Le Chef du Service économique régional pour l`ASEAN Singapour

AMBASSADE DE FRANCE A SINGAPOUR
SERVICE ÉCONOMIQUE REGIONAL DE SINGAPOUR
Le Chef du Service économique régional pour l’ASEAN Singapour, le 28 juin 2016
Ambassade de France
101-103 Cluny Park Road
259595 Singapour
Singapour
Tél. : +65 6880 7878 - http://www.tresor.economie.gouv.fr/se/singapour
NOTE
Rédigée par : Jérôme Olympie
Revue par : Jérôme Destombes
Objet : Les investissements directs français en ASEAN et à Singapour en 2014
Le stock d’IDE français en ASEAN a atteint plus de 17 Mds EUR en 2014 (soit un taux de croissance annuel
moyen de 10,9% depuis 2000). Les investissements se sont révélés très dynamiques à Singapour, en Indonésie,
aux Philippines et en Malaisie, mais les entreprises françaises ont désinvesti au Vietnam et en Birmanie.
L’Union européenne reste en 2014 le premier investisseur étranger à Singapour, avec un stock d’IDE de près
de 252 Mds EUR (31% du stock d’IDE dans la cité-Etat). Le stock d’IDE français s’établit toutefois à un
niveau plus faible que ceux des autres pays de lUE, la France étant le 7ème investisseur européen dans la cité-
Etat, derrière les Pays-Bas, le Royaume-Uni ou le Luxembourg. Le stock d’investissements singapouriens en
France est également de taille modeste et se chiffre à 500 M EUR en 2014, avec une quarantaine
d’implantations principalement dans les secteurs de l’immobilier et l’hôtellerie.
1. Reprise marquée de l’investissement des entreprises françaises dans la région ASEAN en 2014
Après deux années marquées par un désinvestissement net des entreprises françaises dans la région (-
48,9 M EUR en 2012 et -115,7 M EUR en 2013), celles-ci semblent avoir réévalué favorablement leurs
stratégies d’investissement en ASEAN en 2014. Ainsi, les flux d’IDE entrants dans la région sont redevenus
positifs en 2014 pour atteindre 1,4 Md EUR (soit le niveau le plus élevé à ce jour annexe 1)
1
. A noter qu’au
niveau mondial, les flux d’IDE français à l’étranger ont fortement augmenté (+71,6%), passant de 18,8 Mds
EUR en 2013 à plus de 32,3 Mds EUR.
D’après les données de la Banque de France, le stock d’IDE français en ASEAN a atteint 17,0 Mds EUR
fin 2014 et a progressé en moyenne de 17,5% par an depuis 2005. Après deux années particulièrement
favorables (+31,2% en glissement annuel a en 2011 et +31,7% en 2010) et deux années de décélération (+8,9%
en ga en 2012 et +3,1% en 2013), le stock d’IDE français en ASEAN a augmenté de 18,9% en 2014, une
progression plus marquée que celle du stock total d’investissements français dans le monde (+6,8 en ga
à 1 053,5 Mds EUR).
Cette augmentation du stock d’investissements français s’explique à la fois par le regain dactivité en
France (taux de croissance du PIB de 0,2% en 2014 et progression du volume de l'investissement des
entreprises de 2,0% en 2014, après 0,5% en 2013) et par le dynamisme des économies de l’ASEAN (+4,9%
de croissance du PIB en moyenne sur 2014). Par ailleurs, si les pays de l’ASEAN sont considérés comme les
exemples les plus réussis d’intégration aux chaînes de valeur des multinationales, leur attrait pour les
investisseurs étrangers s’explique également par la taille et le potentiel de développement de leurs marchés
national et régional (qui fait lobjet dun effort d’intégration des Etats membres de l’ASEAN).
La cité-Etat est la première destination des investissements étrangers dans la région, représentant 55%
du stock français en 2014 en ASEAN (soit 9,4 Mds EUR), loin devant la Thaïlande (2,9 Mds EUR),
l’Indonésie (2,6 Mds EUR), les Philippines (1,1 Md EUR) et le Vietnam (283 M EUR). La Malaisie, pourtant
3ème économie de la région en termes de PIB par habitant, est, après le Vietnam, le pays qui connaît le stock
d’investissements français le plus faible en ASEAN-6, à 383,61 M EUR (annexe 2).
2. L’hétérogénéité des destinations des investissements français en ASEAN
Si l’attrait des entreprises françaises pour la région ASEAN est sans équivoque, la destination des flux
d’IDE français révèle une dynamique d’investissement particulière, qui privilégie les pays disposant soit
1
Il ne faut pas oublier que les flux annuels d’IDE sont volatils dune année à lautre. Une volatilité qui sexplique souvent par quelques
opérations financières de fusion-acquisition dun montant élevé, lesquelles reflètent des stratégies d’entreprises et ne sont pas
uniquement liées à l’attractivité du pays siège des entités rachetées.
Ambassade de France à Singapour - Service économique régional de Singapour
d’un marché intérieur vaste (Indonésie, Malaisie, Thaïlande), soit de perspectives de développement
importantes (Cambodge, Laos, Philippines) le cas de Singapour faisant figure d’exception dans la région.
Ainsi, en 2014, la France a particulièrement relancé ses investissements en Indonésie, où le montant des
flux d’IDE entrants a été multiplié par près de 29 par rapport à 2013 pour atteindre 290,5 M EUR. Si
l’attractivité de la 1ère économie de la région s’est renforcée depuis le milieu des années 2000 (le stock d’IDE
français a progressé de 13% en moyenne par an entre 2005 et 2014), le nombre de filiales d’entreprises
françaises demeure relativement faible (approximativement 134 filiales étrangères d’entreprises françaises) en
comparaison avec les autres pays de la région (430 à Singapour, 180 en Malaisie, 168 en Thaïlande) du fait de
l’importance des obstacles politiques et règlementaires aux implantations étrangères.
Après deux années consécutives de désinvestissement, les flux entrants d’IDE français à Singapour ont
retrouvé leur dynamisme, atteignant 422,8 M EUR. Le stock d’IDE français dans la cité-Etat a de ce fait
augmenté de 13,2% en ga à 9,4 Mds EUR, en raison, d’une part, de la progression de l’investissement dans les
activités financières et d’assurance (+9,6% en ga en 2014 à 2,7 Mds EUR), et d’autre part, du regain d’intérêt
des entreprises françaises pour le secteur des services (transport et stockage, services hôteliers, activités
scientifiques), avec des entrées d’IDE de 3,9 Mds EUR (+10,5% en ga). Par ailleurs, le 1er trimestre a été
marqué par l’acquisition de l’entreprise singapourienne Cofely DC par Suez
2
. On note toutefois la poursuite
du désinvestissement dans le secteur des transports et de l’entreposage (-157 M EUR en 2014 après -82 M
EUR) et le tassement de l’investissement dans l’industrie manufacturière (-0,4% en ga à 4,2 Mds EUR).
En 2014, les entreprises françaises ont presque quadruplé leurs investissements en Malaisie (+279% à
157,8 M EUR d’IDE entrants), portant le stock total d’IDE français à 383,6 M EUR. L’attractivité du secteur
manufacturier (+50,2 M EUR d’IDE entrants, dont 60% uniquement pour les activités de métallurgie, produits
métalliques, informatiques et électroniques) a permis de compenser le rapatriement de capitaux des entreprises
des secteurs du commerce de gros, de détail et de réparation des automobiles et motocycles (-9,4 M EUR).
Le stock d’investissements français aux Philippines a également connu un fort dynamisme sur les deux
dernières années (+20,3% en 2013 et +12,8% en 2014 à 1,1 Md, contre un rythme de croissance de 1,5% par
an en moyenne entre 2005 et 2012) compte tenu des perspectives de croissance (parmi les plus élevées de
l’ASEAN) et des besoins d’investissement en infrastructures. Cependant, le climat des affaires défavorable
(les Philippines sont classées en 103ème position dans le classement Doing Business 2016 de la Banque
mondiale) et la fréquence des catastrophes naturelles expliquent la faiblesse des flux d’IDE entrant dans
l’Archipel (+4,2 M EUR en 2014) en dépit d’un potentiel économique avéré.
Les investissements vers la Thaïlande ont atteint 447,2 M EUR en 2014, soit un niveau similaire à celui du
précédent pic de 2012, et ce malgré le coup d’Etat perpétré par la junte militaire. Ce regain d’intérêt de la part
des entreprises françaises s’explique en partie par la politique d’exonération de l’impôt sur les bénéfices pour
tout investissement réalisé dans l’une des cinq zones économiques spéciales du pays et dans l’une des 61
activités ciblées par le gouvernement comme étant prioritaires.
Les entreprises françaises ont désinvesti du Vietnam pour la 3ème année consécutive (flux d’IDE de -4,9
M EUR en 2014, après -4,5% en 2013 et -77 M EUR en 2012) principalement dans les secteurs de la
construction (-6,7 M EUR) et des services financiers et des assurances (-2,8 M EUR). Le stock d’IDE français
dans le pays apparaît relativement modeste (283,6 M EUR) compte tenu de l’importance des échanges
bilatéraux (le Vietnam représente 28,6% de nos importations en provenance de l’ASEAN en 2015 et 10,7% de
nos exportations) et de la présence de plus de 110 filiales vietnamiennes d’entreprises françaises.
Si le stock d’investissement français dans les économies les moins avancées de la région reste
relativement faible (214 M EUR au Laos, 185 M EUR au Cambodge et 131,7 M EUR en Birmanie), le
dynamisme économique de ces pays suscite lintérêt des investisseurs français. Le stock d’IDE français
au Laos a ainsi progressé de près de 62% en moyenne par an depuis 2005, avec des projets principalement
concentrés dans les infrastructures (à titre d’exemple, Velcan Energy a reçu l’autorisation de développer un
projet hydroélectrique de 150 M USD) mais qui se diversifient désormais (SDV Bolloré, Alcaltel-Lucent,
Essilor, Banque Populaire). En parallèle, le Cambodge a attiré 22,7 M EUR d’IDE entrants français en 2014
(+53% en ga), portant notre stock d’IDE à 185 M EUR. Parmi ceux-ci, notons l’ouverture d’un supermarché
par le groupe français Big C avec un partenaire local. La Birmanie représente cependant l’exception car, malgré
la construction de deux nouveaux hôtels par le Groupe Accor, la France y a désinvesti en 2014 (-1,9 M EUR
2
Les opérations de fusion et acquisition impliquant des entreprises françaises en ASEAN ont atteint 42 M USD en 2014 (en recul par
rapport aux 57 M USD de 2013).
Ambassade de France à Singapour - Service économique régional de Singapour
contre +5,3 M EUR en 2013), pour la 1ère fois depuis la reprise de ses relations économiques avec le pays (en
2011, suite à l’instauration d’un processus de transition démocratique).
3. Des investissements bilatéraux France-Singapour à deux vitesses en 2014
Les IDE jouent un rôle central dans le développement de l’économie singapourienne, conséquence du
choix volontariste de la cité-Etat de contrebalancer l’étroitesse de son marché par une forte attractivité de son
territoire à l’égard des firmes étrangères, multinationales et PME innovantes. Les flux totaux dIDE entrants à
Singapour progressent de 3,7% entre 2013 et 2014 pour atteindre 68,5 Mds USD (données CNUCED). La cité-
Etat attire toujours à elle seule plus de la moitié des IDE entrants en ASEAN bénéficiant largement de son
positionnement comme centre financier et hub commercial régional, ainsi que de la qualité de ses
infrastructures, de ses institutions, et de sa politique fiscale avantageuse (taux d’impôt sur les sociétés à 17%).
Ainsi, la France a investi 422,8 M EUR à Singapour en 2014 (après deux années concutives de
désinvestissement, dont -487,1 M EUR en 2013) et le stock d’IDE français dans la cité-Etat a augmenté de
13,2% en ga pour atteindre 9,4 Mds EUR, en raison de lexpansion des activités de support et R&D des
entreprises françaises au sein de la cité-Etat. Le stock d’IDE français en ASEAN atteint au total 14,2 Mds
EUR, en progression de 16,4% en ga en 2014 (données Banque de France).
A l’inverse, les entreprises singapouriennes ont désinvesti de France, à hauteur de -1 Md EUR en 2014,
après un investissement de 840 M EUR en 2013, conduisant à un stock d’investissements singapouriens en
France qui atteint 500,5 M EUR en 2014 (en baisse de 66,7% par rapport à 2013
3
), représentant une quarantaine
d’implantations, principalement dans l’immobilier, l’hôtellerie (Capitaland Limited, Millenium Hotels Group),
les NTIC et l’agro-alimentaire. Les fonds souverains singapouriens (GIC et Temasek), 8ème et 9ème plus
importants fonds souverains au monde par le montant de leurs actifs, sont parmi les principaux investisseurs
singapouriens en France, de manière directe ou indirecte.
D’après les données du Département singapourien des statistiques, lUE est le premier investisseur à
Singapour (31,2% du stock d’IDE en 2014, soit près de 252,3 Mds EUR), loin devant les Etats-Unis (14,9%)
et le Japon (10,7%). Les investissements français restent cependant inférieurs à ceux des autres pays
européens : la France est le 7ème investisseur européen (1,5% du stock d’IDE à Singapour), loin derrière les
Pays-Bas (6,8%), le Royaume-Uni (6,1%) et le Luxembourg (3,7%). En 2014, la France est le 18ème
investisseur étranger dans la cité-Etat.
****
Les opportunités d’investissement et les perspectives de développement des marchés de lASEAN semblent
de nouveau attirer les entreprises françaises dans la région. Les flux d’IDE français en ASEAN-10 ont atteint
1,4 Md EUR en 2014 après deux années de désinvestissement. Cette tendance devrait par ailleurs se poursuivre
à l’avenir, compte tenu des nouvelles perspectives d’investissements attendues dans les économies les moins
avancées de la région (Birmanie, Cambodge, Laos) dans un contexte d’ouverture avec la mise en œuvre de
l’ASEAN Economic Community (AEC) depuis le 1er janvier 2016.
3
Le chiffre de stock d’IDE apparaît minoré et doit être pris avec la plus grande précaution, les données provenant de lenquête annuelle
de la Banque de France. Si la plupart des stocks d’IDE sont calculés à partir de déclarations individuelles dont la cohérence est vérifiée,
une partie, notamment les prêts intragroupes, provient d’une enquête annuelle auprès d’un échantillon d’entreprises dont les résultats
sont extrapolés. Concernant les prêts intragroupes reçus de Singapour, plus de 80% de l’encours à fin 2013 provenait d’une seule
entreprise de l’échantillon annuel dont les résultats étaient extrapolés. Mais cette entreprise a cessé de répondre à l’enquête en 2014.
Faute de réponse, les encours ont été estimés.
Ambassade de France à Singapour - Service économique régional de Singapour
ANNEXES
1. Flux d’IDE France ASEAN (en M EUR)
Source : Banque de France ; NB : les données en rouge signalent une aggravation du désinvestissement des entreprises françaises.
2. Stock d’IDE France – ASEAN (M EUR)
Source : Banque de France ; *Un stock négatif d’IDE peut apparaître du fait d’opérations inter-filiales, comme par exemple, l’octroi
d’un prêt par une filiale (installée en France) à sa maison-mère (au Brunei) ; **A savoir l'Indonésie, la Malaisie, les Philippines,
Singapour, la Thaïlande et le Vietnam ; ***Hors Timor oriental
En M EUR
En % total
ASEAN-10
Variation en
ga (%)
Birmanie 0,00 -0,12 5,26 -1,91 -0,1% -
Brunei -0,03 -0,02 -0,12 -0,13 0,0% 16,7%
Cambodge -0,08 0,01 15,85 22,70 1,7% 43,2%
Indonésie 8,19 -9,97 10,11 290,52 21,4% 2774,1%
Laos -0,28 0,22 14,41 22,04 1,6% 53,0%
Malaisie -81,47 1,06 41,67 157,81 11,6% 278,7%
Philippines -85,63 -15,18 0,66 4,24 0,3% 538,3%
Singapour 839,99 -1 000,40 -487,11 422,82 31,1% -
Thaïlande -38,78 -8,94 288,07 447,20 32,9% 55,2%
Timor oriental - - 0,00 -1,94 -0,1% -
Vietnam 45,05 61,56 -4,55 -4,88 -0,4% 7,3%
ASEAN-6 687,3 -971,9 -151,1 1 317,7 96,9% -
ASEAN-10 687,0 -971,8 -115,7 1 360,4 100% -
Total géral 32 304,7 11 402,8 18 827,0 32 311,8
Flux d'IDE en France
par pays d'origine
Flux d'IDE français à ltranger
2013
2014
2013
2014
En % stock
ASEAN-10
Variation en
ga (%)
Stocks d'IDE en France par pays
d'origine immédiate
2014
Stocks d'IDE français à l'étranger
2013
2014
2013
1 / 4 100%
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