10 Le Tiers-Monde. Croissance, développement, inégalités
Brésil (P.I.B. de 778 milliards de dollars en 1998 et R.N.B. de 758) et le Mexique (P.I.B.
de 393 milliards de dollars en 1998 et R.N.B. de 380) ont un P.I.B. supérieur au R.N.B.
grâce aux investissements étrangers nombreux qu’ils ont accueillis. Le R.N.B., Revenu
National Brut, est le terme aujourd’hui utilisé par la Banque Mondiale pour remplacer le
terme P.N.B., Produit National Brut, jusqu’alors en usage et qui avait la même
signification. On peut donc utiliser l’un ou l’autre et, pour éviter un anachronisme, on peut
préférer le sigle P.N.B. pour les statistiques antérieures au changement de terminologie.
• VALEUR AJOUTÉE : La valeur ajoutée est la valeur de la production d’une entre-
prise moins les consommations intermédiaires (matières premières, biens intermédiaires,
énergie). Le principe est fondamental, et d’ailleurs simple à comprendre. Ce qu’une entre-
prise produit n’est pas le fruit du travail de cette seule entreprise, mais incorpore les biens
qu’elle a elle-même achetés pour les transformer et leur ajouter de la valeur. Ainsi, pour
prendre un exemple très simple, un boulanger qui vend son pain l’a fabriqué avec de la
farine et quelques autres produits (eau, sel, levure…) et en consommant de l’énergie ; il a
donc utilisé des biens, mais leur a ajouté de la valeur puisque le prix du pain (bien final)
est supérieur à la somme des produits consommés pour le produire (consommations inter-
médiaires). On peut évidemment poursuivre l’observation en remontant la filière de pro-
duction pour bien comprendre le principe : la farine que le boulanger a utilisée ayant été
produite par une minoterie à partir de blé, la minoterie a ajouté de la valeur à ce blé en le
transformant en farine, et l’agriculteur qui avait produit le blé l’avait fait à partir de
semences et d’engrais. On voit l’utilité de la notion : additionner les productions de toutes
les entreprises ferait prendre en compte plusieurs fois les mêmes biens aux différentes
étapes de leurs transformations (dans l’exemple cité, le blé serait compté chez l’agricul-
teur, à la minoterie et à la boulangerie, c’est-à-dire trois fois, ce qui serait absurde). Ce
qu’il faut donc pour mesurer l’activité économique totale en évitant les prises en comptes
multiples, c’est faire la somme des valeurs ajoutées. Cette notion doit être bien connue,
d’autant plus que l’allongement des filières de production augmente les consommations
intermédiaires des entreprises dans beaucoup de branches industrielles : la construction
automobile illustre bien cette tendance avec la cascade d’entreprises sous-traitantes four-
nisseuses de pièces.
• PRODUIT : Par « produit », il faut entendre tout bien, qu’il soit physique (un objet)
ou immatériel (un service). Cela signifie que toutes les activités économiques sont prises
en compte, y compris, bien entendu, le secteur tertiaire. On distingue le « produit mar-
chand » et le « produit non marchand » : le premier désigne les biens dont l’acquisition
passe par le marché (il y a un vendeur et un acheteur) tandis que le second rassemble les
biens qui échappent au marché et qui, étant financés sur les budgets publics, sont offerts
gratuitement aux usagers (par exemple, l’enseignement public ou les services adminis-
tratifs de l’État et des collectivités locales). Par convention comptable, la valeur du produit
non marchand est estimée au montant des salaires payés.
• BRUT et NET : Produire un bien provoque l’usure des machines (dans l’exemple ci-
dessus, le boulanger a usé son pétrin et son four). L’expression comptable de cette dépré-
ciation est pour l’entreprise l’amortissement, et, au niveau national la « consommation de
capital fixe ». Cela veut dire que produire une richesse implique de détruire peu à peu une
autre richesse qui est l’appareil de production. Mais le produit brut, qu’il s’agisse du pro-
duit intérieur ou du revenu national, ne prend pas en compte cette usure de l’appareil de
production. Or, la richesse réellement produite par une entreprise est sa valeur ajoutée
moins l’amortissement de son matériel. On en déduit la définition du Produit Intérieur Net
qui est le P.I.B. moins la consommation de capital fixe, et, de la même façon, celle de
Revenu National qui est le R.N.B. moins la consommation de capital fixe.
Mesurée par les indicateurs classiques de la comptabilité nationale, l’inégalité
est considérable entre les pays les plus pauvres de la planète (l’Éthiopie a un