davantage à la conjoncture économique soudanaise, aux coûts du transport (en raison des plus longs
parcours en période de soudure) et à l‟état des disponibilités de contre-saison issues du Salamat.
Les stratégies commerciales des ménages
L‟Enquête de Vulnérabilité Structurelle réalisée au Tchad de Mai 2009 indique que le marché est la
principale source d’aliments pour 78% des ménages interrogés. En milieu rural au Tchad, la
pauvreté monétaire est répandue, limitant les capacités d‟accès aux marchés des ménages. D‟après
l‟EVST, la dépense mensuelle des ménages classés comme „pauvres‟ est de l‟ordre de 6.000 FCFA par
personne environ. La pauvreté est particulièrement marquée dans les régions du Centre et de l‟Est du
pays (Batha, Guéra, Ouadai, Wadi Fira, Sila), où plus de 60% des ménages enquêtés lors de l‟EVST se
trouvent dans les deux derniers quintile de l‟indice de richesse.
La vulnérabilité des ménages sahéliens à une hausse des prix telle que celle de 2010 est
aggravée par le caractère inefficace de leur stratégie commerciale. Les ménages sahéliens sont
généralement des acheteurs nets de céréales. Toutefois, ils vendent leur céréale juste après la période
de récolte, au moment où les prix sont les plus bas, afin de se désendetter et pour faire face aux
obligations sociales et familiales. A partir d‟avril, les ménages sahéliens sont dans l‟obligation de
s‟approvisionner en céréales sur les marchés au moment où les prix sont les plus élevés. La migration
cyclique, les activités génératrices de revenu (artisanat et petit commerce) et la vente de bétail
permettent l‟accès aux céréales pendant la soudure. Les ménages les plus pauvres sont contraints à la
vente d‟actifs et à l‟endettement pour assurer leur accès alimentaire.
Caractérisation de la crise alimentaire de 2010 au Tchad
La chute de production céréalière en 2009 a constitué un choc productif majeur en zone sahélienne. Au
Tchad, les prix du mil pénicillaire dans la partie sahélienne du bassin oriental ont connu de
fortes augmentations, alors que les prix de la denrée avaient paradoxalement baissé en zone
soudanienne. En juillet 2010, par rapport à la moyenne quinquennale, les prix du mil avaient
augmenté de 93% à Abéché, et de 80% à Mongo.
Alors qu‟historiquement, les prix du mil avaient tendance à varier dans une fourchette relativement
étroite, les écarts entre Moundou et Sarh (zones excédentaires soudanienne) et les zones déficitaires
(sahélienne) de Mongo et Moussoro ont pratiquement doublé, témoignant d‟une réduction de
l‟intégration des marchés en 2010.
Le comportement
disparate des prix des
céréales sur le marché
tchadien en 2010
constitue un
dysfonctionnement dans la
mesure où il indique que les
excédents de la zone
soudanienne n‟ont pu être
transmis en quantité
suffisante vers la partie
sahélienne du bassin
oriental.