Après une première révision de 3,1% à 2,6% début 2016, le FMI a de nouveau révisé à deux reprises à
la baisse ses prévisions de croissance pour les EAU en 2016, passant à 2,4% puis à 2,3%.
La situation des comptes externes se dégrade. Le solde du compte courant est resté excédentaire
dans des proportions moindres que les années précédentes (2,9% du PIB en 2015 contre 13,7% en
2014), et la balance des paiements a été équilibrée. Enfin, les avoirs en devises de la Banque centrale
sont aujourd’hui plus élevés, passant de 76,6 Mds $ en janvier 2015 à 81,9 Mds $ en janvier 2016.
Dans l’hypothèse où le prix moyen du baril poursuivrait sa baisse en 2016, les comptes extérieurs
devraient évoluer également vers un déficit, qui restera limité (estimé à 1% du PIB par le FMI) et qui
sera couvert sans problème par prélèvement sur les avoirs extérieurs de la Banque centrale.
Les comptes publics sont passés de l’excédent au déficit. D’une part parce que les hydrocarbures
représentent environ 80% des recettes budgétaires, ce qui expose par construction la Fédération à la
volatilité du cours du baril. Ensuite parce que le "fiscal breakeven oil price" (prix du baril permettant
d’équilibrer les comptes publics) s’établit à un niveau sensiblement supérieur à celui du marché (72,6
$ en 2015). Enfin parce que les opérations liées à la Défense ont un effet à la fois sensible et imprévu
sur l’exécution budgétaire. Le marché en a d’ores et déjà tiré les conséquences, comme l’atteste la
hausse du spread des CDS à cinq ans de l’Emirat d’Abu Dhabi enregistrée depuis l’été. Le déficit public
estimé à 5,5% du PIB en 2015 devrait passer entre 7 à 10% du PIB en 2016 selon les estimations du
FMI.
Les Autorités disposent de marges de manœuvre confortables. D’une part parce qu’elles ont entrepris
au cours de ces derniers mois un processus de rationalisation et de contrôle de la dépense (comme
l’illustre l’abandon progressif d’une fraction significative des subventions sur l'eau, l'électricité et
l'essence, depuis 2015), selon des modalités plus ambitieuses que celles prônées par le FMI. D’autre
part parce que sur le plan des recettes, le niveau modéré de la fiscalité des entreprises pourrait faire
l’objet d’ajustements à la fois rapides et simples. La création d’une TVA de 5% à l’échelle des pays du
CCEAG devrait être mise en œuvre en 2018, diverses taxes sont récemment mises en œuvre
(aéroportuaires, municipales et hôtelières, contrats de location des expatriés…).
Les Emirats Arabes Unis pourraient solliciter sans difficulté les marchés des capitaux. D’une part parce
que la dette publique est limitée (18,9% du PIB fin 2015). D’autre part parce que la notation
souveraine de la Fédération est suffisamment attractive (AA chez S&P, Aa2 chez Moody's avec
perspective stable) et l’appétit des investisseurs suffisamment important pour que les Autorités
puissent solliciter, si besoin était, à la fois le marché domestique et le marché international des
capitaux, même si le spread associé aux CDS à 5 ans a augmenté dans des proportions significatives
depuis la fin de l’été 2015. Un projet de modification de la constitution est en réflexion afin de
permettre un appel au marché des capitaux au niveau de la Fédération. L’Emirat d’Abu Dhabi vient,
pour la première fois depuis 7 ans, de lancer une émission d’obligations pour 5 Mds USD répartis en
deux tranches égales de 5 et 10 ans.
Les réserves constituées au fil des années par l’Emirat comptent parmi les plus élevées du monde.
D’une part parce que, même s’ils ont sensiblement diminué au cours de ces derniers mois, les dépôts
du Gouvernement dans les banques commerciales restent conséquents et permettraient de couvrir le
déficit des comptes publics pendant plusieurs années. D’autre part parce que, même s’ils ne peuvent
être considérés comme parfaitement « liquides », les avoirs accumulés par les fonds souverains (ADIA
en tout premier lieu) comptent parmi les plus élevés du monde.