L’adoption d’embryon surnuméraire pose dès lors la délicate question d’une coopération
matérielle à une technique condamnée car irrespectueuse de l’homme.
Pour certains théologiens, dont P. Mattheeuws (Zenit News de mars 2006) « dès le moment où
nous reconnaissons leur statut d’enfant embryonnaire, nous devons chercher à les respecter pour ce qu’ils
sont. Cette situation est un appel éthique. Tout être humain a une dignité intrinsèque dont il nous faut
prendre conscience et qu’il convient de respecter dans la mesure de nos forces et de nos moyens. Ce que
nous pouvons faire de bon pour ces enfants embryonnaires, par des moyens licites, nous devons le faire.
L’adoption-gestation ne me semble pas un moyen respectueux. Est-ce d’ailleurs une adoption ? Elle ne
rejoint pas la perfection d’un acte moralement bon. L’intention est généreuse, mais l’objet de l’acte
contredit le respect qui est dû à tout être humain, particulièrement à la femme. »
Pour ce théologien, l’adoption-gestation est assimilé à une maternité de substitution et n’est donc
pas moralement un acte bon.
A la question, que faire des embryons congelés, ce théologien soutient : « Je conseille de les retirer
du froid où ils sont emprisonnés, de les rendre aux conditions temporelles qui sont les leurs, de ne pas
utiliser de moyens disproportionnés pour les sauver (l’enseignement du Magistère au sujet du refus de
l’acharnement thérapeutique acquiert ici une nouvelle actualité), ou des moyens qui ne respectent ni
leur dignité ni la dignité des personnes désireuses de les aider … Ils mourront ! Bien sûr, comme
croyants, nous pensons qu’ils passeront à la vraie vie … Laissons ces enfants rejoindre le cœur de Celui
qui est leur Créateur et leur Père. »
Pour d’autres catholiques, sauver la vie des embryons congelés et condamnés est un devoir.
Entre laisser mourir et adopter, le choix de l’adoption s’imposerait.
C’est ainsi notamment qu’une sorte de caravane d’adoptantes a été organisée en Italie.
On le constate, les partisans de l’adoption motivent leur position par le souhait non pas de
satisfaire la demande d’enfant du couple mais par celui de sauver quelques-uns des embryons
surnuméraires congelés à l’occasion de la fécondation in vitro.
Les opposants à l’adoption quant à eux relèvent les nombreux problèmes juridiques, médicaux et
éthiques posés par cette pratique.
Les risques et problèmes liés à cette faculté d’adoption sont en effet nombreux. Ils découlent
d’ailleurs principalement de la technique même de la fécondation in vitro.
Ce type d’adoption – qui en droit positif actuel ne peut être considéré comme tel que parce
qu’une décision judiciaire le rapprochant de l’adoption est nécessaire - est par ailleurs différent
d’une adoption classique, laquelle pose déjà des problèmes psychologiques, relationnels et
identitaires importants chez l’enfant.
Or l’adoption n’est justifiée que par le bien de l’enfant. Que répondre à ces enfants qui
demanderont à connaître les circonstances de leur conception ?