bienvenue - Centre de recherches interdisciplinaires et

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« BIENVENUE à VOUS, MICHEL BUTOR »
AMPHITHEATRE DONZELOT - 1er DECEMBRE 2014
par Philippe Payen de la Garanderie (C.R.I.T.)
C’est une joie réelle, et assurément émue, cher Michel Butor, de vous voir ici, de vous
recevoir au cœur d’une cité qui vit naître l’un de vos « grands frères »1. C’est ce qu’on appelle
un honneur. Merci d’avoir accepté notre invitation, avec cette simplicité que l’on vous
connaît, cette gentillesse qui réduit les seuils et les inhibitions. Soyez le bienvenu !
Le Centre de recherches interdisciplinaires et transculturelles, le C.R.I.T. dont je salue
sa directrice, Madame Laurence Dahan-Gaida, est très heureux et honoré de réunir autour de
vous la Ville de Besançon, représentée ce soir par Monsieur Henri Ferreira-Lopes, directeur
des bibliothèques et archives, et Madame Elsa Maillot, conseillère municipale déléguée à la
lecture publique. Je me réjouis que ce premier temps fort se double d’un second, que ma
collègue du département de français, Elodie Bouygues, avec enthousiasme, a su ouvrir en
vous insérant dans le merveilleux cycle des « Poètes du jeudi » qu’elle anime avec Jacques
Moulin dans le cadre de ce que nous appelons ici l’Université ouverte (appellation qui devrait
vous convenir). Ce deuxième temps fort a lieu demain mardi à 18 heures à l’ISBA ; il fallait
bien les beaux-arts pour aborder l’un de vos archipels : le millier (ou plus) de poèmes-objets
où vous faites dialoguer la peinture et l’écriture au sein du livre d’artiste, objet de la
manifestation de demain.
À l’origine de la rencontre de ce soir, il y eut l’un des axes de recherches du C.R.I.T.
consacré au « silence et au non-dit en littérature et en linguistique », ainsi que la précieuse
suggestion de deux collègues, Madame Martine Cotin, qui vous connaît personnellement, et
Héliane Kohler avec qui j’anime l’axe. Merci à l’une et à l’autre pour ce que, dans le
vocabulaire butorien, on appelle les « travaux d’approche ». Chemin faisant, en préparant
cette soirée avec Laurence Dahan-Gaida, il est apparu que, pour une première rencontre, il
Michel Butor, l’écrivain migrateur. Entretiens menés pas Frédéric Ferney et Blandine Armand, Les Bons
Clients (Collection Opus), 2014, p. 6.
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valait mieux faire voir la prodigieuse diversité de votre œuvre en choisissant un format qui pût
lui ressembler. La table ronde permet la pluralité des voix et des regards et je tiens à remercier
très chaleureusement les collègues chercheurs qui ont bien voulu y prendre place, d’autant
que chacun d’eux, (trop) modestement, se défend d’être ici spécialiste : M. Jacques Poirier est
professeur émérite de l’Université de Bourgogne en littérature française du XXè siècle. M.
François Migeot, écrivain et traducteur (de poésie), fut enseignant-chercheur à l’Université de
Franche-Comté en littérature française du XXè siècle, et président du Centre Régional du
Livre ; merci à lui d’avoir si facilement accepté de se joindre à notre table, malgré des délais
exceptionnellement courts. Et puis trois autres collègues de l’Université de Franche-Comté :
Nella Arambasin, enseignante-chercheuse en littérature comparée et spécialiste de
transdisciplinarité ; Bertrand Degott, enseignant-chercheur en littérature française des XIXè et
XXè siècles, mais aussi poète ; enfin Louis Ucciani, professeur de philosophie, spécialiste
d’esthétique et de philosophie politique.
Il serait tentant de me dérober à mon rôle de présentateur en recourant à la formule
convenue : on ne présente pas, n’est-ce pas, Michel Butor. Mais l’artifice ne tarderait pas à
trahir sa paresse car à la vérité, présenter Michel Butor n’est pas chose aisée. En faisant route
ensemble ce matin, depuis cette Haute-Savoie frontalière où vous avez trouvé votre « génie
d’un lieu » « à l’écart », nous avions conscience, avec Héliane, d’avoir à nos côtés pardonnez la familiarité, - un monstre, bien vivant, de la littérature française contemporaine :
soixante ans d’écriture publiée, 1954-2014 (vous aimez les chiffres), depuis le Passage de
Milan jusqu’au dernier recueil, Sous l’écorce vive, dont le titre paraît abriter une œuvre en
perpétuelle croissance. Au terme d’une histoire universelle de l’écriture, qualifiée ici de
« dessin », on peut y lire ceci :
Le dessin vire
entre les lignes
entre les pages
entre les tomes
entre les sites
entre les toiles
pour nous fournir
la clé des champs2
Et cet autre passage, qui ouvre le recueil dans les deux sens du terme :
En préparation
les flammes des fleurs
qui rêvent de graines
2
Michel Butor, Sous l’écorce vive. Poésie au jour le jour 2008-2009, Fallois, p. 141.
3
pour renouveler
cette écorce vive3
Entre ces deux publications se déploient quelque douze mille pages - « écorces vives »
- composant les douze, bientôt treize volumes de vos Œuvres [dites] complètes, auxquelles
vous avez la malice d’ajouter les Œuvres « complémentaires »4. Mais y a-t-il rien de plus
exaltant, selon vos propres termes, que l’inachevable ? Renonçant, sur les conseils de bons
amis, à énumérer ici les deux mille titres (et plus) figurant à votre catalogue, je me bornerai à
mentionner pêle-mêle quelques catégories génériques, qui disent une inépuisable inventivité :
romans, essais, textes expérimentaux, correspondances, fragments, critiques, livrets d’opéra,
livres pour enfants, récits de rêve, récits de voyage, scénarios, manuels d’histoire littéraire,
anthologies, livres d’artistes, poésies… En se hissant un peu, d’un « degré », on distingue
comme un mouvement très général qui fait se succéder le roman, l’essai et la poésie. Mais ce
n’est là qu’une hypothèse. Ce qui est sûr, c’est que chacun de ces territoires a vu se creuser ce
que Marc Fumaroli, dans sa préface au dernier-né, appelle une « production fluviale »5.
Ce qui accentue la délicieuse sensation de vertige, c’est votre mobilité permanente,
cher Michel Butor. Je vous cite faisant l’éloge du « désordre », « lui aussi très créatif » : « J’ai
passé ma vie à essayer de traverser des frontières »6. Le DVD qui vous est consacré, bientôt
disponible dans Collection Opus, a trouvé la formule : « L’écrivain migrateur »7. Il y eut,
d’abord, le choix intuitif de la littérature envisagée comme espace de migration entre la
musique et la peinture, desquelles elle garde la « profonde nostalgie »8 : « On ne traverse pas
immédiatement les mots pour accéder au sens, on les entend, les dessine, les lit »9. Dans le
même document vous rappelez, non sans amusement, que si vous aviez surpris, jadis, en
publiant les récits qu’on rattacha au Nouveau Roman, vous n’aviez pas manqué, peu après, de
surprendre à nouveau en vous en détachant10. Un livre, étrange, vous avait rendu
mondialement célèbre, en 1957, qui inventait le fameux lecteur-personnage : « Vous avez mis
le pied gauche sur la rainure de cuivre, et de votre épaule droite vous essayez en vain de
pousser un peu plus le panneau coulissant… ». Où que vous alliez, la Modification,
3
Ibid., p. 27.
A la question : « Vous avez idée du nombre de livres que vous avez écrits ? », l’auteur répond : « C’est insensé,
complètement fou, j’ose à peine le dire » (Michel Butor, l’écrivain migrateur, ouvr. cit., p. 37).
5
Sous l’écorce vive, ouvr. cit., p. 15.
6
Michel Butor, l’écrivain migrateur, ouvr. cit., p. 44.
7
Film réalisé par Blandine Armand et co-écrit avec Frédéric Ferney, Les Bons Clients / Collection Opus, 2014.
8
Ibid., p. 3.
9
Ibid., p. 36.
10
Ou encore : « Je n’ai jamais suivi une école critique » (Ibid., p. 41), « Je n’aime pas qu’on puisse me mettre
dans un trou, dans un casier » (p. 44).
4
4
aujourd’hui encore, vous accompagne, c’est ainsi. Permettez de relever ici un tour de force :
celui d’avoir fait d’une étiquette une esthétique, voire une philosophie de la vie : « J’ai
beaucoup rêvé de métamorphoses »11. Il suffit, pour s’en convaincre, d’énumérer quelquesuns de vos titres, en forme de métatexte : Passage de Milan, La Modification, Degrés, Mobile,
Réseau aérien, 6 810 000 litres d’eau par seconde, La Rose des vents, Dialogue avec 33
Variations de Ludwig van Beethoven sur une valse de Diabelli, Travaux d’approche, Matière
de rêves, Second sous-sol, Troisième dessous, Envois, Improvisations sur Flaubert, Mille et
Un Plis, Le Retour du Boomerang, Au jour le jour, De la distance, Echanges, Transit, Les
mots dans la peinture, A la frontière, Gyroscope, Curriculum vitae, Pour tourner la page, Ici
et là, Paris à vol d’archange, Géographie parallèle, L’Aède en exil, Tombes titubantes, etc.
Quelle voie donc emprunter, avec Léon Delmont ? De quel « fil d’Ariane »12 se saisir,
avec Jacques Revel, pour tenter de s’y retrouver dans l’immense « maille […] de ce long filet
de phrases enserrant [non pas] toute [une] année »13 comme pour lui, mais toute une vie ?
Migrateur d’une culture à l’autre, d’un continent à l’autre, vous êtes passé, par le détour de
l’essai, du roman à la poésie, et de l’essai à celle-ci par le détour du livre d’artiste. Et toujours,
par la peinture et la philosophie, du silence au langage. Du langage artistique au langage
théorique car le texte, n’est-ce pas, toujours inachevé, appelle l’invention de la critique. La
modification est bien votre paradoxale cohérence, elle nous livre le tableau inachevé d’un
Michel Butor écrivain-voyageur (et marcheur), écrivain-regardeur, écrivain-professeur,
écrivain-encyclopédiste, écrivain joueur et travailleur, écrivain-explorateur. « Je voudrais
mordre dans le monde comme dans une belle pomme »14.
À passer ainsi d’une région à l’autre, à n’être jamais là où l’on vous attend, vous êtes
resté fidèle à votre vocation de médiateur que vous revendiquez, de passeur : « Toute mon
œuvre, tout ce que j’ai écrit est pédagogique »15, fidèle à cette conviction que le travail sur le
langage, modifiant notre regard, est ferment de transformation du monde, ce que vous avez
appelé l’« utilité poétique », car « les choses ne vont pas bien du tout »16. C’est aussi ce qui
nous fait vous souhaiter la bienvenue, nous qui partageons votre passion d’enseigner, que
vous définissez comme une aventure : emmener l’élève ou l’étudiant avec soi, le faire
cheminer, métier difficile, dites-vous, notamment en littérature, mais d’autant plus essentiel
que tout ou presque, je vous cite encore, nous vient du langage (mais alors, si j’ai bien
11
Ibid., p. 8.
Michel Butor, L’Emploi du temps, Éditions de Minuit [1956], 1995, p. 247.
13
Ibid., p. 351.
14
Michel Butor, l’écrivain migrateur, ouvr. cit., p. 7.
15
Ibid., p. 31.
16
Ibid., p. 3.
12
5
compris,
à
l’écart
du
relevé
aseptisé
des
« focalisations
internes »
et
autres
« hétérodiégèses »).
Un autre écheveau, autre maillage, s’impose à l’observateur : le vaste réseau ou terreau
d’amitiés intellectuelles, littéraires et artistiques, cosmopolite, où votre œuvre prit racine et
s’y déploie encore. Il s’étend bien au-delà des célébrités littéraires et philosophiques du XXè
siècle que vous avez côtoyées personnellement ; on ne résiste pas au plaisir de les faire défiler
un peu : Bachelard, Jean Wahl, Sartre, Breton, Lyotard, Deleuze, Lacan, Beckett, Sarraute,
Starobinski et beaucoup d’autres, pour ne rien dire des artistes : Giacometti, Bryen, Hérold,
etc. On pourrait appeler cela l’écriture en amitié, qui dessine ce que le même Fumaroli
nomme joliment votre « République des lettres et des arts en miniature »17 et qui a inspiré
cette stance à vos amis (vos frères humains ?) dans le poème intitulé « Le voyage en
écriture », en forme de « ‘récapitulation’ très fouriériste »18 :
Un jour d’une planète à l’autre
la lumière de l’écriture
nous mènera dans les essaims
des abeilles d’autres systèmes
et nous dégusterons leur miel
en supputant nos parallaxes
à la santé des immobiles
que la fatigue a terrassés19
Alors, avant de conclure sur un aveu d’impuissance, nous vient quelque chose à quoi
nous raccrocher, un fil dans votre beau labyrinthe, qu’il semble tramer et que vous n’aurez pas
lâché : le fil du temps. Nous laisserons à d’autres l’indiscrétion de vous demander votre
recette de longue vie ; on peut gager sans risque que l’écriture, vu les quelques livres que vous
avez publiés, n’y figure pas en mauvaise place. Ce qui nous intrigue bien plus, c’est
l’articulation qui ne cesse de se réinventer au sein de votre œuvre entre l’écriture et la vie en
tant que deux expériences du temps. Au fond, il est possible que le plaisir du texte, que nous
tous partageons ici, se fonde secrètement sur l’expérience propre du temps que creuse la
littérature, constitutivement, dans des modalités prodigieusement variées. Avec Michel Butor,
nous sommes servis. Nous tenons là un chercheur de temps, un de ses penseurs et alchimistes
à l’âge moderne, un joueur de temps.
Sous l’écorce vive, ouvr. cit., p. 15.
Carlo Ossola dans Michel Butor / Carlo Ossola, Conversation sur le temps, La Différence, 2012, p. 28.
19
Sous l’écorce vive, ouvr. cit., p. 134-135.
17
18
6
La critique a parlé des chronotopes butoriens20, après Michel Leiris qui, dans son
fameux commentaire de la Modification, soulignait déjà la « collision de temps et de lieux »21.
Le sujet invite à revenir aux sources, à la production romanesque qui paraît délivrer sous
forme expérimentale, pour l’œuvre tout entière - qui sait, pour toute une vie - le modèle d’une
obsédante recherche d’un rapport réinventé à l’espace et au temps. Il faut lire ou relire
l’Emploi du temps (1956) : on pourrait bien y trouver le mode d’emploi de la recherche du
temps, façon Butor. Qu’il me soit permis de voir en Jacques Revel, le « je » narrateur, tout
occupé de se sauver par l’écriture, autre chose qu’un seul personnage fictif : l’un de vos
premiers interprètes. Voici ce que vous dites, dans un récent témoignage, de votre propre
« passion folle, dévorante » : « Je pourrais donc m’arrêter, à certains égards, je devrais
m’arrêter, mais je ne peux pas. Je ne peux parce que physiquement j’ai besoin de cette
activité. Si je n’écris pas, je suis malheureux. J’ai besoin de cela pour survivre, c’est une
activité de survie, de santé mentale »22. Face au danger grandissant d’obscurcissement,
d’engloutissement qui menace Jacques Revel, un seul recours s’impose à lui, un beau Premier
mai : faire, laborieusement, le récit de son séjour, parvenu à mi-parcours, dans la ville
étrangère et honnie, s’engager sur un « long chemin d’écriture »23, à la manière d’un détective
ou d’un archéologue :
Alors j’ai décidé d’écrire pour m’y retrouver, me guérir, pour éclaircir ce qui m’était
arrivé dans cette ville haïe, pour résister à son envoûtement, pour me réveiller de cette
somnolence qu’elle m’instillait avec toute sa pluie […] ; j’ai décidé d’élever autour de
moi ce rempart de lignes sur des feuilles blanches, sentant comme j’étais atteint déjà,
comme je m’obscurcissais, combien j’avais déjà dû laisser pénétrer de vase dans mon
crâne (…).24
Dès lors la trame narrative, dans ce « gigantesque canon »25, se dédouble entre temps
révolu et temps courant, se complexifiant toujours plus à mesure que l’enquête avance, avec
le temps. Le personnage fait bientôt le récit de la lecture du récit du vécu, etc. La phrase
s’allonge en un long murmure où tout se tient. Le regard du narrateur - ne serait-ce pas celui
de notre écrivain ? - perçoit le temps non plus comme une flèche qui le menace d’impuissance
et d’asservissement, mais comme un ensemble extraordinairement stratifié dont seul le récit,
20
Voir par exemple Carlo Ossola, Conversation sur le temps, ouvr. cité, p. 9.
« Le réalisme mythologique de Michel Butor », in Michel Butor, La Modification, Éditions de Minuit, 1957, p.
302.
22
Michel Butor, l’écrivain migrateur, ouvr. cit., p. 4. Ou encore : « J’écris donc en quelque sorte pour me
retrouver […], trouver une place à l’intérieur de la société où je me sens perdu » (Ibid., p. 21).
23
L’Emploi du temps, ouvr. cit., p. 326.
24
Ibid., p. 261, en écho à l’incipit (p. 9).
25
Michel Butor, l’écrivain migrateur, ouvr. cit., p. 40.
21
7
qui réticule et récapitule26, fait tenir les fils, dans le « labyrinthe de [ses] jours à Bleston,
incomparablement plus déroutant que le palais de Crète, puisqu’il s’augmente à mesure qu’[il]
le parcourt, puisqu’il se déforme à mesure qu’[il] l’explore »27. L’écheveau narratif ne fait pas
que figurer le continuum de la vie entre passé, présent et futur : il est l’espace-temps où le
sujet écrivant, qui s’« affermit de page en page »28, reconquiert son unité, la coïncidence à soi,
au prix d’un combat acharné, celui de Jacques et de l’ange, au long d’un « chant brûlant »29 :
Ainsi, chaque jour, éveillant de nouveaux jours harmoniques, transforme l’apparence du
passé, et cette accession de certaines régions à la lumière généralement s’accompagne
de l’obscurcissement d’autres jadis éclairées qui deviennent étrangères et muettes
jusqu’à ce que, le temps ayant passé, d’autres échos viennent les réveiller.30
Faisons donc de la rencontre de ce soir, dans la mobilité de notre table (ronde),
l’occasion de réentendre ce que murmurait Jacques Revel, il y a bien longtemps déjà : « Je
vois briller pour moi […] la précieuse matière première avec laquelle je puis faire de l’or ;
mais quelle plongée pour l’atteindre, et quel effort pour la fixer, la rassembler, toute cette
poussière ! »31 Et encore ceci, en offrande (si je puis dire) à notre hôte qui se définit lui-même
« archéologue du temps présent »32 : « il faut […] que j’établisse une carte de mon propre
relief afin de pouvoir suivre le dessin des ombres que mes jours ont projetées les unes sur les
autres, en avant et en arrière jusqu’à maintenant »33. La vie se tisse dans le texte. Sagesse
butorienne.
Merci, cher Michel Butor, pour tout ce temps retrouvé ! Pour ma part, je retourne à
mon silence premier, et vous donne la parole.
« cette longue chaîne réticulée de phrases » (L’Emploi du temps, ouvr. cit., p. 338).
L’Emploi du temps, ouvr. cit., p. 247.
28
Ibid., p. 300.
29
Ibid., p. 355.
30
Ibid., p. 388.
31
Ibid., p. 357.
32
Michel Butor, l’écrivain migrateur, ouvr. cit., p. 5.
33
L’Emploi du temps, ouvr. cit., p. 357. Voir encore les réflexions du personnage-narrateur, qui tiennent lieu
d’élucidation progressive d’une esthétique littéraire, à propos du rapport entre le temps de l’écriture et le temps
de la « vie », notamment, aux pages 224-226, 246-247, 288, 294, 338-339, 342, 385-386.
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