Pour
citer
cet
article
:
Espitalier
F,
Laffon
M.
Quand
utiliser
les
dispositifs
actuels
de
réchauffement
des
fluides
?
Le
Praticien
en
anesthésie
réanimation
(2016),
http://dx.doi.org/10.1016/j.pratan.2015.12.006
ARTICLE IN PRESS
Modele +
PRATAN-589;
No.
of
Pages
6
Le
Praticien
en
anesthésie
réanimation
(2016)
xxx,
xxx—xxx
Disponible
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www.sciencedirect.com
MISE
AU
POINT
Quand
utiliser
les
dispositifs
actuels
de
réchauffement
des
fluides
?
Current
fluid
warmer
devices:
When
to
use
them?
Fabien
Espitalier
Fabien
Espitaliera,,
Marc
Laffonb,c
aSAR
2,
pôle
d’anesthésie
réanimations,
Hôpital
Trousseau,
CHRU
de
Tours,
37044
Tours
cedex
1,
France
bSAR2,
pôle
d’anesthésie
réanimations,
hôpital
Bretonneau,
CHRU
de
Tours,
37044
Tours
cedex
1,
France
cUniversité
Franc¸ois-Rabelais
de
Tours,
60,
rue
du
Plat-d’Etain,
37020
Tours,
France
MOTS
CLÉS
Hypothermie
périopératoire
;
Prévention
;
Réchauffement
des
fluides
Résumé
L’hypothermie
périopératoire,
définie
comme
une
température
corporelle
centrale
(TCC)
<
36 C,
est
une
conséquence
fréquente
de
l’anesthésie.
L’augmentation
des
risques
de
saignement,
d’infection
et
de
complication
cardiovasculaire
qu’elle
induit,
ainsi
que
la
dif-
ficulté
de
rétablir
une
TCC
normale
une
fois
l’hypothermie
installée,
rendent
nécessaire
sa
prévention
par
un
réchauffement
des
patients
au
bloc
opératoire.
Le
réchauffement
privilé-
gie
les
techniques
actives
comme
les
couvertures
à
air
chaud
pulsé
et/ou
les
réchauffeurs
de
fluides
administrés
par
voie
intraveineuse
(fluides
IV).
En
effet,
l’administration
de
fluides
à
la
température
ambiante
de
la
salle
d’opération
fait
chuter
de
fac¸on
significative
la
TCC.
Les
recommandations
britanniques
du
NICE
sont
de
réchauffer
les
fluides
IV
dès
qu’un
volume
de
500
mL
est
administré.
L’efficacité
des
réchauffeurs
de
fluides
IV
est
conditionnée
par
la
technique
utilisée,
ainsi
que
par
le
débit
et
la
quantité
de
fluide
perfusé.
Maintenir
la
TCC
en
administrant
uniquement
des
fluides
IV
réchauffés
peut
aboutir
à
un
apport
excessif.
Par
consé-
quent,
pour
prévenir
efficacement
et
dans
de
bonnes
conditions
de
sécurité
la
survenue
d’une
hypothermie
au
bloc
opératoire,
il
est
nécessaire
d’associer
les
techniques
de
réchauffement
des
fluides
IV
aux
techniques
de
réchauffement
par
couverture
à
air
chaud
pulsé.
©
2015
Elsevier
Masson
SAS.
Tous
droits
réservés.
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correspondant.
Adresse
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:
(F.
Espitalier).
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1279-7960/©
2015
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cet
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:
Espitalier
F,
Laffon
M.
Quand
utiliser
les
dispositifs
actuels
de
réchauffement
des
fluides
?
Le
Praticien
en
anesthésie
réanimation
(2016),
http://dx.doi.org/10.1016/j.pratan.2015.12.006
ARTICLE IN PRESS
Modele +
PRATAN-589;
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6
2
F.
Espitalier,
M.
Laffon
KEYWORDS
Perioperative
hypothermia;
Prevention;
Fluids
warming
Summary
Perioperative
hypothermia,
defined
as
a
core
body
temperature
below
36 C,
is
a
consequence
of
anaesthesia.
The
increase
in
perioperative
bleeding,
infections
and
cardio-
vascular
events
rates,
as
well
as
the
difficulty
to
restore
normothermia
when
hypothermia
is
effective,
support
the
prevention
of
hypothermia.
Different
kinds
of
devices
as
forced-air
warmers
and/or
intravenous
fluid
warmers
are
used
in
this
setting.
The
administration
of
intra-
venous
fluid
at
room
temperature
decreases
indeed
the
core
body
temperature.
The
UK
NICE
guidelines
recommend
warming
of
all
intraoperative
infusions
500
mL.
However,
the
ability
of
fluid
warmers
to
maintain
the
core
body
temperature
above
36 C
depends
on
the
technique
used,
on
the
flow
rate
and
the
volume
of
administered
fluids.
Only
using
warmed
fluids
to
maintain
a
normal
core
body
temperature
lead
to
excessive
fluid
administration.
Consequently,
to
effectively
and
safely
prevent
hypothermia,
it
is
necessary
to
combine
fluid
warming
with
another
technique,
as
forced-air
warming.
©
2015
Elsevier
Masson
SAS.
All
rights
reserved.
Introduction
L’hypothermie
périopératoire,
définie
par
une
température
corporelle
centrale
(TCC)
<
36 C
[1],
est
une
complication
fréquente
et
prévisible.
En
postopératoire,
elle
est
relevée
chez
26
%
à
90
%
des
patients
[2,3].
Le
risque
d’hypothermie
survient
avant
même
l’induction
de
l’anesthésie,
puisque
l’attente
d’un
patient
dénudé
dans
un
environnement
froid
fait
baisser
sa
TCC.
Le
risque
d’hypothermie
est
accru
après
l’induction
de
l’anesthésie
du
fait
de
l’inhibition
des
mécanismes
d’autorégulation
thermique
et
de
la
vasodilata-
tion
induite
par
l’anesthésie
(générale
ou
péri-rachidienne),
mais
aussi
par
l’administration
de
fluides
par
voie
intra-
veineuse
(fluides
IV)
ayant
une
température
inférieure
à
la
TCC
[4].
La
température
de
la
salle
d’opération,
ainsi
que
son
fort
taux
de
renouvellement
d’air,
majorent
égale-
ment
les
pertes
thermiques.
Enfin,
le
risque
d’hypothermie
est
augmenté
dans
les
chirurgies
longues
et
lourdes,
ainsi
que
par
des
facteurs
intrinsèques
comme
un
âge
supérieur
à
60
ans,
un
état
nutritionnel
altéré
ou
une
maladie
alté-
rant
la
thermorégulation
(polyneuropathie
diabétique.
.
.)
[1,5].
Sans
prévention,
une
hypothermie
inférieure
à
35 C
peut
survenir
en
30
à
40
minutes
après
induction
d’une
anesthé-
sie.
Les
effets
indésirables
de
l’hypothermie
dans
la
période
périopératoire
sont
bien
connus.
Ils
associent
morbidité
cardiovasculaire,
pertes
sanguines
accrues
pendant
la
chi-
rurgie,
inconfort
thermique,
frissons,
augmentation
des
taux
d’infections
de
paroi,
allongement
de
la
durée
de
prise
en
charge
en
salle
de
soins
post-interventionnels
et
allonge-
ment
de
la
durée
de
séjour
hospitalier
[6—11].
Dans
une
note
de
cadrage
de
la
Haute
Autorité
de
santé
(HAS)
au
sujet
des
programmes
de
réhabilitation
postopératoire,
la
prévention
de
l’hypothermie
périopératoire
est
présentée
comme
un
des
axes
à
investir
pour
réduire
les
complications
postopératoires
et,
ainsi,
la
durée
de
séjour
du
patient
[12].
La
prévention
de
l’hypothermie
peropératoire
est
un
élé-
ment
clé
de
sa
prise
en
charge.
En
effet,
il
est
plus
difficile
de
rétablir
une
TCC
normale
une
fois
que
l’hypothermie
survient
que
de
prévenir
la
survenue
de
cette
hypothermie.
Les
recommandations
britanniques
publiées
en
2008
par
le
National
Institute
for
Health
and
Care
Excellence
(NICE)
pour
la
prévention
de
l’hypothermie
périopératoire
mettent
en
avant
la
nécessité
d’une
approche
globale.
Elles
rappellent
que
la
prévention
débute
dès
la
période
préopératoire
en
identifiant
les
patients
à
risque
d’hypothermie
pério-
pératoire
et
en
prenant,
dès
cette
période
et
pour
tous
les
patients,
des
mesures
de
prévention
(couvertures,
vêtements
chauds).
Elles
précisent
qu’il
est
souhaitable
d’informer
le
patient
des
risques
liés
à
cette
hypothermie.
Il
est
noté
que
si
une
mesure
de
la
température
corporelle
avant
d’aller
au
bloc
opératoire
recherche
habituellement
une
hyperthermie,
la
découverte
d’une
hypothermie
(TCC
inférieure
à
36 C)
devrait
faire
retarder
la
chirurgie
(en
dehors
de
l’urgence)
afin
de
mettre
en
œuvre
des
moyens
de
réchauffement
externe
et
de
rétablir
la
normothermie
avant
l’induction
de
l’anesthésie.
Durant
la
phase
peropé-
ratoire,
une
surveillance
régulière
de
la
TCC
des
patients
est
nécessaire
et
une
prévention
de
l’hypothermie
s’impose.
Les
mesures
de
prévention
peropératoires
préconisées
asso-
cient
le
maintien
d’une
température
minimale
de
21 C
en
salle
d’opération
avant
le
début
de
l’anesthésie,
le
réchauffement
des
liquides
d’irrigation
utilisés
durant
les
procédures
chirurgicales,
mais
surtout
le
réchauffement
actif
des
patients
par
couvertures
à
air
chauffé
pulsé
et
le
réchauffement
des
fluides
IV.
L’association
de
ces
deux
der-
niers
types
de
dispositifs
est
pour
le
NICE
la
meilleure
fac¸on
de
prévenir
l’hypothermie
périopératoire.
En
postopéra-
toire,
les
recommandations
sont
de
surveiller
régulièrement
la
TCC
des
patients,
de
mettre
en
œuvre,
le
cas
échéant,
un
réchauffement
actif
et
de
ne
pas
laisser
sortir
de
salle
de
soins
post-interventionnelle
un
patient
dont
la
TCC
serait
inférieure
à
36 C.
Dans
les
services
d’hospitalisation,
la
surveillance
de
la
TCC
doit
être
poursuivie
et
le
matériel
nécessaire
au
maintien
de
la
normothermie
être
à
disposi-
tion
[1].
L’utilisation
de
couvertures
à
air
chauffé
pulsé
et
de
réchauffeurs
de
fluides
IV
sont
également
des
straté-
gies
de
prise
en
charge
de
l’hypothermie
accidentelle,
suite
à
un
séjour
prolongé
dans
un
milieu
froid
(immer-
sion,
montagne.
.
.),
souvent
rencontrée
dans
les
services
d’urgence
et
de
réanimation
[13].
L’objectif
de
cet
article
est
de
faire
le
point
sur
les
différents
dispositifs
de
réchauffement
de
fluides
IV
actuel-
lement
disponibles,
de
mettre
en
évidence
leur
aptitude
Pour
citer
cet
article
:
Espitalier
F,
Laffon
M.
Quand
utiliser
les
dispositifs
actuels
de
réchauffement
des
fluides
?
Le
Praticien
en
anesthésie
réanimation
(2016),
http://dx.doi.org/10.1016/j.pratan.2015.12.006
ARTICLE IN PRESS
Modele +
PRATAN-589;
No.
of
Pages
6
Quand
utiliser
les
dispositifs
actuels
de
réchauffement
des
fluides
?
3
au
maintien
ou
au
rétablissement
d’une
TCC
>
36 C,
et
de
préciser
les
situations
cliniques
de
leur
utilisation.
Nous
n’aborderons
pas
la
situation
particulière
de
la
chirurgie
cardiaque
et
de
la
gestion
de
la
TCC
des
patients
par
l’intermédiaire
des
techniques
de
circulation
extracorpo-
relle.
Quels
sont
les
différents
dispositifs
de
réchauffement
de
fluides
actuellement
disponible
?
De
nombreux
dispositifs
de
réchauffement
des
fluides
IV
sont
disponibles
sur
le
marché.
Ils
ont
comme
objectif
de
réchauffer
les
fluides
IV
à
une
température
fixée
de
37 C.
Le
National
Health
Service
(NHS)
du
Royaume-Uni
a
édité
en
2010
deux
documents
faisant
la
synthèse
des
différents
dispositifs
de
réchauffement
de
ce
type
existants
ainsi
que
leurs
particularités
techniques
[14,15].
Les
informations
sui-
vantes
sont
tirées
pour
l’essentiel
de
ces
documents.
Quel
que
soit
le
dispositif
et
ses
caractéristiques
tech-
niques,
son
efficacité
à
maintenir
la
TCC
dépendra
de
plusieurs
facteurs
qui
sont
:
la
température
initiale
du
fluide
IV
;
la
température
de
la
source
thermique
du
dispositif
et
sa
capacité
à
maintenir
la
température
atteinte
par
le
fluide
IV
;
la
surface
de
l’échangeur
thermique
:
les
grandes
surfaces
permettent
un
meilleur
réchauffement
;
la
durée
de
temps
que
le
fluide
IV
passe
dans
l’échangeur
thermique
:
plus
la
durée
est
courte
et
moins
le
fluide
sera
réchauffé.
Cette
durée
est
conditionnée
par
le
débit
du
fluide
IV,
le
volume
de
l’échangeur
thermique,
et
par
la
conception
du
dispositif
;
la
perte
de
chaleur
du
fluide
IV
dans
la
tubulure
pen-
dant
son
trajet
entre
le
réchauffeur
et
le
patient.
Cette
perte
de
chaleur
est
conditionnée
par
la
longueur
et
le
degré
d’isolation
thermique
de
la
tubulure,
le
débit
du
fluide
IV
et
la
température
de
l’air
ambiant.
Le
débit
du
fluide
IV
est
un
facteur
prépondérant
:
à
faible
débit,
du
fait
de
l’augmentation
du
temps
de
passage
dans
la
tubu-
lure,
il
existe
une
importante
perte
thermique
entre
le
réchauffeur
et
le
patient.
À
haut
débit,
la
courte
durée
des
échanges
thermiques
va
limiter
le
réchauffement
du
fluide
IV
et
par
la
même
l’efficacité
de
la
lutte
contre
l’hypothermie
;
le
point
de
contrôle
de
la
température
des
fluides
IV.
Plus
ce
point
de
contrôle
est
proche
du
patient,
plus
la
tem-
pérature
mesurée
du
fluide
IV
et
celle
du
patient
seront
proches.
Cette
technique
de
mesure
minimise
l’effet
de
la
perte
de
température
le
long
de
la
tubulure
puisque
l’ajustement
de
la
température
de
sortie
du
fluide
IV
est
basé
sur
la
température
du
fluide
IV
à
son
point
de
contrôle
plutôt
que
sur
la
température
du
fluide
IV
à
l’intérieur
du
dispositif
de
réchauffement.
Les
performances
de
réchauffement
des
différents
dis-
positifs
dépendent
également
de
leurs
caractéristiques
techniques.
Les
systèmes
de
manchon
entourant
la
tubu-
lure
consistent
à
réchauffer
ou
maintenir
chaud
les
fluides
IV
par
l’intermédiaire
d’un
manchon
chauffant
appliqué
sur
la
tubulure
située
entre
le
dispositif
de
réchauffement
et
le
patient.
Ces
dispositifs,
peu
efficaces,
n’ont
qu’un
intérêt
limité
pour
de
faibles
débits
de
perfusion
(Stihler
Electronic
GmbH
Astoflo
plus).
Ainsi,
les
principales
techniques
uti-
lisées
pour
réchauffer
les
fluide
IV
peuvent
être
classées
en
2
grandes
catégories,
regroupant
plusieurs
technologies
différentes
:
les
systèmes
de
réchauffement
sec
:
le
système
de
plaque
chauffante,
consistant
à
faire
circuler
le
fluide
IV
par
l’intermédiaire
d’un
set
spé-
cifique
d’administration,
sur
une
fine
plaque
de
métal
chauffée
à
la
température
désirée
(3MTM Ranger®model
245
Blood/Fluid
Warming
System
;
Belmont
Buddy
;
Bel-
mont
Buddy
lite
;
Biegler
Protherm
II
;
Gamida
Flow
Therm
;
Gaymar
Medi-Temp
III
REF
FW
600
Series
Blood/Fluid
Warmer
;
JMW
Medical
Ltd
Thermofluid
TF251
;
Sewoon
Medical
Company
ThermoSens®;
Warm-
flo
WF-538
Fluid
Warmer),
le
système
de
réchauffement
à
tambour,
consistant
à
enrouler
la
tubulure
autour
d’une
pièce
métallique
chauffante
de
forme
cylindrique
ou
conique.
Le
fluide
IV
circulant
dans
la
tubulure
est
ainsi
réchauffé.
Cer-
tains
de
ces
dispositifs
ne
nécessitent
pas
de
set
spécifique
d’administration
(Biegler
BW
685/685
S
;
Nuova
GmbH
;
Nuova/0,5
;
Nuova/0,5plus
;
Nuova/
0,5plus
W/0
;
Sarstedt
Sahara
Inline
;
Stihler
Electronic
GmbH
Astotherm
plus
AP
220/220
S/260/260
S),
le
système
de
réchauffement
par
induction,
consistant,
par
l’intermédiaire
d’un
champ
magnétique,
à
induire
le
chauffage
d’un
composant
métallique
contenu
dans
le
set
spécifique
d’administration
et
ainsi
de
réchauffer
les
fluides
IV
passant
dans
ce
set
(Belmont
Rapid
Infuser
FMS2000
;
GE
Healthcare
enFlow),
le
système
de
chauffage
par
infrarouge,
utilisant
des
lampes
halogènes
émettant
des
infrarouges
à
grande
longueur
d’onde
capables
de
générer
de
la
chaleur.
Ce
dispositif,
par
l’intermédiaire
d’un
set
spécifique
d’administration,
permet
de
réchauffer
les
fluides
IV
(TSCI
Fluido),
les
systèmes
de
chauffage
par
air
convectif,
consis-
tant,
à
l’aide
d’un
dispositif
d’adaptation
spécifique,
à
réchauffer
les
fluides
IV
en
utilisant
les
généra-
teurs
d’air
convectif
chaud
habituellement
destinés
au
réchauffage
externe
des
patients.
Ce
type
de
dispositif
réchauffe
efficacement
les
fluides
IV
uniquement
pour
des
faibles
débits
d’administration
(3MTM Bair
Hugger®
241TM)
;
les
systèmes
de
réchauffement
à
contre-courant
utilisant
du
liquide
chauffé
:
le
système
d’échange
thermique
à
contre-courant,
consistant
à
faire
circuler
dans
une
tubulure
spé-
cifique
à
double
lumière
concentrique
un
liquide
chaud.
Ce
liquide
chaud
circule
habituellement
dans
la
lumière
externe,
le
fluide
IV
à
réchauffer
circu-
lant
dans
la
lumière
centrale.
Le
liquide
chaud
forme
ainsi
un
manchon
autour
du
fluide
IV
à
réchauffer
(principe
du
bain-marie).
Les
circulations
du
liquide
chaud
et
du
fluide
IV
dans
la
tubulure
se
font
dans
des
directions
opposées
(Smiths
Level
1®H1200
Fast
Flow
Fluid
Warmer
;
Smiths
Hotline
blood
and
fluid
warmer).
Pour
citer
cet
article
:
Espitalier
F,
Laffon
M.
Quand
utiliser
les
dispositifs
actuels
de
réchauffement
des
fluides
?
Le
Praticien
en
anesthésie
réanimation
(2016),
http://dx.doi.org/10.1016/j.pratan.2015.12.006
ARTICLE IN PRESS
Modele +
PRATAN-589;
No.
of
Pages
6
4
F.
Espitalier,
M.
Laffon
Quelle
est
l’aptitude
de
ces
dispositifs
à
maintenir
ou
rétablir
une
température
corporelle
centrale
>
36 C
?
Il
a
été
calculé
que
l’administration
par
voie
intravei-
neuse
d’un
litre
de
fluide
à
la
température
ambiante
de
21 C
entraînait
une
chute
de
la
TCC
de
0,25 C
[4].
Afin
de
maintenir
la
normothermie,
les
réchauffeurs
de
fluides
ont
été
conc¸us
pour
délivrer
des
fluides
à
une
température
allant
de
33
à
43 C,
proche
de
celle
du
corps
humain.
Au
bloc
opératoire,
le
réchauffement
des
fluides
permet
d’obtenir
des
TCC
peropératoires
signi-
ficativement
plus
élevées
à
15,
30
et
60
minutes
après
le
début
de
l’anesthésie
que
celles
observées
au
cours
des
soins
anesthésiques
usuels
(sans
réchauffement
des
fluides)
[1].
Malgré
son
coût,
le
réchauffement
des
fluides
IV
est
financièrement
rentable
en
comparaison
aux
soins
usuels
car
il
diminue
les
complications
et
la
durée
de
séjour
hospitalier.
Cependant,
l’efficacité
de
la
lutte
contre
l’hypothermie
par
les
fluides
IV
réchauffés
dépend
de
la
quantité
de
fluides
administrés.
Il
est
admis
que
les
fluides
doivent
être
réchauffés
dès
qu’on
en
administre
plus
de
500
mL
[1,5].
La
capacité
des
fluides
à
augmenter
la
TCC
peut
être
approchée
par
le
calcul,
en
utilisant
le
concept
de
chaleur
spécifique.
La
chaleur
spécifique
est
définie
par
le
nombre
de
kilocalories
(kcal)
nécessaire
pour
augmenter
de
1C
la
température
d’un
kilogramme
de
substance.
Par
exemple,
la
chaleur
spécifique
de
l’eau
est
de
1
kcal/kg/C.
Ainsi,
10
kcal
sont
nécessaires
pour
augmenter
de
10 C
la
tem-
pérature
de
1
kg
(soit
1
litre)
d’eau.
La
chaleur
spécifique
du
corps
humain
est
0,83
kcal/kg/C.
Ainsi,
pour
faire
pas-
ser
de
25 C
à
35 C
la
TCC
d’un
patient
de
70
kg,
le
calcul
suivant
s’applique
:
70
kg
×
0,
83
kcal/kg/C
×
10 C
=
581
kcal
(ou
58
kcal/C
en
gain
de
température)
Si
un
litre
de
cristalloïde
salé
est
administré
à
la
température
de
42 C
à
un
patient
ayant
une
TCC
de
25 C,
le
transfert
de
chaleur
sera
:
1
kcal/kg/C
×
1
kg
×
(42 C—25 C)
=
17
kcal.
Cet
apport
thermique
permet
d’augmenter
la
TCC
de
notre
patient
pesant
70
kg
de
0,29 C
(17/58).
Selon
ce
calcul,
il
faudrait
administrer
plusieurs
dizaines
de
litres
de
cristalloïdes
salés
chauffés
à
42 C
pour
atteindre
une
TCC
de
35 C
[12].
Ainsi,
malgré
une
réelle
capacité
des
fluides
réchauf-
fés
à
augmenter
la
TCC,
il
est
impossible
d’utiliser
cette
seule
technique
pour
maintenir
ou
rétablir
la
normothermie
à
cause
du
risque
d’un
excès
d’apport
de
fluides
IV.
D’autres
techniques
de
réchauffement
doivent
nécessairement
y
être
associées.
Quels
sont
les
dispositifs
les
plus
performants
?
Pour
comparer
les
dispositifs,
il
faut
prendre
en
compte
le
débit
de
perfusion
qui
est
un
facteur
pertinent
cliniquement
mais
aussi
sur
banc
d’essais.
À
bas
débit
de
perfusion
(<
0,5
L/h)
Le
système
par
échange
thermique
à
contre-courant
est
le
plus
efficace
et
le
dispositif
Hotline
délivre
les
fluides
aux
températures
les
plus
élevées
[16].
Le
système
de
réchauf-
fement
sec,
pour
des
débits
inférieurs
à
0,5
L/h,
ne
permet
que
rarement
au
fluide
IV
administré
d’atteindre
la
tempé-
rature
recommandée
de
37 C.
Seul
le
WarmfloTM délivre
des
fluides
IV
à
des
températures
approchant
celles
des
dispo-
sitifs
par
échange
thermique
à
contre-courant.
Cependant,
aucune
comparaison
directe
du
Warmflo
avec
les
dispositifs
par
échange
thermique
à
contre-courant
n’a
été
effec-
tuée
[17].
Le
principal
problème
avec
les
dispositifs
de
réchauffement
sec
est
la
perte
thermique
survenant
dans
la
tubulure
située
entre
le
dispositif
de
réchauffement
et
le
malade.
L’isolation
thermique
des
tubulures
distales
n’a
permis
qu’une
faible
amélioration
de
ce
problème.
C’est
pourquoi
certains
dispositifs
de
réchauffement
sec
ont
été
conc¸us
pour
être
installés
le
plus
proche
possible
du
point
d’administration
au
patient
et
ils
doivent
être
privilégiés.
À
haut
débit
de
perfusion
(>
9
L/h)
La
température
de
37 C
est
rarement
atteinte.
Dans
une
étude
menée
en
laboratoire,
le
dispositif
Level
OneTM
(réchauffement
par
échange
thermique
à
contre-courant),
comparé
aux
autres
techniques
de
réchauffement,
produi-
sait
les
fluides
aux
températures
distales
les
plus
élevées.
Mais,
hormis
le
Level
One,
les
dispositifs
utilisant
la
technique
de
réchauffement
par
échange
thermique
à
contre-courant
sont
moins
performants,
à
ces
hauts
débits
de
perfusion,
que
les
dispositifs
de
réchauffement
sec
[16].
Les
dispositifs
FluidoTM et
FenwalTM semblent
être
les
dis-
positifs
de
réchauffement
sec
les
plus
performants.
Dans
une
étude
en
laboratoire,
le
FluidoTM a
permis
d’obtenir
des
températures
satisfaisantes
dans
une
gamme
de
vitesses
de
perfusion
allant
de
8,4
à
26,7
L/h
[18].
Une
autre
étude
en
laboratoire
comparant
EnFlowTM,
Buddy
liteTM et
ThermoSensTM pour
différentes
températures
de
fluides
et
des
vitesses
d’administration
variable,
démontre
que
le
Buddy
liteTM est
le
moins
performant
des
trois
dispositifs
et
n’atteint
jamais
la
température
de
36 C
[19].
Une
dernière
étude
en
laboratoire
confirme
que
le
Buddy
liteTM est
moins
performant
que
l’EnFlowTM dès
que
le
débit
d’administration
du
fluide
IV
dépasse
25
mL/min
[20].
En
pratique,
les
3
dispositifs
semblant
être
les
plus
per-
formants
sont
:
le
dispositif
HotlineTM (réchauffement
par
échange
thermique
à
contre-courant)
pour
des
faibles
débits
d’administration
des
fluides
;
le
dispositif
Level
OneTM (réchauffement
par
échange
thermique
à
contre-courant)
pour
des
débits
élevés
d’administration
des
fluides
;
Pour
citer
cet
article
:
Espitalier
F,
Laffon
M.
Quand
utiliser
les
dispositifs
actuels
de
réchauffement
des
fluides
?
Le
Praticien
en
anesthésie
réanimation
(2016),
http://dx.doi.org/10.1016/j.pratan.2015.12.006
ARTICLE IN PRESS
Modele +
PRATAN-589;
No.
of
Pages
6
Quand
utiliser
les
dispositifs
actuels
de
réchauffement
des
fluides
?
5
le
dispositif
FluidoTM (réchauffement
sec)
lorsque
les
débits
d’administration
des
fluides
sont
variables.
Dans
quelles
situations
cliniques
les
utiliser
?
Au
bloc
opératoire
En
l’absence
actuelle
de
recommandations
franc¸aises
concernant
la
prévention
de
l’hypothermie
au
bloc
opératoire,
les
propositions
suivantes
sont
issues
des
recom-
mandations
NICE
2008
[1].
Ces
recommandations
sont
les
plus
complètes
et
les
plus
abouties
actuellement
dispo-
nibles.
Ces
recommandations
conseillent
d’utiliser
les
réchauf-
feurs
de
fluides
pour
toute
administration
de
fluides
supérieure
à
500
mL
en
périopératoire,
quelle
que
soit
la
durée
de
l’intervention
:
si
la
durée
prévue
de
l’anesthésie
est
<
30
minutes,
il
faut
tenir
compte
du
risque
d’hypothermie
lié
au
terrain.
Pour
les
patients
à
risque
élevé
d’hypothermie
(Fig.
1),
l’association
des
techniques
de
réchauffement
des
fluides
(>
500
mL)
et
de
réchauffement
externe
par
air
chauffé
est
recommandée.
Le
réchauffement
doit
être
débuté
en
préopératoire
pour
ces
patients
[2].
Pour
les
patients
à
faible
risque
d’hypothermie,
seule
la
technique
de
réchauffement
des
fluides
(>
500
mL)
est
recommandée
;
si
la
durée
prévue
de
l’anesthésie
est
d’au
moins
30
minutes,
quel
que
soit
le
risque
d’hypothermie
peropé-
ratoire,
c’est
l’association
du
réchauffement
des
fluides
(>
500
mL)
IV
et
du
réchauffement
externe
par
air
chauffé
qui
est
recommandé.
En
réanimation
Il
n’existe
pas,
à
notre
connaissance,
de
recommandation
spécifique
concernant
la
prise
en
charge
en
réanimation
de
l’hypothermie
accidentelle.
Les
méthodes
de
réchauf-
fement
dépendent
de
la
profondeur
de
l’hypothermie.
Elles
peuvent
aller
jusqu’à
utiliser
des
techniques
de
réchauffe-
ment
par
circulation
sanguine
extracorporelle.
Cependant,
les
techniques
de
réchauffement
plus
classiques
comme
les
dispositifs
de
réchauffement
externe
à
air
chaud
pulsé
ainsi
Figure
1.
Critères
de
risque
d’hypothermie
périopératoire.
D’après
National
Institute
for
Health
and
Care
Excellence
(NICE).
CG65
Clinical
practice
guidelines.
The
management
of
inadvertent
perioperative
hypothermia
in
adults
2008.
que
les
techniques
de
réchauffement
des
fluides
administrés
au
patient
sont
largement
utilisées
[13].
Cas
particulier
des
produits
sanguins
labiles
Le
réchauffement
des
produits
sanguins
labiles,
et
en
parti-
culier
les
culots
globulaires
(CGR),
avant
leur
administration
intraveineuse
est
indispensable.
On
sait
depuis
de
nom-
breuses
années
que
le
réchauffement
des
CGR
réduit
la
mortalité
au
cours
des
transfusions
[20].
En
effet,
les
CGR
sont
conservés
au
froid
à
une
température
de
4C.
Il
a
été
démontré
que
la
transfusion
de
fluides
à
4C
à
un
débit
supérieur
à
100
mL/min
pendant
30
minutes
abaisse
la
température
corporelle
en
dessous
de
30 C.
Ainsi,
le
réchauffement
des
fluides
entre
30
et
36 C
a
permis
de
réduire
l’incidence
des
arrêts
cardiaques
de
58,3
%
à
6,8
%
lors
de
transfusions
massives
[21].
Par
ailleurs,
le
réchauffement
des
CGR
induit
une
diminu-
tion
de
leur
viscosité,
ce
qui
permet
d’accélérer
leur
vitesse
de
transfusion
[22].
Cependant,
un
risque
d’hémolyse
apparaît
lorsque
le
temps
de
stagnation
à
l’intérieur
du
système
de
réchauffe-
ment
est
long
(>
60
minutes)
ainsi
que
pour
des
températures
de
réchauffement
des
CGR
supérieures
à
46 C.
Il
est
à
noter
que
les
températures
de
réchauffement
des
fluides
des
dis-
positifs
actuels
n’excèdent
pas
42 C
[23].
Enfin,
il
a
été
démontré
que
le
réchauffement
des
pla-
quettes
avant
leur
transfusion
n’altérait
pas
leur
capacité
d’agrégation
in
vivo
[24].
Conclusion
Les
réchauffeurs
de
fluides
font
partie
de
l’arsenal
de
dispositifs
à
notre
disposition
dans
la
prévention
de
l’hypothermie
accidentelle
périopératoire.
Leurs
perfor-
mances
sont
dépendantes
du
débit
d’administration
des
fluides
IV.
Ainsi,
si
le
dispositif
Hotline®est
le
plus
per-
formant
pour
des
débits
d’administration
faibles,
c’est
le
dispositif
Level
One®qui
est
le
mieux
adapté
pour
des
débits
d’administration
élevés.
Le
dispositif
Fluido®est,
quant
à
lui,
le
plus
polyvalent,
efficace
dans
une
large
gamme
de
débits
d’administration.
L’efficacité
de
ces
dispositifs
pour
maintenir
une
TCC
supérieure
à
36 C
étant
liée
au
volume
de
fluide
IV
admi-
nistré,
leur
usage
doit
être
associé
aux
autres
mesures
habituelles
de
prévention
de
l’hypothermie
périopératoire.
Si
on
considère
que
60
%
des
pertes
thermiques
du
corps
humain
se
font
par
radiation,
limiter
les
surfaces
corpo-
relles
dénudées
pendant
la
chirurgie,
utiliser
des
dispositifs
de
réchauffement
corporel
externe
actifs
et
passifs,
ainsi
que
maintenir
une
température
supérieure
à
21 C
en
salle
d’intervention
sont
des
mesures
indispensables
à
la
lutte
contre
l’hypothermie
peropératoire
[16].
Il
faut
souligner
qu’en
plus
du
service
rendu
au
patient,
l’usage
de
la
plupart
des
dispositifs
de
réchauffement
n’est
ni
consommateur
de
temps,
ni
responsable
de
gène
peropératoire
et
n’a
pas
un
coût
élevé
[25].
Enfin,
il
faut
garder
à
l’esprit
que
l’objectif
de
36est
la
TCC
minimum
à
obtenir
en
périopératoire.
En
effet,
il
a
été
démontré
que
les
pertes
sanguines
étaient
moins
impor-
tantes
lorsque
le
TCC
était
à
365
plutôt
qu’à
361
[26].
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