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DOCUMENTS
&
RAPPORTS
1)E LA
SOCIÉTÉ PALÉOSTOMppi
ET ARCHÉOLOGIQUE
DE L'ARRONDISSEMENT ADMINISTRATIF
CHARLEROI
T O M K >
M ON S
HECTOR MANCIALIX, 1 J1PR1M EUR- L I BU AIRE
CHABLEHÛÎ, LOUIS DEL\CRE, LIBRAIRE
1 868
ENSEIGNES DES FRANKS
ET
BANNIÈRES DE LA FRANCE,
« Les enseignes de Soye vont avant balgians »
« l'oriflamme Karlin au premier chef devant. >
ÀMtoÉE DE PONTHIED.
Le sanglier fut l'emblème de la nationalité gauloises la
plus baute antiquité, et pendant la période druidique. Il se
mettait au sommet des enseignes militaires, et l'on en trouve
l'usage sur les monnaies des Àulerques et des Fduéens, c'était
aussi l'enseigne des Germains, dei Celtiques, et des Ulyricns
Il n'est pas vrai que le coq ail été placé dans les enseignes
gauloises; cet emblème des Français 11e remonte pas, dit-on,
au-delà des premiers blasons; il fut l'effet d'un jeu de mots,
gallus signifiant en latin coq et gaulois. (La première médaille
où l'on voit un coq fut frappéeàla naissance de Louis XIII.)**
Les présomptions tirées de la double signification du mot
gallus, coïncidence forLuite et d'ailleurs inexplicable, trouvent
pourtant une confirmation presque décisive dans une ancienne
tradition conservée par les bardes, et d'après laquelle la
poule avait un rôle important dans la cosmogonie celtique.
Disons en passant que cette espèce doit remonter bien haut
dans l'hisLoire de la Gaule, pour que la mythologie ait pu
' Dictionnaire général de biographie et d'histoire par Dezobry et Bactielet, art. i
Sanglier.
" Ibidem, art. Coq,
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imaginer de la faire contemporaine de l'origine du monde *
Les traditions religieuses de la Gaule parlaient d'un œuf
sacré ** que le symbolisme abandonna pour le laisser des-
cendre au rang des superstitions dont le sens primitif est
devenu inintelligible. L'œuf sacré devînt Yanguinum des
Druides {œuf de serpent), sujet représenté sur une pierre
gauloise trouvée dans les fondations de N. D. de Paris "*,
et sur une brique gauloise trouvée en 1845 dans les environs
d'Issoire, Puy de Dôme "**. On adorait à Brescia, dans la
Gaule cisalpine, sous le nom de Tyllinus, un Dieu médiateur
qui tenait entre le pouce et l'index un œuf que venait mordre
un serpent entortillé, et posé dans l'autre main ouverte et
étendue. Pline a décrit Yangumum dans son histoire naturelle,
liv. XXXIX, 12
Les Barbares qui envahirent le monde romain avaient aussi
leurs enseignes. Celles des Gaulois étaient le taureau sauvage,
l'ours, le loup et d'autres animaux de leurs forêts. Les
Iranks Ripuaires avaient une épée tournée la pointe en haut,
et quelquefois entourée de feuilles de chêne ; les Frànks
Saliens et les Sicambres, une tête de bœuf, plus lard ils
adoptèrent successivement le lis, le coq et l'aigle. De nos
jours les milices asiatiques, chinoises, turques portent encore
pour enseignes des queues de cheval, de buffle, de tau-
reau, etc. *""*
Lorsque des plaines du Limbourg et du Brabant, où leurs
chefs avaient élé élevés sur le pavois k Ilaelen, à Douck, à
Duysbourg (Dispargum)** , les Franks arrivèrent surla Loire,
* Magasin pittoresque 1861, p. 37].
" P. Martin.—Religion des gaulois, L. I. eh. 36 p. 2Û;i.—Liv. [Il eh. 23 p. 11)5.
"" Monlfaueou, l'antiquité expliquée, T. 11, p. II, p, 24-9. Fabretli iuserîp.
p. 282.
"" Magasin pittoresque 1865, p. 91.
Les symboles antiques. L'œuf par Sl. Dognée. Ann. do l'Aead. d'arph.
de Belgiq. T. XXI, 18GS p. 540.
Dictionnaire général par Dczobry, art. Enseignes.
....... bulletin des Commissions royales d'art et d'archéologie, I p. 107 ; Waulers,
histoire des environs de Bruxelles, 111.
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Glovis, qui les commandait, fitu d'orner le tombeau de
Saint-Martin, s'il lui donnait la victoire. Après ie triomphe
de ce guerrier la chape de SLMartin devint elle-même le signe
de ralliement de son armée, en 492 *. Cet étendard, déposé
dans l'abbaye de Saint-Martin à Tours, n'en sortait que dans
les circonstances les plus difficiles. Le duc d'Anjou, au XIe
siècle, le fit encore porter devant lui dans ses guerres contre
Philippe-Auguste et lors des troubles qui surgirent entre
Robert et les fils d'Othon, Thibaut et Etienne, ce fut autour
de ce drapeau que se déroula le long drame de leurs guerres'".
Cette bannière de Saint-Martin de Tours était de couleur
bleue unie
L'étendard de Saint-Maurice ne fut pas moins célèbre: on
lui attribuait le succès de Charlemagne sur les Sarrasins.
Plus tard Hugues Capet le donna au roi d'Angleterre,
Edelstan""*.
Le pennon ou gondfanon, qui succéda à la chape de Saint-
Martin, n'était que l'étendard royal de France, que l'oriflamme
remplaça. Ce pennon, au XII0 siècle, étaiL placé sur un écha-
faud, au haut d'unt fixé sur un cliarioL ; le chariot était
traîné par des bœufs que recouvraient des housses de velours
ornés des devises et chiffres du prince régnant. Chaque matin,
un prêtre disait la messe au pied de cet appareil guerrier
qui, jour el nuit, était confié à la garde de dix chevaliers. C'est
d'Italie que ces sortes d'étendards vinrent en France, à la fin
du XL1 siècle*"*". Cette bannièreétaitviolette ou bleue, carrée
et semée de lleurs de lis d'or. On la porta plus tard à côté
de l'oriflamme, dont nous allons parler "
* Mess, des Se. hist. 1851, p. 479. - fionorius sermo <le Sancto Martino, id
in gemma anirase. Cap, 128. (Articles de M, de Ring.)
" V. Ritiwle Sancti Martini, et l'édit royal de llïl.
*" Chronic. Sancti Martini, glaber Rudolphus historia LV. c. 2; hist. Franc,
ab annu <J0(i ad ann. 1285 ; scriptt, p. 56.
"" Dictionnaire des dates par d'Harmonvilte, p. 438.
" Ingulf. hist. mu nuit. Croyladeusis, p 178 ; et W. de Walmsburg de geslis
aug, L. II. c. 6.
Mess, des se. hist. 1851, p. 583.
Dictionnaire par Dezcbryet lSachelct déjà cité, p. 126,
226 -
Comme son nom l'indique, l'oriflamme était de couleur
rouge et semée de flammes ou de fleurs de lis d'or; elle était,
dit un vieil auteur, « d'un cendal fort épais, fendue par le
« milieu, en façon d'un gonfanon, enveloppée autour d'un
« bâton couvert d'un cuivre doré et un fer longuet au
« bout. » L'oriflamme est une bannière,
i Aucun poi plus forte que gui m pie,
« !)c coudai reujoyaut el simple,
% Sans pour traie tu ie d'autre affaire.
« Li roi Dagohert la fit faire,
u Qui SaintDenis, ça en arrière,
« Fonda de ses renies premières,
e Si comme eneor appert céans,
« Es chapelets de mécréaiis
Devant lui porter le faisait,
a Toutes fois qu'aller H plaisait,
« Bien attachée en une lance
« Pensant qu'il eusl renieinlirance
« Au raviser le cendal rouge.
« De celuy glorieux guar rouge'.»
Ce n'était dans l'origine que la bannière de l'abbaye
de Sl-Denis, donnée par DagoberL en 630. Comme avoués
de l'abbaye, les comtes du Vexin la portaient à la guerre.
Quand Philippe Ier, en 1082, réunit le Vcxîn au domaine
de la couronne, il hérita aussi du droit de porter l'ori-
flamme. Louis VI le premier la fit déployer officiellement à
la tête de l'armée française, en 1124, en s'avançant vers le
Rhin contre l'empereur Henri V Cependant elle ne fut
regardée comme le "palladium du royaume que sous les rois
de la troisième race, lorsque le drapeau de S1 Martin ne fut
plus porLé. L'Oriflamme était suspendue au-dessus de la
châsse de S1 Denis, et ne sortait que lorsqu'un danger mena-
çait l'Etat. Le roi la recevait des mains de l'abbé, et le guidon
qui en était chargé jurait de la défendre au péril de ses jours
et de la rapporter à l'abbaye. Guillaume Martel, qui périt à
Amédée de l'oulhieu. Les fêles légendaires, p. 2Q4.
" Bouillct. Die liai maire d'histoire. Edition l'arent. 111, p. 490.
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