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Comme en témoigne la mobilisation des organisations non gouvernementales internationales
(ONGI) au cours de la dernière décennie, par exemple lors des nombreux sommets et conférences
organisés par l’ONU (Rio, Beijing, Copenhague…) ou en réaction aux négociations sur la
finance et le commerce internationaux (Seattle, Washington, Prague…), la société civile sait
aujourd’hui se faire entendre sur la scène mondiale. Avec les années 1990, nous avons assisté
non seulement à un regain de la contestation sociale au plan international, mais aussi à
l’internationalisation et à la transnationalisation
de réseaux, d’organisations et d’entreprises
collectives (Foster et Anand, 1999; Keck et Sikkink, 1999; Lindenberg, 1999). Aujourd’hui, les
ONGI sont en outre de plus en plus aptes et décidées à participer activement aux grands débats
économiques (Cameron, 2000) et des expressions comme celle d’ “ entrepreneuriat social ” qui, il
y a peu, auraient sans doute été mal accueillies dans leur vocabulaire, en font maintenant partie
sans que l’on s’en étonne outre mesure (Fowler, 2000).
Par ailleurs, un nombre croissant de voix plaident présentement pour une organisation mondiale
plus efficace des solidarités, une organisation qui permettrait de mieux comprendre les enjeux
actuels, d’analyser les expériences en cours, de formuler des projets nouveaux et de participer
activement à leur réalisation. Dans cette nouvelle conjoncture internationale : quelles sont les
forces en présence ? Quelles sont celles qui soutiennent ou auxquelles pourraient s’allier les
organisations, entreprises et réseaux d’économie sociale et solidaire ? Quelles sont, d’autre part,
celles qui freinent ces initiatives et entravent la progression d’une “ autre mondialisation ” ?
Sans avoir la prétention d’y apporter des réponses complètes et encore moins définitives, c’est
sur ces questions que porte le présent texte.
L’internationalisation et la transnationalisation des réseaux d’économie
sociale et solidaire
Nos sociétés vivent présentement des changements importants. La mondialisation néo-libérale
crée de nouvelles formes d’exclusion au Nord comme au Sud et, dans de nombreux domaines,
affaiblit le pouvoir des États (Mishra, 1999). Elle rend difficile le développement de nouvelles
La distinction entre les notions d’ “ internationalisation ” et de “ transnationalisation ” renvoie au fait qu’une part
(internationalisation) du processus de la mondialisation se fait avec la participation active ou passive des États, et
donc dans le respect de leur souveraineté, alors qu’une autre part (transnationalisation) de ce processus leur échappe