Intervention Jean-Luc Remy Il faut tout de même faire la part des choses entre les idées qui me sont vraiment spécifiques et puis ce qui me paraît nous être en commun et puis je me suis rendu compte que pour certaines raisons ce que je voulais faire c’est mettre des mots sur des idées qu’à un moment ou à un autre nous partageons. J’ai repris les aphorismes que j’ai cités il y a un an, je ne les reprendrai pas tous ici., mais ils m’ont inspiré. J’ai envie de partir de « C’est la crise » Ca tombe bien que ce soit le lendemain du 7, lendemain d’élections européennes qui n’a pas donné des résultats qui nous donnent du punch Raison de plus de se poser la question « Comment faire face ? » A mon avis on est dans un moment d’obligation de faire quelque chose. On a besoin de se dire « ce n’est plus possible de laisser les choses se dégrader plus, en tout cas il faut faire quelque chose pour qu’elle se dégrade moins vite » Cette notion d’obligation qui est là et qui, à mon avis doit vraiment nous inciter à nous dire « eh ben cherchons » Comment ? J’ai envie de me rapprocher de quelque chose que la plupart d’entre vous ont pu connaître dans un petit sketch que j’ai fait il y a 4 ans au moment où j’ai accepté de prendre la suite de Jean-Luc, un sketch sur la relativité restreinte. J’ai raconté comment Einstein s’y était pris pour inventer la relativité restreinte, en gros il était devant deux choses inconciliables, et il est parvenu à les concilier. D’un côté c’était ce qu’on appelle le principe de relativité, qui nous dit que quand deux voitures se rencontrent elles ont l’air d’aller très vite et que si elles se doublent, c’est moins rapide. Les vitesses s’ajoutent ou se retranchent selon que les véhicules sont l’un en face de l’autre ou qu’ils vont dans la même direction. Autre constat important c’est que pour la lumière ça ne se passe pas comme ça, que vous alliez contre la lumière ou vers la lumière elle va toujours à 300 000 kilomètres/seconde. Donc il a cherché, il a été têtu, et il s’est dit « je suis scientifique je pense qu’il y a une solution » et il l’a trouvée. Quel rapport avec ce qui nous arrive en ce moment ? J’ai un peu envie de dire, grosso modo, à mon avis on ne peut pas prétendre conserver tous les acquis pour tout le monde et pour tout le temps. En gros parce qu’il y a des problèmes de ressources environnementales, et parce qu’il y a des problèmes de solidarité intergénérationnelle, si on veut conserver tous les acquis en ce moment ça veut dire qu’on s’endette et que c’est donc les générations suivantes qui vont payer. Pour moi, c’est une certitude on ne peut pas conserver tous les acquis pour tout le monde et pour tout le temps. Je suis un peu comme Einstein, je n’ai pas d’emblée la solution, mais un peu comme lui, sur un registre différent, je suis convaincu qu’il n’est pas de problème qui n’ait une solution. Je crois que c’est important d’être têtu et obstiné, quand on est confronté à des choses qui paraissent inconciliables et essentiellement, ce que je dirais c’est que l’idée c’est de remplacer un peu la philosophie de l’existence basée sur la consommation par une philosophie de l’existence qui est basée sur le partage. C’est un grand programme, mais ce que je veux dire c’est que la philosophie basée sur l’existence c’est, grosso modo, constater que l’assiette du voisin est mieux remplie que la nôtre. La deuxième philosophie du partage c’est se convaincre que ce n’est pas juste une exigence morale, que ce n’est pas juste parce qu’il faut le faire qu’il faut partager, mais c’est parce qu’ on y trouve du plaisir et qu’on est gagnant. Je suis convaincu qu’on a tous plus ou moins en nous ce désir d’aller vers les autres, ce désir de partager, partager c’est aussi se faire épauler par l’autre car ce n’est pas unidirectionnel, mais, il y a un gros mais, et pour moi le gros mais c’est qu’il y a des tas d’obstacles : en même temps, il y a des tas de raisons qui font qu’on va rechigner, qu’on trouve ça déconnant, que vont penser les autres. Par rapport à ça, ce que je veux dire simplement c’est là aussi c’est tout un programme, un peu hors sujet mais je l’évoque en deux secondes quand même, il y a moyen de moyenner et de se dire si je sais que j’ai en moi cette possibilité de donner la parole à ce côté altruiste et si je sais que j’ai des obstacles, alors je vais essayer de lever les obstacles, de les identifier. J’ai choisi de ne pas m’appesantir sur ce point là mais ça fait partie de mes convictions. Maintenant si on essaie d’aller plus loin et comment faire face, il y a quelque chose qui pour moi a beaucoup d’importance c’est l’aspect approfondissement des connaissances. Et là je vais prendre un tout petit exemple, j’ai trouvé une page dans Le Monde sur les aspects liés à Google, aux aspects liés aux moteurs de recherche. Et je repensais en même temps au débat qui a eu lieu sur la loi Hadopi et sur l’accès à l’internet et d’utiliser l’internet pour récupérer gratuitement des supports musicaux et autres, et je me rendais compte que ce sont des sujets qui sont très compliqués et pour lesquels on gagnerait certainement à avoir une meilleure compréhension de la nature d’internet, de ce qu’est un moteur de recherche, au bout du compte il y a toujours des choix à faire mais la connaissance est importante pour avoir le bon niveau d’action et à mon sens on est devant deux aspects, d’un côté je crois que la connaissance c’est pas ce que les médias classiques encouragent le plus, on a souvent affaire a des visions synthétiques des choses, souvent c’est bien présenté mais bien souvent les présentations sont souvent sommaires Et en même temps il y a un potentiel formidable de connaissances, il y a un trop plein et on a vraiment à se confronter à ça pour savoir en tirer de l’utile. Et dans la question comment faire face à la crise, il y a un aspect c’est comment on s’y prend pour se servir de nos capacités individuelles et collectives, de notre intelligence, de notre sens de l’organisation, et de tout ce genre de choses. A partir de là, je veux en venir à quelques pistes concrètes. Je viens de parler à l’instant d’arriver à avoir une meilleure connaissance des choses j’ai envie de dire que la section syndicale le fait depuis quelque temps, avec cette idée d’avoir une revue de presse, et à mon avis un des objectifs de la revue de presse est de parvenir à rassembler des infos en partageant un peu le travail. Et je voudrais dire qu’il y a plein de sujets sur lesquels on peut essayer de s’informer, mais personnellement j’aurais à cœur éventuellement de partager avec vous c’est essayer de mieux comprendre ce qu’est la financiarisation du monde actuel. Comprendre un peu mieux à quel point tous ces mécanismes de financiarisation ont rendu la crise telle qu’elle est. J’ai commencé un certain nombre de lectures là-dessus, si le moment venu ça vous paraît être un sujet sur lequel quelques uns veulent travailler je suis prêt à m’y investir. Ce que j’ai noté aussi dans les pistes, c’est un peu suite à une conversation que j’ai eue avec Jean-Luc Briançon, qui me disait il n’y a pas très longtemps pour avoir acheté le numéro anniversaire du journal Le Monde, dans lequel il y avait des articles qui remontaient à un certain nombre d’années, que les articles à l’époque avait de la tenue. C’est important qu’à un moment on sache viser assez haut et faire l’effort d’aller dire des choses qui sont un peu durs à vivre mais qui valent la peine. Je pense que sur un certain nombre de sujets, comme la sécurité par exemple, on est un peu désarmés pour avoir des arguments contre les mesures proposées, comme les portiques par exemple, parce que, simplement, on n’a pas devant les yeux une vision de l’homme et une vision de nos valeurs qui soient assez justes. Quelque chose qu’on sait faire de temps en temps, et qu’il faut continuer à faire c’est demander des aides extérieures, faire venir des gens qui ont la compétence, et puis, c’est un peu marginal, et c’est une chose à laquelle j’ai pensé ces jours-ci, peut-être par rapport à la connaissance, cette connaissance qu’on serait capables d’accumuler, je pense qu’il il faudrait pouvoir la recracher et en particulier par rapport aux décideurs. C’est quelque chose qui demande de l’investissement, car il ne faut pas le faire à moitié et je pense qu’à certain moment sur des sujets qui nous concernent, aller voir les députés pour leur expliquer ce qu’on pense sur tel ou tel sujet, ça peut valoir le coup. Je vais terminer avec une référence à la CFDT je voudrais citer un bref passage de la revue du Sgen information des retraités qui rappelle que « le conseil national confédéral a conclu son débat d’actualités revendicatives et celui sur les réponses syndicales face à la crise, en affirmant que devant la gravité de la situation économique et sociale la CFDT devait tout faire pour développer simultanément une action revendicative à la hauteur des enjeux et aider les équipes syndicales dans leur travail. C’est le sens de l’intervention de la CFDT dans l’intersyndicale et dans la réussite de la journée du 19 mars 2009 et le sens de ses propres missions portées au sommet social du 10 février dernier, la CFDT veut ainsi développer un syndicalisme porteur d’espoir et de solutions, pas seulement relais des difficultés des salariés dans leur entreprise. Si je cite ces deux paragraphes, ce n’est pas nécessairement parce ce que je suis d’accord avec l’analyse que fait la CFDT mais c’est parce que je me dit que si on essaie de comprendre comment faire face il faut aussi regarder dans notre boutique quels sont les éléments de réponse qu’elle a à proposer. Le débat est ouvert.