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résultent de la créativité des individus, des groupes et des sociétés, et qui ont un contenu culturel. »
Or, nous dit le même texte, le « contenu culturel » renvoie au sens symbolique, à la dimension
artistique et aux valeurs culturelles qui ont pour origine ou expriment des identités culturelles. »
Ainsi, sans ambiguïté aucune, la politique de diversité culturelle prend sa source dans la
reconnaissance des « identités culturelles ». Autrement dit, l'acteur « émergent » , dont on a vu
qu'il n'était pas encore advenu dans le système classique de la sélection artistique, est, avec la
« diversité », un acteur qui peut légitimement revendiquer son « identité cultuelle » propre. Il
est reconnu pour ce qu'il est et non plus par ce qu'il sera plus tard, ou par le profit qu'il pourra
rapporter.
* Ce nouveau positionnement, qui les reconnaît comme porteurs d'un sens propre, met les
acteurs de l'émergence en situation de revitaliser la démocratie et l'économie, pour au moins
trois raisons fondamentales .
i) Si avec la diversité culturelle, chacun peut revendiquer le libre choix de sa culture, il ne faut
pas en tirer de conclusions naïves. Le principe de la reconnaissance de chaque culture
s'accompagne en effet d'une contrainte forte : chaque personne doit s'assurer que le respect de
sa dignité culturelle, qui est le fondement de sa liberté, ne porte pas atteinte à la dignité
culturelle des autres personnes. La nécessité s'impose, alors, pour chaque individu, de vérifier
si son identité culturelle est compatible avec le respect de la dignité des autres cultures. Par
conséquent, le respect du « droit de chacun à sa culture » doit être compris comme un DEVOIR
de dire aux autres le “sens et les valeurs” de sa culture.
Le débat sur la valeur était traditionnellement réservé au milieu professionnel du secteur ou
abandonné au marché à profit; il devient maintenant au coeur de la politique culturelle, qui doit
s'organiser autour de plate-formes de confrontations des multiples flux des identités des
personnes, des « “ HUB” culturels en quelque sorte. Cette reconnaissance du débat public entre
cultures est essentielle pour la politique publique de la Diversité culturelle. C’est elle qui donne
sa pertinence politique au « pluralisme culturel» qui « constitue la réponse politique au fait de la
diversité culturelle. Indissociable d’un cadre démocratique, le pluralisme culturel est propice aux
échanges culturels et à l’épanouissement des capacités créatrices qui nourrissent la vie publique »,
comme le rappelle la Déclaration universelle sur la diversité culturelle de 2001.
Dans un tel contexte, les acteurs de « l'émergence » ont le grand mérite d'avoir des valeurs à
défendre. Dans le débat, ils nourrissent activement le pluralisme culturel de leur militance, de
leur conviction, de leur passion, pourrait-on dire, en tout cas de leur présence « d'inventeurs »
de signes !
ii) Allons même un peu plus loin dans la reconnaissance des inventeurs de symboliques inédites.
Pour que la liberté culturelle accordée à chacun ne sombre pas dans le repli identitaire, la
société de « diversité culturelle » doit favoriser l'apparition de nouveaux signes, de nouvelles
formes, de nouveaux symboles. Elle a un besoin impérieux des « expérimentateurs artistiques »
qui alimentent les identités culturelles de nouvelles références. Les « émergents » sont donc
indispensables à une société où les identités culturelles sont conçues comme des constructions
évolutives au contact d'autrui, des constructions « plurielles, variées et dynamiques » ainsi que
le rappelle l'article 2 de la Déclaration de 2001.
« Expérimentation artistique » et non « art » ou « création » car nul ne peut dire, au nom de
l'Humanité, la valeur d''universalité de ces pratiques « en train de se faire ». Par contre,
« l'expérimentation artistique » a un fondement universel comme tentative de mettre au jour
des « formes » qui seront, un jour peut -être, partagées par toute l'Humanité. Le rêve est fou
car le résultat sera toujours inaccompli, aucune forme ne pouvant s'imaginer participer à la
construction des identités de tous les êtres humains, mais l'Humanité ne peut renoncer à