Flash Economie
31 mars 2017 - 433
Patrick Artus
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@PatrickArtus
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Un bilan des effets de la dépréciation de l’euro sur
l’économie de la zone euro
L’euro s’est nettement déprécié à partir de l’annonce du Quantitative
Easing à la mi-2014. Peut-on faire un bilan des effets de la
dépréciation de l’euro sur l’économie de la zone euro ?
Quand on examine :
le commerce extérieur en volume ;
les prix des importations, et l’inflation ;
les marges bénéficiaires de l’industrie et l’investissement ;
le revenu réel et l’activité réelle au total,
on voit que l’effet net total de la dépréciation de l’euro sur l’activité
réelle est probablement presque nul, l’effet positif sur le commerce
extérieur en volume étant annulé par l’effet négatif à la hausse des
prix des importations.
Ce document est distribué aux Etats-Unis. Merci de lire attentivement l'avertissement en fin de document..
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Dépréciation de l’euro
L’euro s’est nettement déprécié après l’annonce (l’anticipation) de la mise en place du
Quantitative Easing durant l’été 2014 (graphique 1).
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Graphique 1
Zone euro : taux de change
Taux de change effectif nominal* (100 en 2002:1, G)
Taux de change euro-dollar (1€ =...$, D)
Sources : Datastream, NATIXIS
(*) hausse = appréciation nominale de la monnaie
Nous nous intéressons ici à l’évaluation des effets de la dépréciation de l’euro sur
l’économie.
Effets observés de la dépréciation de l’euro sur l’économie de
la zone euro
(1) Commerce extérieur en volume
Nous commençons par estimer économétriquement les élasticités-prix des exportations et
importations en volume de la zone euro.
Nous obtenons :
0,26 pour les exportations en volume,
0,08 pour les importations en volume.
Les faibles élasticités-prix du commerce extérieur en volume de la zone euro dues au
niveau de gamme élevé, à la segmentation des chaînes de valeur expliquent :
- la faible progression des exportations en volume depuis 2014 par rapport au commerce
mondial (graphiques 2a/b) ;
- le très faible freinage des importations en volume depuis 2014 (graphique 3).
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Graphique 2a
Commerce mondial et exportations hors intra
(volume, GA en %)
Commerce mondial
Zone euro : exportations hors intra
Sources : Datastream, Eurostat, NATIXIS
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Graphique 2b
Commerce mondial et exportations
(volume, 100 en 2002:1)
Commerce mondial
Zone euro : exportations hors intra
Sources : Datastream, Eurostat, NATIXIS
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Graphique 3
Zone euro : importations
(en % de la demande intérieure en volume)
Sources : Datastream, Eurostat, NATIXIS
Compte-tenu de l’évolution du taux de change effectif réel de la zone euro (graphique 4),
on peut évaluer le gain en exportation en volume à 3,0% en 3 ans soit 0,8 point de PIB en
3 ans (graphique 5) ; le gain (réduction) en importations en volume à 1,1% soit 0,3 point
de PIB, toujours en 3 ans.
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Graphique 4
Zone euro : taux de change effectif réel*
(100 en 2002:1)
Sources : Datastream, NATIXIS
(*) Hausse = appréciation réelle de la monnaie
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Graphique 5
Zone euro : exportations et importations
(hors intra, en % du PIB volume)
Exportations Importations
Sources : Datastream, Eurorstat, NATIXIS
(2) Prix des importations
La dépréciation de l’euro a conduit à la hausse du prix des importations (nous regardons
le prix des importations hors énergie pour éliminer l’effet de la baisse du prix du pétrole),
graphiques 6a/b ; on peut évaluer, compte tenu du poids des importations hors énergie
graphique 7, que la dépréciation de l’euro a conduit à une hausse des prix intérieurs de
3,1 points.
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Graphique 6a
Zone euro : taux de change par rapport au dollar et
prix des importations hors énergie
Taux de change € / $ (1€ = …$, G)
Prix des importations hors énergie (GA en %, D)
Sources : Datastream, BCE, NATIXIS
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Graphique 6b
Zone euro : prix des importations hors énergie
(100 en 2002:1)
Sources : Datastream, Eurostat, NATIXIS
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Graphique 7
Zone euro : importations valeur hors énergie
(en % de la demande intérieure en valeur)
Sources : Datastream, Eurostat, NATIXIS
(3) Marges bénéficiaires de l’industrie et investissement
La dépréciation de l’euro peut permettre à l’industrie d’augmenter ses prix de vente,
donc ses marges bénéficiaires, ce qui peut favoriser une hausse de l’investissement
productif. Le graphique 8 montre le prix de valeur ajoutée, le coût salarial unitaire de
l’industrie manufacturière et le taux de change dollar-euro.
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Graphique 8
Zone euro : prix de la valeur ajoutée
manufacturière, coût salarial unitaire dans
l'industrie manufacturière et taux de change
euro-dollar
Prix de la valeur ajoutée manufacturière (G)
Coût salarial unitaire dans l'industrie manufacturière (G)
Taux de change euro-dollar (1€ = …$, D)
Sources : Datastream, Eurostat, NATIXIS
Le graphique 9a montre les marges bénéficiaires de l’industrie et le graphique 9b montre
l’investissement productif.
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Graphique 9a
Zone euro : taux de marges bénéficiaires dans
l'industrie manufacturière (en % par an)
Sources : Eurostat, NATIXIS
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Graphique 9b
Zone euro : investissement productif (en volume)
100 en 2002:1 (G)
GA en % (D)
En % du PIB en volume (D)
Sources : Datastream, Eurostat, NATIXIS
On voit effectivement une hausse des prix industriels, des marges bénéficiaires de
l’industrie associées à la dépréciation de l’euro, mais l’effet positif sur l’investissement
semble être faible.
Synthèse : quel effet total de la dépréciation de l’euro sur
l’économie de la zone euro ?
La dépréciation de l’euro depuis l’été 2014 :
- a amélioré le commerce extérieur en volume de la zone euro de l’équivalent de 1,1 point de
PIB en trois ans ;
- a réduit la demande intérieure en volume en raison de la hausse du prix des importations de
3,1% en trois ans ;
- a redressé les marges bénéficiaires de l’industrie de 3 points mais, probablement, assez peu
l’investissement productif.
Donc, au total, la dépréciation de l’euro a eu un effet net à peu près nul sur la demande
totale.
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