Situation économique et financière des Emirats arabes unis

AMBASSADE DE FRANCE AUX EMIRATS ARABES UNIS - SERVICE ÉCONOMIQUE
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Situation économique et financière
des Emirats arabes unis
© DG Trésor
Juin 2016
Introduction
Une performance économique en partie affectée par la baisse des cours
La performance économique et financière de l’année 2015 a été, pour l’essentiel, conforme aux
prévisions, subissant le contrecoup de l’évolution du marché des hydrocarbures. Ces éléments ont
toute chance d’être plus accusés en 2016, ce qui pèsera sur la croissance, sur la situation des comptes
publics et, à un degré moindre, sur celle des comptes extérieurs. Néanmoins, les Emirats arabes unis
disposent d’un certain nombre de filets de sécurité pour en limiter l’impact et faire face à un contexte
moins porteur que par le passé. Le niveau croissant de diversification de l’économie, la croissance du
PIB hors hydrocarbures, les réserves financières considérables, et les mesures budgétaires et fiscales
mises en œuvre par les autorités devraient permettre de limiter l’effet de la baisse des cours sur les
équilibres macroéconomiques.
Secteur primaire
Une économie centrée sur les hydrocarbures, mais bien avancée sur la voie de la
diversification
2ème
économie du Golfe
après l’Arabie Saoudite
4ème
producteur pétrolier
de l’OPEP
Deuxième économie du Golfe derrière l’Arabie Saoudite, la Fédération des EAU, dont le PIB nominal
est estimé à 339 Mds $ pour 2015, est dominée par l’Emirat d’Abu Dhabi (un peu plus de 60% du PIB
total). Celui-ci assure l’essentiel de la production d’hydrocarbures (plus de 90%) et gère la quasi-
totalité de l’épargne accumulée dans les fonds souverains (1250 Mds $, dont près de 800 Mds $ sous
gestion pour ADIA, 66 Mds $ pour Mubadala, etc.). En 2015, la population atteignait près de 9,5 M
d’habitants (12% seulement de « nationaux »). Le PIB par habitant dans la Fédération atteint 43 000 $
(équivalent à celui de la France).
4ème producteur pétrolier de l’OPEP (2,8 millions de barils/jour), au 7ème rang pour les réserves
mondiales (98 Mds de barils), 17ème producteur mondial de gaz (7ème rang pour les réserves), les
EAU sont toutefois parvenus à réduire la dépendance de l’économie aux hydrocarbures grâce au
développement d’une plate-forme de services dès le début des années 1980 (tourisme, activités
portuaires et aéroportuaires, les réexportations de biens représentant 35% des exportations totales).
Aujourd’hui, le secteur pétrolier représente moins de 30% du PIB, niveau qui devrait encore se réduire
à 20% du PIB après 2020.
Indicateurs
macroéconomiques
La baisse du prix du baril pèse sur la performance économique et financière des
Emirats
3,9 %
de croissance en 2015
selon les estimations
du FMI
La croissance a probablement été ramenée de 4,6% en 2014 à un niveau voisin de 3% en 2015.
D’abord parce que la progression du secteur des hydrocarbures a été proche de 0 (0,3%) en raison de
l’effet conjugué de la baisse du prix du pétrole et de la stagnation de la production. Ensuite parce que
la croissance des secteurs d’activité non liés aux hydrocarbures (tourisme, finance, services) est trop
«molle » (estimée à un maximum de 4,5% en 2015) pour compenser l’atonie du secteur pétrolier, les
opérateurs touristiques pâtissant de l’effet conjugué de l’appréciation du dirham et du ralentissement
économique en Russie et en Chine. Signe des temps, le secteur de l’immobilier résidentiel à Dubaï a
enregistré ces derniers mois un « soft landing », le nombre de transactions et leur montant consolidé
ayant diminué sensiblement. En dépit du « pic » observé dans le courant de l’été, l’évolution de la
conjoncture est telle que l’inflation moyenne s’est établie autour de 4% sur l’ensemble de l’année.
Emirats arabes unis : Fiche économie EAU- Juin 2016 - © DG Trésor
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Un solde courant
estimé à
0,3 %
en 2016 par le FMI
Un déficit public
évalué à
5,5%
du PIB en 2015
Après une première révision de 3,1% à 2,6% début 2016, le FMI a de nouveau révisé à deux reprises à
la baisse ses prévisions de croissance pour les EAU en 2016, passant à 2,4% puis à 2,3%.
La situation des comptes externes se dégrade. Le solde du compte courant est resté excédentaire
dans des proportions moindres que les années précédentes (2,9% du PIB en 2015 contre 13,7% en
2014), et la balance des paiements a été équilibrée. Enfin, les avoirs en devises de la Banque centrale
sont aujourd’hui plus élevés, passant de 76,6 Mds $ en janvier 2015 à 81,9 Mds $ en janvier 2016.
Dans l’hypothèse le prix moyen du baril poursuivrait sa baisse en 2016, les comptes extérieurs
devraient évoluer également vers un déficit, qui restera limité (estimé à 1% du PIB par le FMI) et qui
sera couvert sans problème par prélèvement sur les avoirs extérieurs de la Banque centrale.
Les comptes publics sont passés de l’excédent au déficit. D’une part parce que les hydrocarbures
représentent environ 80% des recettes budgétaires, ce qui expose par construction la Fédération à la
volatilité du cours du baril. Ensuite parce que le "fiscal breakeven oil price" (prix du baril permettant
d’équilibrer les comptes publics) s’établit à un niveau sensiblement supérieur à celui du marché (72,6
$ en 2015). Enfin parce que les opérations liées à la Défense ont un effet à la fois sensible et imprévu
sur l’exécution budgétaire. Le marché en a d’ores et déjà tiré les conséquences, comme l’atteste la
hausse du spread des CDS à cinq ans de l’Emirat d’Abu Dhabi enregistrée depuis l’été. Le déficit public
estimé à 5,5% du PIB en 2015 devrait passer entre 7 à 10% du PIB en 2016 selon les estimations du
FMI.
Capacité de
résilience
Les Emirats Arabes Unis pourront faire face sans difficulté à une période
prolongée de "vaches maigres"
Une dette publique
estimée à
18,9 %
du PIB fin 2015
Les Autorités disposent de marges de manœuvre confortables. D’une part parce qu’elles ont entrepris
au cours de ces derniers mois un processus de rationalisation et de contrôle de la dépense (comme
l’illustre l’abandon progressif d’une fraction significative des subventions sur l'eau, l'électricité et
l'essence, depuis 2015), selon des modalités plus ambitieuses que celles prônées par le FMI. D’autre
part parce que sur le plan des recettes, le niveau modéré de la fiscalité des entreprises pourrait faire
l’objet d’ajustements à la fois rapides et simples. La création d’une TVA de 5% à l’échelle des pays du
CCEAG devrait être mise en œuvre en 2018, diverses taxes sont récemment mises en œuvre
(aéroportuaires, municipales et hôtelières, contrats de location des expatriés…).
Les Emirats Arabes Unis pourraient solliciter sans difficulté les marchés des capitaux. D’une part parce
que la dette publique est limitée (18,9% du PIB fin 2015). D’autre part parce que la notation
souveraine de la Fédération est suffisamment attractive (AA chez S&P, Aa2 chez Moody's avec
perspective stable) et l’appétit des investisseurs suffisamment important pour que les Autorités
puissent solliciter, si besoin était, à la fois le marché domestique et le marché international des
capitaux, même si le spread associé aux CDS à 5 ans a augmenté dans des proportions significatives
depuis la fin de l’été 2015. Un projet de modification de la constitution est en réflexion afin de
permettre un appel au marché des capitaux au niveau de la Fédération. L’Emirat d’Abu Dhabi vient,
pour la première fois depuis 7 ans, de lancer une émission d’obligations pour 5 Mds USD répartis en
deux tranches égales de 5 et 10 ans.
Les réserves constituées au fil des années par l’Emirat comptent parmi les plus élevées du monde.
D’une part parce que, même s’ils ont sensiblement diminué au cours de ces derniers mois, les dépôts
du Gouvernement dans les banques commerciales restent conséquents et permettraient de couvrir le
déficit des comptes publics pendant plusieurs années. D’autre part parce que, même s’ils ne peuvent
être considérés comme parfaitement « liquides », les avoirs accumulés par les fonds souverains (ADIA
en tout premier lieu) comptent parmi les plus élevés du monde.
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Secteur bancaire
La situation du secteur bancaire n’inspire pas d’inquiétude à ce stade mais
certains indicateurs devront être suivis avec attention.
18,3 %
de capitalisation des
établissements
bancaires
Un taux de
provisionnement évalué à
106%
fin 2015
Les indicateurs de solvabilité, de rentabilité et de risque s’établissent à des niveaux satisfaisants. Les
mesures prises par la Banque centrale en vue de l’adoption des standards de Bâle III ont permis de
porter la capitalisation des établissements bancaires à hauteur de 18,3%, soit un niveau qui peut être
considéré comme confortable. Les taux de rentabilité des actifs et des fonds propres s’établissent à
des niveaux comparables à la moyenne des pays du CCEAG et supérieurs à ceux qui étaient
enregistrés après la crise financière de la fin de l’année 2008. Enfin parce que le taux de créances
douteuses diminue depuis 2012 en raison des mesures prises par la Banque centrale pour encadrer
les prêts personnels et hypothécaires, il a été progressivement ramené à 6,3% des prêts bruts avec un
taux de provisionnement évalué à 106% par la Banque centrale fin 2015.
S’ils ne doivent pas être considérés comme alarmants, des indicateurs méritent un suivi régulier. Le
premier a trait à l’évolution du ratio de liquidité des banques commerciales. D’une part parce que le
ratio prêts/dépôts a enregistré une hausse sensible en 2015 en raison de l’effet conjugué de la
croissance dynamique de l’activité de crédit et de la diminution sensible des dépôts du
Gouvernement depuis l’automne 2014 (qui sont utilisés afin de financer le déficit public). D’autre part
parce que le montant des actifs liquides rapportés au total des actifs bruts est en diminution, alors
qu’il compte déjà parmi les plus bas de la région.
Le second concerne le montant des créances douteuses et leur poids relatif par rapport aux prêts
bruts, probablement amenés à augmenter dans un contexte l’activité économique a toute chance
d’être moins soutenue en 2016, les délais de paiement s’allongent sensiblement, alors que les
banques locales et régionales, moins riches en liquidités, sont moins portées à soutenir les PME-PMI.
Annexes
Equilibres internes et externes
Croissance réelle du PIB (%)
PIB/ habitant (milliers $)
Solde public (% PIB)
Pays /Région
2014
2015
2016
2014
2015
2016
2014
2015
2016
2014
2015
2016
EAU
4,6
3,9
2,3
43
41,7
36,1
5
-4,9
-7,2*
2,3
4,1
3,2
Pays du Golfe
2,1
-0,8
2,8
11,9
10,5
10,1
2
-9,5
-9,2
8
5,6
5,3
Moyen-Orient
2,1
0,7
2,4
9,9
9
8,9
-0,4
-9,1
-8,4
7,2
5,4
5,3
Solde commercial (Mds $)
Solde balance courante (% PIB)
Avoirs extérieurs Banque
Centrale 2015
Pays/Région
2014
2015
2016
2014
2015
2016
Mds $
Mois M
EAU
130,9
90,6
98,3
13,7
2,9
0,3 *
77,1
3
Pays du Golfe
525,8
257,6
264,3
11,8
0,1
-1,98
999,4
10,4
Moyen-Orient
456,4
192,6
194,1
8,8
-0,4
-2,1
1 161,2
9,8
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Sources: FMI, Regional Economic Outlook Middle East, avril 2016, *Conclusion consultation FMI article IV, mai 2016, SER, M = importations.
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Publication du Service Économique d’Abou Dhabi
Ambassade de France aux Emirats arabes unis
Etihad Towers, Abu Dhabi
PO Box 4036
Rédaction : Service économique régional de Beyrouth et
Service économique d’Abu Dhabi
Version du 17/06/2016
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