Paris, le 29 septembre 2005
Communiqué de presse (sous embargo jusqu’au 29 septembre 2005, 20h)
Deux énigmes de la physique stellaire résolues grâce à un phénomène observé
dans l’atmosphère terrestre
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Jusqu’à présent, aucun modèle hydrodynamique ne pouvait expliquer en même temps
de façon satisfaisante la rotation rigide de la zone radiative du Soleil et l’abondance
du lithium à sa surface et dans les étoiles de faible masse. Un modèle d’évolution
stellaire, développé par Corinne Charbonnel (CNRS - Observatoire de l’Université de
Genève) et Suzanne Talon (Université de Montréal), explique simultanément ces deux
phénomènes grâce à l’incorporation d’un phénomène observé dans l’atmosphère
terrestre. Ce résultat est publié dans la revue Science du 30 septembre 2005.
Comme toutes les étoiles, le Soleil est en rotation. Cette propriété universelle est
fondamentale, car elle engendre de nombreuses instabilités hydrodynamiques au sein de
l’étoile, qui s’ajoutent aux réactions nucléaires pour modifier sa composition chimique et
influencent fortement sa destinée. Dans les étoiles dites de faible masse comme le Soleil,
qui tournent très vite à leur naissance pour être ensuite freinées à cause de leur champ
magnétique, deux traceurs nous renseignent sur ces phénomènes. Le premier est la mesure
de l’abondance en lithium
observée à la surface du Soleil et des étoiles peuplant les amas
ouverts galactiques et qui décroît au cours du temps. Le second est le profil plat de rotation
interne du Soleil
mesuré par l’héliosismologie
. Ces données fondamentales ont pendant
longtemps constitué un véritable défi aux modèles hydrodynamiques classiques.
Pour la première fois, un modèle d’évolution stellaire est capable d’expliquer simultanément
la rotation solaire ainsi que l’abondance du lithium dans les étoiles de faible masse.
L’ingrédient essentiel, et nouveau, dans ce modèle est le transport très efficace du
moment cinétique par les ondes internes de gravité qui sont générées par les
enveloppes convectives stellaires.
Les ondes internes de gravité existant dans l’atmosphère terrestre sont bien connues en
géophysique. Produites par injection d’énergie cinétique d’éléments turbulents dans une
région stable, elles sont présentes par exemple à l’interface atmosphère-nuages, ou
Le lithium est un élément fragile, détruit par réaction nucléaire à relativement basse température (pour un
intérieur stellaire, environ 2,5 millions de degrés). Son abondance à la surface des étoiles est un excellent traceur
des processus hydrodynamiques dont elles sont le siège.
Le Soleil interne se compose d’un noyau puis d’une zone radiative et enfin d’une zone convective.
La rotation à la surface du Soleil est différentielle. Les données d’héliosismologie obtenues avec le satellite
SOHO montrent qu’au sein de la zone convective la rotation est également différentielle mais qu’elle devient
rigide dans la zone radiative se situant en-dessous de la zone convective. Les données sur les régions les plus
centrales du Soleil sont encore inaccessibles aux mesures aujourd'hui ce qui nécessitera de futures expériences
héliosismiques spatiales. Ces futures observations seront utiles pour distinguer le modèle incluant les ondes
présentées ici, des modèles magnéto-hydrodynamiques qui stipulent la présence d'un champ magnétique à
l'intérieur du Soleil.