le shofar
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Jubilez! Cela sonne comme un ordre.
En 2015, dans un monde qui connaît vio-
lences, attentats, massacres. Dans un
monde dont les medias nous déversent
quotidiennement les horreurs ad nauseam.
Comment répondre à cet impératif, à cette
injonction?
Pourquoi y répondre, pourquoi s’exécuter?
Réponse simple, voire simpliste: parce que
c’est une mitzvah et qu’il faut s’y soumettre.
Mais encore?
Parce qu’il faut garder l’espoir.
Parce qu’il faut regarder l’avenir.
Parce qu’il faut croire en l’avenir.
Parce qu’il faut croire que nous devons et
que nous pouvons agir dans ce monde pour
l’améliorer et lui (re)donner du sens 1.
Et nous ne pouvons réaliser cela qu’en nous
basant sur ce que d’autres ont fait avant
nous; comme nous rappelons inlassable-
ment au cours de nos offices la mémoire
de nos patriarches et matriarches, de nos
ancêtres, de ceux et de celles que nous avons
connus et dont nous évoquons la mémoire.
Ils nous ont donné et indiqué une voie, un
chemin et une méthode: à nous de ne pas
rester sur place, à nous de ne pas nous sclé-
roser, à nous de ne pas baisser les bras.
Le jubilé représente un arrêt dans le temps,
comme le chabbat: un arrêt pour regarder
le chemin parcouru, un arrêt pour regarder
le chemin et la tâche qui nous attendent,
un arrêt pour comprendre comment a fonc-
tionné et fonctionnera l’énergie créatrice.
La racine hébraïque du mot jubilé (yovel) a
fait sont chemin jusqu’à nous à travers les
langues antiques comme le grec et le latin.
Et le mot a essaimé dans la plupart des lan-
gues européennes. Avec le temps, le sens du
mot a pris une connotation de célébration
festive et joyeuse.
2015: Cinquante ans d’existence
pour Beth Hillel.
Cinquante ans de création et de progrès.
Cinquante ans de croissance, cinquante ans
de combats pour nous et pour les autres,
pour que les femmes soient considérées
à l’égal des hommes dans la synagogue,
cinquante ans de combat pour accueillir à
part entière celles et ceux qui étaient nés de
mère non juive ou qui n’avaient simplement
pas de parent juif mais désiraient rejoindre
la communauté d’Israël, cinquante ans de
combat pour que Beth Hillel et ses rabbins
soient pleinement reconnus dans le yichouv
belge. Cinquante ans de combat également
Jubilez!
par Luc Bourgeois
1 Voir le Shofar 357 à propos de Tikoun Olam