Fiche d’information Division Institutions globales Avril 2013 Réforme du système des Nations Unies pour le développement L’amélioration de la cohérence, de l’efficience et de l’efficacité du système des Nations Unies pour le développement constitue l’un des points les plus importants et complexes figurant à l’agenda des réformes de l’ONU. Nombre de processus de réforme lancés ces vingt dernières années visaient à la fois le niveau des sièges et des pays. La création d’ONU-Femmes et l’initiative « Unis dans l’action (Delivering as One)» comptent parmi les principaux progrès réalisés. La Suisse joue traditionnellement un rôle clé dans ces efforts en soutenant régulièrement la seule résolution donnant une orientation générale aux activités opérationnelles de développement des Nations Unies, celle relative à l’Examen quadriennal complet des politiques (QCPR), dont l’adoption en décembre 2012, après deux mois de négociations, constitue un pas décisif dans la bonne direction. Réformes réalisées La réforme du système des Nations Unies nourrit un débat politique constant où les positions divergent souvent. Un consensus existe toutefois sur la nécessité d’améliorer la cohérence, l’efficience et l’efficacité des activités opérationnelles de l’ONU. Unis dans l’action1 En 1997, le Secrétaire général Kofi Annan a engagé un processus de réformes allant dans ce sens. Puis, en 2006, un Groupe de haut niveau chargé de rendre compte de la cohérence du système des Nations Unies a présenté un rapport de référence intitulé « Unis dans l’action » qui recommandait notamment l’adoption d’un nouveau modèle d’organisation pour les activités de développement de l’ONU au niveau des pays. Huit pays « pilotes » se sont portés volontaires pour appliquer ce modèle, avant d’en entraîner d’autres à leur suite. Dans ces pays, le système opérationnel de développement de l’ONU met en application les quatre principes clés de l’initiative « One ONU ». Un responsable unique : Le coordonnateur résident qui supervise toutes les activités de développement de l’ONU dans un pays de programme se voit confier une plus grande autorité et davantage de ressources. Investi d’une fonction de pilotage stratégique, il peut faire le lien entre les autorités nationales, l’ONU et d’autres partenaires. Un programme unique : Le coordonnateur résident a autorité pour négocier avec le gouvernement local un programme conjoint qui se fonde sur la stratégie de développement nationale définie par le pays concerné. Un tel « programme unique » tire parti de toute l’expertise de l’ONU et permet aux organismes des Nations Unies de mieux se concentrer sur les activités en fonction de leurs avantages comparatifs. Un budget unique : Les organismes de développement de l’ONU se doivent d’adopter un cadre budgétaire unique au niveau des pays. Grâce à une planification financière coordonnée, les gouvernements et les partenaires disposent d’une information transparente sur toutes les activités de l’ONU, ainsi que sur les sources et manques de financement. Un bureau unique : Il y a lieu d’harmoniser, de simplifier et d’uniformiser les procédures et politiques en vue d’améliorer l’efficience et de réduire les dépenses administratives. Le cas échéant, les organismes des Nations Unies doivent partager locaux et services. 1 Mieux connu sous les noms anglais «Delivering as One» et «One UN». A voir la popularité croissante de l’initiative « Unis dans l’action – Delivering as One », les gouvernements des pays partenaires en apprécient généralement les retombées positives, en particulier la plus grande appropriation nationale et l’alignement avec les priorités nationales. Pour évaluer plus systématiquement la valeur ajoutée de ce modèle d’organisation dans les huit pays pilotes, les Etats membres ont mandaté une évaluation indépendante, réalisée en 2011-2012, qui a montré qu’il faut pousser encore plus loin les réformes pour tirer pleinement Réforme du système des Nations Unies pour le développement avril 2013 1 parti d’une meilleure coordination sur le terrain. Elle recommandait aussi que le Groupe de développement des Nations Unies guide davantage les efforts d’adoption de procédures de planification, de suivi et d’évaluation communes, et qu’il appuie l’utilisation d’un cadre budgétaire unique. Enfin, elle soulignait la nécessité d’une harmonisation plus poussée des pratiques opérationnelles, notamment en matière de gestion financière, de normes comptables et de gestion des ressources humaines. Au-delà de l’initiative « Unis dans l’action », les Etats membres ont exprimé leur volonté d’une plus grande cohérence à l’échelle du système à maintes occasions, par l’entremise de résolutions spécifiques et de décisions prises par les organes directeurs. La rationalisation de certains services administratifs s’est traduite par des gains d’efficience, et la fusion de quatre organismes onusiens liés au genre en une seule entité, l’ONU-Femmes, en 2010, a réduit la fragmentation organisationnelle. Examen quadriennal complet (QCPR) L’Examen quadriennal complet des politiques (QCPR2) est le principal instrument de réforme du système des Nations Unies pour le développement. Faisant suite à une évaluation des progrès réalisés, la résolution relative à l’Examen quadriennal complet des politiques adoptée par l’Assemblée générale, qui donne des mandats au système de l’ONU pour qu’il réponde mieux aux objectifs des réformes, est renégociée tous les quatre ans. La dernière QCPR en date (résolution 67/226) a été adopté en décembre 2012. Ce document consensuel couvre trois thématiques clés pour la réforme de l’ONU, dont le financement des activités opérationnelles et l’amélioration du fonctionnement du système des Nations Unies pour le développement. Hormis ces sujets – traités ici –, la QCPR 2012 soulignait l’importance transversale de certains objectifs de développement (p. ex. la réduction de la pauvreté et l’égalité des sexes). Il encourage aussi la coopération Sud-Sud et le renforcement des capacités nationales. La résolution relative à la QCPR donne des mandats contraignants aux fonds et programmes du système des Nations Unies pour le développement et des recommandations aux institutions spécialisées, eu égard à leur statut d’organisations indépendantes. Les institutions spécialisées font partie du Conseil économique et social des Nations Unies (ECOSOC) et, à ce titre, il est attendu qu’elles mettent en œuvre les réformes. Pour la DDC, cela signifie que la plupart de ses organisations prioritaires3 sont légalement liées par la QCPR. Enjeux à relever La réforme du système des Nations Unies pour le développement est un projet ambitieux. La QCPR définit les quatre enjeux majeurs pour un système opérationnel de développement plus efficient, plus efficace et plus cohérent. Fragmentation : Le système des Nations Unies pour le développement forme un réseau complexe d’organisations dont les mandats se chevauchent en partie et dont les activités présentent de fortes disparités thématiques et géographiques. Cette fragmentation compromet la cohérence des activités opérationnelles, génère des coûts de transaction élevés pour les pays récipiendaires et est source d’inefficiences en raison des coûts élevés dus à l’administration, à la coordination et à l’établissement de rapports. Les 17 000 rapports produits chaque année par le système des Nations Unies pour le développement sont un exemple des conséquences de cette fragmentation. Les ressources dégagées par la réduction de la fragmentation et la rationalisation de l’établissement de rapports pourraient être réallouées à des pays partenaires. Sans compter un suivi plus efficace pour les Etats membres. Financement : Ces dernières années, le ratio entre les contributions financières de base aux budgets d’organisations de l’ONU et les contributions affectées à un emploi déterminé (à des thèmes ou régions spécifiques) a diminué. L’augmentation relative des contributions ciblées tend à limiter la capacité des organismes des Nations Unies de remplir pleinement leurs mandats, à miner leur assise financière et à favoriser la fragmentation. Complexité des pratiques opérationnelles : La diversité des pratiques opérationnelles en vigueur au sein des organismes de l’ONU freine la mise en œuvre de l’initiative « Unis dans l’action ». La multiplicité des procédures et règlements renchérit les coûts de transaction des activités de coordination des organismes des Nations Unies. Les incohérences en termes de planification, de financement, d’établissement de rapports et d’évaluation présentes dans tout le système des Nations Unies pour le développement risquent de saper les efforts visant à améliorer la cohérence, l’efficience et l’efficacité en faveur d’un meilleur développement. Enfin, malgré d’importants progrès de rationalisation, les processus restent trop complexes. PNUD, UNFPA, UNHABITAT, UNHCR, UNICEF, UNRWA, PAM. Responsabilité pour les résultats et la transparence : L’amélioration de l’efficience des activités opérationnelles de développement des Nations Unies passe par un suivi et une évaluation des résultats cohérents. Il reste difficile pour les pays donateurs et les pays partenaires d’obtenir des informations sur les résultats à l’échelle du système. Les fonds et organismes des Nations Unies peinent souvent à rendre compte des résultats et recourent insuffisamment à Réforme du système des Nations Unies pour le développement avril 2013 2L’Examen quadriennal complet est plus connu sous son abréviation anglaise QCPR (Quadriennal Comprehensive Policy Review), 3 Voici la liste des organisations prioritaires de la DDC liées par la résolution de la QCPR 2012 : ONU-FEMMES, UNAIDS, 2 des indicateurs standard, ce qui complique d’autant l’analyse des résultats obtenus sur le terrain et la collecte de données globales sur les résultats atteints dans des thèmes spécifiques. Opportunités de la QCPR 2012 La plupart des 187 mandats contenus dans la résolution QCPR de 2012 portent sur le fonctionnement et le financement du système des Nations Unies pour le développement. Ils proposent diverses approches pour répondre aux enjeux évoqués précédemment. Coordination des activités opérationnelles : La QCPR a formellement validé « Unis dans l’action » comme une approche disponible pour les pays à titre volontaire. Il est prévu de fournir aux pays l’ayant adoptée des services integrés sur mesure qui amélioreront la coordination entre les organismes des Nations Unies au niveau des pays grâce à des procédures opérationnelles standard et à des mécanismes de financement commun, de même qu’ils fourniront une aide pour la programmation, le suivi, l’évaluation et l’établissement de rapports spécifiques au modèle « Unis dans l’action ». Pour renforcer la cohérence des activités des Nations Unies au niveau des pays et le rôle directeur des gouvernements, deux outils existants seront consolidés : le Plan-cadre des Nations Unies pour l’aide au développement (UNDAF) et le système des coordonnateurs résidents. Les UNDAF fixent le cadre stratégique du système des Nations Unies pour le développement dans un pays donné. En simplifiant et en améliorant cet outil, la planification entre les organismes devrait gagner en cohérence et en efficience. De même, il existe un consensus pour renforcer le rôle des coordonnateurs résidents, en améliorant le soutien financier et organisationnel ainsi qu’en étendant leurs responsabilités de programmation et de planification. Pour être efficaces, ces efforts doivent coïncider avec des changements organisationnels au sein des organismes des Nations Unies, raison pour laquelle la QCPR appelle à une plus grande décentralisation de l’autorité aux représentants sur le terrain. Financement des activités opérationnelles : Le recouvrement intégral des dépenses liées à toutes les activités financées par des ressources autres est obligatoire pour les fonds et programmes des Nations Unies. Les fonds de dotation et les projets multi-bilatéraux doivent donc couvrir les frais généraux qu’ils génèrent pour l’organisme onusien auquel ils sont rattachés. A cette fin et dans un premier temps, le prélèvement d’une taxe de 8% sur les contributions affectées à un emploi déterminé a récemment été décidé par les conseils d’administration des fonds et programmes. Ainsi, les organes directeurs ont déjà rempli un des mandats figurant dans la QCPR de 2012. Il est prévu d’inciter les donateurs à relever le niveau et la prévisibilité de leurs contributions financières de Réforme du système des Nations Unies pour le développement base. Enfin, il est attendu des fonds et programmes des Nations Unies qu’ils utilisent des systèmes de classification et de contrôle des dépenses similaires. Harmonisation des pratiques opérationnelles : Au niveau des sièges et des régions, l’harmonisation des politiques, règlements et procédures doit être poursuivie dans le domaine des services d’appui (p. ex. finances, ressources humaines, achats et technologies de l’information). Au niveau des pays, il s’agit d’introduire des cadres de budgétisation et de prestation de services communs. Gestion axée sur les résultats et évaluation : Il a été décidé de renforcer les mesures d’incitation pour une gestion axée sur les résultats plus uniforme et cohérente. Pour améliorer le suivi des résultats, il est prévu d’élaborer des cadres fondés sur des indicateurs mesurables. Parmi les autres objectifs visés figurent le soutien aux évaluations indépendantes à l’échelle du système et le renforcement des capacités de suivi des pays récipiendaires. Crédit photo : Programme des Nations Unies pour le développement/ Saikat Mukherjee Le rôle de la Suisse La Suisse en tant que facilitateur, promoteur et organisateur L’amélioration de l’efficience et de l’efficacité du système des Nations Unies est l’un des principaux buts poursuivis par la Suisse à l’ONU. Grâce aux efforts constants qu’elle déploie pour favoriser et faciliter les processus de soutien des réformes au niveau politique global et dans ses pays prioritaires, la Suisse est vue comme un pays qui s’engage fortement en faveur d’un système des Nations Unies mieux à même de fournir des résultats. Faciliter les négociations : Ces dix dernières années, la Suisse a joué le rôle de facilitateur pour les négociations sur la QCPR (2004, 2007, 2012) et sur les résolutions de l’ECOSOC sur le suivi de la mise en œuvre de la QCPR. En amont des négociations intergouvernementales et en coopération avec des organismes des Nations Unies et le Secrétariat de l’ONU, la Suisse a favorisé un dialogue éclairé avant de se voir confier la tâche d’arriver à un consensus dans les négociations. En tant que facilitateur, elle a contribué de manière essentielle au résultat positif de la QCPR 2012. Le rôle actif qu’elle a joué dans le processus de la avril 2013 3 QCPR a grandement accru sa visibilité et sa bonne réputation au sein des Nations Unies. Promouvoir la mise en œuvre de la QCPR est un objectif prioritaire de la Suisse à l’ONU. La mise en pratique des accords convenus requerra des efforts continus de la part de l’ensemble du système des Nations Unies pour le développement et des Etats membres. En assurant le suivi de la mise en œuvre des décisions intergouvernementales, le Département des affaires économiques et sociales des Nations Unies (ONU DAES) joue un rôle clé. L’ONU DAES, par l’entremise du Secrétaire général de l’ONU, publie les rapports les plus importants sur la mise en œuvre de la QCPR traités lors des réunions de l’ECOSOC. C’est aussi la principale source d’expertise pour les Etats membres. La Suisse continuera à soutenir l’ONU DAES dans la mise en œuvre effective de ces réformes, et en fera de même dans le cadre de sa participation aux organes directeurs d’organismes de l’ONU. Au niveau des pays, la Suisse apporte une aide active à la mise en œuvre de l’initiative « Unis dans l’action » et de la QCPR, notamment en appuyant les efforts visant à une meilleure coordination entre les différents organismes de l’ONU. Elle a également soutenu des événements destinés à favoriser les échanges d’expériences entre les coordonnateurs résidents, de même qu’entre les pays ayant adopté le modèle « Unis dans l’action ». Autant d’ateliers de travail dont sont ressortis d’importants enseignements et recommandations fondés sur des expériences sur le terrain et qui ont alimenté le débat sur la QCPR. «Unis dans l’action – Delivering as One» au Vietnam : la contribution de la Suisse Figurant parmi les huit premiers pays pilotes à avoir mis en œuvre le modèle « Unis dans l’action », le Vietnam est l’un de ceux où la réorganisation de la présence de l’ONU est la plus avancée. Après un appel pressant du gouvernement vietnamien à une plus grande cohérence, le premier « Plan unique » a été adopté pour la période 2006-2010. Un processus participatif a présidé à la définition d’objectifs communs et de stratégies communes pour les atteindre, ainsi que des responsabilités du gouvernement et des 14 organismes de l’ONU alors présents dans le pays. Puis, un « plan de gestion du plan unique » a défini l’application du modèle « Unis dans l’action » au Vietnam. Les organismes des Nations Unies ont commencé à collaborer dans le cadre de « groupes de coordination du programme » et à regrouper les services d’appui opérationnels, p. ex. pour les achats, les voyages, la formation et la sécurité. tion indépendante, son engagement a notamment permis d’améliorer l’orientation des résultats, d’augmenter l’efficience à travers une harmonisation des procédures d’établissement de rapports et de renforcer l’autorité du coordonnateur résident de l’ONU. Aujourd’hui, les 16 organismes des Nations Unies au Vietnam coopèrent encore plus étroitement, après avoir défini 12 objectifs communs poursuivis par 12 équipes inter-organismes thématiques. Cette avancée majeure en faveur d’une plus grande efficience, cohérence et efficacité sera facilitée par l’hébergement des 16 organismes dans la « Maison commune de l’ONU ». La Suisse contribue financièrement à la construction de ces locaux et soutient activement la mise en œuvre du « Plan unique » pour la période 2012 – 2016. Priorités de la Suisse en matière de réforme Pour promouvoir la mise en œuvre de la QCPR 2012, la Suisse se concentre sur les priorités ci-après. Coordination des activités opérationnelles • accélérer l’ancrage de l’initiative « Unis dans l’action – One UN » ; • consolider le Plan-cadre des Nations Unies pour l’aide au développement (UNDAF) en tant qu’outil stratégique négocié entre les organismes des Nations Unies et les gouvernements ; • renforcer le rôle et l’autorité des coordonnateurs résidents, et assurer le financement de ce système au moyen d’un mécanisme financier prévisible. Harmonisation des pratiques opérationnelles • uniformiser les règles, politiques et procédures dans tous les domaines opérationnels traités dans la QCPR ; • harmoniser encore davantage les pratiques opérationnelles, notamment par la mise en commun des locaux et des services (achats, TIC, ressources humaines, transferts en espèces selon un modèle uniforme). Financement des activités opérationnelles • suivre les résultats des cadres récemment adoptés de recouvrement des dépenses liées aux ressources financières de base et aux ressources autres ; • définir des mesures d’incitation efficaces afin d’atteindre un niveau durablement élevé des contributions financières de base ; • inciter les donateurs à prendre des engagements financiers à long terme plus prévisibles. Gestion axée sur les résultats et évaluation • remplacer la plupart des rapports spécifiques à un organisme au niveau des pays par des rapports communs sur les résultats obtenus à l’échelle du système. Contact La Suisse a cofinancé cette première phase de l’initiative pilote « One UN » au Vietnam. Selon une évalua- DDC Division Institutions globales : [email protected] Réforme du système des Nations Unies pour le développement avril 2013 4