LASERS Les lasers, 50 ans et toujours pleins d’avenir >>> Béatrice CHATEL, chargée de recherche CNRS au Laboratoire Collisions Agrégats Réactivité (LCAR, unité mixte UPS/CNRS). Le 16 mai 1960 naissait le laser, abréviation de « Light Amplification by Stimulated emission of Radiation » (amplification de lumière par émission stimulée de rayonnement) dans les mains de Theodor Mainman. Ce pur produit de laboratoire, qui ne semblait au départ n’intéresser que les chercheurs, allait se révéler révolutionnaire par la nature de la lumière émise : directionnelle, cohérente, parfois puissante, et monochromatique. Aujourd’hui, il continue à être un outil de base dans la recherche. Il est au cœur de nos lecteurs et graveurs de disques compacts, de nos imprimantes ou dans les lecteurs de codes-barres. Il impressionne par sa beauté dans les spectacles qui portent son nom. En médecine, il brûle, cautérise et répare tel un scalpel optique, sans toucher aux tissus sains et sans risque de contamination. Il peut servir de pince optique ultra-précise pour transporter des nano-objets par exemple biologiques. En 50 ans, le laser a conquis notre quotidien. Sa puissance a fasciné dès 1964. A l’époque, alors qu’il apparaît comme une arme contre 007 dans le film « Goldfinger »,cette puissance lui ouvre les portes de l’industrie, où il sert à couper, souder, percer, marquer mais aussi à nettoyer les œuvres d’art. Aujourd’hui 35% des applications lasers se trouvent dans le « machining processing ». La grande majorité des informations échangées dans le monde se fait via un réseau de fibres optiques où des impulsions lasers transportent des informations. Son faisceau rectiligne permet aussi d’aligner des routes, des tunnels, de reconstruire des espaces en 3D. La technique LIDAR permet l’analyse de la composition atmosphérique. >>> Laser à colorant de l'équipe d'interférométrie atomique du LCAR. page 4 La recherche scientifique, même la plus fondamentale, bénéficie des propriétés exceptionnelles des lasers : Ainsi, dans les laboratoires de la région toulousaine, le laser permet par exemple de refroidir de petits échantillons de matière jusqu'à quelques milliardièmes de degrés au-dessus de zéro (condensats de Bose-Einstein), de factoriser des grands nombres, de suivre la dynamique en temps réel de réactions chimiques, d’étudier ou de manipuler des nano-objets, de réaliser des images 3D d’échantillons biologiques, d’étudier leur composition, de créer une étoile artificielle pour améliorer la résolution de télescopes, d’étudier des phénomènes de turbulence, de détecter des polluants, d’analyser la composition de peintures. Ce dossier vous présente quelques unes de ces utilisations étonnantes. Depuis 1960 neuf prix Nobel de physique concernent les lasers (pour l’holographie, l’optique non linéaire, la spectroscopie, la métrologie, l’observation de réaction chimique, les atomes froids..). Le laser a donc su envahir notre quotidien tout en restant un objet de recherche intense. Les défis futurs comme la simulation de réaction thermonucléaire, l’imagerie en biologie, la simulation de réaction chimique interstellaire, le sondage de la matière par des impulsions attoseconde, la génération de faisceaux de particules à des fins médicales lui dessinent un avenir encore fructueux. Contact : [email protected] Paul Sabatier — Le magazine scientifique — numéro 19 Lasers La révolution laser en mécanique des fluides Le laser a permis aux spécialistes de mécanique des fluides de mesurer des déplacements sans interférer avec l'écoulement. Une révolution qui se poursuit actuellement... >>> Emmanuel CID, Ingénieur de recherche CNRS à l’Institut de mécanique de fluides de Toulouse (IMFT, unité mixte UPS/INP/CNRS) L’utilisation des lasers a eu un impact considérable dans le domaine de la mécanique des fluides. En effet, le laser constitue aujourd’hui la brique élémentaire de la plupart des techniques de mesure modernes des écoulements gazeux ou liquides dans lesquels on cherche à déterminer, si possible de façon locale et instantanée, des grandeurs caractéristiques telles que la vitesse, la concentration d’espèces, la granulométrie de gouttes, particules … Vélocimètre laser Concernant la vitesse, plusieurs techniques ponctuelles sont couramment utilisées pour mesurer cette grandeur tels que le tube de Pitot ou les sondes à fil chaud. Leurs principaux inconvénients sont leur caractère intrusif et la nécessité d’un étalonnage fréquent pour les anémomètres thermiques. En 1964, Yeh & Cummins proposèrent un vélocimètre laser à effet Doppler (LDV). Deux faisceaux laser cohérents se croisent pour créer un volume de mesure, dont les dimensions sont de l’ordre de quelques dizaines de microns de diamètre sur un millimètre de longueur. La lumière diffusée par les deux faisceaux est collectée par un photodétecteur, et sa fréquence est proportionnelle à la vitesse de traceurs traversant le volume de mesure. Cette mesure de vitesse ponctuelle est non intrusive et ne nécessite pas de calibration. L’utilisation de sources laser continues (He-Ne) et les différentes raies spectrales de l’argon ont permis de mesurer simultanément plusieurs composantes de la vitesse. Dans les années 1980, cette technique a été étendue à la mesure de la granulomètrie des particules (phase Doppler) par l’utilisation de plusieurs photodétecteurs. Le diamètre d’une particule solide ou liquide est, dans ce cas, proportionnel au déphasage des signaux Doppler collectés par les différents photomultiplicateurs. >>> Etude du sillage d’un cylindre en soufflerie par PIV stéréoscopique haute cadence. Traceur de particules La mesure de la concentration d’espèces présentes dans les écoulements peut être réalisée par prélèvement, avec des temps de réponse supérieurs à la milliseconde. Cette mesure peut également être effectuée de manière instantanée par fluorescence induite page 5 par laser (LIF). Des molécules injectées dans l’écoulement sont excitées à la longueur d’onde d’une source laser. La lumière réémise par fluorescence est ensuite captée par une photocathode ou un capteur matriciel. L’amplitude de ce signal est, dans une certaine gamme, proportionnelle à la concentration du traceur moléculaire. Dans les années 1990, une autre technique anémométrique est apparue et a connu un essor spectaculaire : la vélocimétrie par images de particules (PIV). Des particules « traceurs » sont illuminées par un plan laser. Deux brèves impulsions figent la position des traceurs dans l’écoulement que l’on enregistre à l’aide d’une caméra. On mesure le déplacement local de groupes de traceurs que l’on assimile au déplacement du fluide. On obtient ainsi une cartographie instantanée du champ de vitesse selon une coupe de l’écoulement. En configuration classique, deux composantes de la vitesse sont simultanément cartographiées (2D-2C). Deux caméras en visée angulaire permettent de remonter simultanément aux trois composantes de la vitesse (2D-3C). Si l’on travaille avec au moins quatre caméras et que l’éclairement devient volumique, on entre dans le domaine de la PIV Tomographique qui donne accès aux 3 composantes de la vitesse dans un volume de dimension réduite (actuellement, celles d’un téléphone portable pour les écoulements dans l’air et d’un petit livre pour les écoulements dans l’eau). On peut souligner que l’avènement récent de lasers impulsionnels délivrant plusieurs dizaines de milliJoules à des cadences de l’ordre du kHz, a permis d’augmenter les fréquences d’acquisition de ces trois techniques et d’explorer de nombreux phénomènes instationnaires. L’utilisation du laser en mécanique des fluides a permis de rendre la mesure expérimentale non intrusive. Dans un premier temps, celle-ci est restée ponctuelle, puis est devenue multi-composantes pour la vitesse et devient actuellement tridimensionnelle et résolue en temps. Contact : [email protected] dOSSIER Lasers Un laser pour des mesures ultra-précises Une équipe toulousaine spécialisée dans la mesure optique a mis au point un nouvel appareil laser capable de mesurer la vitesse de la lumière avec une précision telle qu'il permet de détecter les déformations créées par des champs magnétique et électrique au cœur de la matière. >>> Cécile ROBILLIARD, chargée de recherche CNRS, au laboratoire Collisions, agrégats, réactivité (LCAR, unité mixte UPS/CNRS) Niveau laser, télémètre laser : le laser a désormais investi même les chantiers de travaux publics. Dans le niveau laser, on n'exploite que la bonne définition spatiale du faisceau, qui permet un pointé précis même à des distances de plusieurs dizaines de mètres. Le principe du télémètre est plus intéressant, puisqu'il consiste à mesurer le déphasage de l'onde lumineuse diffusée sur la cible lors de sa propagation aller-retour. Les modèles courants ont des précisions de l'ordre du millimètre sur des distances de l'ordre de cent mètres, soit une précision relative de 10-5. Horloges atomiques Les expériences de métrologie actuelles n'utilisent plus exactement ce principe, car on obtient une précision bien meilleure en mesurant des fréquences. En effet, la fréquence – en particulier dans le domaine optique – est actuellement la grandeur la mieux mesurée au monde, et ce grâce au laser, dont la longueur d'onde est extrêmement bien définie. Pour convertir une grandeur en fréquence et la mesurer, on utilise un résonateur optique de très haute finesse, dans lequel la lumière peut être confinée pourvu qu'elle ait la bonne fréquence. Les progrès récents de l'optique et de l'électronique permettent de contrôler et mesurer des fréquences optiques avec des précisions relatives inférieures à 10-18. Ces mesures ultra-précises trouvent leur application par exemple dans les horloges atomiques, les mesures optomécaniques destinées à l'étude du couplage entre le rayonnement et un élément mécanique macroscopique, ou encore les interféromètres à ondes gravitationnelles. Anisotropie directionnelle Notre équipe est spécialisée dans ce type de mesures. Elle a ainsi construit une expérience qui vise à mesurer par métrologie de fréquence de très faibles anisotropies optiques induites par champs électrique et magnétique dans les gaz : par exemple, l'électrodynamique prévoit qu'en présence de champs électrique et magnétique transverses et orthogonaux, la lumière ne page 6 >>> Mise en œuvre expérimentale au LCAR : le montage est relativement simple mais doit être soigneusement conçu pour limiter les perturbations. se propage pas à la même vitesse dans les deux directions. Prédit depuis plus de 30 ans, cet effet d'anisotropie directionnelle n'avait jamais été observé, faute d'un appareil de mesure suffisamment sensible. Depuis quelques semaines, l’équipe a réalisé l’exploit dans l’azote. Nous détectons entre deux directions de propagation opposées une différence d'indice optique, donc de vitesse de la lumière, de l'ordre de quelques dizaines de picomètres par seconde, à comparer à la vitesse de la lumière dans le vide de 300 000 km/s ! D'autres effets magnéto-électro-optiques sont aussi à notre portée, et leur mesure permettra de compléter les connaissances sur l'interaction entre le rayonnement et des atomes ou molécules simples. Au-delà de ces études d'intérêt physico-chimique, notre appareil, une fois optimisé, sera un outil de choix pour affiner les tests des lois et symétries fondamentales qui constituent le socle sur lequel repose le bel édifice de la physique contemporaine. Contact : [email protected] Paul Sabatier — Le magazine scientifique — numéro 19 Lasers Chimie ultra rapide dans l’infiniment petit En utilisant les technologies les plus modernes issues de l’optique et de l‘électronique, on peut enfin « voir » en temps réel comment se passe une réaction chimique au niveau moléculaire… >>> Valérie BLANCHET, chargée de recherche CNRS, au Laboratoire de collisions, agrégats, réactivité (LCAR, unité mixte UPS/CNRS), membre de l’IRSAMC) Une liaison chimique est la mise en commun des électrons des atomes composant la molécule. L’énergie induite par cette mise en commun est l’énergie de liaison de la molécule. Dans une réaction chimique, cette mise en commun est remise en cause au fur et à mesure que les réactifs s’approchent les uns des autres. L’énergie de liaison dépend donc de la position relative des réactifs. Déterminer cette dépendance et comprendre ainsi ce qui est au cœur de la réactivité chimique est le but principal de la physico-chimie fondamentale qui allie expériences et calculs numériques fondés sur la mécanique quantique. Comprendre le mécanisme élémentaire d’une réaction signifie, entre autres, identifier le jeu de forces responsables du mouvement des atomes. Les molécules sont souvent étudiées en phase gazeuse où elles sont isolées de toute interaction, ce qui permet d’obtenir des informations détaillées sur les processus propres à la molécule. Traditionnellement, de telles informations sont données par la spectroscopie résolue en fréquence qui fait interagir les molécules avec de longues impulsions de lumière (nanosecondes). En comparant les spectres d’absorption, de fluorescence et d’émission stimulée, on cible les seuils en énergie de dissociation, de branchement et d’ionisation. >>> La distribution en énergie cinétique des photoélectrons émis après excitation par l'impulsion pompe (t=0) et l'ionisation par l'impulsion sonde (t>0) change drastiquement en fonction du délai entre la pompe et la sonde reflétant la prédissociation de CH3I-> CH3+I*. A grande vitesse Mais on peut maintenant aller plus loin. Les atomes peuvent se déplacer aussi vite que 2 km/s sur des distances inférieures à un Angström (un dixième de page 7 milliardième de mètre) et les temps typiques mis en jeu lors d’une réaction sont de quelques dizaines de femtoseconde (un millionième de milliardième de seconde). Aucun dispositif électronique simple n’existe actuellement pour résoudre de telles échelles de temps. La femtochimie, technique tout optique, permet de suivre temporellement ces réactions par excitation laser ultra-courtes et ainsi accéder à la connaissance de ces forces. Une première impulsion laser initie la dynamique en excitant les électrons du système. Cette première impulsion est appelée « pompe », son rôle crucial est de fixer l’instant initial de la réaction. Suite à cet apport d’énergie initial, la molécule se relaxe via le mouvement de ses électrons et ses noyaux, voire peut se casser. Une seconde impulsion laser, appliquée après un délai choisi par l’expérimentateur et appelée « sonde », vient éjecter des électrons de la molécule qui devient un ion. Le signal collecté en fonction du délai entre les impulsions « pompe » et « sonde » est donc la quantité d’ions produits, leurs masses, leurs distributions en énergie et en angle, de même pour les électrons. Ce signal est collecté par un imageur de vecteurs vitesse Stroboscopie La femtochimie peut-être simplement considérée comme une stroboscopie par impulsions laser femtosecondes d’une réaction chimique, permettant de voir des instantanés des processus chimiques en temps réel. Quelles sont les échelles de temps impliquées dans ces processus, quelles sont leur nature ? Dans quelles conditions vont-ils être amplifiés ou inhibés ? Autant de questions auxquelles la femtochimie permet de répondre. Des questions fondamentales, souvent difficiles mais passionnantes, mais à la base de tous les processus se déroulant dans la matière, quelle soit inerte ou vivante… Contact : [email protected] Lasers Des tirs lasers déchiffrent les minéraux L’analyse des matériaux par ablation laser connaît de grandes améliorations. Elle permet de connaître la composition de portions infimes de matériaux complexes. >>> Franck POITRASSON, directeur de recherches CNRS et son équipe, au Laboratoire des mécanismes et transferts en géologie (LMTG, unité mixte UPS/IRD/CNRS). >>> Ablation laser dans un échantillon de Monazite Il a été mis au point au milieu des années 80 une méthode permettant de déterminer la composition des minéraux à l’échelle de quelques dixièmes de millimètres. Cette technique analytique, (appelée LA-ICP-MS, Laser Ablation Inductively Coupled Plasma Mass spectrometry), s’appuie sur l’utilisation d’un laser pour tirer sur le solide à analyser. L’aérosol produit est ensuite introduit dans un spectromètre de masse à torche plasma pour la détection des éléments chimiques. L’intérêt de l’analyse ponctuelle par ablation laser est qu’elle permet d’étudier les matériaux hétérogènes complexes, tels ceux rencontrés dans la nature. Roches magnétiques et coquilles de escargot A l‘Observatoire Midi-Pyrénées (composante de l’UPS), le LA-ICP-MS est utilisé pour l’analyse d’éléments à des niveaux de concentrations de l’ordre de la partie par million. Ces mesures sont réalisées sur les minéraux du manteau de la Terre et de roches magmatiques, sur leurs inclusions liquides ou vitreuses, ou encore sur des charges expérimentales produites à des températures et des pressions dépassant respectivement le millier de degrés celsius et le gigapascal. Elles permettent de déterminer la nature et l’origine de fluides aqueux ou silicatés qui affectent les roches dans les profondeurs de la Terre mais qui n’existent pas à la surface de notre planète. Des travaux expérimentaux sur des coquilles de mollusques utilisant le LA-ICP-MS ont également permis de démontrer l’importance du cycle de vie diurne de l’animal sur les enregistrements environnementaux que l’on peut réaliser grâce à l’analyse de sa coquille. Les premiers LA-ICP-MS n’étaient pas sans défauts cependant. Ils utilisaient des lasers à rubis émettant une impulsion de longue durée, dépassant la microseconde, dans l’infrarouge. Les matériaux transparents tel le quartz ou la calcite étaient impossibles à analyser. Les ablations générées par ce type de laser produisaient des effets thermiques accompagnés de processus de fusion dégradant sensiblement la justesse et la précision des analyses. « Nd-YAG ou Excimer, Q-switched » et l’emploi de longueurs d’onde plus courtes, dans le proche ultraviolet. Les matériaux transparents purent être analysés et les effets thermiques furent ainsi sensiblement réduits. La diminution des longueurs d’onde et l’évolution des systèmes optiques ont également permis d’améliorer la résolution spatiale des analyses de minéraux, à l’échelle de la dizaine de microns, élargissant ainsi le champ des études possibles. Les années 2000 ont vu le franchissement d’un nouveau seuil avec la mise en œuvre des lasers femtosecondes à impulsions 100 000 fois plus rapides que les lasers nanosecondes utilisés jusqu’alors. Ce nouveau domaine ne cesse d’évoluer et permet une amélioration sensible des analyses chimiques, ne serait-ce qu’en réduisant considérablement les phénomènes thermiques. Les effets de matrice, par lesquels le comportement d’un matériau lors de son ablation va grandement varier en fonction de sa nature, sont eux aussi quasiment supprimés. L’Observatoire Midi-Pyrénées, en collaboration avec le Laboratoire collision agrégats réactivité (LCAR, unité mixte CNRS-UPS) et avec l’appui de la société Amplitude Technologies, fabricant français de lasers femtosecondes, est à la pointe au niveau international dans le développement de cette technique. Ce groupe étudie expérimentalement les mécanismes d’interaction laser femtoseconde-matière et leurs implications analytiques. Les cratères d’ablation produits et les particules générées sont notamment étudiés pour la première fois par microscopie électronique en transmission. Ces travaux devraient déboucher sur une amélioration de la qualité et de la fiabilité des analyses in situ de solides. Ils vont aussi permettre de développer de nouveaux champs d’applications de cette technique, comme les mesures ponctuelles d’isotopes stables de métaux. Contact : [email protected] (Brésil). Energie: 100µJ/pulse, impulsions: 100fs, cadence: 5Hz, durée: 120s. Noter la netteté des bords et des parois du cratère, ainsi que l’absence de matière fondue. page 8 Matériaux transparents Des avancées majeures ont été réalisées dans les années 90 avec l’utilisation de lasers de type Paul Sabatier — Le magazine scientifique — numéro 19 Lasers Plus petites, plus intelligentes : la nouvelle ère des diodes laser Spécialiste des diodes laser, le laboratoire Photonique du LAAS est en train de relever deux défis : inventer des diodes laser intégrables sur puce, et les doter de fonctions qui leur ouvriront des champs d'application mutltiples. >>> Françoise LOZES, directrice de recherche CNRS et son groupe « Photonique » du Laboratoire d’analyse et d’architecture des systèmes (LAAS, unité propre CNRS, associée à l’UPS) Les lasers à semi-conducteur, encore appelés diodes laser, ont envahi notre vie quotidienne. Au cœur des réseaux de télécommunications optiques, ils n’ont cessé d’évoluer pour faire face à l’explosion des besoins et à la demande pressante d’Internet. Les lasers à semi-conducteur sont aussi essentiels dans les ordinateurs et les équipements multimédia: interfaçage homme-machine au moyen d’une souris, stockage et lecture de données sur disque, transmission et communication par des réseaux optiques. Au-delà du traitement de l’information, les applications des lasers à semi-conducteur concernent un champ varié et en plein essor : procédés industriels, chirurgie, analyse biologique, contrôle de l’environnement, etc… Aux interfaces de plusieurs disciplines, le domaine de recherches des lasers à semi-conducteur se nourrit des avancées sur les matériaux, les nanosciences, les micro et nanotechnologies. C’est un domaine fondamental qui suscite des questions essentielles en optique et photonique et qui bénéficie aussi à des disciplines fondamentales comme la biologie et les sciences de l’univers. Le groupe Photonique du LAAS a mené un parcours pionnier dans la compréhension et la maîtrise des différentes générations de diodes laser, répondant à des besoins spécifiques tels que l’émission dans le visible, l’accroissement du niveau de puissance, ou l’obtention d’une émission surfacique. Les recherches en cours visent la prochaine révolution des diodes laser. Le défi est de démontrer la capacité des diodes laser à être « intégrées », pour jeter enfin, à l’image de la microélectronique, les fondations d’une « photonique intégrée sur puce ». >>> Micropointe en polymère fabriquée en surface d'un VCSEL et auto-façonnée par son faisceau laser. Microcavités Les travaux du groupe Photonique s’appuient sur l’exploitation des phénomènes quantiques et l’ingénierie de matériaux à bande interdite photonique pour proposer des lasers en rupture conceptuelle et technologique par rapport aux diodes actuelles. La centrale technologique du LAAS, qui fait partie du réseau des grandes centrales du CNRS (http://www.rtb.cnrs.fr), permet la réalisation page 9 technologique de sources laser en filière GaAs émettant au voisinage de 1µm. Les cristaux photoniques planaires constituent une brique de base générique pour les composants photoniques, et permettent la réalisation de microcavités à fort coefficient de qualité pour de faibles volumes électromagnétiques. Le groupe a récemment réalisé l’intégration planaire de diodes laser monomodales, entièrement définies par des cristaux photoniques, dont l’espacement spectral est contrôlé à mieux que 0,3nm. Cette nouvelle architecture de cavité, compatible avec une intégration planaire, est un tournant essentiel pour faire émerger les circuits intégrés photoniques et les systèmes laser sur puce. Micropointes Outre le défi de la diode laser « intégrable », il est crucial d’accroître le potentiel d’utilisation de la diode laser dans une grande diversité de systèmes : systèmes tout optique, systèmes « intelligents » associant l’optique et le logiciel, systèmes opto-fluidiques associant l’optique, la chimie ou la biologie, micro et nanosystèmes comportant des fonctionnalités optiques, électroniques, mécaniques (MOEMs et NOEMs). Une activité importante est menée autour d’architectures avancées de lasers à cavité verticale (VCSELs), intégrant des fonctions de filtrage ou de photodétection, ainsi qu’une microoptique active à base de polymère pour obtenir des sources « intelligentes » et à faible divergence. Très récemment, le groupe a réussi à intégrer, en surface du VCSEL, des micropointes en polymère façonnées sur mesure, ouvrant de nouvelles perspectives d’applications pour la microscopie en champ proche ou la manipulation optique pour l’analyse biologique. Contact : [email protected]