ci se rendent aux champs ou en forêt. Par contre plusieurs types de singes (ngîma) sont
recherchés pour leur chair.
-● Ensuite viennent les petits mammifères, tels le porc-épic (mukumbe), le pangolin
(kabânga), certains grands rongeurs. De leur côté la plupart des oiseaux font l’objet d’une
chasse et d’un piégeage intense. Certains volatiles sont écartés systématiquement de l’assiette
des Bahunde soit parce que leur chair est supposée toxique (corbeau kikôna, bergeronnette,
kâsêse), soit parce qu’annonciateurs de mauvaises nouvelles (le cas du hibou, bwitsi-bukuhu)
-● Et la place privilégiée des abeilles (nsûki). Les Bahunde ont été gagnés à l’idée d’en
faire des insectes de compagnie, comme on verra plus bas. En effet, depuis les temps les plus
reculés ils ont tout fait pour les visiter, les regarder produire du miel, leur fabriquer des ruches
et mener une folle publicité pour ledit produit.
-● Il existe aussi des chenilles et insectes comestibles : les grosses chenilles du tronc du
palmier raphia. Et les sauterelles : les mutêndepfŭla, petites sauterelles survenant après les
pluies ; et bien sûr les nzīē (nzīghē), de la famille des criquets mais à couleur verte. Parmi les
souvenirs de jeunesse, maints Bahunde se rappellent la chansonnette "Mutêndepfŭla
ndûbatubire, ndahikyâ mueni ngalâkalaka" (Chère gentille sauterelle, favorise ma recherche
de provisions, afin que recevant un visiteur je ne sois pas dans le besoin). Et bien entendu,
l’épisode préhistorique de la lutte contre l’invasion des sauterelles nzīē qui ravagèrent les
jeunes plantes des céréales des Bahunde sur les rives du lac (nom actuel ‘Lac Edouard’) au
bord duquel ils venaient de s’établir. D’où le nom Lac Lwita-Nzīē, du verbe iwita nzīē (tuer
des sauterelles), signifiant lac au bord duquel on dut tuer et manger les sauterelles.
-● Dans les eaux, les poissons, les anguilles et crabes font l’objet d’activité aussi ancienne que
intense.
■ Les fauves :
● A la différence des herbivores, les carnivores et autres charognards sont particulièrement
craints et combattus. Le lion (ndâle) est le plus craint, mais heureusement assez éloigné des
villages. On lui fait rarement la chasse. Quand on en tue un, on exploite sa peau, ses dents et
ses griffes. Par contre, la vraie bête noire, –c’est le cas de le dire –, est le léopard (nîna
ndokolo) qui rôde constamment autour des villages et fait d’énormes ravages dans les
élevages. Le lion se contente, semble-t-il, de sa ration suffisante, tandis que le léopard
n’épargne aucune bête dans un enclos au-delà de ses besoins. Plus que pour le lion, la peau,
les griffes et les dents du léopard trouvent un important débouché. Pour tuer ces fauves, on ne
prenait pas de risques, on recourait à un piège appelé kalŭnga (une trappe, -avec appât-, qui
se refermait sur le fauve), à charge pour les hommes de venir l’achever sans abîmer sa
peau. En principe les Bahunde ne mangent ni le lion ni le léopard. Leur chair est délaissée aux
chiens, aux sorciers ou à certains guérisseurs. Dans ce cas les épouses (de ces sorciers et
guérisseurs) refusent de la leur préparer. L’hyène, le chacal, la civette, le renard, la mangouste
ne se mangent pas non plus. Seule leur peau est conservée en vue de certains rites cultuels.
● Les Bahunde ne mangent pas de serpents et autres reptiles. Seul leur venin est parfois
recueilli à des fins médicales. Mélangé à la cendre, il est frotté dans une incision sur le
poignet ou la cheville en guise de vaccin anti-venin. Il faudrait cependant en vérifier
l’efficacité. Quant à la chaire des serpents, on a rapporté des cas de mangeurs de serpents,
personnes considérées comme des marginaux. Néanmoins certains cas suscitent l’émotion et
imposent l’indulgence. Ainsi, vers 1947, un ancien combattant de la guerre 1940-1945 qui
venait de tuer une vipère cornue (muûsha), réquisitionna des élèves de l’internat de la Mission
de Mutongo pour la lui préparer. Le pauvre homme voyait partout des scènes des batailles de
Gambela et de Saïo en Abyssinie (Ethiopie), intervenues 6 ans plus tôt, en 1941.
II. Les animaux domestiques