l'organisation du Califat, et s'étaient appliquées à la ronger, comme des
termites.
Abû Tharr était donc terriblement inquiet pour l'avenir de l'Islam et les
jours noirs qui l'attendaient. Il avait toutefois un motif de consolation, car
il était confiant qu'en aucun cas la caravane de l'Islam n'arrêterait pas sa
marche, et que même si un droit important avait été violé, le système
islamique n'était pas remis en cause. C'est pourquoi, bien que très affligé
par la privation de l'Imam Ali de son droit légitime de succéder au Saint
Prophète à la tête de l'État islamique, il garda le silence.
Mais lorsque `Othmân accéda au Califat, la situation changea. La
population musulmane, et notamment les gens les plus démunis se
trouvèrent à la merci des usuriers, des marchands d'esclaves, des nantis et
des aristocrates qui fréquentaient la Cour de `Othmân et le Palais de
Mu`âwiyeh. La classe distinguée et les possédants commencèrent à
ressurgir et à présenter un grand danger pour la société musulmane, fondée
sur l'égalité et la justice sociale. Les traditions du Prophète (P) en la
matière furent abandonnées. Des sommes faramineuses furent dépensées
pour la construction du Grand Palais du "Gouvernant
islamique" (Mu`âwiyeh) à l'instar des Cours impériales. Alors que le Calife
`Omar avait mené la vie d'un homme ordinaire, et qu'Abû Bakr n'avait pas
hésité à traire les chèvres d'un Juif pour gagner sa vie, le collier de l'épouse
de `Othmân, le 3e Calife coûtait l'équivalent du tiers du revenu perçu
d’Afrique!
Alors que sous le Califat de `Omar, lorsque le fils d'un officier supérieur,
usant indûment de la position de son père s'était emparé de force du cheval
d'un homme, le Calife avait poursuivi en justice aussi bien le père que le
fils, `Othmân, son successeur, n'a pas hésité à nommer Marwân Ibn al-
Hakam - qui avait été banni par le Prophète - comme son conseiller et son
"Super-vizir", et à lui offrir le domaine de Khaybar ainsi que le revenu de
l’Afrique.
Excédé par tous ces agissements indignes de l'Islam authentique, et ne
pouvant plus garder le silence, Abû Tharr se souleva contre ce régime
tyrannique et injuste. Ce soulèvement courageux conduisit tous les
territoires islamiques à se révolter contre les injustices du gouvernement de