Berlin

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Berlin : destructions, recréations, représentations et vie artistique depuis 1945.
I. Une ville en constante transformation
1. Retour sur les origines, jusqu’à 1945 : géographie de Berlin, fondation, la Prusse, les Huguenots,
Frédéric II, la république de Weimar, le nazisme et la seconde guerre mondiale
2. Allemagne année Zéro, de la défaite à la division
3. Deux villes séparées par un mur
4. La réunification de Berlin et ses suites
II. Les programmes de reconstruction d'une ville scindée en deux
1. Après la seconde guerre mondiale, état des lieux
2. La reconstruction à l’Est
3. La reconstruction à l’Ouest
III. Depuis la réunification, une vitrine de l'architecture mondialisée
Interroger la mémoire et l'effacement des traces
Lien éventuel de l'architecture et de l'urbanisme avec un nouveau vivre-ensemble.
Lien et tensions entre histoire politique, urbanisme et société
Exemples
IV. Exploration de la scène théâtrale, chorégraphique, musicale et plasticienne avant et après
la réunification
Politiques culturelles
Les nouvelles formes de vie artistique dans ce qui avait été naguère l'une des capitales culturelles
de l'Europe
Des documents de toutes natures peuvent être étudiés à l'appui de ces questions ; un éclairage
particulier peut être cherché dans la création artistique berlinoise et est-allemande, mais aussi dans
les nombreuses représentations littéraires, cinématographiques et photographiques de la ville et de
la vie berlinoises.
Berlin : destructions, recréations, représentations et vie artistique depuis 1945.
I. Une ville en constante transformation
1. Retour sur les origines, jusqu’à 1945 : géographie de Berlin, fondation, la Prusse, les
Huguenots, Frédéric II, la république de Weimar, le nazisme et la seconde guerre mondiale
Cölln est fondée vers 1237 et Berlin un peu plus tard, en tous cas avant 1244. Il s'agit de comptoirs
commerciaux situés sur la Spree, pour le trafic du bois, des fourrures et des céréales, installés sur
des terres disputées aux Slaves, par l'installation de colons germaniques, encadrés par les ordres
monastiques comme les Templiers (Tempelhof). Berlin supplante ses voisines, s'unit à Cölln et se
lie à la Hanse en 1359. Au 15ème siècle, un noble de Nürnberg, Frédéric de Hohenzollern devient le
premier Prince électeur du Brandebourg (Kurfüst). Sa dynastie durera jusqu'en 1918; il fait
construire un château. En 1539, l'électeur Joachim II se convertit au protestantisme et confisque les
biens du clergé catholique et expulse les Juifs, ce qui enrichit le Brandebourg. Mais la guerre de
Trente Ans fait disparaître la moitié de la population de la province et ruine Berlin. La ville est
reconstuire autour d'un nouvel axe, Unter den Linden, et on assèche des marais pour créer
Friedrichswerder et on construit des remparts. Le Brandebourg devient grâce à ses victoires de la
guerre de trente ans une grande puissance européenne.
Pour repeupler Berlin, Frédéric-Guillaume fait appel aux protestants chassés de France par Louis 14
à la suite de la révocation de l'édit de Nantes en 1685. Ils sont installés dans un quartier nouveau,
Friedrichstadt. En 1701, le Brandebourg obtient la transformation du duché de Prusse en royaume et
Frédéric III, Grand Electeur du Brandebourg devient Frédéric Ier, roi de Prusse. Peu après, on
fusionne les communes de Berlin, Cölln, Friedrichswerder, Dorotheenstadt et Friedrichstadt.
De 1713 à 1740 règne Frédéric-Guillaume Ier, le roi-sergent, qui déteste les écrivains et les artistes
et empêche son fils, le futur Frédéric II, de lire. Le pays est militarisé et l'armée devient la seule
priorité du roi. Son successeur, Frédéric II, saura l'utiliser pour faire de la Prusse une des grandes
puissances d'Europe, qui se partage la Pologne avec la Russie et l'Autriche. En outre, il fait
construire le palais de Sans-Souci à Potsdam et y accueille les philosophes européens, en particulier
Voltaire, tout en restant un monarque absolu, c'est le despotisme éclairé (suppression de la corvée et
abolition de la torture). C'est sous son règne que se développe l'industrie textile et qu'apparaît le
prolétariat urbain. A la fin du siècle, l'essor de Berlin s'accélère et la ville double sa population en
50 ans. La culture est très développée et le pré-romantisme naît dans la ville (Sturm und Drang), qui
possède deux opéras, Unter den Linden pour l'opéra italien et l'aristocratie, Deutsche Oper pour
l'opéra allemand et la bourgeoisie.
La Prusse est de toutes les coalitions contre la Révolution française et Napoléon, et Berlin est
occupé par l'armée française en 1806 pendant trois ans. Les Français s'emparent du Quadrige de la
Porte de Brandebourg, mais abolissent aussi le servage. Il s'ensuit un choc en retour, qui est
l'émergence du nationalisme allemand autour de Fichte et de l'Université Humboldt qui est fondée à
ce moment. En 1814, les troupes prussiennes rentrent à Paris et en ramènent le Quadrige. Le général
prussien Blücher et l'un des vainqueurs de Waterloo. Au Congrès de Vienne, la Prusse obtient la
Saxe et surtout la Rhénanie, où naîtra la révolution industrielle au cours du 19ème siècle.
L'industrialisation se fait aussi à Berlin : Les manufactures textiles et les premières industries
sidérurgiques (Borsig et Siemens) s'implantent dans le Nord de Berlin (faubourgs d'Oranienburg) ou
le long de la Spree à l'Est (Luisenstadt) ainsi qu'en aval de Charlottenburg (Moabit).
La première partie du 19ème siècle voit l'essor de la bourgeoisie, qui se traduit par le style
Biedermeier. Berlin passe de 197 000 à 400 000 habitants. Une ligne de chemin de fer est ouverte
en 1838 entre Berlin et Potsdam. La crise de 1848 jette sur les routes de l'Amérique un grand
nombre d'Allemands et pour occuper les chômeurs, on fait construire le Landswehrkanal.
Berlin joue un rôle important dans la révolution de 1848, mais les révolutionnaires échouent et la
monarchie absolue reste en place. L'époque suivante est celle de l'industrialisation rapide avec le
développement de l'industrie chimique et la naissance des grands groupes industriels, à Berlin et
dans la Ruhr prussienne. Pour héberger les nombreux travailleurs qui affluent à Berlin, Bismarck
fait construire les Mietkasernen et fait établir par Hobrecht un plan d'urbanisation.
Avec l'unité allemande, Berlin devient la capitale de l'Empire Allemand (le deuxième Reich) et frôle
alors le million d'habitants. Elle atteint 2 millions en 1912.
A la fin de la première guerre mondiale, la république est proclamée à Berlin le 9 novembre 1918 au
Reichstag, alors que Karl Liebknecht proclame la république socialiste du balcon du Château. En
janvier 1919, les Spartakistes sont écrasés et Liebknecht et Rosa Luxemburg assassinés. Les débuts
de la république sont difficiles, mais après la grande inflation, l'économie repart et Berlin devient un
des pôles culturels les plus importants d'Europe. Mais la crise entraîne la montée du nazisme et des
affrontements quotidiens à Berlin. La communauté juive, développée au cours des siècles, à partir
des « Juifs de Cour » du 18ème siècle jusqu'à l'immigration de Juifs venus de l'Est. Leur rôle est
important dans la vie intellectuelle et économique, mais l'antisémitisme est répandu au cours du
19ème siècle, bien avant le nazisme.
Berlin est devenue grâce à l'unification allemande de 1871 la capitale d'un vaste état, ce qui a amené
son développement démographique et l'essor de son économie et de sa vie culturelle. La ville s'est
considérablement agrandie, et les nouvelles élites enrichies ont été à l'origine du développement de
vie culturelle : acheteurs de tableaux, mélomanes, lecteurs, public des théâtres, etc.
L'âge d'or artistique de Berlin : 1900-1933
Berlin 1900, architecture wilhelmienne, comme à la cathédrale, inaugurée en 1905,
Gedächtniskirche en 1895 en néo-roman, hommage à Guillaume Ier
Dans le domaine de la peinture, groupe des Onze, formé en 1892, avec comme artiste principal Max
Liebermann, influencé par l'impressionnisme. En 1892, Edvard Munch expose à Berlin. En 1898,
Liebermann créée la « Sécession berlinoise », un an après celle de Vienne. Comme là bas, un
pavillon d'exposition art nouveau est construit en 1900, par Van de Velde à Charlottenburg. Outre
Liebermann, on trouve Lovis Corinth et Max Slevogt, qui viennent s'installer à Berlin en 1908.
La sécession berlinoise est vite détrônée par Die Brücke, créé à Dresde en 1905.
Die Brücke
fondé en 1905 à Dresde, mais les peintres sont actifs à Berlin
Nolde, Kirchner, Pechstein, Schmitt-Rottluff
Couleurs vives, voire violentes, perspectives éclatées. Le peinture renvoie à l'expression psychique
du Moi, l'inquiétude, la folie. La différence avec les Fauves français est l'importance de la critique
de la société, alors que les français s'en tiennent à une recherche plus formelle. Les sujets sont
parfois dérangeants
Der blaue Reiter
Kandinsky, Jawlensky, Macke, Marc : restent en Bavière et expriment moins leur Moi, ils sont plus
proches des recherches formelles des Fauves. Simplification des formes et lyrisme chromatique.
Kandinsky veut se détacher de la narration comme de l'objet et pense que l'émotion peut jaillir sans
cela. Il simplifie au maximum les formes, puis se détache de toute référence au motif : c'est
l'abstraction.
« Goldene Zwanziger »
commencent par l'écrasement de la révolution communiste en janvier 1919, puis se poursuivent par
la grande inflation de 1923, dans un climat de guerre civile et d'assassinats politiques. Comme à
Vienne en 1914, on peut parler d'apocalypse joyeuse.
1927 : chaque soir, 4000 places d'opéra, 11000 places de théâtre, 10000 places de variétés et revues
et 35000 places de cabaret.
1911, création des studios de Babelsberg, puis de la UFA
1919 : le cabinet du docteur Caligari, de Robert Wiene, premier film expressionniste, qui évoque
les crimes commis par un somnambule, mais tout se révèle être un cauchemar d'un pensionnaire
d'un asile.
Outrance des maquillages, décor aux lignes brisées, univers fantastique, sont les caractéristiques de
l'expressionnisme cinématographique.
Le cinéma expressionniste allemand
extraits de Metropolis
La nouvelle objectivité
Dix, Beckmann, Grosz
On a parlé de « naturalisme du laid ». On revient au figuratif, mais pour montrer la laideur, réaction
au traumatisme de la guerre. Les peintres ne recherchent pas la rupture esthétique et vont même
s'inspirer de l'art médiéval (Otto Dix et Mathias Grunewald)
L'architecture et les arts décoratifs : Le Bauhaus
La musique
opérette viennoise et opérette berlinoise
Richard Strauss à Vienne et à Berlin
Les nazis s'imposent à Berlin et sont à l'origine de l'incendie du Reichstag. Dans le domaine
artistique, ils chassent tout ce qui avait fait l'originalité de Berlin et imposent leurs conceptions
artistiques (exposition Entartete Kunst). Les jeux olympiques se déroulent en 1936 et en 1938, lors
de la nuit de cristal, les synagogues sont incendiées. Hitler prévoit une nouvelle capitale, Germania,
mais à part la chancellerie, inaugurée le 1er janvier 1939, rien ne sera construit
La seconde guerre mondiale ne concerne pas Berlin au début, mais à partir de 1941, les
bombardements alliés se multiplient et obligent la population à se protéger dans les abris. En 1945,
Berlin est un vaste camp retranché, que les armées soviétiques prennent d'assaut quartier par
quartier. Les unités soviétiques viennent à bout du dernier ilôt de résistance constitué autour du
Reichstag, sur lequel le drapeau rouge est hissé le 30 avril au soir. L'Armée rouge a perdu près de
100 000 hommes. La Wehrmacht capitule sans condition à Karlshorst le 7 mai 1945.
2. Allemagne année Zéro, de la défaite à la division
Les premiers mois sont dramatiques, la ville est détruite, on manque de tout, les Russes pillent ce
qui reste et font régner la terreur. 43% des habitations sont détruites, les gravats seront rassemblés
par les Trümmerfrauen en 9 collines artificielles. Les bombardements ont causé 50 000 victimes (les
2/3 d'Hiroshima). La ville est partagée en 4 zones d'occupation isolée au cœur de la zone soviétique.
Le passage se fait librement entre les zones. Mais dès 1947, à la suite de la doctrine Truman du
containment, la municipalité de Berlin se scinde, les Soviétiques refusant de travailler avec la
municipalité élue, car ils n'ont obtenu que 20% des voix, contre 49% au SPD, dans les premières
élection libres depuis 1932. Puis le 4 juin 1948, les Soviétiques mettent en place le blocus de la ville
à la suite de l'adoption par les zones occidentales d'une nouvelle monnaie, le Deutschemark. Les
Occidentaux ripostent par le pont aérien. Toutes les trois minutes (et parfois toutes les minutes et
demie !) un avion se pose sur l'aéroport de Tempelhof, au total 275000 vols pour lesquels outre
Tempelhof, on utilisera Tegel et les lacs avec des hydravions. Cela ne suffit pas et les Soviétiques
comptent sur l'hiver... Mais les Berlinois brûlent leurs meubles, coupent les arbres du Tiergarten, et
réussissent à se chauffer
En mai 1949, le blocus est levé et l'Allemagne et la RFA est créée, suivie en octobre 1949 par la
RDA. Berlin reste divisée et isolée, mais on peut passer de Berlin-Est à Berlin-Ouest. Berlin-Ouest
n'est pas formellement rattaché à la république fédérale, et est administrée par son Sénat, longtemps
présidé par Willy Brandt. Il n'y a pas de service militaire, ce qui y attire nombre de jeunes ouestallemands. A l'Est, le régime devient de plus en plus stalinien et fait tirer sur sa population le 16 juin
1953.
3. Deux villes séparées par un mur
Devant l'importance des sorties de la RDA par Berlin, près de 3 millions de personnes depuis 1949,
Walter Ulbricht ordonne la fermeture des points de passage le 13 août 1961 et la construction d'un
mur de 4 mètres de hauteur, avec un seul passage, le check point Charlie. Berlin-Est devient un
grand centre industriel et Berlin-ouest voit sa population vieillir, du fait des difficultés liés à
l'isolement, qui amène les jeunes à partir à l'ouest. Peu à peu, les conditions de visite des Berlinois
de l'Ouest à l'Est s'assouplissent, mais même à la fin du régime communiste, il ne sera pas possible
aux gens de l'ouest de passer plus de 30 jours par an à l'Est et seuls les retraités de l'Est pourront
aller à l'ouest.
Le Mur est cependant franchit par de nombreux fugitifs.
155 kilomètre don 43 kilomètres entre les 2 parties de la ville, 14000 VoPo, 600 chiens
Environ 75000 personnes emprisonnées pour avoir tenté de franchir le Mur
En 1987, Berlin célèbre de part et d'autre du mur son 750e anniversaire. L'héritage culturel prussien
est réhabilité et mis en valeur.
Analyse de l'image de Peter Leibing
Le 13 août 1961 le photographe Peter Leibing, stagiaire dans une agence de Hambourg, débarque à
Berlin, c'est son premier reportage d'actualité, avant, il était spécialisé dans les reportages hippiques
! Il a 20 ans,
Le même jour, Konrad Schuman, 19 ans, milicien dans la VoPo est affecté à la surveillance de la
Bernauer Strasse, sur le Mur qui vient d'être bouclé dans la nuit,
Il doit empêcher une petite fille en vacances à l'Est de rejoindre ses parents à l'Ouest, c'est le déclic,
il craque et saute de l'autre côté par dessus les barbelés.
La scène a duré quelques secondes et Leibing a déclenché au bon moment, à une époque où les
appareils n'ont pas de moteur, Mais il avait l'habitude des courses hippiques...
4. La réunification de Berlin et ses suites
La pérestroïka ne touche pas la Nomenklatura de la RDA mais influence le peuple, qui prend
courage face au régime et manifeste régulièrement, surtout à Leipzig; C'est plus difficile à Berlin,
quadrillé par la police
Le 4 Novembre 1989, un million de personnes défilent à Berlin Est. Le 7 novembre, le
gouvernement de la RDA démissionne. Deux jours plus tard, un porte-parole du gouvernement de
Berlin Est annonce l'ouverture des points de frontière le lendemain matin. La foule avertie
s'empresse aux abords du mur ; les Vopos désemparés finissent par laisser passer les Berlinois de
l'Est : Dans l'allégresse générale, les Berlinois des deux côtés se retrouvent et célèbrent la chute du
mur au pied de la Porte de Brandebourg.
1990 : Destruction complète du mur. L'union monétaire entre en vigueur le 1 Juillet et le traité
d'unification fixe les conditions d'adhésion des cinq Länder à la RFA. Le 3 Octobre, l'Allemagne est
officiellement réunifiée. La première assemblée de l'Allemagne unie se réunit au Reichstag.
En 1991, Berlin redevient la capitale de l'Allemagne après de longs débats. En 1994, les troupes
d'occupation quittent Berlin et on commence les travaux de la Potsdamer Platz. Le gouvernement
s'installe à Berlin en 1999-2001, et on inaugure la chancellerie, le nouveau Reichstag et la
Potsdamerplatz.
La difficulté est de raccommoder les deux parties de Berlin : voir la troisième partie
Aujourd'hui Berlin est une agglomération d'environ 4 millions d'habitants
II. Les programmes de reconstruction d'une ville scindée en deux
1. Après la seconde guerre mondiale, état des lieux
Après la guerre, 45% des bâtiments sont détruits, il faut d'abord déblayer (les Trümmerfrauen), puis
prévoir des plans de reconstruction, dans un pays où l'argent et la main d'oeuvre manquent : 5
millions d'Allemands ont péri dans le conflit et nombre de survivants sont encore prisonniers de
guerre. On se pose ici les mêmes problématiques qu'ailleurs en Europe pour la reconstruction :
reconstruire à l'identique ou profiter de la table rase pour envisager quelque chose de complètement
nouveau ? La différence avec la France étant l'absence de gouvernement central allemand et les
incertitudes pesant sur la ville jusqu'à la création de deux états allemands à la suite du blocus de
Berlin.
Hans Scharoun (1893-1972) est choisi comme chef des services de l'urbanisme en 1946 par les
Soviétiques pour l'ensemble de la ville et conçoit les premiers plans directeurs, tous secteurs
confondus à cette époque. C'est un architecte qui a travaillé avant le nazisme, par exemple au
Weissenhofssiedlung de Stuttgart en 1927 et à la Siemensstadt de Berlin.
Il élabore en 1946 le Kollektivplan, qui veut réorganiser l'espace urbain, mais il se heurte au
manque d'argent et à la division de la ville;
La division en zones laisse le centre ville à l'Est, avec une coupure au niveau de la porte de
Brandebourg, située à l'Est, sur la ligne de démarcation.
2. La reconstruction à l’Est
Une fois la RDA créée le 7 octobre 1949, la reconstruction de Berlin-Est devient une priorité du
nouvel état, ce qui va lui valoir des financements importants. Un plan inspiré du Kollektivplan de
Hans Scharoun est adopté en 1950. Il s'organise autour d'un axe monumental de 90 mètres de large
(Champs-Elysées 70m) continuant Unter den Linden et passant par Alexanderplatz, qui devient le
nouveau centre-ville, ce sera la Stalinallee. Au passage, on démolit le symbole du Reich prussien
qu'est le château, rasé en 1950.
Il faut recréer un réseau de transports, basé sur le tramway, remplacer l'aéroport de Tempelhof, situé
en zone américaine par la base militaire soviétique de Schönefeld, construire un cimetière militaire
et un mémorial pour les 20 000 soldats de l'Armée Rouge tombés à Berlin, ce sera le monument de
Treptower Park
Faute de financements suffisants et de matériaux de construction de qualité, on construit de vastes
cités-dortoirs pour loger la population qui augmente (Plattenbau). L'idéologie du régime ne laisse
pas de place à la maison individuelle, ni à l'achat des appartements.
Après la construction du mur de Berlin, on assiste à la volonté de faire de Berlin-Est la vitrine de
l'Allemagne socialiste, avec le remodelage de l'Alexanderplatz, reconstruite entre 1961 et 1970 pour
être le nouveau centre-ville de Berlin. Le symbole en est la tour de télévision de 368 mètres achevée
en 1969. On peut y ajouter l'Interhotel de 2000 lits, la Maison de l'enseignant et les fresques murales
qui la décorent, l'horloge, le Warenhaus, le plus grand magasin de la RDA avec 15 000 m² (le
KaDeWe, 60 000 m²). On couronne le tout avec le Palais de la République, non loin de l'Alex,
inauguré en 1976, pour servir de siège à la Volkskammer.
En 1987, pour le 750ème anniversaire de Berlin, le régime est-allemand décide la reconstruction du
Nikolaiviertel, qui avait été laissé à l'abandon (on devait élargir la Spree pour faire un port pour les
bateaux d'excursions). La reconstruction est faite à l'identique.
A la fin de la RDA, on peut considérer la reconstruction comme complètement achevée, et elle porte
nettement la marque de l'urbanisme des états communistes : avenues monumentales, grandes places
dégagées pour les manifestations de masse de soutien au régime, statues (Karl Marx sur la place de
l'hôtel de ville), habitat collectif, manque d'entretien du bâti ancien faute d'argent ou d'artisans, pas
de marché immobilier, loyers très modestes, prix très bas de l'électricité, du charbon ou du gaz,
aucune norme antipollution, uniformité du paysage urbain sans publicité, sans couleurs, avec peu de
commerces.
3. La reconstruction à l’Ouest
L'Ouest se trouve privé du centre-ville, aussi la ville se réorganise autour du Kurfürstendamm et de
la gare du jardin zoologique. Les ruines de la Gedächtniskirche deviennent un point de repère
urbain, avec un campanile inauguré en 1963, oeuvre d'Egon Eiermann.
En 1957, une exposition universelle d'architecture, l'Interbau, donne lieu à la construction d'un
quartier modèle près du Tiergarten, le Hansaviertel : y participent Niemeyer, le Corbusier, Aalto et
Gropius. Le Corbusier construit une Unité d'habitation (1959).
Architectes ayant travaillé dans le quartier : Aalto, Eiermann, Gropius, Niemeyer, Le Corbusier
Au total, 53 architectes de 13 pays
On construit l'Europa Center entre 1963 et 1965, grand centre commercial, puis l'ICC, centre
internation de congrès en 1979, pour faire de Berlin une ville de congrès internationaux.
Berlin, en tant qu'avant poste de l'Ouest au milieu du bloc soviétique, bénéficie de subventions de
l'état fédéral, ce qui permet d'ouvrir des universités, de construire un forum culturel (Kulturforum),
complété en 1979 par le Bauhaus Archiv sur les plans de Gropius, la Philharmonie de Hans
Scharoun (1963), la Bibliothèque nationale (1978), Le Deutsche Oper est construit par Fritz
Bornemann (l'opéra se trouve à l'Est)
Lors du 750ème anniversaire de Berlin en 1987, un groupe d'architectes dirigé par Walter Hämer
restructure le quartier de Kreuzberg.
III. Depuis la réunification, une vitrine de l'architecture mondialisée
Interroger la mémoire et l'effacement des traces
Lien éventuel de l'architecture et de l'urbanisme avec un nouveau vivre-ensemble.
Lien et tensions entre histoire politique, urbanisme et société
La réunification de Berlin va amener à se poser des problèmes d'urbanisme inédits : comment
raccommode-t-on une ville divisée, ce qui ne s'est jamais produit dans l'Histoire.
A Berlin, deux villes s'étaient créées, avec chacune leur urbanisme, leur centre-ville, leur vie
culturelle, leurs quartiers, leurs repères urbains
http://www.anecdote-du-jour.com/les-bonshommes-des-feux-de-signalisation-sont-differents-enallemagne-de-l-est-et-de-l-ouest/
En outre se pose à Berlin le problème particulier des souvenirs des totalitarismes nazi et
communiste : quelle mémoire en conserver dans le paysage urbain ?
1. Des programmes architecturaux pour effacer le Mur et être digne du statut de capitale
Le mur est détruit et on y remodèle l'espace qu'il libère sur Potsdamerplatz et Pariserplatz. Des
normes sont édictées : pas plus de 22 mètres de haut (8-9 étages), sauf sur Potsdamer et Leipziger
Platz. On utilisera des matériaux nobles comme aux Galeries Lafayette de Jean Nouvel sur
Friedrichstrasse.
Les quartiers gouvernementaux sont installés pour l'essentiel dans le Spreebogen, à proximité du
Reichstag. Les ambassades déménagent à Berlin, reprenant leurs anciens locaux ou créant de
nouveaux bâtiments (ambassade de France). Ce réaménagement va mobiliser 800 architectes. Les
édifices symboles de la capitale sont restaurés (Reichstag, par Norman Foster) ou construits
(Chancellerie)
Le statut de capitale suppose des axes de communication rénovés, on va donc réorganiser le trafic
aérien sur l'aéroport de Schönefeld à l'Est, à la place de Tegel et Tempelhof, la gare de Lehrte
devient la gare TGV (ICE)
Le statut de capitale retrouvé, Berlin se doit d'améliorer les axes de communication et ses transports
urbains. Les trains à grande vitesse ICE desserviront la nouvelle gare de Lehrte. Les aéroports de
Tegel et de Tempelhof fermeront progressivement, de manière à canaliser le trafic aérien sur un seul
aéroport, celui de Berlin-Brandebourg, à Schönefeld. Fin des travaux, prévue en 2010.
L'architecte Renzo Piano remporte le concours pour l'aménagement de la Potsdamer Platz, qui sera
à la jonction du Kulturforum et du nouveau centre de la ville. Helmut Jahn conçoit le Sony Center
et Giorgio Grassi l'immeuble ABB.
2. Des lieux de mémoire
Le Sénat de Berlin crée le Stadtforum pour servir de lieu de discussion sur l'urbanisme futur de la
ville. De nombreux débats se présentent : destruction ou conservation du Palast der Republik,
construction d'un mémorial aux victimes de la Shoah, de la terreur nazie, du communisme, du Mur,
etc. Les citoyens, les associations, la presse, ont pu ainsi donner leur avis.
Le musée de l'histoire juive de Berlin a été construit par David Liebeskind, en forme d'étoile de
David brisée.
La Gemäldesammlung a été inaugurée en 1998 avec les collections des musées de Dahlem et Bode
Museum, terminant ainsi le Kulturforum.
Le musée de l'histoire juive de Berlin a enfin élu domicile sur la Lindenstrasse à Kreuzberg après
que l'on lui a attribué une légitimité et surtout un statut.
L'architecte américain Liebeskind a dessiné un bâtiment, en béton brut, en forme d'étoile de David
brisée, symbolisant le traumatisme laissé par l'holocauste
3. Des quartiers remodelés
- Mitte redevient le centre de Berlin
- les nouveaux quartiers branchés : la boboïsation de Kreuzberg (article du Monde) et
Prenzlauerberg
- les quartiers d'habitation
Du temps de la RDA, seuls des immeubles collectifs ont été construits, et ils sont en mauvais état,
car pas entretenus, il faut donc les rénover, En outre, des quartiers pavillonnaires sont créés dans les
périphéries de l'Est comme de l'Ouest (Wasserstadt Oberhavel)
4. Quelques exemples
voir le site suivant
http://www.berlin-en-ligne.com/visite/balades/
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