Situation 2 : Service des urgences dune ville de 30 000 habitants,
région PACA, avril 2008
13 heures, une jeune vacancière se présente aux urgences dun centre
hospitalier de province avec une vive douleur à la chenille quelle sest tordue
(on apprendra par la suite quelle est foulée). Après avoir donné sa carte
vitale comme ly invitait lagent daccueil, elle entre à cloche pied dans la
salle dattente des urgences elle rejoint plusieurs autres patients. Sont
présents avec elle dans une large salle qui distribue des boxes dobservation
pour linstant occupés, une femme SDF allongée sur un brancard amenée
par les pompiers à la suite dune perte de connaissance, un homme de 50
ans sétant sectionné le pouce en manipulant une tronçonneuse, un jeune
homme avec un cathéter en attente des résultats de ses analyses.
Dans la salle dattente, une aide soignante laccueille et lui propose un
fauteuil roulant qui lui permettra de sinstaller ensuite le long dun mur à
coté de la porte de lun des boxes. Au bout dune dizaine de minutes, un
homme passe à coté delle, se saisit du fauteuil roulant et lemporte dans un
couloir.
« Bonjour, où memmenez-vous comme cela ? » demande-t-elle surprise
« A la radio » puis il la laisse dans un couloir où en effet un écriteau sur une
porte laisse entendre quil sagit de la radiologie.
Après être rapidement radiographiée, elle sera à nouveau ramenée dans la
salle dattente. commence une longue attente qui durera 2 heures. Les
patients de la salle dattente râlent, le jeune homme menace de retirer son
cathéter lui-même, lhomme plus âgé explique quil a reçu pour tout calmant
un doliprane, et la femme SDF demande à partir. Au bout de deux heures, la
vacancière senquiert auprès dune infirmière qui passe prés delle pour
savoir ce quelle attend et combien de temps cela risque-t-il de durer.
« Excusez-moi Mademoiselle, mais peut-on me dire si jai encore longtemps
à attendre, pourquoi cest si long, cela fait plus de deux heures ? »
« Attendez je vais me renseigner » et de retour lIDE lui annonce, « là on
attend les radios »
« Bon, mais jai vu personne aller aux radios alors on peut toujours
attendre. » et sur ce, la jeune femme se ve clopinant sur un pied et se rend
à la radiologie. Là, le radiologue lui annonce que sa radio lattend depuis
plus dune heure mais que personne nest venue la chercher.
De retour à cloche pied dans la salle dattente, elle présente sa radio au boxe
dobservation le plus proche à un interne.
« Bonjour, excusez moi mais jai ici ma radio, jattends depuis plus de deux
heures et elle était prête alors peut être quon pourrait maintenant
mausculter. »
« Oui, merci veuillez attendre dans la salle, on va vous appeler, vous êtes
?. »
La jeune femme indique son fauteuil roulant et sy réinstalle manifestant son
attente par des soupirs et une attention accrue (regards répétés
ostentatoires vers le boxe). En attendant, la femme SDF est partie malgré les
protestations du personnel soignant qui lui explique quon attend les
résultats de sa prise de sang pour comprendre pourquoi elle sest évanouie.
Les autres patients râlent toujours mais aucun autre ne prendra linitiative
de partir.
17 heures : la vacancière finit par retourner vers linterne en demandant
dêtre auscultée :
« Bon, vous savez, jimagine que vous allez me prescrire une ordonnance
alors il serait franchement bien que vous le fassiez avant que les pharmacies
ferment. Là il est plus de 5 heures alors si on pouvait faire vite. »
« Oui, installez vous, jarrive ».
Linterne sort, une IDE aide la jeune femme à sinstaller sur la table
dexamen, dégage la cheville et prépare la radio.
Linterne revient, ausculte, diagnostique, prescrit une attelle pour la cheville
droite (cétait la cheville gauche qui était foulée, cest le pharmacien qui
repérera lerreur) et sort.
Question : Quelles informations sur lorganisation hospitalière peut-on
retirer de cette situation ?
Réponse :
Lhôpital comme lieu de confrontation entre logique soignante, médicale et
administrative. Laccueil administratif consistant notamment à vérifier la
couverture sociale du futur patient.
Segmentarisation des taches entre accueil, diagnostique, agents hospitaliers,
IDE, AS, brancardiers, manipulateurs radio et au sein même de chaque
profession. LIDE comme suppléante de linterne pour préparer la patiente.
Relativité du temps entre soignants et patients, la patiente aura passé
plusieurs heures, seule la personne SDF ne restera pas sous le joug de
lhôpital et prendra l initiative de partir. Les autres patients se plaignent
mais peu agissent (la vacancière ira chercher elle-même sa radio).
De nombreux dysfonctionnement peuvent être repérés entre autre la prise en
charge de la douleur, labsence de communication (lagent hospitalier ne
sadresse pas à la patiente pour lui indiquer il lemmène), le manque de
suivi des radiologies
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