Mallarmé et ses disciples “l’œuvre d’art totale”. Les mots se suffisaient pourtant à eux-
mêmes dans l’œuvre d’un autre admirateur de Wagner, Paul Claudel et dont le public
découvrira la déconcertante grandeur sur la scène en 1912, avec L’annonce faite à Marie.
Dès 1890, il avait publie Tête d’or et, en 1901, dans le recueil de L’Arbre, avaient paru La
Ville, L’échange et La jeune fille Violaine; c’est un théâtre qui n’a pas crée une impression
très vive à la lecture, mais qui allait bouleverser le répertoire du XXe siècle.
VAUDEVILLE ET THÉÂTRE DE BOULEVARD
1. THÉÂTRE DE BOULEVARD
Depuis le XIXe siècle, le terme de “théâtre de boulevard” s’impose comme
synonyme de théâtre populaire et de divertissement. Les hasards de la géographie parisienne
sont à l’origine de cette appellation; on connaît, par le film de Marcel Carné, Les enfants du
paradis, le surnom de “boulevard du crime” donné à l’ancien boulevard du Temple. Mimes,
comédies et mélodrames sanglants y attiraient un public nombreux dès l’époque de la
Révolution et de L’Empire. Le baron Haussmann fit raser cet endroit en 1862 pour ouvrir la
Place de la République et percer les “grands boulevards”. C’est là que s’installèrent, à partir
du Second Empire, de nouvelles salles vouées au divertissement d’un nombreux publique, un
public bourgeois. Ces salles apparaîtront d’ailleurs dans tout Paris, ce qui rendit illusoire une
référence précise à un certain endroit de la capitale. Le terme “théâtre de boulevard” reste un
dénominateur commun pour un genre aux contours confus, qui se définit avant tout par son
goût de la facilité. Se produisent au “boulevards” de comédies célèbres dans des œuvres où la
qualité du texte compte moins que l’effet à produire sur le public. Ce public aime à retrouver,
sur le ton plaisant, une réflexion de ses préoccupations familières. L’intrigue tourne ainsi
surtout autour de l’adultère, le décor présent à satiété, le même salon cossu, où soubrettes et
valets de chambre offrent un contrepoint piquant aux problèmes conjugaux des bourgeois
fortunés qui les emploient.
2. LE VAUDEVILLE
Lié dans ses origines à la chanson populaire, il désigna à la fin du XVIIe siècle et le
siècle suivant, une comédie mêlée de couplets chantés. Sous Napoléon III, Eugène Labiche
(1815-1888) fait triompher cette forme théâtrale, qui va connaître au tournant du XXe siècle,
une nouvelle métamorphose. Débarrassé de ses couplets chantés, ce vaudeville nouveau se
définit avant tout par l’ingéniosité de l’intrigue, le refus délibéré de la profondeur
psychologique et un cynisme joyeux. L’obsession des frasques (aventures) extra-conjugales
entraîne les personnages de G. Feydeau dans des situations aussi invraisemblables
qu’irrésistibles. Courteline, quant à lui, atteint à une satire de mœurs du temps, qui dépasse la
simple fantaisie. Il prétend d’ailleurs avoir inventé: ”le vaudeville littéraire”, en écrivant pour
le public du Théâtre-Libre d’Antoine, plus exigeant que les spectateurs du boulevard.