’Éthique du nihilisme» de Simon Frank.
Juriste, économiste et homme politique, Pierre Struve eut un court passé de marxiste et de
démocrate constitutionnel, avant d’adopter une position patriotique lors du déclenchement
de la Première Guerre mondiale, et de devenir finalement l’un des leaders de l’émigration
blanche à Paris.
Struve pose d’abord la question cruciale: que désigne-t-on au juste par le terme d’intelligentsia? Il fait la différence entre la classe cultivée, à laquelle appartient une partie du clergé et
de la noblesse, et l’intelligentsia dont la forme idéelle est sa dissidence par rapport à l’État et
son hostilité à ce dernier. Pour Struve, qui parle de l’abîme séparant la classe cultivée russe et
ses grands esprits de l’intelligentsia, le premier intellectuel de ce type fut Bakounine, sans
lequel il n’y aurait pas eu «le glissement à gauche» de Belinski ou le maximalisme de
Tchernychevski. Il affirme que la littérature russe est un domaine dont l’intelligentsia n’a pas
réussi à s’emparer, même si la mouvance libérale russe, à la différence des slavophiles, considère comme son devoir de porter des habits de l’intelligentsia, sans forcément partager ses
visées maximalistes, antiétatiques et athées. Mais Struve n’est pas totalement pessimiste.
D’après lui, au cours du processus économique, l’intelligentsia va s’embourgeoiser et, par
conséquent, se réconcilier avec l’État, si toutefois l’État prouve sa capacité à remanier ses institutions dans l’esprit constitutionnel.
Enfin, le philosophe juif converti à l’orthodoxie, Simon Frank, développe le thème déjà
évoqué par Berdiaev, à savoir l’athéisme de l’intelligentsia, ou plus exactement sa haine de
Dieu. C’est ainsi qu’il formule sa pensée: «Celui qui aime la vérité ou la beauté est soupçonné
[par l’intelligentsia] d’indifférence au bien-être du peuple… Mais celui qui aime Dieu est
carrément considéré comme un ennemi du peuple ». On voit clairement que la haine
farouche vouée à la religion par les bolcheviks remonte à la position plus ou moins commune
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de toute l’intelligentsia révolutionnaire: «On ne peut pas servir deux dieux à la fois, et si Dieu,
comme l’a déjà professé Maxime Gorki, «c’est le pauvre peuple», tous les autres dieux ne sont
que faux dieux, idoles et démons», explique Frank. Le philosophe parle également d’un autre
trait marquant de l’intelligentsia: son optimisme social, qui prend ses racines dans l’œuvre de
Rousseau. Le mot-clé de cette théorie mécaniste et rationaliste du bonheur est redistribution:
«Il suffit d’enlever les biens matériels à la minorité qui les possède injustement et de l’empêcher à jamais de rentrer en leur possession pour assurer le bonheur de l’humanité». Et comme
il s’agit de redistribuer plutôt que de créer des richesses, l’essentiel de la tâche se résume à
déblayer, à enlever ce qui gêne, c’est-à-dire à détruire. À ce propos, Frank rappelle «le plaisir de
la destruction» que prônait Bakounine et affirme: «L’esprit révolutionnaire n’est-il rien
d’autre que le reflet de l’absolutisation métaphysique de la valeur de la destruction?». Si la
création (qu’il s’agisse de richesses matérielles ou culturelles) est fondée sur l’amour, la
destruction est fondée sur la haine. L’amour abstrait de l’humanité se conjugue parfaitement
avec la haine envers son prochain et le mépris pour celui qui commet des actes de charité au
lieu de lutter pour le bonheur de l’humanité entière.
Il faut peut-être revenir maintenant sur la notion même d’intelligentsia, qui n’a pas
d’équivalent dans d’autres cultures européennes. Selon la définition du dictionnaire encyclopédique russe, il s’agit d’un ensemble de gens qui ont fait des études, qui possèdent des
connaissances spéciales dans le domaine de la science, de la technique et de la culture et qui
s’occupent de façon professionnelle d’un travail intellectuel. Le dictionnaire précise que l’on
donne souvent à cette notion un sens moral en considérant l’intelligentsia comme porteuse
d’une haute moralité et de valeurs démocratiques. Il est évident que les auteurs des Jalons
donnent à la notion d’intelligentsia un sens bien plus restrictif: ainsi, Pierre Struve fait la
distinction entre «la classe cultivée» et l’intelligentsia. Apparemment, pour nos auteurs, il
s’agit principalement du terreau révolutionnaire: d’un milieu estudiantin de gauche, et dans
l’ensemble, de cette tranche de l’intelligentsia dite roturière dont étaient issus la plupart des
activistes politiques de gauche et des révolutionnaires professionnels.
Cette précision est capitale: si dans les années prérévolutionnaires la majorité des gens
cultivés condamnait la férocité et l’immobilisme du régime tsariste et sympathisait avec telle
ou telle mouvance progressiste, le milieu radical présenté dans le recueil comme moteur de la
révolution était beaucoup plus petit. Il ne faut pas oublier, en lisant ce livre, que la fin du
XIXe et le début du XXe siècle ont également connu un épanouissement inouï de la littérature, de la musique, des arts, de la philosophie, du mysticisme (y compris pendant les années
noires de la réaction tsariste après la révolution manquée de 1905-1907), période nommée le
Siècle d’argent, qui fut suivie de l’éclosion extraordinaire de l’avant-garde russe. Juste un petit
détail significatif: comme en atteste son journal, le jeune intellectuel Sergueï Eisenstein, futur
réalisateur du «Cuirassé Potemkine» qui vivait à Petrograd, alla au théâtre le soir de la prise
du Palais d’Hiver et ne remarqua même pas le coup d’État bolchevique.
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Une fois que l’on comprend cette différence et que l’on se rend compte qu’il s’agit de
l’analyse du milieu révolutionnaire et de sa matrice nourricière, une certaine intelligentsia,
dont la description quelque peu caricaturale mais pas fausse fut donnée par Dostoïevski dans
Les Possédés, on ne peut qu’admirer la finesse et la justesse de la réflexion de ces grands esprits
russes. Comme si l’on nous donnait la possibilité d’étudier à la fois un embryon et l’être qui
en sera issu, y transparaissent déjà les traits futurs du régime bolchevik qui sut rassembler
dans ses rangs les plus endoctrinés, les plus obstinés, les plus inspirés par la haine de Dieu et
du prochain, les plus inaptes à la pensée critique.
Dans sa postface, Stéphane Courtois fait le triste bilan de la destruction de l’intelligentsia
russe (au sens large du mot, bien entendu) par le régime communiste. Parmi la crème de
l’intelligentsia expulsée de l’URSS au début des années 1920 se trouvaient cinq auteurs des
Jalons: Nicolas Berdiaev, Sergueï Boulgakov, Alexandre Izgoev, Pierre Struve et Simon Frank.
Dans l’émigration (pour la plupart d’entre eux, à Paris), ils ont continué à écrire et à
travailler afin de préserver la tradition philosophique et intellectuelle russe que les bolcheviks
essayèrent d’éradiquer par la liquidation physique et la réduction au silence de l’intelligentsia
prérévolutionnaire. Seuls Mikhaïl Gershenzon et Bogdan Kistiakovski restèrent en URSS et
continuèrent leurs carrières intellectuelles, sans toucher désormais aux questionnements
politiques. Gershenzon se concentra sur les destins du peuple juif (il était hostile au sionisme,
croyant à la vocation universelle des Juifs), alors que Kistiakovski se consacra aux problèmes
purement juridiques. Leur mort précoce (Gershenzon, en 1925, et Kistiakovski, en 1920) leur
évita probablement le sort de tant d’autres confrères: les camps ou la peine capitale.
Il va de soi que Les Jalons ne furent jamais réédités à l’époque soviétique et se trouvaient
parmi les livres interdits à la consultation dans les bibliothèques. Ce recueil fut suivi, en 1918,
par un autre ouvrage collectif, sous la direction de Pierre Struve, De profundis, consacré à
l’analyse critique de la révolution bolchevique de 1917. Parmi les onze auteurs de De
profundis, cinq étaient les auteurs des Jalons, ceux-là même qui ont été forcés de partir en exil
peu de temps après. Quant à l’ouvrage, il fut immédiatement interdit, puis les exemplaires
furent détruits. C’est seulement en 1967 que la maison d’édition de l’émigration russe en
France, YMCA-Press, republia Les Jalons et De profundis (grâce à un exemplaire apporté par
Nicolas Boulgakov). Circulant clandestinement en Russie, ces deux livres furent une lecture
stimulante pour une nouvelle génération d’intellectuels dissidents qui cherchaient à renouer
avec la tradition philosophique et la spiritualité russes. Ainsi est né, grâce à l’initiative
d’Alexandre Soljenitsyne, l’un des plus célèbres livres du samizdat, le recueil Des voix sous les
décombres[1], qui était consacré à la réflexion sur le présent et l’avenir possible de la Russie.
Dans l’article le plus retentissant de ce dernier recueil, «Obrazovanchtchina» (terme
péjoratif intraduisible désignant la «tribu éduquée», c’est-à-dire, l’intelligentsia privée des
1. YMCA-Press, 1974; édition française, Seuil, 1975.
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valeurs morales), Soljenitsyne, que l’on ne peut guère accuser de sympathies à la cause révolutionnaire russe, porte un regard plus indulgent sur l’intelligentsia radicale prérévolutionnaire que les auteurs des Jalons. Il reconnaît ses tares, mais compare l’intelligentsia de jadis
avec cette «tribu éduquée» qui apparaît à la suite de la sélection négative de la période soviétique (les meilleurs furent exterminés, périrent dans les camps ou à la guerre). Au moins,
constate Soljenitsyne, à la différence de l’intelligentsia soviétique, les intelligenty (membres du
corps de l’intelligentsia) du bon vieux temps étaient idéalistes, avaient des aspirations élevées,
étaient prêts à se sacrifier, n’étaient pas bassement vénaux et corrompus, possédaient une
certaine fierté, bref, vivaient en accord avec leurs principes, sans recourir au mensonge et à
l’hypocrisie permanents.
Cependant, l’exemple de Soljenitsyne lui-même, ainsi que celui de milliers d’intelligenty,
tout au long de l’histoire soviétique, dément la sévérité de son jugement vis-à-vis de l’intelligentsia de l’époque soviétique et postsoviétique. En effet, la majorité écrasante des intelligenty
soviétiques servait activement ou passivement le régime, mais il y a toujours eu une petite
minorité qui incarnait la conscience (sovest) de la nation. Ces gens se battaient pour la
préservation de la culture, préféraient aller dans les camps plutôt que dénoncer quelqu’un,
composaient des poèmes que personne ne pouvait publier, écrivaient des lettres de protestation et diffusaient le samizdat, aidaient des Juifs pendant la lutte contre le «cosmopolitisme»,
sortaient sur la place Rouge pour protester contre l’invasion de la Tchécoslovaquie, et j’en
passe. Et les vrais intelligenty d’aujourd’hui, tout aussi rares qu’à l’époque soviétique car dans
la société marchande les principes moraux ne valent pas grand-chose, c’est Anna
Politkovskaïa qui les incarne.
C’est en cela que réside l’utilité de la publication des Jalons: le lecteur qui s’intéresse aux
causes intellectuelles de la révolution russe, mais aussi à l’évolution des mentalités du pays à
travers plus d’un siècle y trouvera un ample sujet de réflexion. Et l’introduction de Françoise
Thom qui met en parallèle l’intelligentsia radicale russe et les soixante-huitards français ou
encore «les jeunes citoyens de notre Europe démocratique» ajoute un angle nouveau à ce
vaste sujet.
L'INSTITUT D'HISTOIRE SOCIALE
organise chaque mois une conférence-débat,
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avec le (ou les) intervenant(s) (historien, écrivain, journaliste, chercheur, etc.).
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