
la fluidité dans la filière de soins et l’orientation par pathologies vers les futurs SSR locomoteurs et
les SSR système nerveux, la pertinence des orientations des patients vers des unités performantes et
appropriées à leurs besoins risque fort de se dégrader.
- Au niveau de l’établissement, le bon fonctionnement de ces programmes dépend de la qualité des
interactions entre unités cliniques, disciplines et structures de support nécessaires à la prise en
charge du patient. La maîtrise des coûts et des processus impose de plus en plus aux établissements
un travail de standardisation fondé sur les preuves. Parmi les méthodes décrites par la HAS,
l’approche par processus (APP) et par programmes cliniques qui sont appelés en France « chemin
clinique » par la HAS, mais correspondent aux « pathways » anglo-saxons, aux « itinéraires
cliniques » belges
, et aux programmes canadiens, sont parmi les plus puissantes pour faire de
l’EPP une arme de choix pour une innovation organisationnelle recherchant l’efficience tout en
respectant les exigences de chaque discipline. Même si les approches internationales diffèrent selon
les systèmes de soins, le niveau idéal de définition d’un programme clinique est celui de
l’établissement.
- Enfin, au niveau territorial/régional, l’approche par programme doit viser une stratégie intégrée de
soins dans le cadre d’un fonctionnement en réseau. L’EPP pourrait ainsi favoriser la démarche
d’identification et de valorisation de la réadaptation médicale et des principales disciplines qui la
constituent. Cependant, la déclinaison française de l’EPP, très hospitalo-centrée dans son volet
relatif à la certification, n’est pas suffisamment étendue au résultat clinique attendu de l’ensemble
de la chaîne de soins dans une perspective d’organisation territoriale graduée.
L'approche par programme doit être considérée comme un moyen d'intégration et de résolution des
tensions entre les différents niveaux d’organisation. Elle combine trois modèles de gestion : la
gestion par processus (activités orientées vers un résultat clinique), la gestion des ressources
(organisation et mise en place d’infrastructures) et la gestion des connaissances (visant
l’optimisation du système). Elle doit favoriser l'engagement des acteurs par une clarification des
rôles institutionnels et professionnels de façon à promouvoir leur collaboration. Le financement doit
aussi être revu en conséquence dans une optique de péréquation des coûts et des ressources
financières tout au long de la chaîne de soins. Il s’agit d’une modalité d’organisation des services et
des ressources humaines, financières et matérielles, visant à améliorer l’accès et la qualité par la
standardisation, et ce, pour répondre aux besoins de la population dans son ensemble et à ceux de
clientèles spécifiques. Toutefois, l’approche programme n’ignore pas le paradoxe de la clinique qui
selon Etienne Minvielle cherche à gérer la singularité à grande échelle. La pertinence du choix de
l’orientation vers un programme est régulièrement évaluée et les programmes doivent être
personnalisés sous forme de plans individualisés, respectueux du principe d’autonomie des
bénéficiaires.
Les équipes et structures de réadaptation ont l’opportunité de faire émerger dans le cadre de l’EPP
des programmes de réadaptation susceptibles d’être « accrédités » par les sociétés savantes et
collèges professionnels. Un tel mécanisme a été mis en place au niveau européen par la section
MPR de l’Union Européenne des Médecins Spécialistes (UEMS) mais il doit être adapté à
l’organisation nationale et régionale de la santé en France.
Dans un domaine où manquent souvent les hauts niveaux de preuve, où la démonstration de l'effet
de la "black box" l'emporte souvent sur la démonstration de l'effet des interventions, il s’agit de
constituer un répertoire de programmes explicitant les activités spécifiques de réadaptation et
orientant les modèles régionaux vers une graduation territoriale plus judicieuse des niveaux de soins
au regard de l’état de l’art. Une fois définis, ces programmes peuvent enfin donner lieu à une
évaluation par des indicateurs. Ils peuvent être mieux financés, et contribuer ainsi à ce que les
patients aient accès en temps opportun aux interventions de réadaptation requises. Cette