Brahim Letaief a rappelé également les réactions violentes qui ont précédé la projection du film marocain
‘‘Much Loved'' du Marocain Nabil Ayouche, lors de la 26e édition des JCC, qui a connu une affluence
remarquable du public, insistant sur la nécessité de s'attacher au droit de projection et à laisser au public le
libre choix. «La liberté de création artistique doit triompher des tentatives d'interdiction», a-t-il conclu.
De son côté, le producteur Ridha Torki a souligné que ce film raconte une période bien précise de l'histoire de
l'islam comme le film ‘‘Arrisala'' (Le Messager) de Mustapha Akkad, projeté plusieurs fois en Tunisie et
diffusé sur les chaines de télévision, ainsi que les feuilletons iraniens sur la vie des messagers dont la diffusion
n'a jamais été contestée. «La liberté d'expression est un nouvel acquis qu'il faut préserver en Tunisie», a-t-il
souligné.
Radhi Trimeche, membre de la Chambre nationale des producteurs de films, a mis l'accent, lui aussi, sur la
nécessité de défendre la liberté d'expression, affirmant qu'un long combat a été mené depuis les années 1960
pour acquérir ce droit et qu'il n'est pas question de l'abandonner aujourd'hui. Selon lui, la position du ministère
des Affaires culturelles est ambiguë, puisqu'il a affirmé n'avoir pas donné d'autorisation de projection pour le
film de Majid Majidi.
Le critique cinématographique Nasser Sardi a indiqué avoir assisté à une journée de tournage de ce film iranien
et remarqué les grands efforts et moyens déployés par la réalisation pour que le prophète Muhammad n'y
apparaisse pas. «Qui est responsable de l'interdiction de la projection du film et de la sortie de cette oeuvre au
public?», s'est-il indigné, précisant qu'avec les nouvelles technologies et l'internet, «le film sera disponible en
ligne et personne ne peut l'interdire».
Lassaad Goubantini, propriétaire de la salle Le Colisée a affirmé à l'agence Tap avoir reçu des avertissements
de la part d'un groupe d'inconnus qui ont menacé de s'attaquer à la salle au cas où il maintient la projection du
film, ce qui l'a obligé à annuler le contrat de diffusion.
M. Goubantini a, par ailleurs, souligné que le réalisateur iranien Majid Majidi a confirmé sa présence dans les
prochains jours pour assurer la promotion du film en Tunisie.
Mounira Ben Halima, directrice des arts audiovisuels au ministère des Affaires culturelles, a démenti, dans une
déclaration aux médias, les informations relayant l'obtention du film ‘‘Muhammad, le messager de Dieu'' d'un
visa de projection. Elle a ajouté que le ministère ne peut autoriser la projection d'un film qui incarne les
prophètes et les sahaba (compagnons) du prophète Muhammad en soulignant qu'aucun propriétaire de salle de
cinéma ne peut projeter le film sans l'aval du ministère des Affaires culturelles.
Avec un budget d'environ 40 millions de dollars (34 millions d'euros), en partie financé par l'Etat iranien, qui
est – rappelons-le – une république islamique plutôt conservatrice, ‘‘Muhammad'' est le long-métrage le plus
cher de l'histoire du cinéma en Iran. Cette superproduction a nécessité 7 ans de production ainsi que la
reconstitution, au sud de Téhéran, de la ville de La Mecque.
I. B. (avec Tap).
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