Sur trois noms de Marie dans le Traité de la vraie dévotion…
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Les noms par lesquels Louis-Marie désigne Marie sont très
nombreux et variés∞∞; ils sont l’héritage de toute la tradition qui le
précède. Mais si l’on se contentait d’additionner les symboles, on
manquerait l’efficacité propre au langage symbolique. C’est dans
leur relation que les symboles parviennent effectivement à évo-
quer un mystère. Dans le cas du Traité, cette dynamique renvoie
à la diversité des traits de notre relation chrétienne à Marie, car
pour être disciple du Christ, il s’agit de vivre et d’agir par Marie,
avec Marie, en elle et aussi pour elle. Le symbolisme structurel du
langage montfortain s’enracine d’abord dans le fait qu’il tisse sa
théologie à l’intérieur du mystère de l’Incarnation lequel en
constitue le principe d’unité. En conséquence, sa théologie
mariale n’est que le déploiement du mystère de Marie Théotokos,
Mère de Dieu. Pour en signifier les multiples dimensions, Mont-
fort utilise des métaphores reliées dynamiquement entre elles1.
Dans le souci de respecter le langage montfortain, nous pro-
posons d’approfondir trois noms par lesquels notre auteur dési-
gne Marie, au numéro 6 de son Traité, car ils nous conduisent à
comprendre en quoi, dans l’ordre de la grâce, Marie nous est
nécessaire pour nous disposer à recevoir la vie de Dieu.
Je dis avec tous les saints∞∞: la divine Marie est le paradis ter-
restre du nouvel Adam, où il s’est incarné par l’opération du
Saint-Esprit, pour y opérer des merveilles incompréhensi-
bles. C’est le grand et divin monde de Dieu, où il y a des
beautés et des trésors ineffables. C’est la magnificence du
Très-Haut, où il a caché, comme en son sein, son Fils uni-
que, et en lui tout ce qu’il a de plus excellent et de plus pré-
cieux. Oh∞∞! oh∞∞! que de choses grandes et cachées ce Dieu
puissant a faites en cette créature admirable, comme elle
est elle-même obligée de le dire, malgré son humilité pro-
fonde∞∞: «∞∞Il fit pour moi des merveilles∞∞». Le monde ne les
connaît pas, parce qu’il en est incapable et indigne2.
1. B. PAPASOGLI, Cantiques, dans Dictionnaire de Spiritualité Monfortaine, Montréal,
Novalis, 1995, p. 202-223∞∞; ici p. 220.
2. Souligné et traduit par nous. Le Traité sera dorénavant noté «∞∞VD∞∞», suivi immédiatement
du numéro. «∞∞SM∞∞» désignera le Secret de Marie, écrit ultérieur au Traité et qui le résume
en quelque sorte, mais avec des apports propres. Enfin, L’Amour de la Sagesse éternelle,
qui commente les textes sapientiaux à la lumière de l’Incarnation, sera écrit «∞∞ASE∞∞».